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Les 100 vieillards qui gouvernent le Cameroun |
Les gérontocrates s’accrochent solidement |
100 papys au commande au Cameroun |
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Les gérontocrates s’accrochent solidement
Les gourous politiques du 3e âge s’accrochent au pouvoir ad vitam aeternam. Mais le jour où viendra l’heure de l’alternance naturelle, les conséquences de ce choix gérontocratique seront énormes.
L’image n’était pas passée inaperçue, autant qu’elle constituait la révélation de la sénescence d’un régime arrivé à bout de souffle. Nous sommes le 21 juillet 2006, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) tient son congrès extraordinaire. Le Secrétaire général du Comité central doit faire une déclaration devant les délégués. Mais visiblement rongé par une maladie et exténué par le poids de l’âge (70 ans à l’époque), Joseph Charles Doumba est presque incapable de lire son texte, et c’est Paul Biya qui est obligé de le sommer pour qu’enfin il puisse dire, la voix tremblotante, un mot. Ce jour, l’on était passé certes à côté d’une humiliation, mais le cliché était suffisamment fort pour ne pas être décrypté par les observateurs.
Malheureusement, ce cas n’est pas isolé, car des septuagénaires comme le pauvre Doumba, sont légion dans le sérail. Leur incapacité physique et même intellectuelle est visible chaque jour, et du coup se posent des questions : la retraite serait-elle un défaut ou un pêché dans la société politique camerounaise ? À voir le nombre de vieillards, pour la plupart des grabataires, qui sont encore aux affaires, on serait tenter de répondre par l’affirmative. Il n’est aucune institution de la République où ne trônent un de ces pépères dont l’âge moyen oscille aujourd’hui entre 60 et 65 ans. Présidence de la République, Assemblée nationale, Conseil économique et social, corps de la Magistrature, Forces de défense et de sécurité, Conseils d’administration des sociétés publiques et autres organismes étatiques sont autant des repaires où viennent se réfugier les séniles supposés avoir atteint la limite d’âge du départ à la retraite.
Question taboue
À la présidence de la République, hors mis le président Biya qui est âgé de 78 ans aujourd’hui, alors même qu’il sert la nation depuis environ 48 ans, on remarque entre autres vieux briscards de la politique, la présence du conseiller technique, Jean Foumane Akame, 73 ans, tout comme Laurent Esso, ministre d’État, secrétaire général de la présidence de la République qui a 68 ans. À l’Assemblée nationale, Cavaye Yeguié Djibril, 70 ans bien sonnés, représente du côté de l’auguste chambre les intérêts de la confrérie des séniles. Dans la magistrature comme dans les forces de défense nationale, la question de la retraite est taboue pour bon nombre de papys qui se seraient déjà mis en repos s’ils n’étaient pas englués dans une logique de gouvernance gérontocratique. Les autres institutions ne sont pas en reste, mais la figure marquante de cette dérive gérontocratique est sans nul doute l’exemple de Félix Sabal Lecco, 92 ans qui occupe encore la précieuse fonction de président de l’important Conseil national de la communication (Cnc).
Quel sentiment anime un octogénaire qui, après 50 ans de services rendus à la nation, accepte de se voir confier des fonctions aussi harassantes que celles de ministre, ambassadeur, Directeur général ou président de Conseil d’administration de société, etc. ? Autant que l’on peut s’interroger sur le message que veut faire passer Paul Biya, lui-même octogénaire dans deux ans, quand il va dans un village reprendre quelqu’un qui se plaisait déjà dans ses plantations ou sa ferme, pour le ramener aux affaires ?
Déphasage
Il est vrai que celui qui nomme détient un pouvoir discrétionnaire. Toujours est-il que du point de vue de l’analyse, ces actes politiques appellent trois axes de lecture : d’abord, l’attachement que Paul Biya voue aux vieillards peut être compris comme l’expression d’une crise de confiance entre lui et une jeunesse dont il sert simplement pour des besoins électoralistes, en lui faisant miroiter des strapontins dans les instances dirigeantes. Ensuite, la préférence de Biya pour les hommes du 3e âge peut être aussi perçue comme une incapacité à réussir un savant dosage entre deux générations. Autrement dit, il est possible que le régime soit déphasé par rapport à l’air du temps. D’ailleurs, en 2004, il l’avait reconnu dans l’interview qu’il avait accordée à France 24. Enfin dernier axe de lecture, Paul Biya ne se sentirait pas tout à fait à l’aise ou en sécurité avec les jeunes loups que l’on peut soupçonner d’avoir les dents un peu trop longues. Allusion peut ainsi être faite à la nébuleuse G11 que l’on agite à tout bout de champ pour donner de l’insomnie à tous ces grabataires qui s’arcboutent au pouvoir, très souvent au détriment du respect des textes en vigueur.
Au bout du compte, nous constatons, en examinant toutes les hypothèses, que le maintien ou le rappel de ces alter du clan d’âge ne manquera pas d’avoir un impact des plus négatifs sur la gestion du Cameroun par les générations futures et sur les performances politiques d’une jeunesse qui n’aura pas eu le temps de se mettre à l’école de la gouvernance politique et à qui les aînés auront fait croire qu’en politique seuls les inaptes réussissent, ce qui n’est évidement pas vrai.
Simon Patrice Djomo
Sabal Lecco: Le Papy de la bande
Félix Sabal-Lecco est actuellement le plus âgé de la gérontocratie gouvernante au Cameroun. A 91 ans, ce natif de Lena, son village natal situé dans l’arrondissement de Belabo à l’est du Cameroun, occupe encore de hautes fonctions dans l’administration. Il est depuis 1992 président du Conseil national de la communication. Cette nomination, la consécration d’une expérience qui remonte à longue date. C’est le 1er juin 1937, c’est-à-dire 4 ans seulement après la naissance de Paul Biya, que le jeune instituteur débute à Obala dans la Lékié sa carrière d’enseignant qui durera jusqu’en 1959.
« La véritable école de commandement est la culture générale », disait le Général de Gaule. Reprenant cette maxime à son compte, Sabal-Lecco n’hésitera pas à répondre à l’appel du commandement. Ainsi, dès 1960, il est nommé 1er adjoint préfectoral du Lom-et-Djerem à Batouri, puis préfet dans la même circonscription. Mais plus ambitieux, il s’envole en 1960 pour l’Institut des hautes études d’outre-mer en France d’où il sort deux ans plus tard nanti de son parchemin. Pendant ce séjour français, il fera la connaissance d’un jeune étudiant appelé Paul Biya, avec qui il retourne au Cameroun en 1962. Commence alors une longue carrière qui le conduira à travers plusieurs régions du Cameroun. L’étape la plus marquante de ce périple professionnel est son séjour à Nkongsamba comme préfet du Mungo, où il aura vécu la ténébreuse affaire de Mgr Albert Ndogmo ; une affaire qui le retrouvera quelque temps après sur sa table de ministre de la Justice en 1970. De cette date jusqu’à la période trouble de 1984, il est au gouvernement et dans les instances de l’appareil politique. Après le putsch du 6 avril, il embrasse une carrière diplomatique avant d’être, à son retour, "placardé" au Conseil national de la communication (Cnc) le 21 juin 1992. Le moins que l’on puisse retenir est que l’immobilisme du Cnc dans le paysage sociopolitique est symptomatique de l’inertie tant décriée par Paul Biya qui se prévaut de sa propre turpitude en nommant lui-même ces octogénaires grabataires à de hautes responsabilités.
SPD
Amadou Ali: mauvais grain
A 67 ans bien sonnés, Amadou Ali ne laisse transparaître aucun indice de sa volonté de se retirer de la gestion des affaires publiques. Au contraire, il semble se présenter comme un vieux briscard de la politique du Renouveau. Par les fonctions qu’il occupe aujourd’hui et celles qu’il a occupées dans la haute administration camerounaise, Amadou Ali, né en 1943 dans l’extrême-Nord du Cameroun, apparaît ni plus ni moins comme une pièce maîtresse du dispositif politico-gérontocratique mis en place par Paul Biya pour conserver à tout pris et à tous les prix le pouvoir. Car non seulement, en raison de son âge avancé, mais aussi, en dépit de tous les soupçons qui pesaient sur ce "haoussa putschiste" au lendemain du coup d’État manqué du 6 avril 1984, du fait de son appartenance au septentrion, région de l’ancien Président, cet ancien fonctionnaire retraité depuis le 1er juillet 1994 s’est vu confier de hautes responsabilités politiques sous le gouvernement du renouveau.
Né le 1er juillet 1932, c’est au début des années 1950 que Martin Mbarga Nguelé entame sa carrière comme flic. Ainsi, il servira tour à tour à Douala comme Inspecteur de police, commissaire central pour la ville de Yaoundé, directeur régional de la police judiciaire pour le Centre-Sud, puis chef de service provincial de la Sûreté nationale pour la même région. Entre 1983 et 1984, il est Délégué général à la Sureté nationale. Après le putsch manqué du 6 avril 1984, il prendra la route du Zaïre, actuel Rdc, où commence pour lui une nouvelle carrière de diplomate. Ambassadeur du Cameroun au Brésil pendant 19 ans, il sera envoyé au Royaume d’Espagne d’où il a été rappelé pour trôner à la tête de la Dgsn, 26 ans après l’avoir quittée.
L’enthousiasme avec lequel il a accueilli sa nomination laisse deviner qu’à 78 ans, le nouveau flic en chef ne pense pas encore à cette période de repos mérité dont souhaite un homme convaincu d’avoir bien servi son pays.
Adolphe Moudiki : Ivre du pétrole
De son vivant, Jean Assoumou, ancien Directeur général de la Société nationale des hydrocarbures (Snh) avait déclaré au cours d’une des éditions de l’émission "Actualité hebdo" sur la Crtv, que la question du pétrole au Cameroun est une affaire très compliquée et que seuls le président de la République et lui étaient à même de la comprendre. Monsieur le Dg voulait par là justifier son silence sur la question. Aujourd’hui, Adolphe Moudiki, l’actuel Dg de la Snh, n’en dit pas moins puisqu’il est peu bavard sur ce qui se passe dans la tour orange de Mballa 2. Ce silence et même cet effacement ont fini par le faire oublier. Pourtant, il fait partie des papys du Renouveau qui pensent que la retraite est un pêché.
Né en 1938, M. Moudiki a déjà occupé de nombreuses fonctions administratives et politiques. Plusieurs fois ministre, membre du comité central du Rdpc, Directeur général, etc., ce fils sawa aura roulé sa bosse dans le sérail politique. À 72 ans, il n’a plus rien à donner si ce n’est de contribuer, par son refus de prendre sa retraite, à la gérontocratisation de la classe politique dirigeante au Cameroun. En attendant d’être un jour éclairé par une lumière divine, papy Adolphe se délecte encore dans les vapeurs des hydrocarbures.
SPD
René Sadi : Le "dauphin" décevant et timoré
Dans la confrérie des séniles qui résistent à la tentation de se retirer de la gestion des affaires publiques, René Sadi fait figure de junior avec ses 62 ans. Secrétaire général du comité central du Rdpc, il passe aux yeux de beaucoup de ses concurrents comme le chouchou du "boss". Il est de presque tous ses voyages et parle avec beaucoup d’assurance. Mais lorsqu’on évoque la question du dauphinat, il tremble comme une feuille morte, comme si en République, c’est un crime de prétendre à la succession. En avril dernier, lorsque le quotidien Mutations a servi à ses lecteurs, un plat bien chaud et épicé de poisson (devenu poison) d’avril, il a énormément déçu en se fendant en démentis par l’entremise de ses proches ; démontrant par là que chez nous, les hommes politiques sont dangereusement sournois.
Au départ, celui que le Sgpr appela un jour "M. le Président" faisait l’unanimité au sein de l’opinion des militants de son parti, sans doute davantage parce qu'était venu remplacer un vieillard ; mais aujourd’hui, la donne a changé et il est sûr qu’il peut désormais écouter fréquemment des voix discordantes au sein du Rdpc.
SPD
Dipanda Mouellé: Rassurer la confrérie
Âgé aujourd’hui de 68 ans, Alexis Dipanda Mouellé, premier président de la Cour suprême, fait partie du cercle des vieux qui nous gouvernent, mieux, qui s’accroche aux affaires. Ce magistrat qui a roulé sa bosse dans les dédales de la haute administration judiciaire dans plusieurs régions du Cameroun, est perçu par les observateurs comme un verrou dans la stratégie de conservation du pouvoir des gérontocrates décidés à boire leur sénilité jusqu’à la limite du compréhensible. Sa présence dans ce dispositif rassure étant donné qu’il se dit qu’avec lui, certains recours n’ont pas la chance d’aboutir lorsqu’il s’est déjà prononcé. On se souvient qu’en 1992, lorsqu’il rendait publics les résultats de l’élection présidentielle, les nombreuses exceptions soulevées par lui-même n’avaient pas suffit pour remettre en cause ce scrutin dont le candidat du Sdf, Ni John Fru Ndi, s’était déclaré vainqueur avant de crier au vol de sa victoire.
Cavaye Yéguié Djibril: cavalier de l’aloi au perchoir
À voir comment Cavaye Yéguié Djibril, président de l’Assemblée nationale combine moyens loyaux et déloyaux pour ne pas perdre son poste de député dans sa région natale à l’Extrême-Nord, l’on comprend que ce septuagénaire ne voit pas encore son avenir politique dans un rétroviseur. Lors des dernières élections législatives, en 2007, l’élection de celui que certains observateurs de la scène politique présente comme le président de l’Assemblée nationale du Cameroun le moins charismatique s’est fait au forceps. Certaines sources le donnaient même perdant, mais compte tenu de l’impact et l’écho politiques qu’une telle défaite aurait sur l’image du Rdpc et partant du gouvernant, il était difficile d’avaler aussi facilement cette déculottée.
Avec son statut de deuxième personnalité de la République, Cavaye Yéguié Djibril, souvent accusé d’être impliqué dans des affaires peu honorables, espère un jour entrer dans l’histoire comme étant le premier président de l’Assemblée nationale à diriger le pays. La Constitution du 18 janvier 1996 dispose en son article 6, alinéa 4 qu’en cas de vacance de présidence de la République constatée par le conseil constitutionnel, l’intérim est exercé de plein droit par le président du Sénat. Or, comme cette chambre n’existe pas encore, cette responsabilité sera assurée par le président de l’Assemblée nationale. Comme quoi, à 70 ans, tout espoir est permis.
Paul Pondi : le diplomate à fric
C’est l’une des figures la plus emblématique de la gérontocratie régnante au Cameroun. Aujourd’hui âgé de 82 ans, Paul Pondi occupe encore le poste de président du Conseil d’Administration de l ‘Autorité aéronautique civile.
Né le 10 février 1928 à Ngag Bassong, il commence sa carrière comme patron des finances pour les régions du Moungo, Nkam, Bamoun et Dschang. Quelque temps après, on le retrouve plutôt dans la tenue de flic et bientôt ‘flic en chef’. Car en 1960, il devient le tout premier patron de la police du Cameroun indépendant. Il est celui qui portera les étoiles dorées de premier commissaire divisionnaire du Cameroun.
En 1972, Paul Pondi est déchargé de ses fonctions de Délégué général à la Sûreté nationale. Mais le président Ahmadou Ahidjo ne peut pas définitivement lâcher cet homme qui compte parmi ses plus grands stratèges. Aussi, le nomme-t-il la même année (1972) au poste d’Ambassadeur du Cameroun au Zaïre. Il y passe 5 ans. En 1977, il est fait Ambassadeur du Cameroun en Angleterre ; même si c’est le 28 février 1978 qu’il présente ses lettres de créances aux autorités de son nouveau pays d’accueil. Un pays qu’il quitte en octobre 1981 pour les Etats Unis d’Amérique. Tout juste un an après sa prise de fonction au pays de Ronald Reagan, Paul Pondi apprend la démission du président Ahidjo. Mais le départ du président n’aura aucune conséquence sur sa carrière de diplomate puisqu’il est maintenu à son poste et dans le même pays pendant une décennie. Une longévité record qui lui a valu en janvier 1993, la médaille de « Dean of diplomatic corps » (Doyen du corps diplomatique) aux Usa où on ne comprenait pas comment et pourquoi le président camerounais pouvait laisser un ambassadeur se sédentariser dans un autre pays ! Comme pour répondre à ces récriminations, Paul Biya le remplace au poste d’ambassadeur du Cameroun aux Usa juste quelques mois après son sacre de Doyen des diplomates chez l’oncle Sam. Il est actuellement Pca de l’Autorité aéronautique civile et n’est pas près à se reposer. Peut-être se sent-il encore jeune.
Olivier Ndenkop
Laurent Esso : bientôt au ciel
Il était jusqu’ici connu pour sa discrétion et même son mutisme. Homme effacé, œuvrant loin des flashes et autres objectifs de cameras des journalistes, Laurent Esso réussit presqu’à dissimuler son parcours que certains qualifient pourtant de trop long dans les arcanes du pouvoir.
Issu de la communauté Sawa, Laurent Esso est né le 10 août 1942 à Douala. Magistrat de formation, il a été le Chancelier de ce qui était alors la seule université du Cameroun. Après ce séjour à l’université, Laurent Esso est appelé à servir plus proche du chef de l’Etat. C’est ainsi qu’il sera tour à tour Secrétaire général adjoint de la présidence de la République, ministre de la Santé publique, ministre de la Défense de 2001 à 2004.; puis des Relations extérieures de 2004 à 2006. Depuis le 22 septembre 2006, il occupe les fonctions de ministre d’État, Secrétaire général de la présidence de la République.
Cette nouvelle proximité avec le chef de l’Etat serait mise à contribution par M. Esso pour assurer son propre destin présidentiel. La stratégie semble simple : faire nommer les membres de son clan, la « Sawa-Connection » au Port autonome de Douala, à la Snh et bientôt à la Maetur (Louis Roger Manga)…tout en prenant le soin d’éliminer les adversaires potentiels (Atangana Mebara, G. Mendo Zé, E. Edou...) Dans le premier cas, il aurait demandé et obtenu la nomination de Siegfried. Etame Massoma au poste de ministre chargé du Contrôle supérieur de l’Etat. Entièrement à la solde du Sg/Pr, Etame Massoma doit se servir des serres de l’Epervier pour attraper ou dissuader tous ceux qui aspirent au fauteuil présidentiel convoité par son mentor.
Mais depuis le déclenchement de la scabreuse et tragique « Affaire Bibi Ngota », le discret d’hier barre la Une des tabloïds et se taille des « blanchisseurs » dans la presse. Mais il ne sera jamais lavé de tout soupçon s’il ne présente pas au Camerounais le Vrai de ce document dont le journaliste ne détenait que la fausse copie et qui lui a finalement coûté la vie.
J.-B. T.
William Aurélien Etéki Mboumoua : Porter sa Croix Rouge
Avec la vieillesse, on ne triche pas ! Le 24 juin 2009, la Croix rouge camerounaise (CRC) organise une exposition des photos des grandes catastrophes auxquelles cette organisation humanitaire a pris part aux côtés des sinistrés. Aurélien Etéki Mboumoua en sa qualité de président de la Crc doit couper le ruban de l’exposition. A 12h 30, la foule aperçoit un grabataire dans un costume sombre qui avance à pas pesants et le visage fortement lézardé. « Levez-vous pour accueillir le président de la Croix rouge camerounaise », annonce le speaker. Après la coupure du ruban, Etéki Mboumoua , physiquement mal en point supporte quelques minutes débout ; le temps de se laisser prendre en photos par les journalistes et il se retire du public juste après.
Le 20 octobre prochain, Etéki Mboumoua aura 77 ans dont 52 passés dans les instances de décision du pays. Déjà en 1958, alors que la rébellion bat son plein dans la Sanaga Maritime, c’est ce fils de Bonadibong à Douala qui est envoyé en Mission Commandée dans la frondeuse région de la Sanaga Maritime. Il y officie comme Préfet de 1958 à 1961. Le 20 octobre 1961, il est appelé à Yaoundé comme ministre de l’Education nationale. Dans ce département ministériel, il a comme directeur de cabinet un certain Paul Biya. Son poste actuel à la Croix rouge camerounaise est d’ailleurs présenté comme un retour d’ascenseur. Mais l’histoire retient que c’est tout jeune que Etéki Mboumoua, s’est familiarisé avec le pouvoir. De 1971 à 1973, il est le conseiller spécial du président Ahmadou Ahidjo, lequel le pistonne à la tête de l’Organisation de l’Unité africaine en 1974. Il en revient quatre ans après et reprend ses fonctions de Conseiller spécial de celui qui venait de faire fusiller Ernest Ouandié, le dernier résistant du nationalisme camerounais à Bafoussam en 1971.
Dans le gouvernement de Paul Biya, devenu président de la République en novembre 1982, Etéki Mboumoua est fait ministre des Affaires extérieures, le 7 juillet 1984. Il est démissionné trois ans plus tard. Mais, pour ne pas l’éloigner de la mangeoire qu’il fréquente depuis un demi-siècle, Paul Biya a fait de lui l’éternel président de la Croix rouge camerounaise. Une structure qu’il ne revoit que lors des grandes cérémonies qu’elle organise. Un acéphalisme de fait.
O. N.
Jean Nkueté : au chevet du comique agropastoral
Economiste chevronné, il semble devancer son âge. C’est sans doute la preuve de ce que le pouvoir, même s’il nourrit son homme, il l’abîme en même temps. Malgré les apparences, Jean Nkueté est le cadet de nombre de ces vieux que nous listons. Il est né dans le département de la Menoua, Région de l’Ouest en 1944. Reconnu brillant, ce féru des sciences économiques s’est retrouvé dans le dernier carré de Paul Biya qui venait de remplacer Ahmadou Ahidjo à la tête du Cameroun. Il bénéficie de la confiance du nouveau et jeune chef de l’Etat qui fait de lui son Secrétaire général adjoint à la présidence de la République (1983-1985). Il monte d’un cran et devient le Sg/Pr en 1985. Il compte parmi les personnes qui ont conçu le Rdpc, pour tourner la page Ahidjo.
Lorsqu’il quitte ses fonctions de Secrétaire général de la présidence de la République, il dépose ses valises à Bangui comme secrétaire exécutif à la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac). Fils de paysan, il retourne au pays natal et gère l’important ministère de l’Agriculture et du Développement rural. Un département ministériel qui souffre des maux tels que la corruption avec plusieurs de ses pontes bientôt poursuivis devant les tribunaux pour détournement des fonds destinés à la relance de la filière maïs, de détournement des tracteurs offerts par les Indiens. Après plusieurs hésitations, Jean Nkueté s’est fait le chantre des seigneurs de la terre en fixant la date du comice agropastoral d’Ebolowa en décembre prochain. Un Défi difficile à relever au regard de la précipitation et de l’agitation qui s’observent autour de ce grand rendez-vous qui a déjà enregistré un échec : le fameux hôtel 3 étoiles qui devait recevoir les invités du comice ne sera prêt qu’après l’événement.
O.N.
Général Pierre Semengue : le liquidateur des nationalistes
Son âge jusqu’ici reste querellé. Dans un livre entretien avec Charles Ateba Eyené, il dit être né en juin alors que son acte de naissance ferait de lui un homme né le 28 juillet 1935, à Bi Bia par Lolodorf. C’est donc dans l’incertitude qu’on présente ses 75 ans aujourd’hui. Dieu qu’il dit en être un fidèle sait lui être généreux en lui donnant une santé physique puisqu’il parait encore plus solide que certains de ces pairs galonnés. A l’école primaire, il n’était pas un modèle d’intelligence. La pêche et la chasse l’attiraient plus qu’autre chose. C’est la raison pour laquelle c’est en 1949 qu’il obtient son CEPE. Il a alors 14 ans. Mais lorsqu’il entre au secondaire dans ce qui est devenu le Lycée Leclerc, il fait volte face. Il est reçu par concours à l’école militaire de Saint-Cyr en 1957, à 22ans. Il est parmi les premiers de sa promotion. Il revient au Cameroun en 1960 comme sous-lieutenant de l’armée française. Le Cameroun qui manque d’officiers nationaux en fait un Lieutenant par une décision du président Ahmadou Ahidjo qui voulait former une armée nationale. Il est nommé à la Liaison de Coordination en 1961 alors qu’il a à peine 25 ans. Sortant fraichement d’une école militaire, il meurt d’envie de faire la guerre. Il se ronge le frein et sollicite une affectation dans la Sanaga maritime pour mater la rébellion des Upécistes qui ont le malheur d’exiger le départ des français à qui le lieutenant Semengue doit tout. Les continuateurs de cette lutte indépendantiste engagée par Um Nyobe et compagnie seront tués comme des bêtes brutes par Semengue et ses troupes bien zélées. Le 1er octobre 1961, il est fait chef d’Escadron puis lieutenant colonel en 1965. Commandant de l’armé de terre en 1965, colonel en 1968, Général de brigade en 1973. Devenu Général de Division en 1982, Semengue Pierre est resté de juillet 1973 à juillet 1983, le seul Général de l’armée camerounaise. Paul Biya le nomme chef d’Etat major le 22 août 1983. Il occupe aujourd’hui le poste de Contrôleur Général des Armées.
S.A.K
Camile Nkoa Atenga: Le soldat de la paix ?
Il a un goût prononcé pour l’écriture. Et un paradoxe apparent traverse les titres et même les contenus de ses différentes publications. C’est que, militaire, c’est-à-dire homme de guerre, le Général Camile Nkoa Atenga se fait plutôt l’apôtre de la paix.
Les habitués des librairies et bibliothèques doivent avoir rencontré L’Afrique face à la paix dans le monde (1987), Les armées africaines à l’heure de la démocratie et des droits de l’homme(1996). Il s’agit de quelques titres de ce soldat aux écrits pacifistes.
Le général Nkoa Atenga est né à Okola en 1940. Ce qui lui fait 70 bougies sur le dos. Il porte aujourd’hui le grade de Général de Corps d’Armées (GCA).