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Pourquoi la démocratie est un leurre au Cameroun ? Le leurre est invariablement une des caractéristiques qui a permis au régime biyaiste d’acquérir et de maintenir son audience sur la scène mondiale en lui fournissant des compagnons de route dans toutes les ethnies du Cameroun et dans toutes les chancelleries occidentales. Il est commun dans l’opinion publique de présenter les biyaistes comme de simples demeurés ou assoiffés du pouvoir, et de réduire l’activité présidentielle au niveau banal d’une inertie chronique qui ne vaut pas la peine d’être discutée. En conséquence, le citoyen lambda et le visiteur étranger ne se rendent même pas compte qu’ils se trouvent malicieusement transportés au cœur même d’une partie de poker menteur. C'est pourquoi le leurre dans le régime totalitaire est l’une des plus importantes manipulations politiques de notre époque. Lutter contre ce leurre représente le devoir le plus vital des démocraties, car sa persistance signe et entérine les périls à venir. En d’autres termes, le régime totalitaire de Biya n’a jamais été une simple question d’autochtones contre allogènes : il a fonctionné dés le départ avec l’ensemble des populations dites allogènes représentatives du Cameroun ; ni ne s’est voulu une simple question de nationalisme extrémiste : il a trop besoin des appuis étrangers pour survivre. Aussi, c’est avec cette partie de poker menteur que le chemin de la domination absolue passe par de nombreuses étapes intermédiaires, relativement normales et tout à fait intelligibles : tous les aspects du gouvernement totalitaire de Paul Biya – aussi hideux et criminel soient-ils – partagent un point commun avec tous les régimes totalitaires passés et présents : le totalitarisme est profitable, à titre personnel, à la famille Biya comme un cambriolage ordinaire profite à son auteur.
Source : Fabienne Debarge et Joël Didier Engo, www.cameroon-info.net