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Société Obsèques de Pius Njawé: Quand le gouverneur de l’Ouest ne sait pas garder son sang-froid

Obsèques de Pius Njawé: Quand le gouverneur de l’Ouest ne sait pas garder son sang-froid

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Si Dieudonné Ivaha Diboua, gouverneur de la Région de l’Ouest-Cameroun avait pris connaissance du contenu de l’éloge funèbre de Pius Njawé, il n’aurait pas empêché Célestin  Monga de le prononcer. Le 07 août 2010, à Babouantou, il a fait preuve d’un incroyable manque de sang-froid.
Samedi 07 août 2010. La cérémonie organisée à l’occasion des obsèques de Pius Njawe, journaliste et président de Free Media Group, mort le 12 juillet 2010 aux États-Unis des suites d’un accident de circulation, tire vers la fin. Après la lecture du message de condoléances du chef de l’État  adressé au premier fils de Njawé, par le  premier adjoint du sous-préfet de l’arrondissement de Bandja (département du Haut-Nkam), le speaker, maître des cérémonies, Jean Vincent Tchienehom, annonce l’oraison funèbre de Pius Njawé que doit prononcer Célestin Monga, ami du défunt. Celui-ci se rapproche du micro. À peine a-t-il déposé son texte, tiré d’une chemise, sur le pupitre réservé à cet effet que le gouverneur de l’Ouest, Dieudonné Ivaha Diboua, assis aux premières loges, à droite du ministre Tomdio, quitte brusquement son siège et se dirige vers l’estrade où il empêche Célestin Monga de prendre la parole. Une chaude discussion s’engage entre d’une part, quelques membres de la famille de Njawé et de l’entourage du banquier et le gouverneur. Dieudonné Ivaha Diboua reste inflexible sur sa position et demande que Célestin Monga aille dire « ce qu’il à dire […] sur la tombe de Pius Njawé ». La foule se disperse. La cérémonie se termine en queue de poisson.
Cette intervention de l’ex-préfet du Haut NKam a fait couler beaucoup d’encre et de salive. Elle a suscité une vive polémique au sein de l’opinion. Arguments et contre arguments se sont entrechoqués. Pour les uns, le gouverneur était en droit d’intervenir. Pour les autres, il n’avait pas le droit d’intervenir à  partir du moment où les obsèques de Pius Njawé n’étaient pas officielles.

Précision
Pour avoir la version des faits du Gouverneur de l’Ouest, nous l’avons eu au téléphone. Dieudonné Ivaha Diboua n’a pas voulu trop s’étendre sur le sujet, mais a tenu à faire une précision. Selon le gouverneur, «le programme qui prévoyait l’ordre de passage des différents intervenants avait été arrêté la veille, 06 août 2010,  autour de 18 heures. Ce programme initial, communiqué à toutes les autorités administratives et aux élites de la localité, prévoyait que Célestin Monga devait prendre la parole avant le représentant du ministre de la Communication. J’ai  agi parce que je ne pouvais pas accepter que les principes arrêtés par tous soient bafoués. Après avoir été mis au courant de ce programme, M. Monga a menacé de quitter les lieux. C’est ce qui a poussé les autres à l’annoncer. Je ne pouvais pas accepter que l’ordre de passage arrêté de manière consensuelle soit bouleversé. Car, ce bouleversement pouvait créer du désordre. Et en tant que premier responsable du maintien de l'ordre dans la région, je dois agir et être partout où je sens que l'ordre public peut être menacé »
Une source proche de la famille confirme bien que le programme avait été arrêté la veille, vers 18 heures, sur les lieux de la cérémonie en présence de la famille et des élites locales. Le représentant du  ministre de la Communication (Mincom) étant  programmé, personne ne savait  que le message du chef de l'État serait lu. C'est sur le lieu des obsèques que  l'adjoint d'arrondissement a  approché Jean Vincent Tchienehom pour lui dire que le message du chef de l’État sera lu. Cette source précise en outre que le programme  des obsèques de Njawé a subi de nombreuses modifications ou actualisations sur le lieu des cérémonies en fonction des personnes et personnalités présentes (côté médias) et des demandes insistantes  des "politiques". «  Si le gouverneur avait eu le texte de Monga, il se serait calmé, en dépit de l'entorse dont il accuse le programme », précise Jean Vincent Tchienehom.
Vraisemblablement, ce jour-là le gouverneur de la Région de l’ouest a fait preuve d’un incroyable manque de sang- froid en se jetant tel un fauve sur l’estrade, le pupitre et les micros pour empêcher Célestin Monga de parler. Pourtant, certains de ses administrés reconnaissent qu’il est un homme de principes et est un bon meneur d’hommes.

Rapport accablant

Après sa sortie de l’Enam, il est affecté à Douala, à la province où il s’occupe de la censure des journaux. Quelque temps après, il est promu sous préfet de Bonabéri. Ensuite, il est nommé préfet de Yabassi. D’après certaines sources, pendant la présidentielle de 2004, tout est mis en œuvre par les élites du Nkam, dont notamment Moukoko Bonjo et Pierre Titi, pour que le président de la République remporte l’élection avec un score à la soviétique. Après la proclamation des résultats qui étaient favorables à Paul Biya, mais légèrement supérieurs à 50%, Moukoko Bonjo et Consorts veulent que le préfet ramène les résultats à presque 100%. Le préfet oppose une fin de non-recevoir et refuse de tripatouiller les résultats. Non content, Moukoko Bonjo rédige un rapport accablant sur Dieudonné Ivaha Diboua, préfet du Nkam. Le rapport atterrit sur la table du ministre de l’Administration territoriale et de la décentralisation, Marafa Amidou Yaya. Dans un premier temps, après étude, les accusations de Moukoko Bonjo et consorts sont considérées comme des paroles d’évangile. Les collaborateurs du ministre proposent que le préfet soit relevé de ses fonctions et qu’il soit affecté  au Minatd. Cette proposition est validée par le ministre qui demande de préparer un texte qui ramène le préfet dans les services centraux. Le texte est préparé et soumis à son attention, pour signature.
Heureusement, pour le préfet du Nkam, quelque temps après le déroulement du scrutin, au moment où le ministre s’apprête à apposer sa signature, il est informé de la présence de Diana Acha Morfaw, vice-présidente de l’Observatoire national des Élections (Onel) dans la salle d’attente. Elle veut rencontrer le ministre. Elle est immédiatement reçue par Marafa. Au cours de leur entretien, elle loue les qualités professionnelles en matière d’organisation des élections du préfet du Nkam et apprécie positivement le travail qu’il a abattu avant, pendant et après le scrutin, prenant ainsi à contre-pieds Moukoko Bonjo et consorts. Le ministre ne lui dit pas qu’il venait de recevoir d’une certaine élite de la localité à la tête de laquelle se trouve Moukoko Bonjo, un rapport accablant sur la manière de servir de ce même préfet.  Diana Acha Morfaw partie, le Minadt ordonne une enquête discrète sur la manière de servir du préfet de Yabassi et sur son attitude pendant la présidentielle de 2004. La conclusion lui est remise quelque temps après : c’est parce qu’il avait refusé de trafiquer les résultats de la présidentielle que Moukoko Bonjo et consorts l’ont accablé.
Pour le protéger, le Minadt décide de le sortir des griffes de cette élite vorace et nuisible. Il l’envoie à Ntui dans le département du Mbam et Kim. C’est de ce département qu’il est affecté à Bafang dans le Haut Nkam où il a grandi. En 2007, lors du double scrutin législatif et communal, il tient tête aux Kadji Defesso et autres Jean Bernard Sindeu. Du Haut kam, il est promu Gouverneur de la région de l’Ouest. Dieudonné Ivaha Diboua parle couramment le Féfé.
Jean-Bosco Talla

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