Réflexions sur les successions présidentielles
Par Fabien Eboussi Boulaga*
Le sujet, tel qu'il m'est proposé, invite à se prononcer sur la nature ou la qualification réelle, coïncidant avec celle qui est affichée et proclamée, des régimes dans lesquels se font ou se projettent les successions des chefs dans nombre d'Etats africains. La manière dont elles se déroulent autorise-t-elle de les tenir pour républicaines, démocratiques ou pour monarchiques et despotiques ? On peut avoir deux types d'opinions. Le premier fournira une réponse instruite de constitutionnaliste et de comparatiste, d'autant plus intéressante qu'elle se contentera d'être descriptive, solidement et largement informée, sans prise de position autre que techniquement conditionnelle, envisageant des inconvénients, des avantages, les moyens de minimiser les uns et de maximiser les autres, selon le choix opéré. Sa conclusion positive ou négative l'inscrirait aussitôt dans l'un des deux camps qui s'opposent ou qu'on feint de dresser l'un contre l'autre. Elle ne serait plus qu'une opinion, ni vraie ni fausse, ni juste ni injuste, mais celle de ceux qui soutiennent le président en fonction ou de ceux qui récusent l'idée qu'" il se succède à lui-même ". Dès lors, seule tranchera la force sans appel de l'ordalie des urnes, cette manière de jugement de Dieu des temps modernes sécularisés et de l'occidentalisation du monde. Lire la suite