Économie politique des risques liés à la succession présidentielle
Par Jean Eudes Biem *
Les termes du débat
Le problème ainsi posé relève moins de la simple question de la succession à la tête d'un État plus ou moins viable que de toute une dynamique transitologique. La transitologie comparée montre en effet que la succession à la tête des États faibles a pour véritables enjeux la transition structurelle en vue de l'émergence de l'État efficace. La Russie post-soviétique et le Ghana sont des exemples différents de succession-transition réussie qui (re)construit la prospérité en garantissant des successions périodiques à risques maîtrisés. Avant d'en arriver là, chaque succession est critique pour des pays comme le Cameroun dont les autorités font valoir officiellement qu'il est un pays pauvre, très endetté et très corrompu, c'est-à-dire aux antipodes de l'État efficace.
La recherche de l'efficacité se déploie sur trois niveaux d'opérationnalité dans la promotion du bien public (ressources et services) : les politiques publiques qui peuvent changer rapidement ; les institutions dont la construction prend du temps et participe de l'investissement dans les capacités ; et la structure de pouvoir qui détermine les intérêts que le gouvernement représente. Les structures de pouvoir et d'intérêts déterminent à quel point un gouvernement investira dans les capacités en vue d'assurer le minimum fondateur de l'État : la perception de l'impôt en échange de la sécurité et de la justice. Lire la suite