
Aujourd'hui, l'organigramme de la Fédération ressemble à une usine à gaz. Iya Mohamed a laissé s'installer une myriade de commissions et de sous-commissions qui sont autant de chapelles. C'est simple : on se croirait sous la IVe République, en France. Qu’importe, nous sommes bien dans une République bananière. Il faut départager le gâteau du football camerounais. Le problème est celui de la distance entre le président d'une fédération et des joueurs surpayés qui ont perdu tous leurs repères, n'ont aucun lien affectif avec le maillot et pour qui seul importe le compte en banque. C’est d’ailleurs la seule chose qui semble unir les Lions indomptables et le président de la Fécafoot. Les marchands sont dans le temple. En septembre 2007, le vice-Premier ministre, ministre de la Justice garde des sceaux, Amadou Ali, confie une mission confidentielle à un expert financier basé à l’étranger, aux fins de débusquer les corrompus et ‘’détourneurs’’ des fonds de l’État camerounais. C’est sur la base d’un fichier de 64 personnalités suspectées de crimes économiques que l’expert devait mener sa mission. Dans la liste des personnalités répertoriées, le nom de Iya Mohamed y figure pour sa gestion épicière à la Sodecoton et de la Fécafoot. L’Épervier n’a pas fini de voler au dessus de la tête du directeur général de la Sodecoton. En septembre 2007, huit commerçants de la ville, tous fournisseurs du Club Sodecoton réclament par exploit d’huissier la somme de 174 574 000 F Cfa à la Sodecoton. Ces opérateurs économiques soulignent qu’ils traitent depuis des lustres avec le club de la Sodecoton sans incident en fournissant riz, savon, sucre, huiles de table, farine, gaz domestique mais que depuis le mois de mai 2007, leurs factures ne sont plus réglées. Tout cela ressemble à des peccadilles comparé aux bruits des casseroles qu’Iya Moyamed traine dans les couloirs du siège de la Fécafoot au quartier Tsinga à Yaoundé. Le procureur Evezo’o connait bien le dossier. Lui qui ne se lasse pas d’informer le Premier ministre sur la déchéance morale à la tête de l’instance faitière du football camerounais. Il est par exemple reproché au président de la fédération camerounaise de football d’avoir noyé 100.000 dollars issus du match amical livré par les Lions Indomptables contre une sélection basque en fin 2005. Sa réponse reste attendue sur la gestion de la somme de 13 milliards de francs Cfa que le ministère des Sports lui aurait versée. La commission Mahop, venant de la présidence de la République lui réclamerait aussi 3 milliards de francs Cfa. Sans oublier que sur la table, on parle aussi de 2 milliards détournés pendant la coupe d’Afrique des nations en Egypte et, de plusieurs autres frasques financières.
C’est sous les années Biya que le Cameroun s'est réconcilié avec le profit et l'argent. La question est de savoir si, aujourd'hui, une partie du pays n'en fait pas trop : après ce rabibochage nécessaire qui nous a permis de mieux entrer dans le XXIème siècle, nous sommes passés aux épousailles officielles et force est de constater que, depuis peu, elles sont devenues obscènes, pour ne pas dire répugnantes. Ce n'est pas en ouvrant la chasse aux indécents que l'on réglera le problème. C'est en faisant en sorte que cette situation ne perdure plus. Autrement dit, en tranchant dans le vif. Il en va de la santé morale et mentale de notre pays.
Germinal n°060