Ces injustes qui jugent!!!
La justice en tant que valeur et institution fait aujourd’hui débat au Cameroun. Les raisons d’un tel intérêt proviennent certainement des injustices dont elle s’est rendue coupable depuis l’Opération Epervier.
Il faut chercher les causes de cette « entrée de la justice en injustice », pour reprendre les mots d’Enoh Meyomesse, dans le processus de sa politisation engagée depuis les premières heures des indépendances et dont le terme aujourd’hui est son inféodation, sa vassalisation par le politique. Il ne serait pas exagéré de dire pour parler comme Charly Gabriel Mbock que la justice camerounaise s’est assigné un « devoir d’injustice ».
On pourra accorder aux magistrats qu’ils peuvent se tromper et qu’ils se sont très souvent trompés. Mais la régularité impénitente avec laquelle les juges d’instruction foulent aux pieds les lois qu’ils sont censés dire et faire respecter est par trop flagrante, massive et systématique qu’elle a nécessairement quelque chose de diabolique : Errare humanum est, perseverare diabolicum est, l’erreur est humaine mais persévérer dans l’erreur est diabolique.
Les injustices dont sont coupables les juges d’instruction
sont nombreuses mais la plus remarquable est la recherche obsessionnelle de la privation de liberté telle qu’on l’observe dans les gardes à vues et les détentions provisoires abusives autant qu’illégales contrairement à l’esprit et à la philosophie de notre code de procédure pénale pour qui la liberté est la règle et la détention, l’exception. La pratique en matière pénale, on le voit consacre l’inversion de ce sacro-saint principe. La conséquence au plan de la démographie carcérale en est la surpopulation dans les prisons avec tout ce que cela comporte comme négation de droits humains les plus élémentaires. On se référera avec fruit aux statistiques publiées dans le Rapport du Ministère de la justice sur l’état des droits de l’homme au Cameroun en 2014.