• Full Screen
  • Wide Screen
  • Narrow Screen
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size
Mouangue Kobila réplique, Roger Kaffo Fokou fait une mise au point - Page 4

Mouangue Kobila réplique, Roger Kaffo Fokou fait une mise au point - Page 4

Envoyer Imprimer PDF
Note des utilisateurs: / 0
MauvaisTrès bien 
Index de l'article
Mouangue Kobila réplique, Roger Kaffo Fokou fait une mise au point
La mise au point de Roger Kaffo Fokou
Ultimes précisions à Roger Kaffo Fokou
Ultimes précisions de Roger Kaffo Fokou au Pr James Mouangue Kobila
Toutes les pages
Ultimes précisions de Roger Kaffo Fokou au Pr James Mouangue Kobila
Je resalue la qualité de la réaction du Pr Kobila dans cet échange spontanée dans lequel la force des choses nous a poussés. Je ne souhaite plus revenir sur la pomme de discorde initiale que je considère comme vidée. Les tribus seront encore des réalités dans notre pays pour longtemps encore, l’important est que la nécessaire cohabitation favorise le dialogue, la convivialité, une saine compétition, et une volonté commune de se bâtir un pays qui appartienne à tous et  soit ouvert sur l’extérieur et l’avenir. Et sur ce sujet-là, le professeur Kobila a été plusieurs fois affirmatif et il n’y a aucune raison de ne pas croire en sa parole.
Sur la question de la démocratie, je pense qu’il exagère la différence que l’on peut faire entre celle de la Grèce des cités et la démocratie de la France révolutionnaire. L’on a l’habitude de parler de la démocratie directe grecque par opposition à la démocratie représentative moderne que préparent soigneusement les théories successives des philosophes des droits naturels, de Hobbes à Rousseau et Montesquieu en passant par Locke. La France pré-révolutionnaire fonctionnait déjà sur le modèle représentatif à travers l’institution des Etats-généraux et il me semble que le caractère représentatif, lui-même dû aux contraintes matérielles de la démographie, ne suffit pas à distinguer profondément les deux modèles alors que ce qui les unit est encore plus profond.
La démocratie grecque fut mise en œuvre par les marchands grecs (Solon lui-même, bien qu’étant de l’aristocratie, s’était enrichi dans le commerce préalablement à son accession au pouvoir) et elle permit surtout d’arracher le monopole du pouvoir politique des mains des aristocrates au profit des marchands enrichis. La démocratie de la France révolutionnaire visait et put atteindre les mêmes objectifs, aussi est-elle plus connue sous l’appellation de révolution bourgeoise. Sur les près de 340.000 à 400.000 habitants d’Athènes il n’y avait que 35.000 à 40.000 citoyens, les autres – esclaves, femmes, enfants et métèques, neuf fois plus nombreux – n’avaient pas le droit de participer à la démocratie. En France sous la révolution, le schéma est identique : ainsi, le discours de Sieyès du 20-21 juillet 1789 distingue entre citoyens actifs et passifs et exclut donc les femmes (qui pourtant votaient depuis longtemps), les enfants ainsi que les étrangers (synonyme de « métèques » utilisé dans la Grèce antique). S’y ajoutaient les esclaves puis plus tard les colonisés de l’empire. Les françaises n’obtiendront le droit de vote qu’au début du XXè siècle.
Au fond, la seule démocratie qui tenta d’aller aussi loin que possible dans la voie de l’idéal fut celle de Clisthène et l’on n’en parle presque jamais, parce qu’elle ne fut pas bourgeoise c’est-à-dire libérale comme celles qui sont à la mode aujourd’hui. Et le Pr Mouangue a raison dans le cas d’espèce de parler « références inquiétantes - à l'antiquité et à des modèles obsolètes » parce que nous sommes à une époque où la démocratie libérale, bien que confrontée à ses limites, s’obstine à se présenter comme la « fin de l’histoire » et refuse de regarder autour d’elle, de peur de découvrir des alternatives plus crédibles. Quant à l’impératif de contextualisation, il me semble secondaire, chronologiquement parlant cela s’entend.  
Roger Kaffo Fokou, essayiste et poète