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Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable - Ces hommes politiques adoubés par la

Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable - Ces hommes politiques adoubés par la

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Index de l'article
Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable
Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable
Quelques réflexions sur la notion de communauté internationale
La communauté internationale est-elle gardienne des élections présidentielles africaines ?
Communauté internationale et reconnaissance de gouvernement
Crises politiques en Afrique : Le Cas de la Côte d’Ivoire
Côte d'Ivoire : la démocratie au bazooka?
Au-dela de Gbagbo : L’Afrique
Au-dela de Gbagbo, L’Afrique et les tiers-monde de demain
Médias: Entre mercantilisme, conformisme et révérence
La face cachée de la
Ces hommes politiques adoubés par la
Communauté internationnale et les crises politiques au Cameroun de 1948 à jours
Quelle place et quel rôle pour l'Onu au sein de la communauté internationale?
Jusqu'où peut on avoir confiance en l'Onu?
Révolution arabe: quel impact sur le nouvel équilibre mondial?
Crise ivoirienne: une opinion africaine de toutes parts handicapée
L’Afrique entre Révolution et manipulations
Toutes les pages

Ces hommes politiques adoubés par la "Communauté internationale"
De Mandela à Raila Odinga

Si une chose unit l’humanité et toutes les espèces vivantes en générale – je fais allusion ici – pour ceux qui ne l’auraient pas compris – à ce que certains ont appelé « l’osmose-restitution » -, puisque, reconnaissons-le tout de suite : tout ce qui naît et vit est appelé un jour à  nourrir ; nul ne peut déroger à cette règle. Retenons-le, l’angoisse de la mort et la peur du lendemain qui habitent l’esprit du paysan de Tokomberé sont les mêmes qui habitent l’esprit du pape des catholiques. Beaucoup de choses par contre nous désunis au point de pousser l’espèce humaine vers les barbaries les plus indescriptibles – les crimes humains les plus crapuleux, parfois programmés longtemps à l’avance, par ceux-là qui agissent sous la bannière de la « communauté internationale » - souvent en entreprise avec leurs thuriféraires pour ne pas dire leurs laquais éparpillés partout dans le monde. Tulku Thondup, grand maître Bouddhiste dans « L’infini pouvoir de guérison de l’esprit » indique que  « Riches comme pauvres, nous souffrons à cause des soucis qu’entraîne le désir. Les millionnaires aussi dit-il, connaissent la colère, le désespoir et la dépression. Craignant continuellement de perdre ce qu’ils possèdent et cherchant à acquérir ce qu’ils n’ont pas, ils trouvent rarement la paix et le repos. Incapables de jouir de ce qu’ils sont, ils  ne vivent que pour ce qui les attire et les asservit. » Thondup va plus loin en nous enseignant que « gagner de l’argent constitue en soi une cause de souffrance, mais livrer sa vie à la tyrannie de possessions qui n’ont jamais de fin porte un coup fatal à la paix et à la joie. ». En effet, le désordre diplomatique et politico-économique qui caractérise les parodies de démocratisations dans les pays du tiers-monde ; l’appât du gain et la condescendance affichée de « certains »  témoignent en faveur de Thondrup. Le nouvel ordre mondial voulu depuis la chute du mur de Berlin continu de plonger l’humanité  dans un barbarisme béat. La crise ivoirienne n’en est-elle pas la parfaite illustration ?

Mandela et les Afrikaners

La libération de Nelson Madiba Mandela, négociée dans le plus grand secret arrive dans un contexte très trouble où 74000 travailleurs syndiqués noirs entrent dans une grève illimitée qui paralyse le pays dès 1986. Les enjeux sont donc énormes pour la bourgeoisie locale liée aux grands intérêts internationaux. Le bloc communiste vient de s’éffrondrer ; il faut briser les dernières chaînes des bastions communistes dans le monde. Nelson Mandela qui a toujours été proche de ceux-ci - depuis sa prison de Roebben Island, continue d’entretenir des liens étroits avec le parti communiste sud-africain et l’Anc qui lui restent entièrement dévoués. La perte de Mandela peut entraîner la perte de l’Afrique du sud et par ricochet les intérêts internationaux qu’elle abrite : il faut donc négocier les préalables de sa libération future. Négocier dans un tel contexte signifie accepter de sauvegarder des intérêts nationaux et internationaux présents sur le sol sud-africain en échange de la démocratie qui fera de Mandela à coup sûr, le président des Sud-africains ; donc celui qui pourra empêcher l’effondrement de l’économie sud-africaine puisque très écouté des Syndicats. Il faut prononcer une amnistie générale sur les crimes commis durant la période de l’apartheid - Mandela s’y résoudra au point de dédaigner sa propre épouse impliquée tout comme Peter Botha dans des affaires scabreuses. Ne devrait-on pas conclure que Mandela tient sa libération de la chute du mur de Berlin et des concessions faites aux Afrikaners soutenus en catimini par la Communauté Internationale ?

Mugabe et Tswangirai

Harare, située à quelques encablures de l’Afrique du Sud abrite un scénario semblable. La politique de Robert Mugabe, le président aux penchants communiste- révolutionnaires – et très proche de Pékin entend changer la politique agricole de son Pays. Les Blancs au grand mépris des autochtones continuent de posséder les ¾ des terres arables. La tentative d’infiltration des hommes d’affaires noirs dans le secteur agricole trouve une forte résistance des lobbies agricoles blancs qui continuent à dicter ses desiderata au pouvoir en place que la « communauté internationale » diabolise systématiquement tout en jetant son dévolu sur Morgan Tswangirai qui entend préserver ses acquis – notamment ceux du puissant lobby anglo-américain du tabac. C’est ainsi que Tswangirai bénéficiera d’un appui international qui aboutira à un partage du pouvoir avec Mugabe.

Gbagbo – Ouattara

En Afrique de l’ouest, la donne a changé depuis que l’opposant de 30 ans d’houphouet Boigny accède au pouvoir en 2000. Socialiste-révolutionnaire de carrière, Laurent Gbagbo entend redéfinir la politique de son pays. Il veut désormais briser les relations bilatérales classiques entre états au profit des relations directes avec le secteur privé. Il multiplie des prêches enflammées où il diabolise la France. Gbagbo lorgne trop vers l’Asie ! Ce qui ne sera pas au goût de Paris. C’est ainsi que dès 2002, Jacques Chirac, président de la France, décide de faire partir Laurent Gbagbo. Tout est mis en œuvre. Complots, rébellion. En France, c’est la cohabitation au pouvoir entre la Gauche et la Droite. Lionel Jospin, premier ministre s’oppose à l’option de Jacques Chirac d’envoyer la Gendarmerie française en Côte d’Ivoire pour débarquer Laurent Gbagbo. Lionel Jospin raconte : « Le deuxième désaccord formel a concerné la Côte d’Ivoire et il s’est reglé u cours d’une série d’échanges au téléphone avec Jacques Chirac, car j’étais alors en Egypte. Le président de la République voulait tout simplement envoyer la Gendarmerie française dans ce pays pour rétablir le président d’alors dans son poste ! Les bras m’en sont tombés ! J’ai dit non » (L. Jospin, 2010 : 217-218). Malgré cette opposition le pouvoir de Gbagbo subira l’attaque d’une rébellion armée sous par la France via le Burkina Faso, partie des pays voisins contrôlés par certains autocrates, tous  acquis à la « communauté internationale » et  proches à Ouattara. Ouattara, qui a à maintes reprises promît qu’il fera de la Côte d’Ivoire un pays ingouvernable, est invité à la table des négociations ! Plusieurs autres extrêmes concessions seront arrachées au président élu de Côte d’Ivoire Gbagbo, notamment l’organisation des élections dans un état codirigé par une rébellion légitimisée. Qui a  inventé le concept d’ivoirité ?

Ouattara est un libéraliste bourgeois qui connaît les rouages de la finance internationale ; il est marié à une riche héritière juive du monde des affaires – Ce point non négligeable garantit, malgré le fait que Ouattara soit musulman, le contrôle futur sur les éventuelles poches d’islamisme radical qui gagne peu à peu l’Afrique noir. Au lieu d’appeler Gbagbo au dialogue pour une sortie de crise honorable, ce dernier a préféré faire recours la communauté internationale à laquelle il serait dévoué ?

Joseph Désiré Kabila, Kagamé, Museweni  et Bemba

Dans la région des grands lacs on assiste à un scénario deux poids deux mesures. D’un côté on retrouve les bons et de l’autre les méchants nationalistes qui entendent conserver les acquis qui remontent à la délimitation des frontières coloniales. Mobutu, le dictateur adoubé par les Américains et les Belges n’est plus l’homme de la situation. Une rébellion partira de l’Ouganda  et du Rwanda appuyé par l’Angola pour déloger Mobutu. La « gestion calamiteuse » du pouvoir par Mobutu peut entraîner les graves troubles qui peuvent déstabiliser toute la région ; c’est de là qu’interviendra l’entrée de Laurent Désiré Kabila en jeu, qui sera lui-même abattu par son garde de corps proche de Kigali et remplacé par son fils adoptif. C’est avec l’arrivé sur le marché mondial d’un nouvel exportateur de coltan qu’on comprendra qu’il ne s’est jamais agit de libérer le Congo, mais de faire main basse sur ses ressources minières. Le chemin de la balkanisation de la Rdc sera donc sécurisé par l’arrestation de Jean Pierre Bemba.

Ben Ali et Moubarak
Ben Ali et Hosni Moubarak ont longtemps bénéficié du soutien de la « communauté internationale » pour plusieurs raisons. Nous savons tous que la sécurité d’Israël n’a pas de prix. Hosni Moubarak qui succède à Anouar el Sadate assassiné le 6 octobre 1981 sera interlocuteur privilégié des Israéliens et Américains pour l’application d’un plan qui vise à protéger l’État hébreux. Il jouera le rôle de facilitateur auprès des pays arabes et neutralisera la confrérie des redoutables frères musulmans. Cette résistance face à la montée de l’islamisme radical dans les Pays arabes ouvrira les portes de plusieurs chancelleries occidentales à Ben Ali qui a fait fi de la pure tradition musulmane pour sauvegarder les intérêts étrangers.
Quand on questionne les faits de ces derniers jours dans le Monde, on se rend vite compte que les autocrates africains sont en entreprises avec les Pays étrangers qui les adoubent et en retour ils conservent le pouvoir ; faisant subir aux populations les sévices les plus atroces. Qu’est ce qui explique leur longévité au pouvoir si ce n’est la sauvegarde des intérêts étrangers, notamment ceux des Pays du G8 ? Hormis le cas de Mandela dont la conquête du pouvoir ne s’inscrivait pas dans une stratégie de conquête du pouvoir à des fins personnelles, mais plutôt du rétablissement d’une vérité historique, on conclura que les chefs d’états africains ont ceci en commun qu’ils servent mieux les intérêts d’une mafia internationale que ceux de leur populations, et en retour, ils peuvent demeurer ad vitam aeternam au pouvoir - en attendant que la réalité ne les rattrape. Les derniers événements en Afrique du Nord, semblent montrer que la donne a changé et que la « communauté internationale », en réalité certains pays nucléaires veulent non seulement déstructurer le monde arabe, mais serait en train d’expérimenter d’autres modes de transition, «  la transition par la rue », dans certains pays, convaincus que la transition  par les urnes impossible (Talla, 2011 :3).
Alain Nanzé