Interdiction de La Grande Palabre: le sous-préfet de Yaoundé I contredit Paul Biya

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M. Temgbet Issah, secrétaire d’Administration principal de Classe exceptionnelle, n’est pas n’importe qui.
Appelé à faire valoir ses droits à la retraite depuis 4 ans, il continue, à 59 ans sonnés, à exercer les fonctions d’adjoint d’arrondissement à la sous-préfecture de Yaoundé V. Cérise sur le gâteau, il exerce celles de sous-préfet par intérim de l’arrondissement de Yaoundé I, après sa nomination, par décret du préfet du Mfoundi. Il faut bien avoir des couilles et de l’entregent pour réussir de telles promesses.
Des couilles, il en a. Pour montrer sa détermination à remplir les nouvelles fonctions qui sont les siennes, il a lancé un défi à Paul Biya en interdisant la 25e édition des conférences-débats que Germinal organise tous les derniers jeudis de chaque mois depuis deux ans et qui avait pour thème : Un printemps des libertés est-il possible sous les tropiques d’Afrique centrale? Une lecture politique, géopolitique et stratégique.
Pendant que Temgbet Issah signait sa lettre d’interdiction, le chef de l’État affirmait à Paris (France), lors de son séjour de travail qu’il n’y a pas « de problèmes de droits de l’homme », que le Cameroun est « un pays où on dit beaucoup de choses » et que « les Camerounais sont parmi les Africains les plus libres ».
En apportant un cinglant démenti aux propos de Paul Biya, Temgbet Issah exposait, consciemment le chef de l’État camerounais à la risée de l’opinion nationale et internationale.
Pour justifier cet acte de bravoure à nul autre pareil, Temgbet Issah écrit, dans la lettre n°058/L/J06.01/SP, que « l’objet poursuivi par [notre] conférence est de nature à troubler gravement l’ordre public ». Répondant aux questions à lui posées par Younoussa Ben Moussa du quotidien Le Jour (n°1360 du jeudi 31 janvier 2013, p. 3.) le secrétaire d’administration de Classe exceptionnelle étale au grand jour son ignorance de la loi régissant les réunions et manifestations publiques. Pour ce retraité qui visiblement a peur de la retraite, peut-être parce qu’il ne l’a pas préparée à temps, « c’est l’objet poursuivi par la conférence qui fait problème et non la conférence elle-même ». Avant de poursuivre de manière ubuesque et après avoir modifié pour les besoins de la cause l’objet de cette conférence publique : « la déclaration d’existence du journal Germinal ne dit pas qu’il doit tenir des conférences-débats ».
Doit-on rappeler au « vieil administrateur ayant 37 ans d’expérience » (dixit Temgbet Issah) :
- Que nul ne peut se prévaloir de ses propres turpitudes ;
- Que le légaliste et républicain Luc Ndongo, administrateur civil principal alors sous-préfet de l’’arrondissement de Yaoundé I et aujourd’hui préfet du département des Hauts Plateaux, a régulièrement délivré à Germinal, représenté par son Directeur de la publication, 24 récépissés de déclaration d’une réunion publique, conformément à la loi n°090/055 du 10 décembre 1990 qui dispose que : « L’autorité administrative peut déléguer un représentant pour assister à la réunion » (article 5-2), « seul le bureau peut suspendre ou arrêter la réunion. Toutefois, en cas de débordement, le représentant de l’autorité administrative, s’il est expressément requis par le bureau, peut y mettre fin » (article 5-3)
- Que même si par extraordinaire notre réunion publique était une manifestation publique le sous-préfet devait l’interdire par arrêté et non par une simple lettre, conformément à l’article 6-2 de la loi sus-citée que dispose que «toutefois, s’il [le sous-préfet] estime que la manifestation projetée est de nature à troubler gravement l’ordre public, il peut, le cas échéant: - lui assigner un autre lieu ou un autre itinéraire; - interdire par arrêté qu’il notifie immédiatement au signataire de la déclaration au domicile élu ».
- Que le fait que l’administration a délivré à Germinal 24 récépissés de déclaration fait une jurisprudence ;
Que la loi n°090/055 du 10 décembre 1990 portant régime des réunions et manifestations publiques ne fait pas la discrimination entre les personnes (physiques ou morales) susceptibles d’organiser les réunions publiques.
C’est pour toutes ces raisons que Temgbet Issah ne comprend pas ou plus, qu’il mérite de faire valoir ses droits à la retraite. Il n’est plus capable d’apprendre et de comprendre des choses compliquées. Malgré ses 37 ans d’expérience, il n’a plus la flexibilité intellectuelle nécessaire pour supporter la pensée divergente et comprendre ces choses nouvelles qui dépassent son entendement et que l’on nomme État de droit, droits humains, liberté d’expression, d’association et de pensée, démocratie. C’est la raison pour laquelle, faute d’arguments, et pour masquer son ignorance et son incompétence, après avoir transformé l’objet de notre réunion publique, il n’a trouvé mieux que ce motif vague, passe-partout, que les partisans de l’obscurantisme n’ont cessé d’invoquer pour bâillonner la presse, l’opposition politique et les leaders d’opposition, à savoir, « le trouble à l’ordre public ».
Par la décision d’interdiction envoyée au Directeur de la publication de Germinal, M. Temgbet Issah a suffisamment fait parler de lui. Désormais, l’opinion publique sait qu’il existe et travaille bien. En attendant la décoration qu’il devrait recevoir des mains de Paul Biya le 20 mai 2013, pour son travail de sape de l’image du Cameroun, il devrait être confirmé au poste vacant de sous-préfet de Yaoundé I. Comment ne pas récompenser cet illustre, talentueux et dévoué Camerounais qui, par sa dernière prouesse digne de Titan ou de Zorro, a donné du grain à moudre aux Organisations nationales et internationales, qui régulièrement indexent le Cameroun comme étant l’un des pays au monde où les droits humains et la liberté d’expression sont constamment violés ?
Seulement, que Monsieur le « vieil administrateur ayant 37 ans d’expérience » se le tienne pour dit : le Groupe Samory éditeur de Germinal, ses partenaires et toute l’équipe de coordination de La Grande Palabre (espace des conférences-débats) ne cèderont jamais aux manœuvres d’intimidation orchestrées par les ennemis de la République, de la Démocratie et du Cameroun. Ils adapteront leur riposte au degré de l’outrage.
Jean-Bosco Talla
Publié dans Germinal n°082 du 06 février 2013
NB. Le recours hiérarchique introduit auprès du préfet du Mfoundi est resté infructueux. Les responsables de La Grande Palabre ont saisi le tribunal de Grande Instance du Mfoundi, conformément à la loi.