Le droit de vote de la diaspora

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Entre joie et regret
Le jour tant attendu est enfin arrivé pour la Diaspora pourrait-on s’exclamer. Si le jour s’est levé pour une partie de la Diaspora, après la présentation du projet de loi autorisant les Camerounais résidant à l’étranger, à voter aux élections présidentielles ou aux referendum organisés sur le territoire national, le soleil est néanmoins loin de briller sur l’ensemble de cette communauté, à qui on reproche à tort ou à raison d’écorner, à l’étranger, l’image de leur pays; de donner des leçons alors qu’elle serait éloignée des réalités locales; d’être la « cinquième colonne » de cette fameuse communauté internationale qui chercherait à mettre en péril la paix et la stabilité chèrement acquises. En effet cette loi exclue les Camerounais ayant la double nationalité pour s’appliquer uniquement à  ceux qui sont ni au-dessus ni en dessous de leurs compatriotes du triangle national mais dont la volonté affirmée, pour la majorité d’entre eux, nous l’espérons, est de se ranger à leurs côtés,
pour bâtir un Cameroun libre, indépendant, souverain, stable, prospère et solidaire.
Cette vieille revendication, longtemps exprimée avant la naissance de la majorité des partis politiques exerçant aujourd’hui sur l’échiquier politique camerounais, à l’exception de l’Upc, a été amplifiée ces dernières années par des Camerounaises, Camerounais, anonymes ou regroupés au sein d’associations, de partis politiques, tant de l’opposition que du parti au pouvoir.

Elle y trouve, de manière inachevée, une réponse concrète, deux ans, après les promesses faites par le président de la République, Paul Biya, à l’adresse de ses compatriotes, lors de sa visite officielle, en France, en juillet 2009.
Sans vouloir minimiser la portée de ce premier pas, bien qu’incomplet, il serait inopportun de rejeter le bébé avec l’eau du bain mais pire de crier victoire.
D’abord parce que,  si victoire il y a, elle est incomplète, comme nous l’avons signalé plus haut. Elle ne prend pas en compte, faut-il le rappeler, ceux qui ont acquis la double nationalité et dont l’apport ne saurait être négligé voir mis sous les boisseaux, pour des raisons politiciennes, dans cette quête de l’émergence et de la modernité.
Ensuite aucune victoire ne peut-être acquise contre d’autres Camerounais mais plutôt au profit de l’ensemble de la communauté nationale.
Un proverbe biblique, ne dit-il pas que « qu’il [le Seigneur;  toute autre comparaison serait loin de ma pensée et donc malveillante] fait lever le soleil sur les justes et injustes tout comme il fait tomber la pluie sur les bons et les méchants »
Ce premier pas timide vers la satisfaction des revendications de cette frange de la communauté nationale, en appelle d’autres, nous l’espérons, nous le souhaitons et nous nous battrons, ensemble, de manière responsable afin qu’il en soit ainsi.
Mais en attendant ce pas de géant, nous pouvons d’ores et déjà tirer quelques premiers enseignements politiques, pratiques puis brosser le rôle et la nature des actions futurs de cette diaspora et enfin identifier le reste à faire qui permettrait d’insérer de manière efficace leurs membres dans les processus: économique, politique, financier, social et culturel de notre pays.

Quels enseignements politiques tirés

Au moment où tous les faisceaux, indices, discours s’orientent vers l’exigence d’élections libres et transparentes dans notre pays, le Président de la République, par ce  contrepied, indiquerait à ses compatriotes, à l’adresse de la communauté internationale et notamment à ses représentants dont la rumeur prétend qu’ils souhaiteraient ne pas le voir rempiler pour un énième mandat, qu’il demeure maître du jeu et du calendrier politique. Malheureusement notre opposition, en dépit d’efforts constants, n’a point démontré, jusqu’à présent, le contraire.
Quid donc du code électoral unique, de la composition illégale et controversée d’Elecam, de ses prérogatives dont l’érosion, au profit de l’administration, ne cesse de se confirmer, à travers ce projet de loi.
Un projet de loi qui confie donc à l’administration, la primauté de l’organisation matérielle du scrutin, à l’étranger. Corollaire de cette situation, en son article 1, alinéa 3,  le dit projet de loi stipule que « des bureaux de vote sont créés au niveau des représentations diplomatiques et des postes consulaires, sur proposition du gouvernement ».
Autrement dit, cette création pourrait obéir aux critères objectifs et subjectifs qui limiteraient l’exercice du droit de vote de cette diaspora.
Par ailleurs, l’exécutif garderait toujours son magistère sur le processus, à travers l’article 5 qui stipule que « des textes réglementaires précisent, en tant que de besoin, les modalités d’application de la présente loi ». Textes dont l’initiative revient de droit au Président de la République.
Dans un contexte marqué par le printemps arabe dont beaucoup voudrait voir succéder « l’automne subsaharien », avec l’aide, si besoin, d’une fameuse communauté internationale, pour certains membres de notre opposition, le message de l’actuel locataire du palais d’Etoudi pourrait n’être qu’une réponse parmi tant d’autres à venir, aux présumées pressions de la communauté internationale voire une traduction concrète et immédiate des propos du Secrétaire national de son parti, le Rdpc, qui, lors d’un meeting à Kribi, disait en substance ceci « Nous sommes mieux placés que quiconque pour savoir ce que nous voulons, pour savoir ce qui est bon pour nous et ce qui ne l'est pas. Et en toute logique, nous pensons que seuls les Camerounais peuvent et doivent avoir le dernier mot quant à la direction qu'ils entendent imprimer à leur destin commun »
La requête formulée, depuis de nombreuses années, par les camerounaises et les camerounais, à travers les meetings, manifestations pacifiques, pétitions en ligne, sans pression quelconque et aide de la communauté internationale, vient de trouver son épilogue au moment choisi, par le premier des camerounais, consacrant ainsi le « dernier mot quant à la direction qu’ils entendent imprimer à leur destin commun », dirons certainement, demain, ses supporters.
Tel semble donc être le crédo du pouvoir face à la montée des périls. L’opposition, si elle veut reprendre la main, a désormais le devoir et l’obligation d’apporter une réponse à la hauteur de ce contrepied qui, selon le Sdf, n’est qu’un « projet cosmétique ».
Les Camerounais de la Diaspora à qui cette future loi s’appliquera, seront désormais observés à la loupe.
Par le pouvoir en place, qui, à travers la voix du Président de l’Assemblée Nationale, a, d’entrée de jeu, planté le décor « Ce projet de loi procède  surtout du souci du président de la République, Son Excellence Monsieur Paul Biya, de toujours œuvrer à l’amélioration de notre démocratie »,
Sous-entendu, nul besoin de prendre le maquis encore moins la rue pour manifester son mécontentement et alimenter ainsi la Chienlit. Puis de lancer un appel aux principaux concernés « J’en appelle donc au patriotisme et à la responsabilité de nos sœurs et frères de l’étranger. Ils doivent également être les ambassadeurs de leur pays partout où ils se trouvent dans le monde. Etre les artisans de l’unité nationale et de la paix.». Autrement dit, être les portes voix de la voix officielle, qui ne sauraient être discordants et servir de prétexte à une quelconque exploitation par les « ennemis » de notre Nation.
Par les compatriotes du triangle national qui vous appellent affectueusement ou péjorativement « Diasporiens ». Vous êtes désormais attendus au tournant. Vous ne bénéficieriez point de circonstances atténuantes (ressources insuffisantes pour l’établissement des pièces d’identités ou passeports, accès difficile aux bureaux de vote, aux médias etc….). Plus que les autres, vous devriez, le moment venu,  vous inscrire massivement, voter, démontrer, pour ceux et celles qui vivent dans les pays démocratiques, que vous avez acquis, dans les pays hôtes,  l’expérience du pluralisme, du dialogue constructif. Enfin que vous pouviez éviter, pour l’exemplarité, tous les pièges décriés à juste titre, dans notre vie politique nationale, à savoir: le tribalisme, le clientélisme, le népotisme, la corruption, le manichéisme etc …
Toute chose qui n’empêche néanmoins pas ce sentiment ambivalent de joie et de regret. Regret car ce projet de loi a un goût d’inachevé. L’audace n’a malheureusement pas été au rendez-vous.

Un chantier au goût d’inachevé

Au-delà du recul observé dans le choix du maître d’œuvre, de l’absence de recensement exact, par nos chancelleries, de ces Camerounais dont le nombre oscille entre 3 et 4 millions avec une bonne moitié disséminée en Afrique, situation qui pourrait rendre caduque leur participation à la prochaine consultation à moins que celle-ci soit reportée , en l’absence de dispositions pratiques dans l’organisation d’un scrutin à l’étranger tels que: le décompte des voix, le transfert de procès verbaux ou les critères des choix des représentations consulaires devant héberger les bureaux de vote, ce projet de loi présente deux principales tares  congénitales:
• Son périmètre d’application qui exclue non seulement les Camerounais ayant la double nationalité, qu’une révision constitutionnelle, par la voie parlementaire, aurait pu inclure. La révision levant la limitation du mandat présidentiel avait d’ailleurs emprunté la même voie lors d’une session extraordinaire de l’Assemblée Nationale; mais aussi le scrutin sénatorial qui sied mieux que le législatif ou le communal à leur représentativité;
• En effet comment peut-on octroyer aux citoyens le droit d’électeur sans celui d’éligibilité à un quelconque scrutin? La constitution de 1996, réservant au Président de la République, le pouvoir de nommer 30% des sénateurs, nulle doute qu’il pourrait s’en servir pour rattraper cette injustice. Une décision discrétionnaire qui aurait l’inconvénient d’être moins démocratique.
Les doléances de la communauté des camerounais de l’étranger ne saurait se limiter au droit de vote. Si ce dernier constitue un maillon essentiel de leurs revendications il n’en demeure pas moins que l’objectif ultime est celui de participer activement et efficacement à la construction de notre pays à tous.
Des rencontres et échanges ont été récemment organisés au Cameroun tout comme à l’étranger entre les autorités et la Diaspora afin de définir les voies et moyens pour booster et canaliser la participation de cette dernière.
La promesse des fleurs n’a pas encore engendré de floraison en matière:
- Gouvernementale : Création d’un Secrétariat d’Etat chargé de la Diaspora dont la mission serait de coordonner toutes les actions des autres ministères en direction de celle-ci;
- Fiscale : mesures incitatives pour les investissements de cette Diaspora ;
- Douanière : mesures incitatives permettant aux associations de Camerounais d’octroyer des dons en nature aux communautés nationales ;
- Financière : Fonds d’investissements qui pourrait canaliser les flux financiers de cette Diaspora vers les projets prioritaires (Banque, Immobilier, PME/PMI de transformations de produits locaux etc…) de notre pays, à travers la bourse des valeurs de Douala ou les emprunts obligataires lancés par le gouvernement ;
- Institutionnelle : Mise en place d’une chambre internationale de commerce avec les représentants de cette Diaspora ;

- Applicative : Le lancement de projets de télé médecine, de télé enseignement, de SAV à distance avec les compétences de cette Diaspora, que l’achèvement de la pose de la fibre optique pourrait booster ;
La liste n’étant pas exhaustive, elle ne saurait ressembler aux memoranda auxquels nous avons assisté, ces dernières années, dans notre pays.
Ces vœux répondent à l’aspiration de tout être humain de se rendre utile, de préférence, à son pays, quelque soit l’endroit où il se trouve dans ce monde devenue village planétaire, grâce aux nouvelles technologies.
Adrien Macaire Lemdja
(1) Cameroun: Si vous étiez candidat(e)puis élu(e), quelles décisions prendriez-vous les 100 premiers jours ?
http://www.camer.be/index1.php?art=14056&rub=30:27
(2) Cameroun: Esquisse d’un portrait du futur Président du Cameroun
http://www.camer.be/index1.php?art=14709&rub=30:27

Pourquoi Biya va perdre la guerre qu'il mène à la diaspora camerounaise
L’on ne peut comprendre la loi fameuse qui paraît-il ‘donne le droit de vote aux Camerounais de la diaspora’, que si celle-ci est mise dans le contexte général de la guerre que Paul Biya, président du Cameroun,  mène, ou a décidé de mener à la diaspora camerounaise, et surtout de sa stratégie de conservation du pouvoir que celle met à nu : la triangulation de ses ennemis. La triangulation est une tactique guerrière, utilisée aussi en politique, qui consiste à bloquer et à  frapper dans le centre névralgique de son adversaire pour le défaire totalement. Si le pacte avec John Fru Ndi, alors que le Rdpc détient une super-majorité à l’Assemblée nationale, est l’exemple le plus visible de triangulation, la loi qui est passée par l’Assemblée nationale le 9 Juillet et a été signée par Biya le 13, ne peut être lue qu’à partir de cette tactique qui ici se manifeste de trois façons : premièrement à travers ce que cette loi ne fait pas ; deuxièmement à travers ce qui rend son application impossible avant le 11 octobre 2011, date de l’élection présidentielle ; et finalement dans la mesure où elle sert dans la bataille pour la survie politique d’un homme de paille poussé à la porte.

De la demande toute logique des Camerounais vivant à l’étranger d’avoir autant de droits qu’ils ont des devoirs, les grandes ambitions n’ont choisi que la plus immédiate et visible de leurs revendications : le droit de vote, qui il faut le souligner, d’ailleurs est un acquis inscrit dans la Constitution de 1996 qui elle donnait le droit de vote à tous les citoyens camerounais – donc, à ceux des Camerounais vivant ou résidant à l’étranger aussi. Redondance donc que celle loi n°2011/013, qui si elle se limite à l’élection présidentielle et au referendum, n’en passe pas moins sous silence : 1) le droit des Camerounais vivant à l’étranger à être éligibles, 2) leur droit à jouir de la double nationalité, 3) la possibilité pour ceux qui ne sont plus citoyens camerounais d’avoir une carte de résident au Cameroun, et donc de participer à des élections, 4) la possibilité pour ces Camerounais d’être représentés, etc.
Autant ce que cette loi ne fait pas est immense ; ce qui en fait rend son application impossible avant l’élection du 11 octobre 2011 est inscrit dans la loi elle-même, et dans son article 5 qui dit clairement : ‘des textes réglementaires précisent, en tant que de besoin, les modalités d’application de la présente loi.’ Voilà donc une loi qui se suicide, elle qui a écrit l’évidence de sa mort dans son propre texte, elle qui pour être effective dans deux mois, n’a pas seulement besoin que les chancelleries et ambassades camerounaises établissent des listes électorales, et donc invitent tous ceux des Camerounais qui veulent participer à l’élection (selon les chiffres de Charles Ndongo à la Crtv, il s’agit au bas mot de 2,5 millions de personnes) à le faire, et mette en jeu les conditions effectives de décompte de leur vote ; mais elle qui pour effectivement devenir applicable le 11 octobre a besoin d’arrêtés ou de décrets administratifs qui eux, évidemment ne sont pas encore signés.
Le tyran peut ainsi se laver les mains d’avoir promulgué la loi qui ‘donne à la diaspora le droit de vote’, et lorsque celle-ci ne pourra pas voter, accuser plutôt des agents subalternes (ministres, ambassadeurs, etc.), d’être les seuls responsables de sa non application. C’est ici pourtant que le côté tactique de la loi apparaît le plus évidemment : son instrumentalisation dans la guerre que Paul Biya veut mener à la diaspora camerounaise. Et c’est ici aussi qu’il est facile de dire au tyran qu’il échouera cette fois aussi. C’est que la diaspora camerounaise est plus vieille que notre pays, elle qui en 1958 déjà comptait des upécistes, et qui depuis la disparition du permis de sortie avec les années de braise, compte au fond tout le monde. Il n’est presque plus de famille camerounaise qui n’ait un de ses membres à l’étranger. Oui, sous Biya, l’étranger est devenu le futur de toute une génération de camerounais, à majorité des jeunes en âge de voter, qui pour la plupart ont été chassés de notre pays, étranglés qu’ils étaient par les pratiques assassines des grandes ambitions et par ses brimades au quotidien.
L’histoire camerounaise de l’exclusion, et depuis 1958 notre pays a été bâti sur l’exclusion systématique d’une partie importante de sa population, celle dissidente surtout, fait qu’il soit une évidence que le Rdpc (héritier de l’Unc) ne puisse pas compter sur la diaspora comme chambre d’écho. Durant ses voyages en Chine et ailleurs, Paul Biya se fait d’ailleurs toujours précéder par une cargaison des militants de son parti voyageant du Cameroun pour emplir les rues à son passage à la place de la diaspora dont en réalité il a fait son ennemi. Ainsi ces militants ont-ils à Washington DC en ce début d’année, formé le groupe vocal qui devant l’ambassade chantait sa gloire. Il ne suffit pourtant pas de se fabriquer un substitut de diaspora pour vaincre cette dernière ; il faut aussi frapper dans son cœur, en vidant ses plus profondes revendications de leur substance. C’est cette stratégie guerrière, la triangulation, qui donne à la loi n°2011/013 son outrecuidance.
En séparant le droit de vote des nombreuses autres demandes des millions de Camerounais vivant à l’étranger, et puis surtout en signant une loi qui sera anéantie par la lenteur de son application, lenteur qui elle, donnera l’alibi clair d’un repoussage de l’élection, Biya croit s’en sortir vainqueur. Il croit pouvoir se laver les mains à la Pilate et gagner du temps, dans le même temps qu’il aura terrassé l’adversaire le plus coriace de toutes les politiques camerounaises : la diaspora. Sa tactique est d’autant plus établie qu’en sourdine, dans leur propagande systématique dans les medias, la diaspora à laquelle il vient de ‘donner le droit de vote’, ses hommes l’accusent de ‘ne rien comprendre des réalités locales’, d’avoir ‘fui la misère quotidienne que nous vivons’, et de préférer le ‘luxe’, etc. Ils lui rappellent au tout venant que le ‘vrai combat se fait au mboa’ – au pays. En fin de compte, la diaspora est accusée d’être la cinquième colonne de l’impérialisme de Sarkozy et d’Obama, car Biya a découvert soudain en elle ‘les traitres à la patrie’.
Ce qu’il oublie cependant, Biya, c’est ceci : s’attaquer à la diaspora camerounaise ce n’est pas seulement réveiller ces Camerounais dont l’histoire est aussi vieille que celle de notre pays ; c’est en fait retourner le père resté au pays contre ses fils qui sont au Gabon ou en France ; c’est retourner la jeune femme contre son fiancé qui est allé ‘se chercher’ en Afrique du sud ; c’est retourner le petit frère contre son ainé qui est en Allemagne et veut ‘le faire venir’ ; c’est retourner en fin de compte les membres de nos familles les uns contre les autres. Il n’était pas suffisant que de 1984 à aujourd’hui, ce pouvoir ait retourné les Fulbé contre les Toupouri, les Bulu contre les Bamiléké, les Douala contre les Bassa, et au besoin ait inventé les ‘Anglo-Bami’ quand il fallait diviser les anglophones aussi ; non, aujourd’hui, il veut retourner ceux-là qui ‘sont au pays’, qui sont ‘sous le soleil tous les jours’, contre ceux qui selon lui ‘ont fui le vrai combat’. Acculé vers la porte, Biya veut opposer ses ‘vrais Camerounais’ aux ‘faux Camerounais’. Sourd aux ravages de l’ivorité en Côte d’ivoire, l’apprenti sorcier ouvre lui aussi la poubelle de la camerounité – allons-nous le laisser faire ?
Patrice Nganang