Opération françafricaine de hold-up électoral en Côte d’Ivoire (1)
C’est sur l’application de cette profession de foi que se fonde l’Article 1er du texte, qui dispose : « »(11). C’est ce système qui réagit toujours à la manière de la pieuvre face à sa proie, qui, dans une première phase, a violemment secoué la Côte d’Ivoire au mois de septembre 2004, pour remettre en cause Laurent Gbagbo, démocratiquement élu président de la République par les Ivoiriens, à la différence des grouillots présidentialisés par la France, qui peuplent l’hémisphère francophone du Sud du Sahara. Aussi, en cherchant le 26 janvier 2003 à imposer l’entrée d’opposants dans le gouvernement de Laurent Gbagbo, avec attribution des portefeuilles des Forces Armées et de l’Intérieur (dans le cadre d’une conspiration ourdie dans un bureau du Quai d’Orsay à Paris, sur instigation du président français, par Dominique de Villepin, alors ministre des Affaires étrangères(12)), Jacques Chirac ne faisait qu’intimer au président ivoirien l’ordre de tisser lui-même la corde qui devait le pendre. Le président français comptait ainsi mettre un terme à la « présence intruse » de Laurent Gbagbo qui n’avait que trop duré dans les arènes de la Françafrique. C’est cette stratégie d’élimination de Laurent Gbagbo qui explique la tonitruante diabolisation du président ivoirien par la presse française, sa télévision notamment, qui ne manqua pas alors de mettre l’accent sur l’existence en Côte d’Ivoire de « charniers » imputables au président ivoirien. La dernière carte de cette série vient d’être abattue aujourd’hui, en décembre 2010, par la tentative de hold-up électoral de la Françafrique d’imposer Alassane Ouattara comme Président de la République au Peuple Africain de Côte d’Ivoire. « Scoop » s’il en fut, qui démontra sans équivoque que la télévision française savait manier une déontologie élastique ; en effet, auparavant, le 18 janvier 2001, le 21e sommet de la Françafrique s’ouvrit à Yaoundé au Cameroun, sur une série de scandales, portant sur des ventes d’armes, la corruption et des charniers de milliers de corps d’opposants froidement exécutés par les escadrons de la mort ethnicistes de la dictature camerounaise(13). La télévision française, complice du pouvoir néonégrier de son pays, bien que largement au fait de ces crimes, n’en informa point les téléspectateurs français ; le dictateur Paul Biya ayant le mérite de pratiquer l’art de la génuflexion et de la souplesse d’échine avec une aisance consommée. Aussi, les menaces que le président français proféra au cours du sommet de la Françafrique, à Paris en février 2003, sur « la fin de l’impunité », sur les assassinats et autres manquements aux libertés en Afrique Noire, visaient exclusivement Laurent Gbagbo, et non pas le parterre de ses supplétifs vassaux, qui avaient été sifflés pour applaudir la forfaiture de leur maître Blanc. C’est la dernière phase de cette stratégie française dont l’aboutissement devait être l’assassinat de Laurent Gbagbo, qui s’est déroulée au mois de novembre 2004, mais qui, grâce à l’intervention des jeunes « patriotes » qui se constituèrent en rempart du président ivoirien, s’est soldée par un cuisant échec pour la France. Par contre, de même qu’elle supprime les indésirables, la France veille jalousement sur ses courtiers. Elle utilise à cet effet des méthodes de natures diverses, qui vont de la fraude électorale à des violences telles que l’élimination physique d’opposants et de réfractaires. C’est dire si elle n’accepte chez les Africains que des caricatures sans morale ni probité : de fait, la France ne tolère pas que puissent exister dans ses néo-colonies, des femmes et des hommes de la stature politique d’un Nelson Mandela (14), par exemple, sa politique africaine étant de loin plus négrophobe que le système de l’Apartheid. Le soutien apporté jadis par Paris, comme seul pays occidental, à la dictature alors moribonde de Joseph-Désiré Mobutu, illustre bien cette idéologie néonégrière, qui repose sur des individus de nullité avérée, rompus à toutes sortes d’activités de prébendes, devant tout à leur protecteur français qui les a dressés pour une vie artificielle de servilité qui commande la reconnaissance et la soumission inconditionnelles. Des personnages de basse extraction morale, vassaux par excellence, complexés jusqu’à la moelle des os, lancés à coups de publicité mensongère par une presse particulièrement négrophobe et cocardière, qui cultive avec délice l’art du mépris du « Nègre »(15). Des caricatures qui ne seraient rien sans le maître d’aujourd’hui, incarnation agissante du commandant administratif d’hier, maître de céans toujours, comme en attestent les privautés que la France et les Français s’autorisent dans le rythme et l’organisation de la vie politique, économique et culturelle des néo-colonies d’Afrique Noire ; notamment dans celles dont le sous-sol recèle du pétrole : le Gabon de la monarchie de la famille Bongo, le Cameroun de Biya, le Congo de Sassou N’Guesso, des pays pourtant dits pauvres dont la vampirisation des ressources par la France n’a jamais été dénoncée ni par les partis politiques de gauche français, ni par les médias français, qui en auraient fait une croisade, si les victimes avaient été des Blancs, ou alors le spoliateur, un pays autre que la France. 1°)- Sur le Gabon, Pierre Péan rappelle au sujet de la mission parlementaire d’information sur le rôle de la compagnie pétrolière française Elf en Afrique : «Au Togo, familiarisé avec la fraude sous la vigilante protection de la France, le désormais feu dictateur Eyadéma récidiva une énième fois, le 24 juin 1998, en se proclamant vainqueur à l’ « élection présidentielle », avec 52,13 % des suffrages.
Afin de mater la contestation qui suivit cette fraude, le Caligula tropical du Togo lança ses escadrons de la mort sur les protestataires. Ils firent des centaines de morts, dont le vice-président de l’Union des Forces de Changement (U.F.C.)(19), un septuagénaire à qui ils fracassèrent le crâne. Dans le cadre du renforcement de cette croisade sanglante, l’armée togolaise fut l’objet d’une purge musclée.
Événements liberticides sur des Nègres qui ravirent M. Jacques Chirac, président de la République française, qui reçut avec chaleur Gnassingbe Eyadéma à l’Elysée à la fin du mois de novembre 1998, à l’occasion de la messe de la Françafrique à Paris : pour le président français, pour qui « la démocratie est un luxe pour l’Afrique Noire », les intérêts néo négriers français étaient bien gardés au Togo.
En juillet 1999, M. Jacques Chirac, entreprit une tournée des Grands Ducs dans trois de ses possessions africaines : en Guinée de Lansana Conté, au Togo de Gnassingbe Eyadéma, et au Cameroun de Paul Biya.
Sur le Togo, l’Ong Amnesty International dénonça la situation interne, dans un rapport intitulé « Togo, État de terreur », établi à la suite d’une enquête qui avait abouti à la découverte de l’exécution, par la dictature d’Eyadéma en juin 1998, de centaines de personnes dont des militaires, jetés par la suite en haute mer, à coups de ballets d’avions et d’hélicoptères entretenus par les « bons soins » de la coopération militaire française au Togo. Dénonciation inacceptable pour le président français qui accusa l’Ong de se livrer à de la manipulation.
Aujourd’hui encore, comme au Cameroun de Paul Biya, où la France n’a de cesse de susciter et d’exacerber l’ethnicisme, le président français, pourfendeur de « l’ivoirité » qu’il attribue par calcul à Laurent Gbagbo, ne forme pas moins allègrement au Togo d’Eyadéma des officiers kabye (ethnie du feu dictateur), dressés pour massacrer et indiquer aux autres régions de ce satrape français, que seuls les ressortissants de la partie septentrionale de leur pays sont les vrais Togolais.
Le 1er juin 2003, à la suite d’une fraude précédée et suivie d’intimidations et de menaces sur l’opposition, le dictateur Eyadéma, assuré du soutien de son suzerain français, et sans aucun doute sur injonction de l’Elysée, se proclama une fois encore élu président de la République avec 57 % des voix, bien qu’ayant publiquement déclaré le 23 juillet 1999 qu’il ne briguerait plus de mandat « présidentiel ».
Le président français, Jacques Chirac, ne manqua pas, cette fois encore, de lui adresser ses plus chaleureuses félicitations.
Comme le note judicieusement le journal français Le Canard Enchaîné, dans sa livraison du 14 avril 2004, sous le titre « Les trous de mémoire de la France sur son passé rwandais » : « A ce petit jeu très dangereux, la France n’a même pas l’excuse de l’inexpérience. Pour conserver son rang en Afrique, et depuis quarante ans, Paris soutient des régimes dictatoriaux, adeptes de l’épuration ethnique ou tribale. A Djibouti, 2700 soldats tricolores contribuent à la pérennité du parti unique, entièrement aux mains des Issas, en réprimant les Afars (40 % de la population).
Au Cameroun, c’est le clan du président francophone Biya qui a la cote, au détriment des anglophones et des Bamilékés, souvent opprimés par le passé. En Cote d’Ivoire, dans les années 90, la France n’a pas mégoté son aide au président Konan Bédié, inventeur du concept d’«ivoirité », aux conséquences si funestes aujourd’hui »(20).
Au Rwanda, le monde put constater en 1994 la dangerosité de la France en Afrique Noire : «
avant de Lorsque le FPR attaque le Rwanda moins de quatre mois plus tard, le 1er octobre 90, les troupes françaises volent au secours du régime dès le 4 octobre sous le couvert d’une opération humanitaire. Contrairement aux troupes belges qui repartiront fin octobre, la présence militaire française demeurera jusqu’en décembre 93. Ses effectifs, évalués à 450 au départ augmenteront en fonction de la menace que le FPR fera peser au régime de Kigali, atteignant le chiffre de 600 en juin 1992 lors de l’attaque de Byumba et d’environ 700 lors de la grande offensive du FPR de février 93.
Au-delà des renforts, Paris fournira régulièrement des armes et l’encadrement à l’armée gouvernementale et aux milices Interahamwe. Les troupes françaises ont également participé au front, entre autres lors des grandes offensives du FPR - en octobre 90 dans le Mutara, en juin 92 à Byumba et en février 93 à Ruhengeri. En juillet 91 elles ont participé aux interrogatoires des prisonniers de guerre membres du FPR et en février 93, elles ont procédé, avec les forces génocidaires au contrôle des pièces d’identité des Rwandais. S’agissant de l’opération Turquoise, si elle a permis de sauver quelques centaines de Tutsi, elle n’en a pas moins fait tuer d’autres. En juillet 1994, 90 % des 5 000 civils Tutsi qui résistaient près du Mt Karongi (Kibuye) ont été exterminés par les Interahamwe. Les militaires français les avaient fait concentrer à cet endroit en vue de leur évacuation, revenir une semaine plus tard. Une concentration qui avait facilité le travail des milices... »(21), signale Justin Gahigi.
Jean-Paul Gouteux rapporte pour sa part que : « Le gouvernement intérimaire qui réalisa le génocide des Tutsi a été composé à l’intérieur même de l’ambassade de France et au ministère de la Défense, sous la houlette de l’ambassadeur Marlaud et du colonel Bagosora, dans les deux jours qui ont suivi l’assassinat d’Habyarimana. Pendant tout le déroulement du génocide, ce gouvernement bénéficia du soutien officiel, discret mais efficace, de la France et de son soutien officieux par la livraison d’armements. Le génocide des Tutsi a été largement financé par l’Etat français, notamment à l’aide de prêts garantis par le Crédit Lyonnais. Cette garantie aura permis en 1992 l’achat pour quelques 35 millions de francs d’armement à l’Egypte. Tout le poids et la crédibilité du « pays des droits de l’homme » sont derrière la réalisation du dernier génocide du siècle (22)».
S’agissant toujours du Rwanda : « A la fin des années quatre-vingt les manifestations populaires se multiplient : le 8 janvier 1990, 100 000 Rwandais manifestaient à Kigali contre le gouvernement. Une autre manifestation eut lieu à Kigali le 15 janvier. Des marches importantes se produisirent également à Gitarama et à Butare. Les Hutu du Sud se révoltaient contre le népotisme « nordiste » du régime et celui-ci multipliait les arrestations. Après avoir simulé une attaque du FPR sur Kigali le 6 octobre 1990 en tirant en l’air, le régime incarcère très brutalement 10 000 Tutsi et opposants politiques. Un témoin privilégié, employé au centre culturel français, signale que cette attaque simulée a été faite sur les conseils et avec le concours de militaires français de l’opération Noroît venus stopper la première attaque du FPR, le 1er octobre... [...].
Finalement, Habyarimana dut céder : la conférence de 1991 à Dar-es-Salam sur le droit au retour des réfugiés entraîna la modification de la Constitution, la reconnaissance du pluripartisme et de la liberté de la presse. L’essentiel de l’opposition intérieure s’est alors regroupé dans quatre partis : le Mouvement démocratique républicain (Mdr), le Parti libéral (PL), le Parti social-démocrate (PSD) et le Parti démocrate chrétien (Pdc). Alors que Habyarimana est contraint à partager le pouvoir, la famille de son épouse et ses proches (son akazu ou maisonnée) créent par réaction en mars 1992 la Coalition pour la défense de la République (Cdr). L’ex-parti unique présidentiel, le Mrnd, y trouve un parti frère qui peut exprimer tout haut ce que les dignitaires du pays pensent tout bas. La Cdr joue le rôle de l’aile dure du Mrnd. Affichant une ligne ethniste radicale, ce parti devient immédiatement l’enfant chéri des autorités françaises. Ses discours ressassent l’idée de la « solution finale » au problème tutsi. Le journal de cette tendance raciste extrémiste, Kangura, avait déjà publié en 1990 les célèbres « Dix commandements du Hutu », un pamphlet prônant l’élimination des Tutsi. A la fin de la même année, un militaire français, le lieutenant-colonel Chollet, dirige et organise l’armée rwandaise. Paul Barril est déjà en contact avec les extrémistes de l’akazu, le clan familial du président (23)»
Dans la présentation de La Nuit rwandaise, L’implication française dans le dernier génocide du siècle, Jean-Paul Gouteux écrit : « C’est l’histoire de l’abandon d’une minorité désarmée, l’holocauste de civils livrés sans défense à un État qui tuait « au nom de la race ». Un holocauste attendu, prévu, pensé par ceux qui orchestraient cet abandon. En France, les coulisses du génocide sont toujours dans la nuit. L’implication des autorités françaises dans une telle horreur est trop « inimaginable » pour que les Français se fassent violence de contester un discours lénifiant et rassurant. Ils se sont ralliés à la raison d’Etat. Des journalistes orchestrent la désinformation et manipulent l’opinion française. Des parlementaires assassinent la mémoire, enterrent le scandale avec une mission d’information conçue pour cela. Des sociologues et des historiens cautionnent cette mascarade. Des humanitaires préfèrent se taire devant les subventions et la raison d’Etat. Des hommes politiques brandissent « l’honneur de la France » et dénoncent ses ennemis... ».
Il n’est donc pas étonnant que, comme le rapporte Le Canard Enchaîné n° 3989 du 9 avril 1997, M. Jacques Godfrain, un ancien ministre français de la coopération, se soit félicité, dans une livraison du Figaro, en avril 1997, de la politique africaine de la France : « A ceux qui nient que les liens entre la France et l’Afrique ont assurément été un succès après la décolonisation réussie, j’aimerais demander quelles autres puissances coloniales ont des rapports aussi confiants avec leurs anciennes colonies ? (24)». Par Bwemba-Bong Membre du Cercle SAMORY Groupe de Réflexion sur la Culture Africaine (CESAM) Pour la Renaissance du Peuple Noir [1]Extrait de l’ouvrage Quand l’Africain était l’or noir de l’Europe, Anibwe, 2010. [2] Ainsi que M Michel Debré le déclarait devant le Conseil d’Etat français en 1958, « Pour soutenir ces attributions, des organes communs sont institués. Le premier de tous, c’est, par la force des choses, le président de la République qui est le président de la Communauté » Documents d’études n°1.04 février, Documentation Française, 1970, p. 22. [3]La Piscine est le siège des Services de Renseignements français. [4] Philippe Bernet, SDECE : Service 7 : l’extraordinaire histoire du Colonel Leroy-Finville et de ses clandestins, France Loisirs, Paris, 1981, p. 248-254. [5]Cheikh Anta Diop, Les Fondements économiques et culturels d’un Etat fédéral d’Afrique noire, Présence Africaine, Paris, 1974, p. 46. [6] Cheikh Anta Diop, Alerte sous les tropiques, Présence Africaine, Paris, p. 67. [7] Un homme politique français aurait déclaré que l’Afrique Noire est le seul continent que la France peut tenir avec seulement 500 hommes. [8] François-Xavier Verschave, Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ?, Les Arènes, Paris, 2000, p. 184. [9] Voir François-Xavier Verschave, La Françafrique, le plus long scandale de la République, Stock, Paris, 1998, p. 114. [10] François-Xavier Verschave, Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ?, Les Arènes, Paris, 2000, p. 373. [11] François-Xavier Verschave, Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ?, Les Arènes, Paris, 2000, p. 34-35. La Cam Air, compagnie aérienne du Cameroun, autre territoire du pré-carré français où, selon leur bon vouloir, les très démocrates présidents français gratifient du titre aussi pompeux que vide de « président de la République », l’imposteur Paul Biya qu’ils ont créé de toutes pièces, et qu’ils tiennent sous leur domination absolue. Voir également l’article de Jean-Pierre Cot, dans Le Monde Diplomatique de janvier 2001. [12] « C’est dans un bureau du Quai d’Orsay que quatre personnes vont discuter, en petit comité, de la composition du futur gouvernement ivoirien. Côté français, Villepin et Nathalie Delapalme, sa conseillère anti-Gbagbo ; côté africain, le chef rebelle Guillaume Soro et un émissaire de Blaise Compaoré, le président du Burkina qui ne se cache pas de vouloir la perte de Gbagbo. Jadis, Paris installait, défendait ou renversait les chefs africains francophones. Aujourd’hui, on discute du sort de l’un d’entre eux dans un bureau ministériel. C’est un progrès ? » écrit Le Canard Enchainé dans sa livraison du 5 mars 2003. [13] Voir Les disparus de Douala, documentaire d’Osvalde Lewate, production France 5/AMIP/Waza Images, 2007. [14] Nelson Mandela n’aurait jamais pu atteindre le millième de sa notoriété politique, s’il avait été confronté à la France. Car, celle-ci l’aurait assassiné dès les premiers balbutiements de sa lutte. [15] Voir Odile Tobner, Du racisme français. Quatre siècles de négrophobie, Les Arènes, Paris, 2007. [16] Pierre Péan dans Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ?, op.cit, p. 198. [17] On comprend que dans leur ouvrage L’Ordre du Temple Solaire, les secrets d’une manipulation, les journalistes français Arnaud Bedal, Gilles Bouleau et Bernard Nicolas signalent le financement de la D.G.S.E. (entre autres) par Paul Biya. [18] François-Xavier Verschave, Noir silence. Qui arrêtera la Françafrique ?, Les Arènes, Paris, 2000, p. 178. [19] Parti de Gilchrist Olympio, le fils du défunt président Sylvanius Olympio, tenu pour ennemi politique par feu Eyadema. [20] Le Canard Enchainé, livraison du 14 avril 2004. [21] Justin Gahigi, Les deux mamelles du Hutu Power, Regards Africains, n°37, hiver 1996, p. 35. [22] Jean-Paul Gouteux, Un génocide sans importance, la Françafrique au Rwanda, Tahin Party, 1997, p. 28-29. [23] Jean-Paul Gouteux, La Nuit rwandaise. L’implication française dans le dernier génocide du siècle, L’esprit Frappeur, Paris, 2002, p. 26-27. [24] Depuis que le ridicule ne tue plus, l’humanité assiste parfois à de drôles de spectacles.
La pieuvre françafricaine enserre la Côte d’Ivoire Du Nord au Sud du pays de feu Houphouët-Boigny, l’adrénaline monte ; autant que dans les États majors du Front Populaire Ivoirien(FPI) et du Rassemblement Démocratique des Républicains(RDR) qui a pactisé avec le PDCI pour donner le Rassemblement des Houphouëtistes pour la Paix. Laurent Gbagbo et Alassane Ouattara, les leaders respectifs de ces deux partis politiques se considèrent chacun comme le président élu de la Côte-D’ivoire. Face à cette situation pour le moins embarrassante, les ivoiriens ont perdu le sommeil. La France en raison de sa main mise sur l’économie de ce pays est prête à tout pour que Laurent Gbagbo soit mis hors d’état de nuire ? Grilles de lecture d’une crise pas seulement juridico-électoraliste. Depuis le 31 octobre dernier, le processus électoral était lancé avec le premier tour de la présidentielle et devrait connaître son épilogue avec la publication des résultats du second et décisif tour. Les choses ne se sont pas passées comme prévu. Et au lieu d’un président, la Côte-d’Ivoire en a eu deux, si on s'en tient aux médias occidentaux et aux déclarations de la "communauté internationale", après le second tour qui a eu lieu le 28 novembre. La Commission électorale indépendante a déclaré Alassane Dramane Ouattara(ADO) vainqueur et le Conseil constitutionnel, instance suprême a reconnu la victoire de Laurent Gbagbo en invalidant les résultats dans plusieurs bureaux de vote au Nord où les fraudes massives avaient été enregistrées par les membres de la majorité présidentielle. Depuis lors, un bicéphalisme voulu et entretenu par les puissances occidentales s’observe à la tête du pays. Situation déconcertante qui met plusieurs intérêts en jeu. Leurs détenteurs se battent par candidats interposés et usent des armes pas toujours conventionnelles. Comme de tradition, plusieurs intérêts s’affrontent actuellement au pays. Il y a d’abord ceux des 19 millions d’ivoiriens. Ces damnés de la terre, freinés dans leur développement par la longue crise qui secoue le pays depuis l’élection de 2000, veulent tourner la page des tumultes. Eux qui sont tenaillés par le chômage estimé aujourd’hui à 19%. Mais, il n’y a pas que les ivoiriens. À l’ombre, toute la machine capitaliste est aux aguets et n’hésite pas de tirer les ficelles dans un ombre aujourd’hui transparent. Avec en tête les Français. Ces derniers y ont plusieurs « œufs » à surveiller et à protéger au cas où… Actuellement un contingent de militaire français est basé en Côte-d’Ivoire pour officiellement sauver les ressortissants français en cas d’enlisement de la crise. Mais en réalité, il ne s’agit là que d’un joli prétexte. La véritable raison de cette présence militaire selon plusieurs observateurs reste économique. En effet, des pans entiers de l’économie ivoirienne sont dominés par 240 filiales de sociétés françaises. Selon un ordre quelconque, Total détient un monopole de fait sur la distribution de l’ « or noir » au « pays des Éléphants ». Son compatriote Bouygues règne en maître sur l’électricité, l’eau, le bâtiment et les travaux publics-BTP. Bien connu des Camerounais pour ses méthodes négrières et ses trafics en tout genre, Vincent Bolloré, le patron du groupe éponyme s’est aussi imposé en Côte-d’Ivoire comme le dragon indétrônable du transport maritime, de l’exploitation des ressources naturelles... La liste est loin d’être close. Les télécommunications « ivoiriennes » sont la chasse gardée de France Telecom. La finance ? Société Générale, Lyonnais, BNP - Paribas. La conception, l’édition et la commercialisation du livre scolaire ? Toujours les mastodontes « tricolores », pour l’essentiel. Bref, les groupes français détiennent 27% du capital social des entreprises présentes en Côte d’Ivoire. Notre confrère Le Messager dans son édition n° 3242 du 08 décembre dernier évalue à 40% les contributions françaises dans le PIB de la Côte-d’Ivoire. Suffisant pour que tout ce qui se passe dans ce pays vaste de 322462 km² soit observé par le bout le plus perspicace de la lorgnette Elyséenne. La preuve ? Alors que le président français Nicolas Sarkozy devait se rendre avec son tout dernier ministre de la défense Alain Juppé en Inde pour une visite, le patron de l’Elisée a demandé in extremis au chef de son armée de rester au pays. Question d’engager les troupes en direction d’Abidjan si les intérêts du pays y sont menacés ? Toujours est-il que le Mindéfense Juppé est resté sur place. Cérise sur le gâteau, le président Sarkozy n’a pas cru nécessaire d’attendre le verdict du Conseil constitutionnel de Côte d’Ivoire(seule organe chargé de reconnaitre la victoire d’un candidat) pour féliciter ADO qui est par ailleurs l’ami intime de presque tous les industriels français que nous avons cités plus haut. Au nom de quelle logique la France et la "Communauté internationale" pensent que les institutions ivoiriennes doivent-elle être mises entre les parenthèses? Au nom des intérêts économiques de la France et l'asservissement du vaillant peuple ivoirien. Bonjour, le néocolonialisme! Françafrique et mafiafrique Le vrai visage de la françafrique se dessine donc avec la crise qui a suivi le second tour de cette élection qui voit se mobiliser les dépositaires de cet ordre inégalitaire entre la France et la Côte d’Ivoire dans le cas d’espèce. Comme le dit Christoph Boisbouvier, un journaliste très introduit dans les milieux de cette mafia française en Afrique, le président sénégalais a jeté « son » dévolu sur le candidat Ouattara. (re)établissant ainsi un axe Paris-Dakar-Abidjan qui assurait la vitalité de la Françafrique ou mafiafrique- c’est selon- qu’ont bien porté les présidents Houphouët-Boigny, Léopold Sédar Senghor et leurs homologues de la Ve République française. Aujourd’hui, la barque françafricaine dans cette région ouest-africaine est tenue par Wade, Compaoré qui, désigné médiateur pour le conflit ivoirien avait reçu mandat d’œuvrer pour la paix sans oublier les intérêts de la « Mère patrie » dans ce pays qui est le poumon de la sous-région. Son soutien aux opposants de Gbagbo est connu (Lire l'ouvrage de Labertit, Adieu-Abidjan-sur-Seine. Aux coulisses du conflit ivoirien). A l’inverse, et c’est un secret de polichinelle, l’actuel président ivoirien, Laurent Gbagbo a troublé le breuvage français dans cette même région. Il a pris « trop » de liberté par rapport à la métropole. En paroles et en actes. Rendant les relations entre la France et son pays très « compliquées », avec pour conséquences la redéfinition des rapports politiques, diplomatiques et surtout économiques. Dans ce dernier cas, il a mis un terme à une tradition qui faisait de la France le partenaire presqu’exclusif du premier producteur du cacao mondial. Les réseaux des disciples de Foccart sont-ils déjà activés pour qu’il soit châtié de sa témérité comme dans la fable « le loup et l’agneau » de Jean La Fontaine ? La France n'est-elle pas en train de prépare un génocide en Côte d'Ivoire? Le Rwanda est-il aux portes d'Abidjan? Il faut bien le craindre. La France est capable de tout. L'histoire de la décolonisation le montre à suffisance. Toujours est-il que le second tour de la présidentielle ivoirienne qui a réuni les électeurs le dimanche 28 novembre était une sorte de référendum dont la question unique, indirectement posée par l’histoire- était : Pour ou contre la françafrique ? Ceci dans la mesure où les deux candidats représentaient des groupes d’intérêts bien précis; et pas toujours complémentaires: les intérêts de la Côte d'Ivoire et des Ivoiriens et ceux des étrangers. La division est d’autant marquée que « Jeune Afrique » (N° 2602 du 21 au 27 novembre), un hebdomadaire panafricain très proche d’ADO parle des « Deux Côte-d’Ivoire ». Une pour les ivoiriens et une autre pour qui ? Le confrère ne répond pas à cette question. Mais avec les éléments énumérés plus haut, chacun peut trouver la bonne réponse. En tout cas, le second de l'élection présidentielle en Côte d'Ivoire a fait tomber les masques. Désormais, les Africains savent qui est qui. Alasane Ouatarra et Guillaume Soro, garantissent le mieux les intérêts des étrangers. C'est la raison pour laquelle ils sont soutenus par la France et la "Communauté internationale ". C'est dommage. Olivier Ndenkop Journaliste