Top Chrono: Les soubressauts d'une fin de règne

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Vanitas vanitatum
Vanité des vanités, tout est vanité, dit Ecclésiaste. ‘’L’homme ! Ses jours sont comme l’herbe, comme la fleur des champs il suffit qu’un souffle passe; Sur lui,
il n’est plus, jamais plus ne le connaitra sa place.’’ Cette sagesse, tirée des psaumes 103 montre la vanité de toute chose.
Au milieu du XVIIe siècle, Louis XV affirmait péremptoire : « En ma personne seule réside la puissance souveraine. À moi seul appartient tout le pouvoir législatif sans dépense ni partage. L’ordre public tout entier émane de moi et les droits et les intérêts de la Nation sont nécessairement unis avec les miens et ne reposent qu’en mes mains. » Toutefois, la dictature monarchique a ouvert la voie à la Révolution bourgeoise de 1791. La France est ainsi passée d’une extrémité à une autre, de l’absolutisme royal à l’intolérance bourgeoise qui a effacé l’ordre de la noblesse en assassinant le roi. La Révolution bourgeoise ira de pair avec l’instabilité constitutionnelle. De 1791 à 1795, trois constitutions sont rédigées en France.
La situation du Cameroun est préoccupante.

Une bourgeoisie a émergé avec les moyens de l’État et la complicité des relais néocoloniaux, au-dessus d’une classe moyenne naissante et végétative. Les ressources naturelles du pays ont été soit bradées, soit inexploitées. La constitution, constamment malaxée, est taillée sur mesure. L’insécurité est grandissante. L’État ne protège plus, fait semblant d’éduquer, ne respecte plus les citoyens, bafoue les normes et les droits humains les plus élémentaires. La corruption prospère à la tous les étages de l’échelle sociale. Les citoyens manquent de repères. Un tel État n’est-il pas appelé à disparaître ? N’est-il pas pur fétichisme que de continuer à le vénérer?
À l’évidence, Paul Biya, depuis son accession à la magistrature suprême n’a cessé de tromper et d’abuser de la crédulité des citoyens camerounais. L’idée qu’il se fait du peuple est restée la même depuis 1982, date de son accession au pouvoir: un magma informe et menaçant que seul le charisme du chef a vocation à dompter. Il faut à cette masse indifférenciée, comme jadis à la plèbe romaine, en plus du pain et des jeux, les multinationales de Dieu, l’alcool, le sexe et le sang des innocents. Son éthique ne semble pas être différente de celle du tiroir-caisse.
Une chose est certaine, toutes les belles choses ont une fin. Arrivé au pouvoir comme chantre du Renouveau, Paul Biya n’a fait qu’enfoncer le Cameroun dans l’abîme. Il aura une fin comme d’autres hommes d’État et autres hommes politiques avant lui. Pourvu que celle-ci ne soit pas identique à celle qu’ont connue Omar Bongo Ondimba, Mobutu Seseko, Saddam Hussein, Gnassingbé Eyadema, etc.
La convocation du corps électoral en vue des sénatoriales indique que Paul Biya prépare sa succession.


Chronique d'une déchéance annoncée
Crimes rituels, braquages, viols, vols, assassinats, kidnaping…bref l'insécurité chronique qui règne sur l'ensemble du territoire national témoigne de la faiblesse, de l'échec et de l'incapacité du pouvoir en place à assumer ses prérogatives en matière de sécurité nationale.
La secte Boko Haram vient de revendiquer ce 25 février 2013, à travers une vidéo publiée sur YouTube, le rapt, le 19 février 2013, de sept Français, tous membres de la famille Moulin- Fournier – trois enfants et quatre adultes- survenu dans le  parc de Waza dans l’Extrême Nord du Cameroun. Cette vidéo montre les enfants assis en tailleur. Elle laisse planer des menaces de mort sur les otages français. Dans cette mise en scène odieusement orchestrée par cette secte intégriste on y voit en arrière-plan le père, Tanguy, assis aux côtés de sa femme, Albane, toute voilée de noir, et de son frère. Devant, les trois adultes français visiblement éprouvés, si on s’en tient aux traits de leur visage, les quatre jeunes enfants du couple presque effaré. Lre la suite


Mensonges explosifs
S’il est vrai qu’au centre du jeu politique se trouvent la ruse et le mensonge, c’est-à-dire la tromperie délibérée, organisée, calculée, on doit reconnaître que Paul Biya exagère en allant au-delà. Il recourt constamment et sans scrupule au mensonge pour se maintenir au pouvoir. Les mensonges répétés de Paul Biya ont fini par lasser les Camerounais. Ces derniers comprennent que ses promesses n’engagent que ceux qui y croient et que le moment est venu de prendre leur destin en main.
Avec la rencontre tripartite à Yaoundé, en novembre 1991, Paul Biya étale au grand jour sa volonté de fragiliser l’opposition et même de la décapiter. Le pouvoir refuse ainsi d’élargir l’ordre du jour aux questions relatives à la constitution, au code électoral et au code médiatique. L’opposition se retrouve ainsi piégée. Elle accepte cependant de prendre part à une rencontre dont toutes les modalités ont été fixées unilatéralement par le gouvernement: désignation du président de séance, fixation de l’ordre du jour, choix du lieu de la rencontre et invitation des ‘’personnalités indépendantes’’. Pendant toute la rencontre, Paul Biya, à travers ses affidés, s’illustre par un machiavélisme de haut vol. Le pouvoir utilise tout son cynisme pour parvenir à ses fins. On parle alors de consensus. Ce prétendu consensus. Lire la suite


Obséssion sécuritaire
Paul Biya s’entoure de ses fidèles, ressortissants Grand Sud pour éloigner le spectre d’un coup de force.
Le 14 février 2013, Paul Biya signait une série de décrets portant nomination du président et des membres du conseil d’administration (CA) de l’École internationale des forces de sécurité (EIFORCES). L’un des décrets nomme le ministre délégué à la présidence chargé de la Défense (Mindef), Edgar Alain Mebe Ngo’o au poste de Pca, tandis que l’autre désigne comme membres le général Amougou Emmanuel, le Minrex Pierre Moukoko Mbonjo, le secrétaire d’État auprès du Mindef chargé de la gendarmerie, Jean-Baptiste Bokam, le délégué général à la sûreté nationale (Dgsn) Mbarga Nguelé Matin et le préfet de la Mefou et Afamba, Mbemi Nyaknga.
Ce même jour, le président de la République porte le chef d’escadron Sylvain Désiré Engo Zo’o, originaire du sud comme lui, au poste de commandant adjoint de la Garde présidentielle. Il seconde le chef de bataillon Jean Charles Raymond Beko’o Abondo, toujours originaire du Sud (Dja et Lobo), nommé commandant par intérim de ce corps d’élite le 25 janvier 2013, en remplacement du colonel Raymond Thomas Etoundi Nsoé. Au même moment, le colonel Emmanuel Amougou devenait général de brigade et était confirmé comme chef de l’état-major particulier du président de la République. Lire la suite


Marafa Hamidou Yaya: M. Paul Biya, voici la porte de sortie
Il avait conseillé Paul Biya de ne pas se présenter à la présidentielle d’octobre 2011. Aujourd’hui, il paye le prix de cette audace. Tout laisser à penser.
Objectivement, jusqu’ici Marafa Hamidou Yaya est le seul dignitaire du régime, membre du bureau politique du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) qui, occupant encore les fonctions de secrétaire général de la présidence de la République, avait eu le toupet de conseiller Paul Biya de quitter le pouvoir à la fin de son deuxième septennat qui prenait fin en 2011. À l’époque, disait-il, « [sa] conviction était […] qu’un mandat supplémentaire serait le mandat de trop », c’est-à-dire préjudiciable au progrès du Cameroun. Cette position, souligne l’ex-ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation (Minadt), participait de son souci de voir Paul Biya quitter la scène politique par la Grande Porte, afin de jouir paisiblement, à l’intérieur du pays, un repos mérité. Lire la suite


Mourir de vieillesse
Malgré son âge très avancé et son état de santé flageolant et déclinant, Paul Biya ne pense pas à se retirer du pouvoir. Dommage pour l’avenir du Cameroun.
« Ai-je l’air si fatigué ? » Ainsi s’exprimait Paul Biya devant le journaliste lors de son séjour de travail en France du 28 janvier au 05 février 2013. Comme pour dire qu’il dispose de tous ses moyens physiques et intellectuels pour continuer à exercer ses fonctions de chef de l’État. D’ailleurs a-t-il tenu à précise, « le problème finalement n’est pas là », autrement dit, la question de son âge et celle du temps mis, 30 années, au pouvoir, ne se posent pas puisque les Camerounais l’ont élu « au milieu de 20 ou 30 autres candidats ».
Paul Biya est coutumier de ces pirouettes chaque fois que des questions relatives à sa longévité au pouvoir et à son état de santé sont soulevées. Ses généralisations, « personne n’est éternel », ne laissent le plus souvent aucun doute sur ses intentions et son désir ardent de mourir au pouvoir.
Il est pourtant admis que tout homme bien portant est un malade qui s’ignore. À plus forte raison un homme de 80 ans ayant passé plus 45 années dans les hautes sphères de l’État sans discontinuer. Lire la suite


Lapalissade: nul est éternel
Paul Biya reconnaît qu’il n’est pas éternel, mais il tient à s’éterniser au pouvoir, car souligne-t-il, à 80 ans sonnés il n’a pas l’air fatigue. Cette sortie de Paul Biya, à une nuance près, rappelle aux Camerounais la rumeur voulue et entretenue sur son décès qui avait couru à la veille de la présidentielle de 2004. Ironisant après cette Paul Biya avait donnait rendez-vous à ses compatriotes dans une vingtaine d’années pour l’organisation de ses funérailles. Il avait déclaré: « Il paraît qu’il y en a qui s’intéressent à mes funérailles. Eh bien, dites-leur que je leur donne rendez-vous dans une vingtaine d’années ».
Une rumeur était tombée à point nommé puisqu’exploitée par le chef de l’État qui en avait profité pour diaboliser ses adversaires, y compris ses proches en les accusant de la pire des mesquineries, celle de lui souhaiter la mort à défaut de pouvoir le vaincre sur le champ strictement politique. « Nous sommes une démocratie. Nous faisons des efforts pour développer l’économie. Le pays est stable, et nous n’avons pas que des amis. J’invite les Camerounais à redoubler de vigilance pour conserver leur stabilité mentale, leur stabilité politique », rajoutait Paul Biya devant les Camera de la Cia-tivi. Lire la suite


Claude Abé: Le Cameroun est une poudrière
Germinal : Répondant aux questions des journalistes lors de son séjour de travail en France, du 28 janvier au 05 février 2013, le président de la République du Cameroun, M. Paul Biya affirme que «personne n’est éternel», sous-entendu même lui. Peut-on comprendre que dans sa démarche il n’exclut pas un éventuel départ du pouvoir ? Ou veut-il dire que même (ou seule) la mort biologique finira par le faire partir du pouvoir ?
Pr. Claude Abé : La réponse donnée aux journalistes par le Président Biya sur le perron de l’Élysée peut paraître en elle même insignifiante puisqu’il s’agit d’un truisme. En effet, en, tant que homme, dès que l’on naît, on est assez vieux pour mourir comme on a coutume de l’entendre dire. De ce point de vue, il ne s’agit donc pas d’une trouvaille particulière. Cette déclaration aurait pu demeurer ainsi si elle ne venait d’un dirigeant africain qui a déjà séjourné trois décennies au pouvoir sans discontinuer. Elle aurait également pu demeurer dans le registre de l’insignifiant si la Constitution camerounaise n’avait pas été retouchée en avril 2008 pour permettre à Monsieur Biya de se représenter, c’est-à-dire de compétir une fois de plus à l’élection présidentielle d’octobre 2011. Ce qui précède indique dès lors qu’il ne s’agit pas d’une déclaration insignifiante comme elle peut apparaître de prime abord. Elle est hautement symbolique surtout si l’on prend en compte l’environnement sociopolitique camerounais du moment, le temps mis au pouvoir et l’âge de son auteur, 80 ans depuis le 13 février dernier. Un environnement où tout le monde, ou presque, songe à la succession de l’auteur de cette phrase, y compris ceux qui signent le jour les motions de soutien et fabriquent les appels du peuple pour lui attester de leur soutien sans faille et indéfectible et qui se posent la question du moment de son départ sous cape dans les salons feutrés ou au creux de l’oreille du compagnon fidèle. C’est également un environnement où les récentes modifications touchant aux institutions qui sont chargées de l’organisation et de l’encadrement du processus de dévolution du pouvoir, soit en termes de composition (Cour constitutionnelle) ou de désignation (Elecam) n’incitent pas à croire à un départ imminent de Monsieur Biya. Lire la suite


Les sept départs de feu d'une fin de règne
Questionné dernièrement en France par un journaliste sur la problématique de l’alternance au Cameroun, Paul Biya, Président camerounais depuis 1982, a répondu par une question : « Ai-je l’air si fatigué ? ». A cette question en guise de réponse à une autre question a succédé : « Alors évidemment, personne n’est éternel». Ces deux bouts de phrases que la propagande a utilisés pour narguer l’opposition en disent long sur la conception de l’alternance par le Renouveau national : c’est la mort du Prince qui passera le relai à quelqu’un d’autre. En outre, autant le Biyaïsme est irrationnel parce que non préalablement pensé mais rendu possible par une contingence historique, autant « ai-je l’ai si fatigué ? » est une preuve que le pouvoir de l’homme du 6 novembre 1982 est lié au regard des autres sur lui et non à son propre regard sur lui-même. La logique de départ, c’est-à-dire avoir été désigné Président du Cameroun par quelqu’un d’autre, est la même que celle de la fin : attendre que d’autres et les facteurs externes à lui-même confirment sa fatigue. C’est tout le contraire du Pape Benoit XVI qui, en déclarant, « je n’ai plus la force », n’a pas attendu l’avis des autres pour laisser son pouvoir politique et religieux. Il s’est appliqué à lui-même un principe de réalité temporelle en montrant ainsi que l’alternance au pouvoir ne dépend pas seulement des institutions démocratiques en place, mais aussi et surtout de l’existence ou non de l’excellence politique chez le leader. Lire la suite


De vénéneuses racines profondes du mal camerounais
Le Cameroun reste – avec la Côte-d’Ivoire – un champ de prédilection de sa saignante expérimentation au sein du pré-carré français.
Deux cents millions1 de « bois d’ébène », de « Bouts de bois de Dieu »2 (selon Sembène Ousmane), c’est le chiffre estimatif de nos congénères déportés en catastrophe outre-Atlantique, en  Amérique post-colombienne, en l’espace de cinq siècles ; sur les terres encore palpitantes des derniers soubresauts du massif génocide des peuples indiens qui, pour son malheur, avaient voulu jusqu’au bout tenir tête - préférant mourir debout que courbés sur les innombrables chantiers du Travail Forcé, engagé au profit exclusif de l’Envahisseur.
Jusqu’au dernier quart du XIXe siècle où le Vieux Continent, dans sa frénétique poussée impérialiste, découvre l’opportunité de mettre aussi en valeur un Continent Noir pourtant déjà humainement dévasté de fond en comble, vidé de l’essentiel de ses forces vives.
Un certain Kamerun, au fond du Golfe de Guinée, allait faire partie de la part du Gâteau africain échue à la Prusse de Bismarck. En attendant que le sort de la Première Guerre Mondiale en décide autrement en 1918, pour que la France et l’Angleterre se partagent ce territoire, prétendument pour préparer ses populations à la souveraineté internationale à brève échéance – à en croire les velléités hégémoniques de la Société des Nations. Lire la suite


Un destin si funeste
[…] Quand l'État est devenu le plus grand agent provocateur d'insécurité, quand l'entretien de celle-ci est un moyen ordinaire de régner, il n'y a plus d'État. […]
Rien ne changera, si nous ne mettons  pas en doute notre propre courage et notre prétendue lucidité. Trop souvent, nos présomptions nous ont conduits à notre perte. Nous espérons faire autrement les choses. Nous entretenons une connivence souterraine avec ceux qui volent, pillent et tuent, avec les parasites qui ne connaissent que la cueillette et la chasse, ceux qui ne reconnaissent de droit qu'à ceux de leur tribu. Nous avons la coupable résignation de ceux qui ne croient pas à un vrai changement et s'en remettent à la chance pour la solution des seuls problèmes qui les intéressent: ceux de leur survie immédiate.  Lire la suite