Royaume de Paul Biya: une pourriture avancée

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altLe chant de cygne
Lorsque Paul Biya arrive au pouvoir le 6 novembre 1982, il promet monts et merveille aux Camerounais. Ceux-ci adhèrent massivement à son projet de société - consigné dans un ouvrage Pour le libéralisme communautaire - qui magnifie le mérite et se propose de promouvoir la « vraie démocratie » et le « développement véritable ». Les slogans, « rigueur », « moralisation », « intégration nationale stade supérieur de l’unité » font florès et mobilisent ses concitoyens qui envisagent l’avenir avec beaucoup d’optimisme.
Très tôt cependant, ils déchantent et constatent avec amertume que les illusions faites sont restées au stade de promesses. Ils comprennent que le Libéralisme communautaire n’était, en réalité, qu’un vaste malentendu, une erreur originelle, un mirage ou un miroir aux alouettes émaillés de mensonges et d’incantations surréalistes.
À telle enseigne que, de nos jours, les slogans sus-évoqués sont devenus des mythes pour idiots, des dieux que même les partisans de Paul Biya ont honte d’évoquer en public.
Certes des Camerounais continuent à être bercés d’illusions, mais la réalité est patente,

nue et palpable. En trois décennies passées à la tête de son royaume, cette monstruosité qui tient lieu d’État du Cameroun, Paul Biya a installé cette Afrique en miniature dans une pourriture indescriptible et innommable.
Dérive monarchique, népotisme, autoritarisme, corruption généralisée, gestion à l’emporte-caisse, viols, assassinats, mensonges,  anthropophagie, violations maladives des droits humains et de la constitution, trucage des élections, tribalisme…bref, le flétrissement de la rigueur de la moralisation, les mots ne sont pas assez durs pour qualifier ces drames odieux qui se sont abattus sur le Cameroun avec l’accession de l’homme-lion à la magistrature suprême. La pourriture est suffisamment avancée pour que les Camerounais continuent de rester les bras croisés.  Et c’est donc un doux euphémisme lorsqu’on affirme que le Cameroun se porte mal pour des Camerounais qui y vivent écrasés par la misère économique, sociale et morale.
Et comme l’émotion est nègre, les Camerounais devraient pourtant célébrer avec faste et solennité les victoires épiques - remportées avec Paul Biya- qui les ont conduits vers l’abîme et qui ont fait de leur pays aux énormes potentialités un Pays pauvre très endetté.
Comme disait Césaire, « c’est une loi implacable que toute classe décadente se voit transformée en réceptacle où affluent toutes les eaux sales de l’histoire ; que c’est une loi universelle que toute classe, avant de disparaître, doit préalablement se déshonorer complètement, omnilatéralement, et que c’est la tête enfouie sous le fumier que les sociétés moribondes poussent leur chant de cygne ».


Un système corrompu peut-il lutter contre sa propre décomposition?
Les paradoxes et contradictions de la lutte contre la corruption
altDepuis quelques années la lutte contre la corruption structure l’agenda politico-institutionnel du système camerounais. Saisie à l’aune de la logomachie officielle, la lutte contre la corruption participe d’un relèvement des valeurs éthiques et républicaines d’une « bonne gouvernance » de la « chose publique ». Très vite l’imagerie sociale l’a saisi comme une réponse à un train de distorsions, de contorsions et d’extorsions qui caractérisent depuis quelques décennies la pratique managériale dans le système institutionnel au Cameroun. L’enchantement populaire fut au départ à la dimension de la vigueur du discours officiel sur la liquidation des poches et des sources qui entretiennent de façon quasi régulière et routinière la « culture » et la « pratique » de la corruption en territoire camerounais. La dynamique d’une médiatisation féroce couplée à une publicisation presque mesquine des arrestations des têtes couronnées de la République a fini par satisfaire une certaine opinion avide d’une mise en déroute d’un système politique qui s’est bâti depuis sa genèse dans et par la corruption. Lire la suite



Au cimétière du Renouveau camerounais
La pourriture et la décomposition de la gouvernance administrative est du Renouveau est patente. Sur les cendres cancérogènes de la fameuse Rigueur et Moralisation
altL’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), au cœur du Système Sécuritaire, dispose comme bras armés, l’École militaire interarmes (Emia) et l’École de Police. Tout le monde n’y entre pas, n’est pas jugé apte au Commandement de lessivage constant des administrés. Un trio de couvents laïcs où se sélectionnent et se façonnent dans le cynisme une espèce de compatriotes révélés plus promptes à se « lécher (goulûment) les doigts » tout autant qu’ils se montrent énormément rentables, des plus disposés à participer, sans état d’âme, à la répression néocoloniale.
Le grand moule acéré de maillage du territoire national se construit ainsi  à travers l’Enam, une école de formation restée coloniale jusqu’aux bouts des ongles, jusqu’à la fine pointe de ses éperons régaliens de mise sous tension perpétuelle des communautés cibles. Il ne faut pas les laisser respirer, le temps peut-être de reprendre suffisamment leur souffle pour reprendre les contestations nationalistes des années 1950. Un cauchemar à ne plus jamais tolérer. Lire la suite


L'affairisme de la famille pestilentielle
100 milliards de francs Cfa ! C’est la fabuleuse somme que Franck Emmanuel Biya, fils du président  a selon le collectif « Alliance pour la défense du bien public » dépouillé des caisses de la Camtel.
En effet, les membres de la famille présidentielle et la haute administration  broute là où ils sont attachés. Le Cameroun souffre d’une maladie mortelle: La rente. Au lieu de produire, on préfère prélever. « Tout État, parce qu’il ne produit pas pour vivre, mais a besoin de prélever pour exister, est rentier ». Mais au Cameroun, cette règle est enfreinte. Elle se mue peu à peu en prédation. Autour du despote de Yaoundé, « chaque prérogative de la puissance publique (et Lire la suite


Comment la constitution et la souverainté ont été corrompues
Pour s’éterniser au pouvoir, Paul Biya n’a pas hésité à malaxer plus d’une fois la constitution, corrompant du même coup la souveraineté nationale
altLors de sa visite officielle au Ghana, le président américain Barack Obama disait que l’Afrique n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes, c’est-à-dire d’institutions solides qui résistent à l’épreuve du temps et transcendent les individus. Si cette volonté a été mise en œuvre dans certains Etats comme au Sénégal, il faut souligner que dans d’autre pays encore notamment au Cameroun, les citoyens vivent encore des sages préceptes ou des nouveaux concepts cosmétiques récemment breveté sur le marché camerounais du politiquement correct (grande ambitions, grandes réalisations, émergence 2035). Cette décrépitude politique freine la réalisation des institutions, rend la constitution éternellement rédhibitoire et transforme la souveraineté populaire et/ou nationale en une souveraineté royale. Pourtant les exigences d’un Etat dit de droit auquel aspire le Cameroun exige de mettre en place les instruments de pouvoir et de contre-pouvoir, de repenser la constitution, l’ordre juridique et surtout de conférer à la constitution l’autorité supérieure, c’est à dire source du pouvoir. Lire la suite


Paul Biya et la stratégie de la putréfaction
Tous ses proches collaborateurs le présentent comme un jouisseur. Titus Edzoa l’a ouvertement affirmé après sa démission du gouvernement en 1997. Dans une interview largement relayée par la presse camerounaise, l’ancien Secrétaire général de la présidence de la République par ailleurs ex médecin personnel de Paul Biya regrettait l’immobilisme de son ancien patron et patient. Il serait puéril de penser que les récriminations somme toute fondées de Titus Edzoa ont eu un effet stimulateur sur le président de la République. Au contraire.
En effet, dans la longue interview accordée au journal en ligne Slates Afrique, Marafa Hamidou Yaya évoquait la « fainéantise » de Paul Biya pour justifier le marasme économique du Cameroun, ainsi que l’incertitude institutionnelle dans laquelle il a plongé le Cameroun. Marafa Hamidou Yaya fustigeait le fait que les institutions contenues dans la constitution du 18 janvier 1996, à l’instar du Sénat, du Conseil constitutionnel… ne soient jamais mises sur pied.
Peut-on avoir personnes mieux placées pour détailler la politique d’inaction de Paul Biya que ses deux anciens secrétaires généraux cités plus haut. Lire la suite


Paul Biya vend les oeufs pourris à plusieurs reprises?
A cette question, apparemment simple, de prime abord et de réponse tout aussi évidente, se joue  pour les camerounais une mise en scène d’habitudes qui au  fil du temps s’inscrit dans la curialisation des mœurs politico-administratifs et laisse voir toutes les contorsions et les logiques reptiliennes  à l’origine d’une gouvernance  basée sur la roublardise, le mensonge et la mauvaise foi.
Ainsi, comment vendre des œufs pourris, est devenu le sport favori du groupe gouvernant Rdpc. Cela peut arriver une fois. Mais les vendre tout le temps, voilà qui pose au moins le problème de l’honnêteté dans le champ commercial et par ricochet politique des trente dernières années. Il  faut dire que dès l’entame du renouveau, (presque) rien de ce qui a été promis n’a été réalisé. La rigueur, la moralisation sont venus inaugurer une gouvernance d’affichage et de mots. Peut-être manquait-on de preuve comme l’avait fait alors savoir le président Biya, visiblement  étonné lors d’une interview devant la rage de détournement dont on signalait déjà les prémisses. lire la suite


Le Biyaïsme: une fabrique de déchets politiques, sociaux et institutionnels
altDans un premier temps, une conception restrictive et basique consiste à dire que le Biyaïsme est la gouvernance du Président Biya au pouvoir depuis 1982. Le néologisme Biyaïsme a en effet pour racine étymologique Biya, nom de l’actuel Président camerounais. Dans ce cas, le Biyaïsme basique peut être compris comme une doctrine – le libéralisme communautaire –, une acquisition du pouvoir via un passage de témoin par Ahidjo en 1982, une conception libidineuse du pouvoir, un exercice du pouvoir et une gouvernance par l’absence et le mutisme. Cette première approche, quoiqu’importante parce que balistiquement centrée sur l’homme Biya, figure de proue du régime, est simpliste et réductrice parce que le Président Biya n’est pas né politiquement et biologiquement en 1982. Ainsi, le Biyaïsme, quoique lié à lui stricto sensu, va au-delà de lui dans le temps et l’espace politique camerounais et extra-camerounais. Il se présente plutôt comme un produit politique dérivé de la trajectoire précoloniale, coloniale et postcoloniale de l’Afrique subsaharienne en général, et du Cameroun en particulier. Biya fut en effet le Premier Ministre du Président Ahmadou Ahidjo, Camerounais déjà haut cadre au sein de l’administration coloniale française. D’où une seconde compréhension du Biyaïsme comme un système politique, une symbolique politique, une idéologie et un mode de gouvernance qui, quoique lié à Biya, n’est plus le propre de Biya tout seul, mais le produit de stratégies d’acteurs internes et externes depuis au moins l’Etat-colonial : c’est le Biyaïsme systémique. Il est à la fois une variable expliquée par le passé politique camerounais – avant 1982 –, et une variable explicative du profil institutionnel, politique et social de ce pays depuis 1982. Lire la suite