Cet homme est dangereux : lui ou le Chaos, l’Apocalypse

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L’Afrique, selon le président Barack Obama en visite officielle au Ghana, n’a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes, c’est-à-dire d’institutions solides qui résistent à l’épreuve du temps et transcendent les individus. Ce sont ces institutions qui facilitent les alternances à la tête des États démocratiques en Occident, dans certains pays d’Amérique du sud et dans quelques rares pays d’Afrique. Lorsque les institutions sont solides, et le rôle des forces de défense et de sécurité bien défini, le pays peut même fonctionner sans chef de l’État. C’est ce qui s’est passé récemment en Belgique où le pays a fonctionné pendant des mois sans président de la République.
Dans la plupart des pays d’Afrique où tous les ingrédients d’une conflagration sont réunis (confiscation du pouvoir politique par un groupe, ethnicisme,  népotisme, corruption généralisée, etc.), une pareille situation parait inimaginable. S’il arrivait qu’il y ait vacance au sommet de l’État, il est presque certain que les citoyens assisteront à une lutte sans merci pour la conquête du pouvoir suprême, le problème dans ces pays étant que les institutions sont taillées à la mesure

du leader central considéré, dans la plupart des cas, comme étant le représentant de Dieu sur terre.
En 2004, après l’annonce de la vraie-fausse mort du président de la République, Paul Biya, des personnalités, dont la plupart étaient des ressortissants de sa région d’origine, s’étaient réunies afin de trouver les stratégies pour éviter, à tout prix et à tous les prix, que le président de l’Assemblée nationale n’assure l’intérim, conformément à la Constitution de 1972 qui fait de la seconde personnalité de la République l’intérimaire du chef de l’État en cas de vacance du pouvoir.
A 80 ans sonné, Paul Biya semble ne pas avoir tiré les leçons de cette situation qui avait failli mettre le Cameroun à feu et à sang.
Depuis la promulgation de la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996, il n’a pas toujours mis en place des institutions prévues par ce texte fondamental, dont notamment la Cour constitutionnelle et le Senat. La mise en place de cette dernière institution aurait permis de régler une fois pour toutes la question de la succession au cas où, en fonction, il passait de vie à trépas.
Des Camerounais, qui ont de bonnes raisons de se plaindre de sa gouvernance catastrophique depuis 30 ans, estiment qu’après avoir hypothéqué durablement l’avenir du pays, son rêve est de laisser un pays ingouvernable.
Ce dossier suscitera à coup sûr l’ire des thuriféraires de Paul Biya, surtout en ce qui concerne les aspects polémiques. Mais, en la forme, dans ce registre polémique, qui est le maître de qui ? Qui a traité les Camerounais de « ténors de la péroraison creuse » ? Qui les a qualifiés de « bonimenteurs du chaos », d’ «apprentis sorciers», de « myopes politiques » et d’ « amnésiques » ? N’est-ce pas Paul Biya ?
Au fond, ne met-on pas le pays en danger quand :
- on détruit les acquis démocratiques issus de la Tripartite au profit du pouvoir perpétuel ;
- les institutions républicaines sont chancelantes ;
- le pays vit, en permanence, dans une incertitude juridique et normatif avérée ;
- 30 ans après on n’a pu tenir un Conseil de l’Enseignement supérieur ;
- 17 ans après les états généraux de l’Éducation et 14 ans après avoir promulgué la loi d’orientation de l’Éducation au Cameroun, on n’a pu engager la réforme de l’enseignement secondaire ;
- À ce jour rien n’est fait pour clarifier la succession à la tête de l’État par la mise en place de la Cour constitutionnelle et du Sénat
- etc. ?

(Presque) toutes ses créatures politiques à qui il a fait semblant de faire confiance ont été dévorées. Indubitablement sa gouvernance globalement catastrophique conduit le Cameroun vers une émergence piteusement chaotique.


Paul Biya et la stratégie du bord du gouffre
Touche pas à mon pouvoir ! Sinon le chaos, l’Apocalypse
Sous le sceau de la fourberie. Après une vingtaine d’années d’observation au quotidien Ahidjo s’était révélé incapable de se faire une idée claire du vrai caractère de son successeur désigné – Par Aujoulat, et finalement par lui-même, persuadé que les intérêts néocoloniaux que les deux poulains du gaullisme incarnaient allaient être préservés dans un minimum de dignité, de respect pour les intérêts supérieurs de l’Etat, du pays de Moumié et ses milliers de camarades martyrs. Il n’avait qu’à suivre dès 1961, l’avis pertinent de Eteki Mboumoua : « Inapte au commandement !!! »
Un slogan, une devise au départ appât des âmes sensibles : « Rigueur et Moralisation ! » Et sur le terrain, cinq années de tolérance administrative pour la presse, qui s’engouffre dans la brèche avec ardeur – même Cameroon Tribune , le poste national de radiodiffusion, et la jeune télévision naissante. Puis les beaux jours du Messager et consorts. Des intellectuels accourent pour l’épauler contre son prédécesseur hanté par le souci d’un certain retour aux affaires ; ils rédigent ses premiers discours, son livre fétiche : Pour le Libéralisme communautaire.
Au bout de cinq ans, il commence à les rouler dans la farine et leur préfère les militaires qui ont pu l’intimider sous le masque d’un simulacre de coup d’Etat discrètement sanglant. Puis, point de retraite pour les généraux ; assez d’argent mobilisé pour combler tout le corps – sans oublier la police. Le reste du pays peut attendre, plus trente années durant : l’éducation, la santé, l’emploi des jeunes, l’économie, la sécurité publique, … Lire la suite


Paul Biya, l'incarnation de Machiavel
Il sait être froid. Pour diner avec lui, il faut se munir de très longues fourchettes. Rusé, il est l’incarnation de Machiavel.
Il a la réputation d’être « la doublure du prince de Machiavel, imprévisible, prudent et attentif » (Evmana, 2005). Il est en outre considéré comme étant « prompt à temporiser devant des situations alarmantes » (Mattei, 2009). Pour d’autres, il est tout simplement l’homme le plus dangereux du Cameroun, voir même l’homme le plus dangereux pour le Cameroun.
En effet, ce caractère dangereux de M. Biya a pu se manifester publiquement au travers de sa relation particulière avec son prédécesseur M. Ahmadou Ahidjo, qui a appris à ses dépend ce que cela pouvait coûter de sous-estimer son dauphin constitutionnel. On disait du président Gbagbo, « frère et ami » de M. Biya, qu’il excellait dans l’art de rouler tout le monde dans la farine, au point de mériter son qualificatif de « président boulanger ». Mais force est de constater que s’il y a bien un « Maître boulanger » à défaut d’un « Maître sorcier », il est à rechercher plutôt du côté de la présidence du Cameroun. Il suffit de se souvenir de sa dernière plus grande roublardise en la matière, dont les victimes résignées seront les diplomates américains et le peuple camerounais. Lire la suite

 


Et si en 2013 on assistait à un remake de février 2008 !
Si rien n’est fait, en 2013, les Camerounais assisteront à un remake des émeutes de février 2008. Alerte !
Du 25 au 29 février 2008, le Cameroun a été le théâtre de violentes manifestations sociales que les observateurs nationaux et internationaux  ont tôt fait d’appeler « les émeutes de la faim ». À la différence d’autres pays africains qui ont connu le même type d’évènements (Sénégal,Côte d’Ivoire, Burkina-Faso…), c’est un facteur politique - le projet de modification de la constitution, perçu comme une perspective de prolongement de la mauvaise gouvernance du régime de  Paul Biya - qui, conjugué avec la hausse des prix des carburants et des denrées alimentaires, a servi de déclencheur au soulèvement populaire.Lire la suite


Comment Paul Biya attise la sécession du Cameroun
En refusant d’organiser le cinquantenaire de la Réunification du Cameroun depuis deux ans, le chef de l’État offre du pain béni aux séparatistes du Southern Cameroon National Council. Pourtant, la constitution stipule que le président de la République est garant de l’intégrité territoriale.
Chaque jour qui passe semble convaincre les sceptiques sur l’incapacité de Paul Biya à gouverner le Cameroun. Certes, suivant les résultats de la dernière mascarade électorale tenue le 9 octobre dernier dans notre pays, l’homme du 6 novembre 1982 doit rester à la tête du Cameroun jusqu’en…2018.
Seulement, à 80 ans dont 31 passés sans discontinuer à la tête du Cameroun, Paul Biya multiplie des signes de sénilité. Le dernier en date est sans conteste le cinquantenaire de la Réunification du pays sans cesse annoncé et à jamais renvoyé, comme si les deux régions anglophones ne faisaient plus partie intégrante du Berceau de nos ancêtres. Dans son traditionnel discours à la nation le 31 décembre dernier, Paul Biya a réservé une place insignifiante à cet évènement à forte portée historique et symbolique. Lire la suite


Stéphane Akoa
« La méthode Biya a voulu une République de coquilles vide »
Germinal: Dans quelle mesure peut-on considérer Paul Biya comme un danger pour le Cameroun?
Stéphane Akoa: Plutôt que Paul Biya, je voudrais surtout indexer la «méthode» Paul Biya qui a voulu la nature et la structure actuelles de notre République, caractérisée par deux éléments essentiels :
Un, l’évanescence de notre dispositif institutionnel. Trop d’impasses [«retard» trop prolongé pour ne pas être suspect dans la mise en place certaines institutions, Sénat et Conseil Constitutionnel, notamment]. Trop de raccourcis [«usage» trop systématique pour ne pas être suspect de formulations qui n’appartiennent pas aux catégories de la science juridique, la fameuse «mise en place progressive», notamment]. Auxquels on pourrait ajouter trop d’absences [avec ces organes consultatifs fantômes - Conseil Économique et Social, par exemple – mais budgétivores, ces chambres consulaires qui, dédiées pourtant à des activités essentielles - agriculture et commerce - se sont totalement effacées pour ne servir qu’à satisfaire les combattants d’une lutte féroce pour la gestion des prébendes, ces agences de régulation qui ne régulent rien,...] sans oublier la foultitude d’officines aussi peu connues qu’efficaces qu’il conviendrait de revoir à la baisse...Lire la suite


L’affaire Franck Biya plombe Épervier
Ceux qui en veulent à Paul Biya et qui tireraient les ficelles dans l’ombre, si on en croit les partisans du président de la République, ont visé juste en mettant sur la place publique l’affaire des 100 milliards de francs qui implique directement son fils. La  très forte mobilisation médiatique pour sauver le soldat Franck est révélatrice du caractère sensibilité de cette affaire. C’est dire si les pourfendeurs du premier fils de Paul Biya ont appuyé là où ça fait mal. Cette affaire de rapt de la fortune n’est d’ailleurs pas la seule dans laquelle Franck Emmanuel Biya a été cité. L’opinion publique a encore présent dans l’esprit  son implication dans des affaires compliquées de bois. Lire la suite


Forces de défense et de sécurité: Une poudrière
Dans un article publié dans Manière de voir n° 126, pp 63,65 sous la plume de Anatole Ayissi  intitulé ordre militaire et désordre politique en Afrique, le chef de projet à l’institut des Nations Unies pour la recherche sur le désarmement, jette un regard préoccupant sur la réalité des  forces armées en Afrique.
 Selon lui, en Afrique, depuis les indépendances les relations entretenues par les gouvernements  et la population avec leurs armées sont marquées par une dangereuse illusion. Les États  ont cru  que les forces de sécurité, parce que disposant d’armes, représenteraient ce robuste socle  sur lequel reposeraient la paix et la stabilité du pouvoir politique. On espérait qu’en cas de trouble grave les militaires, « seules forces organisées » au sein d’Etats souvent désorganisés, décadents, pourraient légitimement s’ériger en sauveurs de demeures en péril. Le décor ainsi planté, à la fois par le titre de l’article que par le précédent constat, témoignent de ce que les espoirs placés  dans les armées en général, contraste avec nos réalités. Bien antérieure au présent article, l’analyse de l’Expert éclaire le climat délétère qui rythme le quotidien des hommes en tenue au Cameroun. Lire la suite


Joshua Osih, vice président du Sdf
Joshua Osih: la non mise en place de certaines institutions met le Cameroun en danger
Germinal: Dans quelle mesure peut-on considérer Paul Biya comme un danger pour le Cameroun ?
Joshua Osih: Une simple illustration pour montrer qu’il est dangereux pour notre pays : si la vacance du pouvoir survient ce jour ou dans les tous prochains jours, il n y a pour l’instant aucune institution pour la constater. De même que l’intérim ne sera pas assuré. Pour agir en lieu et place de quelqu’un ou d’une institution comme cela est mentionné dans la Constitution, il faudrait une existence au préalable. On n’agit pas en lieu et place d’un fantôme. Le Conseil constitutionnel n’a pas encore été créé et le Président du Sénat n’existe pas en dépit de ce que ces deux institutions sont inscrites dans la Constitution de 1996. Il est donc un danger réel pour notre pays. Il a transformé la République en Biyarchie. Il ne veut pas quitter le pouvoir qu’il a par ailleurs personnifié. Depuis trente ans, Il ne ménage aucun effort pour entretenir des institutions extractives qui ont embrigadé les énergies du peuple plutôt que de les libérer et qui nous poussent ou nous pousseront vers le chaos à la fin de son règne ou après lui. Il est l’alpha et l’Omega du fonctionnement de l’État. Lire la suite


Brice Nitcheu: Paul Biya est un danger pour la sous-région
Paul Biya n'est pas seulement un danger pour le Cameroun, mais il l'est pour toute la sous-région. Lorsqu'un dictateur rend impossible la transition pacifique, il rend incontournable la transition violente. En prenant en otage la constitution pour s'assurer une présidence à vie, Paul Biya a fini de convaincre qu'il ne peut jamais quitter le pouvoir par des élections crédibles. La crise centrafricaine est  une illustration parfaite de ce qui pourrait arriver au Cameroun, et la proximité avec ce pays voisin doit faire réfléchir Paul Biya. Lire la suite


Renouveau national: Domination et utopie camerounaise
La vie politique camerounaise est à l’âge d’un temps politique fugace caractérisé par l’éphémère lui-même figé aux humeurs d’un individu. Le Cameroun fonctionne en fait en mode événementiel, car, sans tendance de fond autorisant une extrapolation prospective, il est aujourd’hui autant difficile d’émettre une conjecture plausible sur son avenir qu’il était impossible de prévoir que Mr. Ahmadou Ahidjo allait passer le pouvoir à Mr. Paul Biya le 6 novembre 1982. Nul ne peut en ce moment, ni dessiner à l’avance les contours de ce que sera le pays à long terme, ni si celui-ci viendrait à bout de l’incertitude des registres de sa transition politique. Le Cameroun tout entier qui, telle une jeune épouse, dégoulinait de joie et piaffait d’impatience devant la bonne espérance que représentait le Renouveau national comme cap politique est, trente ans plus tard, prisonnier d’un Principat qui fait du risque d’instabilité le paramètre le plus prégnant sur son avenir. Au sein du peuple, l’avenir n’est pas mis en débat, en discussion ou en palabre par un projet politique alternatif et des institutions pérennes capables d’assurer la continuité du pays dans la sérénité. Il se mime et se donne à penser via des supputations sur le nombre d’années que tiendrait encore en vie le corps du Prince. Et pourtant, que la providence accorde encore 0, 5, 10 voire 30 ans supplémentaires à Paul Biya ne change rien au fait que le pays n’est placé sur aucun cap plausible lui permettant de ne pas faire le cauchemar du saut dans l’inconnu. Le régime actuel et son leader sont en fait semblables à un cycliste épuisé, mais obligé de continuer à pédaler non pour gagner une quelconque course et encore moins pour un but précis, mais simplement pour ne pas tomber. D’où le double visage du pouvoir politique en place : il est à la fois un remède pour Paul Biya et un poison pour le peuple camerounais ; une médecine pour le Prince et une maladie pour le Cameroun. L’homme du 6 novembre 1982 est donc dans un état d’addiction sévère au pouvoir politique. C’est désormais sa façon d’exister : Lire la suite