Haro sur la boucherie arabe : It’s shameful and morally unacceptable

Imprimer
Note des utilisateurs: / 0
MauvaisTrès bien 

Il est symptomatique et scandaleux de constater qu’aucun gouvernement des pays occidentaux qui se posent comme des modèles en matière de démocratie et qui veulent même l’exporter, le plus souvent, à bout de canons, n’a condamné le coup d’État ayant conduit à la chute du président égyptien élu démocratiquement, Monsieur Mohamed Morsi. Il est scandaleux de constater que les États-Unis n’ont pas supprimé l’aide de plus d’un milliard de dollars accordée à l’armée égyptienne après le putsch monté de toutes pièces par un général Abdel Fattah al-Sissi grisé par les mobilisations qu’il a organisées et soutenues et qui se pose comme le Prophète Mohamet ou le Jésus Christ de la démocratie égyptienne. Au nom de la realpolitik. Nul ne peut imaginer un tel scénario, c'est-à-dire la destitution d’un chef d’État occidental élu par l’armée après des manifestations qui mobiliseraient dans la rue 10, 20 voire 30 millions de manifestants. Même l’armée brésilienne n’a pas destitué Dilma Rousseff élue démocratiquement après la descente dans la rue des millions de Brésiliens et avec une cote d’impopularité de presque 77%.
Il est scandaleux de constater que le coup de force perpétré par le général Sissi n’a pas été dénoncé par les grands médias occidentaux - sauf Le Monde et Marianne dans une certaine mesure qui le dénoncent en le justifiant, hélas – qui, dans un enthousiasme béat s’étaient empressé de qualifier de printemps arabe ce qui, sous nos yeux est devenu le chaos , mieux la boucherie arabe. Oui, il s’agit d’une boucherie soutenue par la communauté des intérêts et les membres du Conseil de discipline de l’ONU. Bilan : assassinat de Mouammar Kadhafi, assassinats politiques en Tunisie ; viols des femmes, plus de 300 morts, des milliers de blessés et d’arrestations arbitraires en Égypte ; plus de 100 000 morts en Syrie, etc.
Pourtant, en Égypte, il s’est bien agi bel et bien d’un coup d’État qui doit être condamné. Tout le monde s’accommode d’un gouvernement intérimaire ou de transition qui massacre les Égyptiens. Tout le monde s’adapte aux usurpateurs sanguinaires et illégitimes qui tuent, violent et procèdent aux arrestations arbitraires en Égypte.
Pourtant, sous la plume de Claire Talon, Le Monde (du Dimanche 7 et lundi 8 juillet 2013, p.3, lire ci-dessous), montre bien que « la destitution du président égyptien avait été décidée par les militaires dès le 23 juin, une semaine avant la manifestation du 30 juin ». Le martyre le plus épouvantable que l’on inflige à M. Mohamed Morsi est conforme à la description faite par la journaliste du Monde. De là à penser que les militaires avides d’alibis, avaient organisé et soutenu le mouvement Tamarod et les manifestations du 30 juin 2013, il y a un pas que des observateurs avertis n’hésitent pas à franchir. D’ailleurs, les responsables de ce mouvement ont honteusement cautionné le massacre de plus de 300 Frères musulmans et embouché les trompettes des militaires en qualifiant leurs frères égyptiens qui étaient au pouvoir il y a un an, de terroristes. Une Honte !!! Le paradoxe est que, un an plus tôt, les Égyptiens avaient accordé leurs suffrages (plus de 51%) aux "terroristes" dirigés par M. Morsi? Radio France International (RFI) comme presque tous les grands médias occidentaux préfèrent éviter l’expression coup d’État. Pourquoi, parce que tout ce qui islamiste, même pacifiste, dans l’imaginaire occidental doit être combattu. À qui viendra-t-on encore psalmodier les leçons de démocratie.
Où est donc la communauté des intérêts dite communauté internationale? Où est le Conseil de discipline des Nations unies, communément appelé Conseil de sécurité? Où est la Cour pénale internationale (CPI), avec sa procureure Fatou Bensouda qui s’acharne sur les Africains victimes du délit du faciès ? Où sont les organisations de défense des droits de l’Homme (Human Rights Watch et Amnesty International) ? Ils sont tous muets comme si la tragédie égyptienne était inscrite dans leur agenda caché. It’s shameful and morally unacceptable. L’avenir de l’Égypte et de certains pays arabes dépend de la dénonciation de ces ignominies commises par des assassins au nom de la lutte contre le terrorisme et soutenues par des « démocrates » occidentaux.
Jean-Bosco Talla

Un coup préparé à l’avance par les militaires?
Claire Talon, Le Monde du Dimanche 7 et lundi 8 juillet 2013, p.3.

Un « soulèvement populaire appuyé par l'armée », telle est la version officielle de la destitution de Mohamed Morsi. Pourtant, des sources concordantes provenant des Frères musulmans, de l’armée et des renseignements, ont affirmé à l’agence de presse AP que la destitution du président égyptien avait été décidée par les militaires dès le 23 juin, une semaine avant la manifestation du 30 juin, qui a poussé des dizaines de millions d’Égyptiens dans la rue.
D’après un porte-parole des Frères, «le général Al-Sissi n'était prêt à accepter aucune des concessions que le président était disposé à faire ». Le message était : « Ou vous partez ou on vous met en prison. » Des ambassadeurs occidentaux, dont l’Américaine Anne Patterson, auraient prévenu les Frères. Ayant appris que M. Morsi cherchait des soutiens dans l’armée, le général Al-Sissi aurait envoyé des troupes d’élites s’assurer des commandants contactés par le président.
A l’appui de ces révélations, le journal égyptien Al-Watan a révélé, le 5 juillet, l’enregistrement du dernier dialogue entre Abdel Fattah Al-Sissi et Mohamed Morsi, datant du mardi 2 juillet. On y entend le ministre de la défense déclarer au président qu’il doit partir.
«Mais c'est un coup d'État militaire. Les Américains ne le permettront pas, répond M. Morsi.
- C'est la volonté du peuple, pas celle de l'Amérique qui nous importe, et puisque tu parles comme ça, je vais être franc avec toi: nous avons plein de dossiers détaillés qui t'accusent de comploter contre la sécurité du pays et la justice, et vous serez jugés pour ça.
- Et si je refuse?
- C'est déjà fait, ça ne dépend plus de toi. Pars avec dignité!
- C'est moi qui t'ai nommé, je peux te révoquer.
-J'ai été nommé par la volonté de l'armée, tu le sais très bien. Tu ne peux pas me révoquer, tu n'as plus aucune légitimité. »
A l’appui de l’hypothèse d’un coup préparé, des détails troublants ont accompagné la destitution du président. L’armée aurait fait filmer par ses avions les images des manifestations du 30 juin avant de les diffuser aux agences de presse. Les coupures d’électricité et les pénuries de gaz et d’essence ont mystérieusement cessé dès la destitution de M. Morsi, alors que ce problème avait miné sa légitimité depuis des mois.
Claire Talon (Au Caire)
N.B: C'est moi qui souligne en mettant en exergue certains passages