La réforme du système électoral camerounais

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 « Aucune institution politique ne contribue sans doute autant que le système électoral et le régime des partis à modeler le paysage politique d’un pays. Et aucune ne témoigne d’une plus large diversité. [...]
Les systèmes électoraux sont en perpétuelle évolution. L’une des raisons en est qu’aucun système ne peut satisfaire tous les critères. Il faut, là encore, faire des compromis. En choisissant un système, on privilégie certaines valeurs au détriment d’autres.» Robert Dahl, De la démocratie, Yale, Nouveaux horizons, 1998, p. 125.
 La lutte pour la conquête et la conservation du pouvoir politique au Cameroun indépendant, qui a pris forme pendant les années cinquante et s’est prolongée jusqu’à nos jours, semble avoir pris un nouveau tournant avec la décision du président de la République Paul Biya d’instruire le Gouvernement aux fins de l’ouverture de consultations en vue de l’élaboration d’un code électoral unique. Cette décision fait elle-même suite à l’annonce par Elecam d’une refonte des listes électorales fondée sur les techniques de la biométrie. En réaction, l’attitude des « partenaires » politiques et sociaux du Gouvernement est mitigée. Elle oscille entre méfiance et espoir. Espoir, car, en politique, comme dans tout système dynamique, l’immobilisme total ou absolu n’existe pas et signifie simplement que ce système évolue, mais lentement. Méfiance, parce que dans la mémoire collective, depuis plus de cinquante ans, l’organisation des élections au Cameroun constitue moins un processus normal dans la vie d’un système qui se veut démocratique qu’une démonstration de force de la part du pouvoir régnant, ses partisans et thuriféraires n’hésitant pas de clamer à hue et à dia qu’en démocratie on n’organise pas les élections pour les perdre, mais pour les gagner à tout prix et à tous les prix.

En effet, l’attitude politique du Gouvernement du Renouveau, caractérisée par un recours récurrent à la ruse, au mensonge et à la force pour imposer en dernier ressort ses positions à ses «partenaires», n’incite pas à la confiance. D’autant plus que les élections qui ont toujours été un rituel de soumission et d’allégeance au monarque présidentiel et  le revirement du président Biya ne semblent pas avoir été motivés par un rapport des forces politiques qui lui demeure, somme toute, favorable. Quel est donc le fait sociopolitique nouveau qui a pu le déterminer ? Cette détermination nouvelle, intervenue une dizaine d’années après les premières revendications de l’opposition relatives au code électoral unique et au fichier électoral, obéit-elle à une démarche de stratégie politique ?

On se souvient que le retour du Cameroun au pluralisme politique avait été commandé par une modification fondamentale des rapports de forces dans le champ des relations internationales, notamment dans la deuxième moitié des années quatre-vingt. Le partenaire stratégique français tirait alors les conséquences de cette nouvelle donne politique internationale et réajustait son appui financier au pays du pré-carré africain en le fondant sur le critère du « progrès démocratique ». C’est cette contrainte, plus que d’autres, qui a conduit le président Biya à lâcher du lest et à ouvrir le champ politique camerounais à la concurrence partisane. Toutefois, cela s’est fait avec une bonne dose de roublardise, de mensonge et de force, à telle enseigne que le système né de l’Unc conserve toujours la haute main sur l’orientation de l’ensemble du processus politique, et notamment électoral, camerounais.

Reprenant donc habilement d’une main ce qu’il a été contraint de céder de l’autre, il est difficile pour l’observateur profane du jeu politique camerounais de comprendre la tournure actuelle de l’actualité politique marquée, de façon fort surprenante, part un fléchissement inattendu du chef de l’État camerounais, au moment où il semble pourtant détenir toutes les cartes en main. Il est difficile de croire qu’il se contente de donner suite à des promesses politiques ou électorales faites au lendemain de sa « brillante victoire » à l’élection présidentielle du 9 octobre 2011. En effet, il est établi qu’en politique « les promesses (électorales) n’engagent que ceux qui y croient ». De même, il est de notoriété publique qu’en politique, les concessions ne s’opèrent qu’en fonction de modifications significatives dans le jeu très complexe des rapports de forces et d’intérêts en présence. La difficulté vient de ce que ces modifications ne sont pas clairement perceptibles dans le champ politique camerounais. Peut-être faudrait-il, à nouveau, les rechercher dans le champ politique international ?
Effectivement, cela ne serait pas du tout un fait nouveau sur l’échiquier politique camerounais. La démission du président Ahidjo lui-même n’avait-elle pas été, malgré tout ce qui se dit à ce sujet, commanditée de l’extérieur ? Mieux, l’annonce par lui-même de sa démission de la tête du parti unique Unc le lendemain même du jour où il assurait pourtant sur les ondes d’une radio française qu’il ne le ferait jamais, achève de consolider l’opinion dans la certitude d’une intervention externe dans les affaires politiques camerounaises. Tout semble donc indiquer que les chefs de l’exécutif camerounais se déterminent fondamentalement en fonction des contraintes internationales.
Le Camerounais ordinaire sait, par exemple que les gouvernements occidentaux, y compris et principalement les gouvernements français et américains, donnent des signes d’exaspération vis-à-vis des dysfonctionnements chroniques et récurrents observés dans le déroulement des différents scrutins au Cameroun, depuis le retour du pluralisme politique en 1990. On se souvient notamment des frictions qui ont longtemps émaillé les rapports entre le gouvernement camerounais et l’ambassade des États-Unis d’Amérique. Il nous vient aussi à l’esprit les différentes correspondances récentes adressées par certains gouvernements occidentaux, notamment français, au président Paul Biya, visant une amélioration effective et rapide du système électoral camerounais et la mise en place des institutions prévues par la loi constitutionnelle du 18 janvier 1996, dont notamment, le Conseil constitutionnel, le Sénat et les Conseils régionaux.
Au-delà des éléments disparates et imprécis, le Camerounais ordinaire demeure encore ignorant des mécanismes complexes et très souvent confidentiels qui commandent les relations de son gouvernement avec les différents « partenaires » et qui déterminent, pour ainsi dire, la transformation du paysage et de l’environnement politique camerounais via, notamment, l’évolution de son système électoral.

Aussi les éminents panélistes ont-ils éclairé le public sur les points suivants :
1. Historique de l’évolution de la pratique électorale et du système électoral au Cameroun de 1950 à nos jours. (Mathias Eric Owona Nguini).
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2. Stratégie politique de conservation du pouvoir du régime Rdpc et évolution du système électoral camerounais. (Dr Alawadi Zelao)
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3. L’influence des «partenaires» nationaux du Gouvernement sur l’évolution du système électoral camerounais (Hilaire Kamga)
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4. Au-delà de la liberté et de la transparence du système électoral camerounais prônée par le régime Rdpc, quelles conditions de fond faut-il remplir pour une alternative crédible? (Christine Andela, membre de Dynamique citoyenne)
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5. Quel est le poids des « Partenaires » internationaux dans les enjeux de la réforme du système électoral camerounais ? (Rodrigue Mboda, Consultant)
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Modérateur: Jean-Bosco Talla
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