Au pays des Aveugles les Myopes sont Rois

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A propos de l‘optique gouvernant des Grandes Réalisations et des Projets Structurants
Depuis quelque temps-en fait avec l’adoption en forme d’affichage d’un cadre stratégique prospectif (présumé) de planification et d’aménagement du territoire composé du DSCE et de la vision 2035, le groupe gouvernant affecte de sortir de sa proverbiale inertie doctrinale et conceptuelle en la matière. Dans la foulée, le régime du Renouveau National fondé sur le complexe Paul Biya-Rassemblement Démocratique du Peuple camerounais(Rdpc), verse même dans une démarche tapageuse, multipliant des actes d’exubérance verbale pour évoquer le triomphe à venir de ses choix de politique structurante. Longtemps campé dans une posture vélléitaire de politique économique lui interdisant de formuler et d’expérimenter des références et référentiels devant modéliser et modeler sa guidance en la matière, le bloc gouvernant camerounais mobilise désormais le registre  de la grandeur (Grandes Ambitions, puis Grandes Réalisations).
Le recours à la mise en scène de la rationalité opératrice et anticipatrice de la vie quotidienne du groupe gouvernant camerounais en matière de politique économique participe d’un appel abondant aux ressources symboliques

et idéologiques de la communication politique gouvernementale et pro-gouvernementale en forme de présentation compassée et complaisante de soi. Il y a là une démarche idéologique travaillant à faire croire que les choix gouvernants en matière de politique économique et leurs fondements d’économie politique sont à la fois doctrinalement pertinents et opérationnellement consistants ; cela de manière  à révolutionner l’imagination politico-économique du régime du Renouveau National entrée en léthargie entre le milieu des années 1980 et le début des années 1990, avec la subordination résignée aux solutions extraverties d’ajustement structurel.
Après avoir bénéficié de la magnanime caution de la communauté financière internationale qui lui a accordé l’atteinte du point d’achèvement de l’initiative PPTE (Pays Pauvres très endettés)-HIPC( High Indebted Poor Countries) au tournant de 2006, à l’issue d’un laborieux processus d’exécution des conditionnalités attendues, le gouvernement camerounais d’abord quelque peu timoré a finalement décidé de reprendre l’initiative doctrinale et stratégique sur le terrain du cadrage et du montage du développement. C’est cette posture débridée et / ou décomplexée-au moins en apparence-qui justifie l’optimisme insistant voire même suffisant du discours officiel du régime du Renouveau National sur sa capacité à conduire le Cameroun vers les terres sacrées et désirées de l’Emergence en 2035.

Triomphalisme
Lorsque le président Paul Biya, s’adresse à la Nation  camerounaise au titre du Message des vœux pour le Nouvel An, le 31 décembre 2012, il s’inscrit dans le triomphalisme idéologico-politique et idéologico-économique au sujet des fameux « Projets structurants », à travers lesquels le Cameroun est censé conduire sa modernisation émergente ou peut-être plutôt son émergence modernisatrice !
Il reste à savoir si les anticipations qui modèlent  cette posture triomphaliste  sont véritablement fondées et ne sont pas manifestement surfaites. Après tout, le fait pour un groupe gouvernant et son chef central de plastronner sur leur réussite économique à venir en s’appuyant politiquement sur le simple lancement d’un certain nombre de projets dits structurants, ne correspond pas raisonnablement à la délivrance d’un certificat de qualité et de crédibilité en ce qui concerne simultanément sa doctrine et sa machine de politique économique dans une posture qui se veut simultanément impériale et magistrale, le César présidentiel entend faire montre d’autoritas et de veritas en matière d’économie politique et de politique économique, quand il formule de manière verdictuelle et triomphale le bien-fondé de son action gouvernante en matière de développement à travers les Grandes Réalisations. En effet, le Message de vœux à la Nation camerounaise a donné l’occasion au Cesar-Président alors posé en Stratège-en-Chef devant conduire la machinerie politico-économique des Grandes Réalisations, de procéder à une évocation sentencieuse et tapageuse de la pertinence politique et économique des « Projets Structurants » forgés et lancés pour le compte de la République du Cameroun par son appareil gouvernemental qui tente à nouveau de faire croire-sans-convaincre-à sa capacité de développer ce pays longtemps promis au développement  et éternellement prometteur. Ce qui ne manque pas de créer du scepticisme à l’écoute du Président Biya s’exprimant sur les «Grandes Réalisations » et leur cours qu’il tient pour efficace, c’est le fait de conclure à la quasi inéluctable réussite d’un ensemble d’opérations et d’actions censées être structurantes , dont le process est bien loin encore de sa matérialisation réglée, séquencée, cadencée et maîtrisée. Quand on connait la profusion d’aléas informationnels, opérationnels et décisionnels qui compliquent la gouvernance au Cameroun, le style politico-communicationnel d’hypersatisfaction par anticipation dont Monsieur Paul Biya a fait montre, peut être interrogé. En effet, on peut se demander si le leader présidentiel camerounais ne présume pas de ses forces quant à la maîtrise matricielle politico-axiologique et technico-axiomatique du guidage et du pilotage systémiques et stratégiques de l’ensemble de ces « Projets Structurants ».
Le style communicationnel que le Président Biya a utilisé dans son Message de Vœux à la Nation correspond à l’énonciation politico-littéraire d’une optique immodeste et immodérée d’optimisme et de triomphalisme inconditionnels et/ou inconsidérés.
En effet, usant de la position et du discours d’autorité, le César-Président  entreprend de tancer et de sermonner tous les fieffés audacieux et prétentieux qui se montrent réservés, incrédules ou sceptiques quant aux hypothèses d’une définition intelligente et d’une instrumentation performante des projets structurants inscrits dans le cadre des grandes réalisations. Ce faisant, le Souverain-Prince trace un espace de censure expressive et discursive en jouant de sa puissance (il)locutoire de Grand Pontife d’Etat pour revendiquer et requérir l’infaillibilité pontificale aux fins de protéger la propagation de sa foi politico-économique gouvernante.

Souveraines admonestations
S’il est légitime pour un leader central dominant constitutionnellement et  institutionnellement les structures officielles et pratiques du présidentialisme césarien et prétorien de défendre la crédibilité de sa stratégie économique de gouvernance, un tel Prince ne peut pas se suffire de cela pour que l’activité y reliée de son appareil gouvernant ne soit mise en débat ! Ni les souveraines admonestations, ni les  présidentialistes imprécations ne peuvent constituer raisonnablement des barrières légitimes pour interdire la discussion politico-professionnelle, politico-technique, politico-bureaucratique ou politico-citoyenne sur la pertinence des politiques économiques adoptées par les puissances gouvernementales du complexe Biya-Rdpc-Renouveau national. L’évocation polémique de la « myopie politique » et de l’ « amnésie » de ceux qui interpellent et/ou critiquent l’appareil gouvernemental sur la perspicacité et la sagacité de ses orientations de politique économique structurante, ne saurait faire office de position en forme de dogme dans une société étatique et politique qui se dit démocratique.
Usant de sa pontificale stature, le Maître-Président tient à tout prix à figurer en Économiste- en-Chef de la Nation, déterminé à proclamer de manière verdictuelle, l’indiscutable et incontestable pertinence des choix gouvernants de politique structurante industrielle et infrastructurelle ! Pourtant, cette souveraine et doctrinaire attestation posé par un acte autorisé de langage d’une respectable institution étatique, qui correspond à une défense intransigeante des choix officiels et gouvernementaux de politique structurante, ne peut suffire à évacuer l’intérêt de toutes les perspectives critiques (politique, technocratique, scientifique ou citoyenne) d’évaluation stratégique et systémique de la forme du contenu et de la portée de ces choix. Rien n’oblige qui que ce soit à ne devoir avoir qu’à approuver le sens et la valeur des « Grandes Réalisations », à les tenir nécessairement pour des exemplaires camerounais des merveilles du monde.
La posture triomphaliste exprimée par le leader étatique camerounais dans son évocation des chances de succès politico-économique de son programme de « Grandes Réalisations » peut toujours être présentée et justifiée comme l’énonciation d’un volontarisme de politique économique manifesté par le régime du Renouveau National. Il reste à savoir si cette posture impériale et impérieuse de marquage hégémonique et gouvernant du territoire des options légitimes de définition et de gestion des politiques économiques en général et des politiques structurantes en particulier, suffit à conférer une valeur simultanément paradigmatique et pragmatique à ces options. Il ne nous parait pas évident de prétendre garantir la crédibilité des orientations décisionnelles et managériales de la politique gouvernementale en matière  de planification stratégique du développement et de conduite politique de l’aménagement du territoire par de telles manœuvres impératives de marquage. Il  parait peu prudent, sauf à verser dans la cultivation grandiloquente d’un volontarisme politico-économique purement discursif, et complètement déceptif, de plastronner sur une réussite encore imperceptible et improbable des « Projets Structurants » alors même que l’instrumentation de ces opérations de consolidation des infrastructures et de redynamisation de la création d’industrie n’en est qu’à la politique de (la) pose des premières pierres ! Cela ne peut avoir d’autre valeur que celle d’un affichage intempestif soutendu par un penchant pour une économie politique de l’illusionnisme déclaratoire et de l’enchantement déclamatoire. C’est qu’à l’analyse, une telle posture n’établit pas per se le bien-fondé processuel, opérationnel et matériel des projets industriels et infrastructurels retenus par le Renouveau National au titre de « Projets Structurants ». Rien ne nous assure que dans la présentation et la réalisation de ces  « Projets Structurants », le Cameroun puisse développer et déployer une véritable  consistance techno-processuelle, techno-managériale et  techno-organisationnelle autonome, seule à même de faciliter une absorption et une assimilation maîtrisées, planifiées et pilotées de ces Grands Projets. Il semble effectivement important pour le Cameroun de disposer en propre du savoir-faire systémique et stratégique d’ingénierie et de technologie qui est nécessaire pour maîtriser tous les volets de la matérialisation de ces projets et domestiquer leur localisation dans chacun des secteurs et branches économiques d’activités qui sont explorés et mobilisés. Or, le Cameroun n’a pas prouvé même dans la mise en scène de ces projets censés être structurants et développés, qu’il avait le capital techno-structurel et techno-stratégique dûment organisé et managé pour contrôler leur processus  avec intelligence, pertinence et efficience afin de construire avec d’importantes chances de réussite politique et économique, un programme infrastructurel et industriel à vocation modernisatrice comme celui qui est annexé au catalogue présenté par les « Grandes Réalisations », il faut disposer en propre  d’une élite diversifiée, structurée et spécialisée de professionnels nationaux et/ou officiels maîtrisant le management systémique et complexe des (grands)projets infrastructurels  et industriels. il est également important que le Cameroun ait structuré de manière organique et technique une élite  hautement qualifiée de Planificateurs-Polytechniciens maîtrisant les exigences simultanément politiques, bureaucratiques techniques, technocratiques et scientifiques de la programmation cohérente et consistante des projets infrastructurels ou industriels. Cela suppose  aussi que pour les politiques  structurantes, ont  été mis en place un mécanisme opérant de type commissariat général de planification.
Sans une élite nationale et/ou officielle organiquement et stratégiquement formée à une diversité  de maîtrise des fonctions et fonctionnalités de la programmation de système et de planification stratégique, le Cameroun ne peut constituer et disposer  une véritable consistance techno-capacitaire basée sur la maîtrise des opérations monumentales de construction d’industrie ou d’infrastructures. Ce n’est que de cette manière que le Cameroun disposerait vraiment de la puissance systémique stratégique et technique d’analyse qui est nécessaire pour éclairer le processus décisionnel de formulation et de matérialisation des Projets Structurants, ceci conformément aux règles de l’art. Malheureusement, il ne semble pas que le Cameroun ait posé de manière profonde et durable les bases d’une telle organisation structurale, managériale et procédurale pour pouvoir distinguer le bon grain de l’ivraie dans une ingénierie gouvernante multi-métiers de construction des choix structurants encore pratiquement rudimentaires.
Manifestement, la vision gouvernante et officielle des modules industriels et infrastructurels des « Grandes Réalisations » s’auto-hynoptise de manière complaisante, en croyant assurée la matérialisation colossale de ses implantations et installations parce que certaines de ses opérations ont donné lieu à des poses de première pierre ! Même pour le bon sens, il est évident qu’une opération industrielle et infrastructurelle ne voit sa faisabilité définitive garantie contre tout risque d’avortement opérationnel et processuel du seul fait qu’on a lancé les chantiers à mener. Ce serait oublier toute la mémoire sociale et technique sur les carcasses et cadavres de projets industriels avortés, inachevés, désaffectés ou démantelés qui jonchent l’histoire politique et économique du Cameroun. En d’autres termes, cela veut dire que l’imprimatur idéologique et doctrinal donné par le César-Président aux « Grandes Réalisations » n’exorcise pas la menace fort réaliste d’avoir de nouveaux éléphants blancs.

Cellucam
C’est une vision économico-politique archaïque qui veut faire croire que la visualisation souveraine et princière des montages infrastructurels et industriels matérialisant les « Projets Structurants » immunise ceux qui y procèdent contre le risque politico-technologique et politico-financier de la mise en place d’équipements pseudo-pharaoniques coûteux, dispendieux et inutiles ! Il ne suffit pas de pontifier doctrinalement et doctrinairement sur le gigantisme des « Grandes Réalisations » pour garantir que les projets qui sont envisagés et opérationnalisés à ce titre, vont mener nécessairement à des mastodontes productifs ou processifs (rentables et profitables) plutôt qu’à des complexes improductifs ou semi productifs conduisant alors à la construction d’une nouvelle génération d’éléphants blancs comme les opérations Cellulose du Cameroun (Cellucam) ou Société camerounaise des engrais (Socame)
À l’analyse politique ou technicienne, il apparait la formation de multiples risques que les projets infrastructurels et industriels rangés dans le cadre de la stratégie planificatrice et programmatrice des « Grandes Réalisations », aboutissent pour nombre d’entre eux à la construction de nouveaux cimetières technologiques et tonneaux de Danaïdes financiers, ne peuvent être a priori éludés. Rien ne nous indique – surtout quand on a en mémoire l’histoire politico-économique du Cameroun des années 1970 à 1980 qu’à coup sûr, l’art politico-économique camerounais qui a dû faire face dans ces décennies à de nombreux miracles industriels annoncés en définitive transformés en de foireux mirages industriels constatés, soit désormais complètement protégé conte toute nouvelle mésaventure technologique, commerciale, financière et managériale de ce genre. Ce qui est vrai pour les opérations industrielles, l’est également pour les infrastructures.
En se fondant à nouveau sur  une économie politique de Grand Papa comme celle qui avait inspiré la stratégie développementale houphouêtiste alias « le miracle ivoirien », faisant de la dépendance développante et structurante, son mécanisme opérant, le Président Paul Biya ne veut pas tirer les leçons politiques, économiques et stratégiques de son illustre devancier et un temps homologue de Côte d’Ivoire. Campé dans une posture relevant pour l’essentiel d’un modèle néocolonial et néo-patrimonial de développement bâtie sur une économie politique de rente et d’extraversion, le dirigeant central camerounais croit se distinguer de son prestigieux aîné ivoirien et client en croyant réinventer la roue à travers des options de consolidation infrastructurelles et redynamisation industrielle s’appuyant en fait sur une vision surannée et extravertie de développement dépendant.
A l’examen, la politique programmatique des « Grandes Réalisations » paraît plus clamée qu’appliquée, au moins jusqu’à plus ample informé, ne paraît pas correspondre à une perspective doctrinalement intelligente et instrumentalement pertinente de politique économique structurante et développante, pour engager à de nouveaux frais, un processus substantiel et structurel de formation de la valeur ajoutée par le biais de montages industriels et infrastructurels censés être opérants, innovants et structurants. Cela apparaît dans la confiance excessive manifestée par la position présidentielle sur les « Grandes Réalisations » et les « Projets Structurants » à l’ engineering (ingéniérie) et au processing (réalisation) d’opérations essentiellement dépendantes de bailleurs de fonds étrangers.

Installations Potemkine
A entendre le discours gouvernant de politique (économique) structurante, même porté par la plus haute autorité politico-institutionnelle dans le système étatique camerounais, le Président de la République, l’on ne sort pas des sentiers battus d’un modèle néocolonial d’industrialisation et d’équipement infrastructurel générateur d’éléphants blancs et d’installations Potemkine. C’est que le groupe gouvernant et son Maître étatique central ici posé en Economiste-en-Chef n’ont pas modelé leurs «Projets Structurants » sur la base d’une matrice doctrinale d’action fondamentalement basée sur l’internalisation des capacités et des opportunités comme dynamique-clé de ces opérations de création d’industries et d’infrastructures. Leur optique politico-économique et économico-technique pour orienter le cadrage et le montage des projets dits structurants reste fortement modelée par la logorrhée économique techno-idéologique néo-impériale et néo-libidinale du libéralisme global faisant des investissements directs étrangers, l’arme fatale des batailles pour le développement.
En fait, au-delà de l’affichage simulateur et/ou gesticulateur du volontarisme planificateur et aménageur du gouvernement contrôlé par le complexe dominant Paul Biya-Rdpc-Renouveau national, la conception et la concrétisation des différents modules de politique structurante infrastructurelle et industrielle exécutés et managés dans le cadre du programme des « Grandes Réalisations » restent essentiellement marquées par le complexe du vieux Nègre et de la Médaille (celui des néocolonisés consommateurs de doctrines extraverties et/ou extravagantes. L’on n’y voit pas à l’œuvre des cadres fondamentaux et opérationnels sortant de schémas obligés et forcés d’une consolidation et d’une conversion industrielles et infrastructurelles toujours dépendantes et clientes des finances et du savoir-faire technologique de partenaires étrangers.
Même un projet comme le complexe industrialo-portuaire de Kribi censé implanter un dispositif de structuration et de densification de savoir-faire industriels nationaux, ne sort pas plus que les autres projets de la cartographie classique d’une industrialisation d’enclave ; laquelle industrialisation même énoncée avec un habillage néo-libéral et globalo-libéral demeure peu entrainante pour les formations territoriales locales, régionales et nationales inscrivant  ces projets dans les structures et systèmes camerounais autochtones et autonomes de production et de développement. Dans de telles conditions, les opérations de créations d’infrastructures et d’industries qui sont exécutées et menées, ne le sont pas de manière à installer et implanter un processus acclimaté et internalisé de développement innovant et structureant aux plans sectoriels,  structurels et systémiques.
Les schémas de politique infrastructurelle et industrielle qui continuent à transparaître dans la coordination gouvernante des « Projets Structurants » compris au titre des « Grandes Réalisations» ne sont pas basés sur une mise en exergue de la capacité officielle à assurer la multiplication planifiée et réglée de la création de pépinières industrielles, entrepreneuriales et ingénieurales qui sont pourtant nécessaires en vue de l’implantation d’une véritable Capacité Nationale d’Industrialisation et d’Equipement Infrastructurel.
Dans tout cela, il est patent que le Cameroun ne peut initier de manière forte une politique d’envol économique basée sur la propulsion de ses industries et la sophistication de ses infrastructures, sans structurer une élite à la fois officielle et professionnelle d’organisateurs et de planificateurs polytechniciens.  
En l’absence d’un véritable élite systémique et stratégique d’Inspirateurs et d’Initiateurs capables de construire stylistiquement et logistiquement des modèles à la fois modernes et tropicaux de Planification et de Programmation complexes des Programmes et Projets de Développement, le Cameroun ne maîtrisera pas même au titre du contrôle et du suivi – en excluant les domaines opérants de l’ingénierie-conseil et de l’ingénierie opérationnelle, les différents volets nécessaires à la maîtrise industrielle et infrastructurelle de l’Émergence proclamée et/ou recherchée. Il est évident qu’une telle démarche de propulsion politico-économique destinée à atteindre les hauteurs et grandeurs de l’économie mondiale (actuelle) de productivité et compétitivité, ne peut être conduite en l’absence de capacités collectives d’ingénierie managériale, processuelle, commerciale et entrepreneuriale ou d’Intelligence doctrinale, conceptuelle et scientifique qui sont impliquées par nos analyses et hypothèses sur le rôle essentiel d’une Elite Stratégique et Systémique formée et agrée par l’Etat..

Partisans-Courtisans
Lorsque le leader central, son appareil de domination et ses bataillons de Partisans-Courtisans posés en artisans invétérés d’une gouvernance laborieuse, plastronnent sur les capacités de leur régime à conduire avec succès  ce qui leur tient lieu d’initiatives industrielles, cela ne suffit pas à faire la preuve qu’ils ont à portée de main et à disposition l’ingénierie intégrée et appropriée pour le faire. Il ne suffit pas en effet de taper sur la poitrine, en fanfaronnant autour de la pose des premières pierres, pour donner les gages de ce que l’on  saura concrètement mettre en place les complexes industriels dont on se gargarise par anticipation. Le groupe gouvernant doit d’autant plus faire preuve de modestie qu’il traîne de nombreuses casseroles en ce qui concerne la configuration et la matérialisation de ses choix politico-industriels qui ont très souvent donné lieu à des éléphants blancs.
Croire qu’une économie politique digne de la Case de l’Oncle Tom, c’est-à-dire complètement modelée et imprégnée par des conditions et rapports néocoloniaux ou quasi-coloniaux de domination et de production, peut produire des initiatives industrielles et infrastructurelles effectivement modernisatrices, c’est croire qu’on peut bâtir des « Projets Structurants » comme on construit des Châteaux en Espagne !
Il demeure difficile pour une élite de compradores pseudo-bourgeois et vrais kleptocrates de sortir d’un modèle politico-économique de patrimonialisation prédatrice et spoliatrice pour que ces hégémon-parasites d’État demeurent marqués par l’éthos ostentatoire et jubilatoire du consumérisme néocolonial recyclé par l’éthique de la cupidité libidinale du global-libéralisme.
En définitive, on peut dire que le groupe gouvernant du Renouveau fait pire qu’être politiquement myope, lorsqu’il plastronne et fanfaronne autour de la pose de premières pierres présentée comme gage peu contestable du succès à venir de la politique des « Grandes Réalisations ». Ce groupe gouvernant fait montre de surdité politico-idéologique et surtout de cécité politico-stratégique. Si les myopes ne voient pas de loin et au loin, si les hypermétropes ne voient pas de près, il est sûr que les aveugles n’y voient rien. Le Renouveau National se trompe en mettant au goût du jour sans réflexion critique, sans évaluation technique et sans ré-interrogation stratégique la logique déceptive et défective du mirage ivoirien. Il lui faut alors écouter les myopes parce qu’il est aveugle et qu’au pays des aveugles les myopes sont rois !!!.
Mathias Eric Owona Nguini
* Les intertitres sont de la rédaction
Ce texte a été publié dans Germinal n°081 du 23 janvier 2013.