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Les dernières folies de Paul Biya à Paris - Le Dossier

Les dernières folies de Paul Biya à Paris - Le Dossier

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Index de l'article
Les dernières folies de Paul Biya à Paris
Paul Biya boude l’hôtel de Sarkozy
Les reliques de l’histoire
L’appel du Crillon
La bombe de La Baule
Intercontinental : le meilleur et le pire
En court séjour privé
Paul Biya serait-il malade ?
Les fleurs du mal
Comme une vache à lait
PostSriptum
Toutes les pages

L’appel du Crillon

Pendant longtemps, l’hôtel De Crillon, à Paris, a été une escale privilégiée du chef de l’État du Cameroun.

Après avoir assisté, en août 2004, sous l'invitation de son homologue Jacques Chirac, aux cérémonies marquant le soixantième anniversaire du débarquement des forces alliées en Provence, le président Biya va établir sa base à Paris, à l'hôtel De Crillon. Il s'est installé avec sa famille et une importante délégation constituée essentiellement de ministres, gardes du corps, et accompagnateurs divers. En tant que premier responsable d'un État souverain et riche, l'hôtel De Crillon est certainement digne d'abriter le président Biya et sa suite. Mais seulement, dans un pays qui ploie alors sous le coup des conditions draconiennes du Fonds monétaire international (Fmi), qui exige notamment une réduction drastique des dépenses liées aux déplacements officiels estimés à près de 8 milliards au cours de l'exercice budgétaire passé, il n'était pas superflu de s'interroger sur les coûts d'un séjour présidentiel dans cet établissement, un des plus prestigieux au monde.
C'est en 1758 que le Roi Louis XV confie au plus grand architecte de son temps, Jacques-Ange Gabriel, l'édification des deux façades de la place de la Concorde. C'est derrière l'une de ces majestueuses façades de ce chef-d'œuvre de l'architecture du 18e siècle que sera construit un somptueux hôtel particulier décoré par les meilleurs artistes et artisans de l'époque. L'hôtel de Crillon qui vient de naître est alors conçu pour recevoir les Ambassadeurs extraordinaires. Longtemps propriété de la famille Crillon, l'hôtel est, en 1909, transformé en Palace. C'est à ce titre que, depuis cette date, il accueille les voyageurs du monde entier à la recherche de confort et de services dans le grand luxe d'un ancien hôtel particulier parisien. D'une surface totale de 350 m2, les quatre chambres et les trois salons qui composent les trois suites présidentielles de l'hôtel De Crillon sont, selon la direction de l'établissement, des symboles éloquents de l'art de vivre français. Rénovés et décorés en 2001 par l'architecte d'intérieur Sybille de Margerie. La décoration de ces suites, qui dominent la place de la Concorde, est digne du rang de l'établissement dans le monde. Les tissus de soie des plus prestigieuses maisons françaises, le mobilier d'époque et les parquets en points de Hongrie respectent la tradition et le raffinement du style Louis XV et Louis XVI.

Calcul
Le passé prestigieux de l’hôtel a une incidence sur les prix des chambres. Dans ce domaine, selon les tarifs en vigueur pour la période allant du 1er janvier au 31 décembre 2004, l'on compte par exemple trois catégories de chambres : les chambres simples dites "de luxe" dont le prix oscille entre 490 et 585 par nuit (soit environ 321.000 et 384.000 F.Cfa); la chambre double supérieure 383.300 à 436.000 F; la chambre double "de luxe" 442.000 à 501.000 F et la chambre double exécutive qui va de 514.000 à 567.000 F. Pour ce qui est des Suites, c'est tout autre chose. Pour une nuit passée dans la Junior suite, il faut débourser entre 632.000 et 740.500 F. Le coût d'une suite simple est fixe, 740.000 F. Celui des Grands appartements va de 1.124.000 F en montant. Le prix d'une nuitée dans ces suites présidentielles ne figure malheureusement pas dans le tarifaire fourni par l'hôtel De Crillon. Tout juste la direction de l'Hôtel révèle que la réservation se fait "sur demande". Autant sortir les calculettes.
En prenant le cas de figure où le chef de l'État et son épouse étaient logés dans l'un des Grands appartements de l'hôtel et non dans l'une des suites présidentielles. On serait alors au minimum dans l'ordre de 1.124.000 F/nuit. Selon la presse dite d'État, le président Biya était à Paris depuis au moins quatre jours. Si la présence des enfants nécessite des lits supplémentaires, la note passait alors à environ 59.000 f par lit. Dans le cas où tout se beau monde aurait un petit creux au réveil, au choix, le petit déjeuner continental s'élevait par personne à 19.500 F et le petit déjeuner américain est d'environ 29.500 F. L'on constate donc que, toujours selon ce cas de figure, en dix jours de présence à Paris, le calcul est vite fait : les seuls frais de logement du chef de l'État étaient au moins de l'ordre de dix millions de F. Ce serait oublier que Paul Biya était accompagné ‘’d’une importante délégation’’. Aux dires des responsables de la présidence de la République, outre le chef de l'État et sa famille, la délégation comprenait au moins une vingtaine de membres. Si l'on prend, disons, 20 personnes, tous logés dans les chambres les moins chères de l'hôtel, c'est-à-dire celles dites "de luxe" dont le prix oscille entre 321.000 et 384.000 F, l'on constate que les chiffres n’étaient pas moins importants. Si l'on prenait simplement la somme de 321.000 F que l'on multipliait par 20, l'on était à près de 6,5 millions de Francs de dépenses journalières. Une somme qui s'allongeait au fil de la durée de séjour du chef de l'État en France. À cela il fallait ajouter les per diem et autres frais de mission qui sont en règle générale allégrement distribués en pareille occasion. Selon quelques sources proches de l’organisation des voyages présidentiels, le minimum dépensé, pour une dizaine de jours, était de 150 millions de francs Cfa.