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Médias Au nom de notre amitié - Médias

Au nom de notre amitié - Médias

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Index de l'article
Au nom de notre amitié
Pius Njawé: Fin tragique d’une vie titanesque
Pius N. Njawe plus vivant que jamais
Pius Njawé : Né pour combattre
Pius N. Njawe: Bloc-notes du Bagnard
Toutes les pages

Une plume en or se casse brutalement

Cruel destin que le sort qui a été réservé à Pius N. Njawe. Certes, l’annonce de son décès brutal, alors que personne ne s’y attendait, a crée la désolation. Mais, son mérite est d’être mort au front, comme beaucoup d’autres combattants qui l’ont précédé.

Dans la nuit du lundi 11 au mardi 12 juillet 2010, la nouvelle, cruelle et inadmissible, circule, telle une trainée de poudre, dans la capitale camerounaise et peu après, sur l’ensemble du territoire national : Pius Noumeni Njawe, président du groupe de presse Free Media Group, entreprise émettrice du quotidien Le Messager dont il est par ailleurs directeur de la publication, est décédé en Virginie, aux Etats-Unis, ce mardi 12 juillet 2010, dans un accident de circulation. Tel un couperet qui s’abat sur des mouches, l’information qui circule déjà sur la toile, assomme. C’est l’émoi, la stupeur et la consternation au sein de la corporation et, d’une manière générale, auprès du peuple ; la communauté internationale qui s’est montrée tout aussi abattue par le cruel destin de Pius Njawe n’en est pas du reste (voir article ci-contre).
Personne, jusque-là, ne comprend ce qui s’est réellement passé. Que ce soit à la direction générale du journal à Akwa à Douala, à l’Agence régionale du Centre Sud et Est à la montée Anne Rouge à Yaoundé ou même au sein de la famille de M. Njawe à Babouantou (son village natal) et ailleurs au Cameroun, l’on est confus. Mais, en attendant d’y voir plus clair, beaucoup de proches, sympathisants et confrères de celui qui est considéré comme "le Mandela" de la presse camerounaise, ont déjà perdu la voix. "[…] je n’ai pas de mots !... Mon émotion est… je n’ai pas de mots […] ". Cette émouvante réaction de Séverin Tchounkeu, Directeur de la publication du quotidien La Nouvelle Expression, parue dans Le Jour du 14 juillet 2010, est représentative de la douleur ressentie un peu partout par tous.

Soupçon d’assassinat
Les circonstances tragiques dans lesquelles Pius N. Njawe a été ôté à la vie laissent planer une présomption d’exécution contre le combattant des droits de la presse et des droits de l’homme tout court qu’il n’avait jamais cessé d’être, en dépit de l’adversité. «  Etat Unis. Comment Pius N. Njawe a été tué… », a titré en grande une le journal "A l’écoute du peuple", édition n° 3141 du mercredi, 14 juillet 2010. Ce titre sur fond noir qui accompagne une belle illustration du combat mené par le fondateur de Le Messager exprime, de manière ambiguë, le sentiment qui a habité les employés de ce groupe de presse. Ce sentiment se précisera le lendemain, dans l’édition du 15 juillet dont le grand titre, interrogatif certes, ne fait aucun mystère sur les supputations autour de cette mort brutale : « Décès de Pius N. Njawe. Accident ou exécution ? », peut-on lire à la une. En lisant les articles consacrés à ce triste évènement, l’on se rend en effet bien compte qu’au Messager, l’on a du mal à comprendre pourquoi l’itinéraire du  patron du Free Media Group qui devait le conduire à Maryland chez un de ses amis d’enfance, tonton Nganyang Tchabong, a été modifié ? Bien plus, « pourquoi est-ce que l’hôtel n’a pas transmis à Pius N. Njawe le message de cet ami d’enfance ? », s’interroge notre confrère, tout comme il se demande comment cet accident a-t-il pu arriver dans un pays où des mesures sont régulièrement prises pour éviter l’irréparable ? Des questions et bien d’autres qui troublent et dont des réponses peuvent y être trouvées grâce à l’enquête que la police de l’Etat de Virginie a ouverte pour en savoir davantage sur les circonstances de cet accident paru dans un premier temps banal pour la police de cet Etat, mais qui par la suite a fait l’objet d’une attention particulière, du fait de l’écho qu’il a eu dans le monde.
Chez les autres confrères, à l’exception du quotidien gouvernemental, Cameroon Tribune, et du journal du Rdpc, L’Action, qui se sont contentés d’une simple annonce, des pages entières, voire des éditions sont consacrées aux circonstances de la survenue de l’accident, aux grands moments de sa vie de combattant, aux dizaines de réactions et témoignages qui viennent de tous les coins du triangle national et de partout dans le monde, etc.

Le mérite d’être mort au front
L’impression qui se dégage de la revue de la presse que nous avons faites, est que pas un seul confrère, homme politique, membre de la société civile, homme de science et de culture, sportif, ne veulent louper l’occasion pour rendre un vibrant hommage à celui que Anicet Ekane du Manidem a qualifié de "racine de la presse privée". Cette semaine dans certains médias audiovisuels, sont rediffusées, en guise d’hommage, des entretiens que l’une des icônes du journalisme indépendant au Cameroun a accordés. Même les confrères étrangers tels que Babakar Touré du Sénégal, Diao Diallo de Guinée, etc., ne sont pas restés indifférents face à cette énorme perte.
Les réactions et témoignages sont donc nombreux qui tendent presque tous à montrer que le militant de la liberté d’expression et de la liberté tout court s’en est allé, dans un accident de circulation au pays de l’oncle Sam, terre des libertés, comme il a vécu : dans la douleur. Quel symbolique !  Ce coup du sort est d’autant plus symbolique que Pius N. Njawe qui est né dans le combat et a vécu dans le combat a fini par mourir au front, dans le combat, loin de la promiscuité d’un système sociopolitique qu’il a passé l’essentiel de sa vie à fustiger. Bon à savoir, c’est en réponse à une invitation de la Diaspora camerounaise aux Etats-Unis, réunie sous la houlette de la Cameroon Diaspora pour le Changement (Camdiac) que le combattant Njawe se retrouve au pays de Barack Obama. Notons que ce mouvement a organisé une convention le samedi, 10 juillet 2010, à Washington Dc., dont le centre d’intérêt portait sur les stratégies à adopter pour l’alternance en 2011, au Cameroun. Aux côtés de M. Njawe, de nombreuses personnalités qui animent, de l’intérieur comme de l’extérieur, la scène politique camerounaise à l’instar de Bernard Muna (Afp), Adamou Ndam Njoya (Udc), Victorin Hameni Bialeu (Ufdc), Eugène Nyambal (économiste), Mboua Massock (le père des villes mortes), Christopher Fomunyoh (Ndi), Guérandi Mbara (ancien putschiste), Célestin Bedzigui  (Camdiac), entre autres.
Iconoclaste jusqu’au bout, Njawe est ainsi tombé les armes à la main ; lui qui était déjà une référence, mieux, un maître et par ricochet, un fusible pour beaucoup de jeunes journalistes qui se sentiront à jamais orphelins. Mais y avait-il meilleurs récompense divine que de quitter la scène de cette manière, la mort étant inscrite dans nos gènes ?
Simon Patrice Djomo



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