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Le droi à l'Education n'est pas suppérieur aux autres droits fondamentauxLe droit à l’éducation est aussi important que tous les autres droits fondamentaux, dont notamment la liberté de réunion et manifestation publiques régulièrement bafoués par les sous-préfets. La contrainte, la repression et les tueries ne résoudront pas la crise anglophone.
De nombreux Camerounais partagent le point de vue de Paul Biya selon lequel « il n’est pas acceptable que l’on use de menaces, d’intimidations ou de violences pour obliger quiconque à adhérer à un mot d’ordre de grève. Il n’est pas non plus acceptable, que l’on prenne en otage l’éducation et l’avenir de nos enfants, dans le vain espoir de faire aboutir des revendications politiques. Si le droit de grève est légitime. Le droit à l’éducation l’est encore plus. Il s’agit d’un droit fondamental. A l’instar de leurs frères et sœurs des autres régions, les élèves et les étudiants du Nord-Ouest et du Sud-Ouest ont droit à l’éducation. Ils ont le droit de préparer sereinement leur avenir. »
Cependant, chaque jour qui passe semble convaincre les sceptiques sur l’incapacité de Paul Biya à gouverner le Cameroun. Surtout quand il tente de faire accroire que le droit à l’éducation est supérieur aux autres droits fondamentaux. Certes, suivant les résultats des dernières mascarades électorales tenue le 9 octobre 2011, les 13 avril et 30 septembre 2013, l’homme du 6 novembre 1982 et son Renouveau- Rdpc doivent rester à la tête du Cameroun jusqu’en…2018, année électorale. Sauf cas de force majeure ou à moins que Paul Biya ne proroge les mandats des députés, des maires et des conseillers municipaux, ou qu’il ne survienne un coup d’Etat biologique qui permettrait de rabattre les cartes du jeu politique.
Seulement, à 85 ans dont 35 passés sans discontinuer à la tête du Cameroun, Paul Biya multiplie des signes de sénilité. Le dernier en date est la gestion calamiteuse de la crise anglophone.
Comme le souligne à juste titre Hans de Marie Heungoup, analyste sur le Cameroun pour International Crisis Group. Répondant aux questions de Rfi sur la crise qui secoue la zone anglophone du Cameroun, il affirme : « Je crois que [Le niveau de tension] a quelque chose à avoir avec le degré de mauvaise gestion de la crise de la part du gouvernement en place qui a, peut-être, sous-estimé, ou mésestimé, le degré de frustration des populations des deux régions anglophones, non seulement vis-à-vis de la gouvernance politique mais peut-être aussi de ce qu’il perçoit comme discrimination. Et donc la stratégie habituelle qui consiste à utiliser le bâton et la carotte face aux manifestations, aux réclamations des associations de la société civile, en l’occurrence ici les enseignants et les avocats, n’a pas marché et donc a conduit à des bavures policières et au niveau de raidissement de tensions politiques que l’on observe. »
Pour l’analyste, le refus d’ouvrir une discussion sur la forme de l’Etat notamment sur le fédéralisme est dû au fait que « […] la politique camerounaise a été construite autour du mythe de l’unification avec le président de la République qui se présenterait comme père de la nation, garant de cette nation-là. La haute administration camerounaise et même le gouvernement est réticent vis-à-vis de l’idée de fédéralisme parce que ce serait non seulement de déposséder l’appareil central camerounais, les espaces et les pans de pouvoir, y compris les espaces et les pans de rente et de clientélisme. Ce serait aussi de permettre qu’il y ait, possiblement, de vraies expériences démocratiques à des échelles locales, lesquelles pourraient plus tard avoir un écho dans la manière dont les citoyens pourraient se positionner vis-à-vis à la longévité au pouvoir du président actuel. »
Certes on peut questionner, à juste titre, la position et les postures de certains syndicalistes-politiciens qui font du retour au fédéralisme à deux Etats la condition sine qua non de la poursuite du dialogue engagé avec les pouvoirs publics. Tout comme leur communication brouillée et non maîtrisée, leurs rhétoriques et la radicalisation de leur position laissent supposé laissent dubitatif de nombreux Camerounais. D’autant plus qu’avec les événements de Bamenda, ils sont rendus à l’évidence que les revendications corporatistes cachaient mal les revendications politiques, autrement dit qu’elles n’étaient qu’un prétexte pour des revendications politiques avec le fédéralisme aujourd’hui brandi comme solution au « problème anglophone » et le retour de l’expression West Cameroon. Il par conséquent légitime que ceux-ci perçoivent derrière les revendications d’un fédéralisme à deux Etats, un prétexte pour la sécession du Cameroun et l’avènement d’un Etat West Cameroon indépendant.
Il est certes vrai qu’un homme d’Etat ne doit pas transiger la souveraineté de l’Etat dont il a la charge. Cependant, cette perception ne doit pas justice l’attitude des pouvoirs publics, la répression féroce et sauvage à huis clos qui s’est abattue et continue de s’abattre sur les populations du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, avec en prime, l’interruption d’Internet.
Supposons que Paul Biya est bonne foi quand il se dit au dialogue. Mais comment comprendre la décision de procéder à l’arrestation de ses interlocuteurs d’hier désormais accusés de terroristes, et dont certains se trouvent en cavale. Peut-être il n’y a de dialogue véritable que s’il a lieu avec les personnes et les organisations qui partagent ses positions et à qui il fait de petites concessions. Pour la forme et prendre à témoin la communauté internationale en lui montrant sa disponibilité au dialogue et à écouter ses compatriotes.
Cathérine