Désastre innommable
Après son départ du pouvoir Ahmadou Ahidjo, entame une tournée provinciale pour convaincre les Camerounais d’accorder leur soutien à son successeur constitutionnel Paul Biya. Presque partout où il passe, il laisse entendre qu’il laisse un Cameroun en sécurité et prospère. Quelque temps avant ce périple, Paul Biya, nouvellement désigné président de la République disait la même chose. Le nouveau locataire du palais d’Etoudi déclarait , le 19 novembre 1982, dans son discours d’ouverture du Conseil national de l’Unc, tenu à Yaoundé : « Dans le monde agité qui est le nôtre, dans le concert des Nations modernes souvent ébranlées de l’intérieur ou de l’extérieur, le Cameroun continue à apparaître comme une terre de concorde et de prospérité, aux lendemains porteurs de promesses et d’espoirs : dire qu’en ces temps de turbulence et de marasme, grâce à Dieu et grâce à nos efforts et à notre vigilance, le Cameroun se porte bien ». Plus loin, il affirmait qu’au Cameroun, non seulement la sécurité des frontières, des personnes et des biens est garantie,
mais, « on ne meurt pas de faim, mais on mange à sa faim, et même de plus en plus, de mieux en mieux ».
Paul Biya peut-il encore tenir ce type de langage, de nos jours ? Qu’est-ce qui a détruit le tissu économique camerounais ? Pourquoi nos hôpitaux sont-ils devenus des mouroirs ? Pourquoi nos écoles et institutions universitaires sont-elles des lieux d’abrutissement et d’endoctrinement ? Pourquoi? Pourquoi ? Mille fois pourquoi ?
Quand Paul Biya est Premier ministre, le Cameroun est classé parmi les pays à revenu intermédiaire. Depuis 34 ans qu’il est à la tête de l’État, le Cameroun est passé de pays à revenu intermédiaire à pays pauvre très endetté (Ppte). Après nous avoir promis le bout d’entrée du tunnel, le Cameroun veut émerger, c’est-à-dire sortir la tête hors de l’eau où il est noyé depuis 34. Mais, ce ne sera qu’en 2035. Il est clair que ce sont ceux - les hommes biens de là-bas et leurs progénitures - qui ont des ballons d’oxygène qui émergeront. Ils retrouveront à la surface les cadavres des gueux, des victimes de la gestion calamiteuse de Paul Biya qui a passé le temps à les bercer de fausses promesses. Le parcours de Paul Biya est jalonné d’actes manqués et d’opportunités gâchées. Il faudrait mille tomes d’ouvrages pour décrypter ce désastre innommable.