Période ou gouvernement de transition?
Période ou gouvernement de transition, c'est blanc bonnet et bonnet blanc. L’idée continue de faire florès dans certains milieux politiques et de la société civile. Des hommes d’église de premier plan y souscrivent même. Évidemment, pour diverses raisons. Dynamique citoyenne, réseau indépendant des organisations de la société civile camerounaise, pense à une période de transition démocratique de deux ans au cours de laquelle, « une feuille de route [sera] élaborée et adoptée pour servir de programme politique à la personne qui sera élue à l’issue des élections véritablement démocratiques de 2018 ». Christian Cardinal Tumi, quant à lui souscrit à l’idée d’une période de transition au cours de laquelle « les institutions démocratiques solides seront mises en place avant l’organisation d’élections libres, transparentes et justes, élections au cours desquelles chaque candidat ou chaque parti politique présentera sa philosophie politique, ou son projet de société aux Camerounais qui porteront au pouvoir un président de la République légitime et démocratiquement élu », les dirigeants de cette période ne devant pas prendre part aux élections qu’ils organiseront.
Cette position rejoint celle des partis politiques et associations regroupés au sein du collectif Stand Up For Cameroon.
L’idée d’une période de transition ne date pas d’aujourd’hui. Le 12 décembre 1993, dans un communiqué le Social Democratic Front (SDF) appelait tous « les syndicats, et groupes socioprofessionnels [qui avaient lancé un mot d’ordre de grève], les autorités morales, les partenaires socio-économiques, et surtout les fonctionnaires et agents de l’État, à soutenir la réclamation du SDF pour la reconstruction nationale à travers la mise en place d’un gouvernement de transition ». Cette initiation n’avait pas prospéré à cause des divergences et frictions entre les membres de l’Union pour le changement au Cameroun (UPLC).
Une chose est certaine, la concrétisation de l’idée d’une période de transition passe obligatoirement par l’inversion du rapport de forces politiques sur le terrain entre le pouvoir en place, les partis et forces politiques de l’opposition. Encore faudrait-il convaincre ceux qui ne partagent pas cette idée et qui estiment qu’après leurs élections sur la base de leur projet de société, il n’est plus nécessaire de faire en sorte que leur mandat soit transitoire. Car, soutiennent-ils la période de transition n’a de sens que lorsqu’on se trouve dans une situation de crise majeure comme au Burkina, en Centrafrique et dans une certaine mesure en RDC.
Maheu
Sortir de l'impasse. Défis et responsabilités de l'opposition patriotique - Période ou gouvernement de transition?
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