Le défi de l'information et de la formation
Les formations et partis politiques de l’opposition gagneraient à créer ou à soutenir des médias alternatifs afin de faire contrepoids aux médias soutenus par le pouvoir en place et qui versent très souvent dans la propagande.
On a coutume de dire que les medias constituent dans l’espace sociopolitique moderne, le quatrième pouvoir. Ce statut est davantage conforté par le rôle pédagogique de formation et politique d’information qui leur incombe. En effet, les médias assurent une fonction de formation des membres du corps social en leur octroyant les fondamentaux du savoir, du savoir-être et du savoir-faire nécessaires à l’exercice de leur citoyenneté. C’est dire s’ils concourent à l’instruction et à l’éducation de la société.
La fonction d’information, complémentaire d’ailleurs de la première, est celle qui caractérise le plus les médias. Les médias en effet, collectent, traitent et diffusent l’information dont les qualités sont l’objectivité et l’impartialité. Même si un média peut avoir des préférences politiques ou des options idéologiques, il est tenu par l’impératif catégorique de l’objectivité : il doit présenter d’abord les faits tels qu’en eux-mêmes. C’est peut-être et davantage, au niveau de l’analyse et du commentaire qu’il devra assumer sans fards ni fuyants et faux semblants ses convictions idéologico-politiques. Car après tout, les médias n’en restent pas moins des acteurs sociaux avec ce que cela suppose comme intérêts à défendre. Parlant justement d’intérêts, les intérêts des médias doivent être moralement défendables et socialement honnêtes, i.e. respectables et conformes à l’éthique et à la déontologie. Ce qui signifie que la compromission n’est pas de mise. Au Cameroun malheureusement, l’essentiel des médias qu’ils soient, comme on dit ici public ou privé, se sont compromis. Ils exercent davantage comme mercenaires, mettant leur micro ou leur plume au service de l’élite dirigeante. Le spectacle qu’ils donnent est triste et affligeant : par leur biais les ministres et autres membres du gouvernement se règlent les comptes, le pouvoir les caporalise en faisant d’eux les agents de sa propagande honteuse et criminelle. D’ailleurs comment pourrait-il en être autrement, ce d’autant que le régime d’Etoudi les tient avec le piège de la tolérance administrative. Le constat est donc celui de la faillite des médias au Cameroun quant à la mission qui est la leur. Il importe de leur rappeler que leur mission est de servir la société en dénonçant les dérives et tares du système gouvernant, en défendant la vérité, en redressant au besoin les torts. On pourrait nous répliquer que notre ton donneur de leçon ne sied pas et que la représentation que nous avons des médias est éculée au regard des réalités économiques auxquelles les médias n’échappent pas en tant qu’entreprises économiques. Certes, les médias sont des entreprises et comme tels ils doivent faire face à leurs droits et obligations : impôts, salaires, charges de fonctionnement, etc., mais il n’en demeure pas moins qu’ils ne doivent pas faire le jeu du pouvoir comme c’est le cas actuellement, qu’ils ne doivent pas verser dans des pratiques qui ne les honorent pas. Ils doivent garder une liberté de ton et une indépendance d’esprit inconditionnels quand bien même ils dépendraient de mécénat. C’est certes difficile mais ce n’est guère impossible. Tout est dans les principes qu’ils se seront initialement assignés : former et informer en toute liberté et indépendance, en toute loyauté, objectivité et impartialité la société et l’Etat. Ils auront ainsi contribué à l’émergence des citoyens conscients de leurs droits et capable de les défendre quand ceux-ci sont violés.
Les formations et partis politiques de l’opposition gagneraient à créer ou à soutenir des médias alternatifs afin de faire contrepoids aux médias soutenus par le pouvoir en place et qui verse très souvent dans la propagande.
Tissibe Djomond
Sortir de l'impasse. Défis et responsabilités de l'opposition patriotique - Le défi de l'information et de la formation
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