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Les chantiers de l'inertie dans un Etat voyou - La réforme de l'Education aux calendes camerounaises

Les chantiers de l'inertie dans un Etat voyou - La réforme de l'Education aux calendes camerounaises

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Index de l'article
Les chantiers de l'inertie dans un Etat voyou
L'aloi fondamentale de Paul Biya
La Haute cour de justice pour le décor
Cachez vos biens!!!
La réforme de l'Education aux calendes camerounaises
Quand les syndicats indépendants donnent une trouille bleue à Paul Biya
La CSP soumet au gouvernement un avant projet de loi
Le Cameroun, un Etat voyou
Pr Magloire Ondoa : Nous n'avons pas de constitution tant que son protecteur n'est pas mis en place
Toutes les pages

La réforme de l'Education aux calendes camerounaises
L’éducation est à la société ce que sont la reproduction et la nutrition à la vie physiologique. Si le Cameroun patauge dans le sous dévéloppement et ne projette son émergence qu’en 2035, c’est bien parce que son système scolaire, ou ce qui en tient lieu est obsolète. Il doit être réformé.
Il y a plus de deux décennies de cela maintenant que se sont tenus les derniers Etats généraux de l’éducation. C’était alors, fort d’un diagnostic clinique établissant la pathologie de notre système éducatif au regard de son inefficacité quant au rendement d’une part, et à l’inadéquation de ses produits quant à l’insertion socioprofessionnelle d’autre part, qu’eurent lieu en Mai 1995, ces assises qui entendaient non seulement faire l’état des lieux du système éducatif mais également adopter des résolutions pour soigner le mal dont il souffrait. Plus de vingt ans après, le diagnostic qui jadis avait conduit à la tenue des Etats généraux est d’actualité, les mêmes tares continuent d’infecter, elles ont métastasé paroxystiquement depuis lors et finit par gangrener tout le système dont aujourd’hui, le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il a atteint une phase asymptotiquement critique. Pourquoi les mêmes maux alors diagnostiqués perdurent-ils malgré les résolutions adoptées au terme des Etats généraux ? Pourquoi subsiste t-il, malgré la multiplication des écoles normales et la diversification de l’offre de formation des enseignants, cette insuffisance du personnel enseignant ? Quid des sureffectifs d’élèves, de l’inadéquation de la formation et de l’emploi, de la refonte des programmes qui restent pour l’essentiel marquée par l’héritage colonial, de l’absence d’une véritable politique des manuels didactiques abandonnés entre des mains criminelles dont la seule préoccupation est de faire de l’argent, etc. Pourquoi les résolutions prises lors de ce grand forum n’ont pas été implimentées ou tardent encore à l’être ? Pourquoi le certificat de probation dont la suppression était l’une des résolutions phares, n’est toujours pas supprimé ? Pourquoi la professionnalisation reste encore un vœu pieux ? Pourquoi la réforme des établissements « bilingues » devant conduire de la juxtaposition des sous-systèmes francophones et anglophones à leur intégration de sorte à avoir un système réellement bilingue, n’est toujours pas implimentée ? Pourquoi la formation continue des enseignants est-elle demeurée dans les tiroirs ? Pourquoi la formation initiale des enseignants ne met-elle pas l’accent sur la formation pratique en salle de classe ? Pourquoi la décision de recruter les enseignants sur la base de postes de travail à pourvoir n’a jamais été appliquée ? Pourquoi les inégalités d’origine géographiques quant aux mutations des personnels, à la répartition des structures d’accueil, etc., ne sont toujours pas éradiquées ? Pourquoi le recrutement des conseillers d’orientations est-il ouvert à toutes les licences ? Pourquoi la politique des nominations ne tient-elle toujours pas compte du profil positif des carrières et de la moralité des enseignants ? Etc.
La vérité, c’est que le système Biya n’a aucun intérêt à ce que le projet de réforme du système éducatif pensé par les Etat généraux, soit exécuté. Ce qui vaut pour le système éducatif, vaut pour la communication et tous les autres pans de la vie de la nation camerounaise. Bien malin qui pourra dire ce que par exemple, sont devenues les résolutions des Etats généraux de la communication. L’éducation est à l’image du Cameroun, et si pour celui-ci rien ne va, il n’est dès lors pas surprenant que le système éducatif ne puisse pas fonctionner. Minés par tous les maux dont souffre le Cameroun dont le plus notoire est la corruption, notre système éducatif obéit à la logique mafieuse et clientéliste du système Biya. Comment en pourrait-il être autrement ? En réalité cette habitude à mettre dans les tiroirs les résolutions et autres décisions issues des comités de ci ou ça, d’études, de fora, etc., participe de la façon que ce régime a de gouverner. Plus précisément et au regard de l’importance que revêt le système éducatif dans la vie d’une nation, il n’est pas excessif de dire que la non implimentation des mesures prises pour la réforme de notre système éducatif, relève d’une stratégie, pour reprendre Achille Mbembe, d’ « ensauvagement », d’abrutissement collectif de la jeunesse pendant que les progénitures des barons bénéficient outre-mer, outre-Atlantique d’une formation de qualité qui leur permettra, une fois de retour au pays, de reprendre les positions de pouvoirs que leurs barons de père auront gardé et conservé jalousement pour eux. Ainsi, l’objectif à terme est la pérennisation de la servitude et de la servilité d’une jeunesse sous formée, mal formée, non formée.
Tissibe Djomond