• Full Screen
  • Wide Screen
  • Narrow Screen
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size
Les Injustices de la justice - Page 8

Les Injustices de la justice - Page 8

Envoyer Imprimer PDF
Note des utilisateurs: / 0
MauvaisTrès bien 
Index de l'article
Les Injustices de la justice
Page 2
Que nul ne saisit la justice s'il n'est riche...
Abus de justice: lenteurs judiciaires et procès expéditifs se côtoient
Une justice aux mille maux
L'ombre de la Chancellerie plane sur les prétoires
Au service de l'injustice
Dans l'univers mafieux des cabinets
Maitre Jean-Marie Nouga: La création du TCS a revélé les faiblesses de la justice
L'erreur judiciaire, par Daniel Mekobe Sone
Toutes les pages

Dans l'univers mafieux des cabinets
Juges et Greffiers audienciers : Une incursion dans les bureaux de ceux qui font et défont la justice permet de se rendre compte qu’il s’agit de laboratoires où se nouent les drames judiciaires.
Les cabinets des juges sont considérés, à juste titre, comme cet univers où se nouent et se dénouent la plupart des drames tant judiciaires que extrajudiciaires qui ont généralement cours au sein de l’appareil judiciaire camerounais. Ces bureaux des juges constituent, en réalité, le premier stade d’examen des dossiers avant l’atterrissage devant la barre pour des audiences solennelles.
De fait, une excursion dans le cabinet du président du Tribunal criminel spécial permet de mesurer quel pouvoir dispose ce magistrat émérite et quelle lourde responsabilité il porte sur ses larges épaules. Il a, en effet, pour ainsi dire, droit de vie et de mort sur tous ces dignitaires déchus et autres prévaricateurs qui, chaque jour, frappent à la porte de son secrétariat, par entremetteurs interposés. Il faut plaider la cause d’un accusé pris dans les serres de l’épervier. Ainsi, c’est des dizaines de visiteurs, toutes obédiences et toutes couches sociales comprises qui se relaient dans cette enceinte assez modeste qui abrite le cabinet du magistrat le plus courtisé de l’univers judiciaire camerounais. Yap Abdou reçoit et écoute tout visiteur, une fois déclinée l’objet de la visite. En magistrat très affable et ouvert, il se laisse aller parfois à quelques confidences, tout en prenant soin de vous mettre en garde contre d’éventuelles fuites. C’est lui qui est le dépositaire de tous les dossiers épervier et qui les quotte à ses juges selon une logique qu’il est le seul à maîtriser. Très pointilleux lorsqu’il s’agit des règles procédurales, Yap Abdou n’est pas toujours en phase avec la Chancellerie, surtout lorsqu’il s’agit de dossiers en rapport avec la restitution du corps du délit. La prérogative d’arrêt des poursuites qui échappe à sa compétence n’étant pas son apanage, ce n’est pas de gaieté de cœur qu’il s’en remet au Garde des Sceaux, via le procureur général. Aussi désarmé qu’impuissant, il subit souvent ces dénouements qui parfois sont lents à prendre corps.
Contrairement aux autres juridictions où les services du greffe fonctionnent souvent dans cafouillage indescriptible, le service de greffe est assez modernisé. L’outil informatique semble bien maitrisé tant par le greffier en chef que ses collègues. Les données et autres informations sont bien stockées qui peuvent facilement être mises à la disposition de tout usager, une fois obtenu le feu vert du président de la juridiction.
Tout autre spectacle est celui offert par les juridictions inférieures à l’instar du Tpi, chambre sociale. Les greffiers, qui pour l’écrasante majorité se recrutent parmi la gent féminine, évoluent dans une sorte de capharnaüm avec des pratiques et autres instruments de travail moyenâgeux. Le petit espace qu’occupent quatre tables pour autant de bureaux respire la promiscuité. C’est à peine si les uns et les autres ne se marchent pas sur les pieds. Et les dossiers dans tout ça alors ? Cest le grand désordre. Difficile de se retrouver en quelques minutes pour dénicher un dossier et répondre à la demande d’un usager. C’est ici également que toutes les magouilles inimaginables s’opèrent pour faire disparaître et les pièces des dossiers et les dossiers entiers. Au vu et au su de ces juges qui, s’ils ne sont pas complices, ferment les yeux sur un trafic qui, chaque jour décrédibilise notre justice. Il n’est pas rare qu’un justiciable apprenne, hébété devant la barre que le dossier est vide sans pièces. Simplement subtilisés par le greffier moyennant argent. Ainsi vont les injustices de la justice camerounaise.
EM