• Full Screen
  • Wide Screen
  • Narrow Screen
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size
RDPC: Vers un bain de sang - Marasme et paupérisation: sources des conflits

RDPC: Vers un bain de sang - Marasme et paupérisation: sources des conflits

Envoyer Imprimer PDF
Note des utilisateurs: / 0
MauvaisTrès bien 
Index de l'article
RDPC: Vers un bain de sang
S'achmine-t-on vers un bain de sang?
Lutte contre la corruption:l'autre point de discorde dans le RDPC
RDPC: un parti d'état-major
Les Progressistes
Les Conservateurs
Les non-alignés
La permanence du conflit de génération
Marasme et paupérisation: sources des conflits
Mathias Eric Owona Nguini: « Le RDPC est à la croisée des chemins parce que les forces sont préoccupées par la succession présidentielle »
Toutes les pages

Marasme et paupérisation: sources des conflits

En promettant aux Camerounais l’émergence en 2035, le RDPC et Paul Biya avouent implicitement qu’ils ont maintenu le Cameroun immergé dans la gadoue et le marasme politique et économique depuis plus de trois décennies.
Dans son ouvrage Pour le libéralisme communautaire, Paul Biya énonce les principes directeurs pour l’action économique que le Rdpc se propose de promouvoir. Il s’agit d’une planification démocratique, d’une priorité à l’agriculture, d’un soutien aux petites et moyennes entreprises et le développement de l’industrie lourde ; la maitrise de la science et de la technologie ; une plus grande efficacité des services et l’indépendance de l’économie nationale.
Trois décennies après cette énonciation, il est loisible d’établir un bilan qui globalement apparaît négatif, sur toute la ligne.
Le point qui attire le plus l’attention dans cette énumération est celui relatif à l’indépendance économique. Au regard du contexte politique, géopolitique et géostratégique, des liens séculaires tissés entre le Cameroun et la mère patrie, de la navigation à vue donc de l’absence de vision stratégique, on peut affirmer sans risque de se tromper que le Cameroun ne sera jamais indépendant économiquement tant qu’il demeurera le vassal des ténors de l’impérialisme marchand, quand il restera tenu en laisse par ce cordon ombilical appelé Franc des colonies françaises d’Afrique (F CFA). Surtout que la crise de l’endettement, l’échec des projets structurants et des thérapies urgentistes sont si patents qu’on assiste à une montée en puissance de l’escroquerie politique avec en prime le recrutement de communicants dont l’objectif visé est la falsification de l’image d’un système et d’un parti qui ont échoué sur le plan socio-économique et qui ne vivent plus que par la fanfaronnade et le verbe dérisoire.
Comment pouvait-il en être autrement à partir du moment où la planification au Cameroun par l’Unc-RDPC depuis l’accession à la mangeoire suprême de Paul Biya est toujours sujette à caution, alors qu’il existe des économistes de renom au sein de ce parti qui ont été incapables de prévoir les différentes crises, pourtant inscrites dans le mode d’insertion des économies africaines dans l’économie monde, crises qui étaient en train de traverser le Cameroun, aux dires de Paul Biya.
Malgré l’organisation récente d’une conférence internationale dénommer Investir au Cameroun, notre Afrique en miniature reste absente des débats de notre temps, sans doute du fait de la vision essentiellement matérialiste du monde que ses dirigeants provisoires imposent à l’ensemble des Camerounais en leur interdisant de penser, de s’exprimer et en faisant en sorte que le Camerounais typique ne soit ou ne devienne uniquement qu’un homo mandicus, un homme hilare qui boit, mange, danse, défèque et fréquente assidûment les multinationales de Dieu, ces lieux d’abâtardissement et d’émasculation.
Depuis 1982, l’Etat UNC-RDPC s’est évertué à tuer presque tous les pans de l’économie nationale. Quand il ne vendait pas les industries au franc CFA symbolique aux impérialistes marchands, il déployait toute son énergie pour freiner l’agriculture en intervenant de manière intempestive et désordonnée et en l’appauvrissant par des ponctions destinées à enrichir les pontes du régime.
Une attitude qui contraste avec les belles paroles contenues dans ce que militants et sympathisants de ce parti affichaient tel une pancarte de défilé, comme été étant le projet de société du RDPC écrit par des compatriotes visionnaires et signé par Paul Biya, président national du « Rassemblement des détourneurs du parti des Camerounais » (RDPC), pour reprendre l’expression de Saint Eloi Bidoung, 3e adjoint au maire RDPC de Yaoundé VI. Au chapitre économique de Pour le libéralisme communautaire, l’« auteur » présente l’agriculture comme « priorité des priorités dans [sa] stratégie de développement ». Il affirme que le RDPC portera une attention particulière aux industries de transformations agro-alimentaires. Aussi s’engage-t-il à assurer une maitrise de la science et de la technologie sans laquelle il n’y aura jamais un véritable décollage de l’économique, etc. 34 ans après où en sommes-nous ?
Quand aujourd’hui certains membres du RDPC évoquent des « organismes de financement » et autres, cela fait remonter à la surface des consciences Fonds national du développement rural (Fonader) qu’on avait coulé par des interventions intempestives et pressions multiformes, les éléphants blancs. On a bien envie de demander au président du RDPC que sont pour ainsi dire devenus la Cellulose du Cameroun (Cellucam), la Société de Développement de la production de blé (Sodeblé), la Chaîne de montage d’équipements électroniques (Équatorial électronique), la Société des Tanneries et Peaux du Cameroun (Stpc), la Société camerounaise d’engrais (Socame), le Fonds de garantie pour la petite entreprise (Fogape), la Banque camerounaise de Développement (BCD), le Crédit Agricole du Cameroun (CAC), l’Office national de commercialisation des produits de base (ONCPB), la Mission de développement des Semences et des cultures vivrières (Mideviv), La Société de développement du Nkam (Sodenkam), l’Office céréalier, le Centre national d’Études et d’expérimentation du machinisme agricole (Ceneema), l’Office national de développement de l’aviculture et du petit bétail (Ondpab), la Société régionale de développent des zones d’action prioritaires intégrées de l’Est (ZAPI-Est), l’Unvda (Upper Nun Valley Development Authority (UNVDA), la Société de développement de la riziculture dans la plaine de Mbô (Soderim), l’Office national de participation au développement (Onpd), la Mission de développement d’Ombessa (Mido), la Wum Area Development Authority (WADA), le Centre national de développement des forêts et Office de régénération des forêts (Cenador et Onaref), le Centre nationale de développement des entreprises coopératives (Cenadec), si on s’en tient à cette macabre énumération.
Plus loin dans son ouvrage, il formule 30 objectifs pour le Cameroun. S’il réalisait un objectif par an, après 34 ans de règne tous ces objectifs auraient été atteints et il bomberait le torse en frappant la main sur la poitrine en disant j’ai été l’homme qu’il faillait pour le Camerounais. Hélas ! du fait des délestages et des coupures intempestives d’eau et d’électricité, le Camerounais lambda qui prend connaissance du 18e épitre (objectif) de Paul Biya se demande pourquoi on en est arrivé là alors que conscient de la grande capacité énergétique du Cameroun, il s’était fixé pour objectif de « renforcer sa politique de production d’énergie en vue de couvrir tous les besoins nationaux et d’assurer sa présence sur le marché africain ».
Quand de nos jours les responsables du RDPC et leur chef, Paul Biya, bourrent les crânes des Camerounais avec le slogan Emergence en 2035, ils avouent implicitement avec une lucidité extraordinaire et questionneuse qu’après plus de trois décennies de règne, ils ont échoué, car c’est bien d’un pays qui a été sciemment maintenu immergé dans la pauvreté, la gabegie, la corruption, la gestion à l’emporte-caisse, bref dans le marasme économique total qu’ils ont la prétention verbale de le faire émerger en 2035 quand la plupart d’entre eux ne seront plus là pour rendre compte de leur triste bilan.
Junior Etienne Lantier