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Médias La Grande Palabre: le sous préfet par intérim de Yaoundé I fuit le TGI du Mfoundi

La Grande Palabre: le sous préfet par intérim de Yaoundé I fuit le TGI du Mfoundi

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Hannah Arendt ne croyait pas si bien dire lorsqu’elle écrivait dans son ouvrage Du mensonge à la violence que « la bureaucratie, pouvoir d’un système complexe de bureaux où ni un seul, ni les meilleurs, ni le petit nombre, ni la majorité, personne ne peut être tenu pour responsable, et que l’on peut fort justement qualifier de règne de l’Anonyme.[…] Cet état de choses, qui rend impossible la localisation de l’adversaire, figure parmi les causes éventuelles de l’agitation séditieuse qui s’est répandue sur le monde entier ; il peut en expliquer le caractère chaotique et la dangereuse tendance à échapper à tout contrôle et à sombrer dans une sorte de fureur absurde ».
Quotidiennement dans les administrations publiques et privées camerounaises, les détenteurs d’une parcelle de pouvoir profitent de l’Anonymat du circuit des prises de décisions soit pour régler des comptes personnels, soit pour assouvir de sombres desseins. La parade trouvée par préfets et sous-préfets est l’usage du fallacieux prétexte du « trouble à l’ordre public » pour interdire réunions et manifestations publiques.
La Grande Palabre, espace de discussions publiques qui a lieu tous les derniers jeudis de chaque mois, se trouve aujourd’hui confrontée à cette réalité administrative.
À l’évidence, et d’après les enquêtes de Germinal, ce sont des individus tapis dans l’ombre qui avaient instruit le sous-préfet par intérim, Temgbet Issah, secrétaire d’administration de classe exceptionnelle, appelé à faire valoir ses droits à la retraite depuis 4 ans, d’interdire la 25e session de la conférence-débat que nous projetions d’organiser le 31 janvier 2013 sur le thème : Un printemps des libertés est-il possible sous les tropiques d’Afrique centrale? Une lecture politique, géopolitique et stratégique.
Après avoir introduit un recours hiérarchique infructueux auprès du préfet du Mfoundi et pour ne pas être à la merci de l’autorité administrative, le directeur de la publication de Germinal, point focal de La Grande Palabre, a saisi le président du tribunal de grande instance (TGI) du Mfoundi, conformément aux dispositions de la loi n° 90/055 du 19 décembre 1990 portant régime des réunions et des manifestations publiques. Cette loi dispose en article 8(3) : « En cas d’interdiction de la manifestation, l’organisateur peut, par simple requête, saisir le président du tribunal de grande instance compétent qui statue par ordonnance dans un délai de 8 jours de sa saisine, les parties entendues en chambre du conseil. »
Nous pensions que fort de sa position de chef de Terre, et ayant le droit de son côté comme il l’avait laissé entendre au journaliste du quotidien Le Jour (Cf Germinal n°082), il se présenterait devant le TGI pour défendre ses positions.
Erreur. Le 22 février 2013 à 11h, à la sous-préfecture de Yaoundé I, au moment de lui notifier la convocation signée du président du TGI, l’huissier de Justice s’est trouvé face un personnage paniqué, impulsif et agressif qui a exercé des violences physiques sur sa personne et qui s’est offert en spectacle aux nombreux usagers présents sur le lieu. Ces derniers étaient visiblement ahuris et choqués de voir un responsable de son rang parler et gesticuler sans retenue comme s’il avait ingurgité une bonne dose de vin de palme fermenté. L’huissier de justice relate les faits :  « Après avoir pris connaissance du contenu de la convocation, il en tire une photocopie. Il exerce ensuite des violences physiques sur ma personne et déclare qu’il ne reçoit pas l’acte et ne se présentera pas à l’audience ».
Effectivement, le 26 février 2013, date prévue pour l’audience, Temgbet Issah a brillé par son absence devant le président du TGI.
Mais, où était-il donc passé, lui qui avait bombé le torse devant l’’huissier de justice en lui faisant savoir que rien ne peut lui arriver ? Où était passé le secrétaire d’administration de classe exceptionnelle qui brandissait devant le journaliste de Le Jour ses 37 années d’expériences et de sévices rendus à la Nation camerounaise, comme une preuve de sa compétence ?
Une nouvelle convocation lui a été servie ce 27 février 2013. Il était de nouveau invité à se présenter devant le président du TGI, ce  28 février 2013, à 9h30m.
Nous avions pensé que Temgbet Issa aurait le courage de s'y rendre. Hélas, il a de nouveau pris la poudre d'escampette. L'affaire a été renvoyée au 07 mars 2013. Ce jour-là, le parquet prendra ses réquisitions.
Jean-Bosco Talla
Paru dans Germinal n°083 du 28 février 2013. Mis à jour avant la mise en ligne.