Renouveau national: Domination et utopie camerounaiseLa vie politique camerounaise est à l’âge d’un temps politique fugace caractérisé par l’éphémère lui-même figé aux humeurs d’un individu. Le Cameroun fonctionne en fait en mode événementiel, car, sans tendance de fond autorisant une extrapolation prospective, il est aujourd’hui autant difficile d’émettre une conjecture plausible sur son avenir qu’il était impossible de prévoir que Mr. Ahmadou Ahidjo allait passer le pouvoir à Mr. Paul Biya le 6 novembre 1982. Nul ne peut en ce moment, ni dessiner à l’avance les contours de ce que sera le pays à long terme, ni si celui-ci viendrait à bout de l’incertitude des registres de sa transition politique. Le Cameroun tout entier qui, telle une jeune épouse, dégoulinait de joie et piaffait d’impatience devant la bonne espérance que représentait le Renouveau national comme cap politique est, trente ans plus tard, prisonnier d’un Principat qui fait du risque d’instabilité le paramètre le plus prégnant sur son avenir. Au sein du peuple, l’avenir n’est pas mis en débat, en discussion ou en palabre par un projet politique alternatif et des institutions pérennes capables d’assurer la continuité du pays dans la sérénité. Il se mime et se donne à penser via des supputations sur le nombre d’années que tiendrait encore en vie le corps du Prince. Et pourtant, que la providence accorde encore 0, 5, 10 voire 30 ans supplémentaires à Paul Biya ne change rien au fait que le pays n’est placé sur aucun cap plausible lui permettant de ne pas faire le cauchemar du saut dans l’inconnu. Le régime actuel et son leader sont en fait semblables à un cycliste épuisé, mais obligé de continuer à pédaler non pour gagner une quelconque course et encore moins pour un but précis, mais simplement pour ne pas tomber. D’où le double visage du pouvoir politique en place : il est à la fois un remède pour Paul Biya et un poison pour le peuple camerounais ; une médecine pour le Prince et une maladie pour le Cameroun. L’homme du 6 novembre 1982 est donc dans un état d’addiction sévère au pouvoir politique. C’est désormais sa façon d’exister : Lire la suite
Cet homme est dangereux : lui ou le Chaos, l’Apocalypse - Page 11
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