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Marafa Hamidou Yaya récuse le juge d’instruction - Correspondance n°3: Note pour Monsieur le président de la République

Marafa Hamidou Yaya récuse le juge d’instruction - Correspondance n°3: Note pour Monsieur le président de la République

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Index de l'article
Marafa Hamidou Yaya récuse le juge d’instruction
Correspondance n°1 : Demande d'audition adressée au président de la République
Correspondance n°2 : Compte rendu de l'audition au président de la République
Complot : Et si Marafa Hamidou Yaya était dans la fosse aux lions
Correspondance n°3: Note pour Monsieur le président de la République
Toutes les pages
Correspondance n°3: Note pour Monsieur le président de la République
Yaoundé le 25 mars 2008
Permettez-moi, Monsieur le Président de la République, de Vous présenter mes déférentes excuses de devoir distraire Votre Très Haute Attention de Vos Très Hautes charges, particulièrement en ce moment pour Vous faire part de ce qui pourrait Vous sembler futile. Il s’agit des ragots que je juge inacceptables que le Ministre délégué à la Présidence chargé de la défense (Mindef) n’arrête pas de propager à mon égard.
1) Après les élections de juillet 2007, Vous avez bien voulu m’accorder une permission pour aller réconforter mon épouse opérée plusieurs fois et hospitalisée en France. J’y ai moi-même été hospitalisé et j’ai subi une intervention.
Le Mindef a, à cette occasion, répandu la rumeur selon laquelle je n’étais pas en France pour des raisons médicales mais plutôt pour comploter avec certaines autorités françaises afin de déstabiliser notre pays.
Ma seule réponse a été de Vous transmettre l’ensemble du dossier relatif à mon état de santé et à mon hospitalisation.
2) En octobre 2007 des informations persistantes ont fait état d’une tentative de déstabilisation de nos institutions. Une fois encore, le Mindef s’est allègrement répandu sur ma prétendue implication dans cette funeste affaire.
Mesurant l’extrême gravité, et constatant la récurrence de telles allégations, de la part d’un personnage important du dispositif gouvernemental, j’ai dû prêter une oreille attentive à une des offres d’emploi qui me sont faites régulièrement. Je Vous ai rendu compte de cette offre d’emploi à l’occasion de l’audience que Vous avez bien voulu m’accorder le 30 novembre 2007.
Constatant que je bénéficiais toujours de Votre Très Haute Confiance, je n’ai pas donné suite à cette offre d’emploi.
3) Après les désordres vécus par notre pays du 25 au 29 février dernier, l’attitude du Mindef à mon égard est tout simplement révoltante.
a) Sur Vos Très Hautes instructions, j’ai conduit une mission interministérielle à Boucla, le jeudi 28 février 2008. Avant de nous y rendre, j’ai insisté pour qu’une réunion se tienne au niveau du ministre d’État, Secrétaire général de la présidence de la République, afin que l’ensemble des services concernés par la gestion de cette crise en fassent une évaluation commune, et que la coordination des interventions des uns et des autres puisse être améliorée dans le sens d’une plus grande cohérence.
Le Mindef brûlait manifestement d’envie de se rendre à Douala. J’ai insisté pour m’y rendre en compagnie du Secrétaire d’État à la Défense chargé de la Gendarmerie et du Délégué général à la Sûreté nationale, estimant que l’intervention publique du Mindef pourrait conduire à une interprétation malveillante des opérations de maintien de l’ordre dans un état démocratique.
Depuis notre retour, le Mindef raconte à qui veut l’entendre que les propos que nous avons tenus à Douala étaient équivoques. Ce faisant, le Mindef met en cause mon loyalisme, celui du Secrétaire d’État à la Défense, et celui du Délégué général à la Sûreté nationale. Alors que rien, ni dans nos propos ni dans nos attitudes, n’est susceptible de donner lieu à suspicion.
Je Vous ai fidèlement rendu compte de notre mission à Boucla et des réunions que nous y avons tenues. Le Mindef doit avoir l’imagination bien fertile, à moins qu’il n’exprime inconsciemment sa déception de ne s’être pas rendu à Douala, pour des raisons inavouées !
b) Depuis quelques jours, le Mindef évoque ma personne devant plusieurs personnalités de la République comme étant «l’ennemi du président de la République». Cette calomnieuse accusation est particulièrement grave et dangereuse et s’apparenterait à de la haute trahison, compte tenu des fonctions que Vous avez bien voulu me confier. L’insidieuse percolation du venin de cette insinuation aidant, je commence à me demander si c’est pour cela que je ne suis plus convié aux réunions portant sur la gestion ex-post des évènements de la semaine dernière. Si c’est le cas, cela est malsain car des instructions non coordonnées et incohérentes pourraient être données à nos équipes sur le terrain et cela pourrait conduire à des méprises.
c) Il est vrai que plus souvent que jamais, le Mindef et moi n’avons pas la même approche des problèmes. Et je ne manque jamais, au cours de nos réunions, d’exprimer mon point de vue. Je considère cela comme étant mon devoir, sinon je ne vois pas mon utilité ni ma valeur ajoutée. Car, contrairement au vœu du Mindef, je refuserais toujours d’être un « ministre alibi » et j’ai la faiblesse de considérer que la fidélité ne relève pas nécessairement des solidarités primaires, encore que celles-ci, quelquefois de façade, ont montré leurs limites sous d’autres cieux et pourraient même s’avérer très pernicieuses.
D’autre part, lorsque Vous avez décidé de me confier les fonctions de ministre de l’Administration territoriale en 2002, Vous m’avez explicitement dit ceci : « Monsieur, sachez qu’en vous envoyant là-bas, c’est comme si c’était Moi-Même ». C’est cette extrême marque de confiance qui a guidé toutes mes actions (et qui m’a permis d’accepter en silence certaines avanies) à la tête de cet important département ministériel où j’essaie de donner le maximum de moi-même pour mériter cette confiance, même si pour certains, mon meilleur ne semble pas assez bon.
En effet, ce département ministériel est trop délicat, particulièrement en ce moment, pour avoir à sa tête quelqu’un qui ne jouirait pas de Votre Très Haute Confiance.

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Monsieur Le Président de la République, permettez-moi également de Vous faire tenir la copie ci-jointe de la lettre en date du 06 janvier 2008 adressée par le Vice-Premier Ministre de la Justice au Secrétaire Général Central du RDPC en réponse à son courrier n°B56/CC/RDPC du 11 novembre 2007.
Si ce document est authentique, cela renforce ma perplexité. En effet, si le Ministre de la Justice répondait à une correspondance du Secrétaire général Adjoint de la présidence de la République (qui se trouve être la même personne que le Secrétaire Général du Comité central du Rdpc) cela rentrerait dans le cadre d’un ordre institutionnel cohérent. Mais tel que libellé, cela ressemble à une dérive qui tend à mettre officiellement l’État au service d’une association privée, fut-elle le parti au pouvoir. Si je fais cette remarque, c’est parce que si copie de cette correspondance est arrivée à moi, il est vraisemblable qu’elle soit entre d’autres mains qui pourraient ne pas être nécessairement bienveillantes à l’égard du régime.
Monsieur Le président de la République,
La période que nous vivons est très délicate. Elle pourrait être exploitée (et elle l’est) par des personnes apparemment au-dessus de tout soupçon, tapies à l’intérieur du système, à d’autres fins.
Je sollicite très respectueusement de pouvoir rendre compte à Monsieur Le Président de la République de mon analyse et de mes observations à l’occasion d’une audience que je sollicite vivement.
Très respectueusement.
Votre très dévoué.

(é) Marafa Hamidou Yaya