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Ces sous-préfets français qui gouvernent en Afrique - Page 4

Ces sous-préfets français qui gouvernent en Afrique - Page 4

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Index de l'article
Ces sous-préfets français qui gouvernent en Afrique
L’Élysée, blanc Palais noire Cellule
PS : quelle rupture avec Sarkozy l'Africain ?
Quand Elf hisse Paul Biya au pinacle
Gabon : au nom du père et du fils
Alassane Dramane Ouattara : installé à coups de canon
Comment la France soutient une dictature sortie des urnes
La France donne un coup de main aux Cobras
La France donne un coup de main aux Cobras
Toutes les pages
Quand Elf hisse Paul Biya au pinacle
La France est très attentive à la manière dont Paul Biya gère le Cameroun. Elle n’hésite pas à donner des « injonctions ».
Récemment dans une sortie médiatique qui a fait date, L’avocat Robert Bourgi, homme de l’ombre qui a été le « Monsieur Afrique » de l’Élysée, fils spirituel de Jacques Foccart et habitué des palais présidentiels africains, a fait trembler la République française et certains sous-préfets français d’Afrique, appelés pour la forme chef d’État, en déclarant avoir transporté pendant des années des mallettes en provenance de Côte d’Ivoire, du Congo-Brazzaville, de Guinée Équatoriale et bien sûr du Gabon. Le nom de Paul Biya n’apparaissait pas dans ses déclarations. Ce qui avait poussait certains Camerounais à dire que Paul Biya, président toujours en transit au Cameroun depuis 1982, n’avait jamais envoyé des mallettes d’argent à Paris et par conséquent, ne faisait pas partie des financiers occultes de la Françafrique.
Ces prises de position surprenantes visaient à occulter les liens étroits qu’entretiennent Paul Biya et son système avec l’Hexagone, liens sans lesquels le vacancier au pouvoir à Yaoundé n’aurait jamais été chef de l’État, si on en croit Le Floch-Prigent.
En effet, « dans sa confession publiée par L’Express (12 décembre 1996), le lointain successeur de Guillaumat, Le Floch-Prigent, cite de nombreux exemples attestant du rôle de « faiseurs de rois » joué par Elf.  C’est la Compagnie qui « fait » Bongo au Gabon ; c’est la compagnie qui aide Paul Biya à Devenir président du Cameroun. C’est Elf qui, à la demande du gouvernement français, étend sa d’influence au Nigeria et au Tchad.»(Gilles Gaetner et Jean-Marie Pontaut, L’homme qui en savait trop. Alfred Sirven et les milliards de l’affaire Elf, Paris, Bernard Grasset,2000, p.47). Il est aussi de notoriété publique que Paul Biya est le produit de Louis Paul Aujoulat avec qui il entretenait des relations d’amitié. Mongo Beti raconte : « C’était un ami de Louis-Paul Aujoulat […] Aujoulat a formé une espèce de génération d’intellectuels anti-upécistes. Et Biya en était. Et je ne sais pas pourquoi Biya lui a tellement plu. » (Ambroise Kom, Mongo Beti parle, p.115)
C’est dire si Paul Biya est redevable à la France et s’est toujours comporté comme un sous-préfet français en service au Cameroun.
Les récentes sorties de Nicolas Sarkozy après l’élection présidentielle du 9 octobre 2011 tendent à corroborer cette perception de la réalité des relations existant entre la France et le Cameroun.
En effet, après la réélection de Paul Biya pour un nouveau mandat de 7 ans à la tête du Cameroun,  cette autre sous-préfecture française du Golf de Guinée, Nicolas Sarkozy le félicitait en déclarant : « Je connais votre intension, annoncée pendant la campagne électorale, de parachever sans plus tarder la mise en place des institutions prévues par la constitution de 1996. Je m’en réjouis car celles-ci seront le gage d’un pays stable, confiant en lui-même et résolument tourné vers l’avenir.
Par ailleurs, alors que votre pays connaitra de nouveau des élections en 2012, je ne doute pas que vous saurez, d’ici là, mettre en œuvre les réforme et les moyens nécessaire au bon fonctionnement d’Elecam et, par voie de conséquence, au renforcement de la démocratie au Cameroun »
. Ce message sonnait aux oreilles de certains Camerounais comme des directives que le chef de l’État français donnait à son laquais.
Tout en restant ouvert à la critique et en faisant semblant de refuser le diktat sur la question électorale, Paul Biya, dans son discours prononcé le 3 novembre 2011, à l’occasion de la prestation de serment devant l’Assemblée nationale, déclarait : « Je tiens à réaffirmer ma volonté de perfectionner sans répit notre système électoral. En deux décennies, beaucoup a été fait pour la tenues d’élections libres, transparentes et régulières, nul ne peut valablement douter de ce que ceux qui exercent le pouvoir au Cameroun tiennent leur légitimité du peuple souverain. Si les progrès accomplis dans le domaine de la démocratie électorale sont indéniables, il n’en demeure pas moins que certains réglages sont à faire au niveau de notre organe électoral en vue de son meilleure. Aussi restons-nous, aujourd’hui comme hier à l’écoute des suggestions et recommandations ». Aussi, n’avait-il pas hésité de répondre favorablement à l’ « injonction » de Nicolas Sarkozy en ces termes : « L’Assemblée nationale sera bientôt épaulée par le Sénat. Le pouvoir législatif sera alors exercé par un Parlement complet où les collectivités territoriales décentralisées seront, elles aussi, représentées. Par ailleurs, le processus de décentralisation, qui se poursuit de façon satisfaisante, sera mené à son terme avec un transfert complet des compétences et la mise en place des conseils régionaux prévus par notre Loi Fondamentale. Nous disposerons en conséquence d’une architecture assurant aux citoyens une meilleure participation à la vie publique, avec un bon équilibre entre l’État et les collectivités décentralisées. Il nous faudra également installer le Conseil Constitutionnel qui est un organe essentiel pour le fonctionnement de nos institutions. »
Pareillement, après l’audience à lui accordée par Paul Biya, le 30 janvier 2012, Bruno Gain, ambassadeur de France au Cameroun avait-il dévoilé à la presse qu’au cours de cet entretien ils ont évoqué les questions électorales. Selon lui, il était logique que soient évoqués la perception que Paul Biya a de l’action d’Elecam ; les réglages à apporter à la législation électorale au Cameroun ; les réformes institutionnelles, notamment la mise en place des institutions prévues par la constitution : le Senat et le Conseil constitutionnel. Ce qui a poussé les Camerounais à dire que « l’ambassadeur de France, sorte de commandant du cercle, était allé donner les instructions à Paul Biya » On ne percevrait pas autrement la refonte de la liste "ordonnée par la France", pardon, par Paul Biya alors que depuis le début de l'année 2012 les (ir)responsables d'Elecam affirmaient mordicus qu'ils n'allaient procéder qu'à la révision des listes électorales.
Junior Etienne Lantier


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