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Mouangue Kobila réplique, Roger Kaffo Fokou fait une mise au point - Page 3

Mouangue Kobila réplique, Roger Kaffo Fokou fait une mise au point - Page 3

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Index de l'article
Mouangue Kobila réplique, Roger Kaffo Fokou fait une mise au point
La mise au point de Roger Kaffo Fokou
Ultimes précisions à Roger Kaffo Fokou
Ultimes précisions de Roger Kaffo Fokou au Pr James Mouangue Kobila
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Ultimes précisions à Roger Kaffo Fokou

Je salue la qualité de la contribution de Monsieur Roger Kaffo Fokou dans ce débat. Par sa courtoisie et la profondeur de son argumentation par ailleurs bien intentionnée, il force le respect.

Je demeure cependant en désaccord total avec lui, lorsqu'il persiste à penser que je me serais laissé entraîné dans une posture politicienne et que j'aurais tenu des propos regrettables en quelque façon. Il reconnaît d'ailleurs que la lecture de ma réplique le rassure, en déplorant qu'elle ne soit pas arrivée plus tôt. Sur ce point, je répète qu'il n'était point besoin de cette réplique pour comprendre que ni les autochtones de Deido en général (l'écrasante majorité d'entre eux, à commencer par Sa Majesté le King Ekwalla Essaka Ekwalla), ni moi-même, quoique victime directe d'un incendie criminel, n'avons proféré de propos tribalistes ou visant quelque communauté que ce soit, ni posé des actes tribalistes. C’est à tort, et par ignorance que certains Camerounais assimilent toute allusion à la protection internationale, régionale et constitutionnelle des minorités et des peuples autochtones au tribalisme.

Il faut en effet faire preuve d'une mauvaise foi au-delà de toute imagination pour distordre les termes de mon communiqué en ce sens.
Enfin, j'aimerais que les uns et les autres comprennent qu'en ma qualité de Professeur, je n'ai pas le temps de prendre connaissance de toutes les réactions suscitées par mes déclarations et que mes charges d'enseignement et de recherche me laissent peu de temps pour répondre à chacun au plus vite. Vous remarquerez du reste que j'ai mis le week-end à profit pour revenir sur certains commentaires suscités par mon communiqué, aussi bien par la réplique récemment diffusée que par une interview sur la radio Cameroon Voice et un débat avec l'Honorable Jean-Michel Nintcheu sur LTM télé.
Une dernière précision : la République de l'antiquité romaine, qui renvoie assez vaguement à l'intérêt général, au gouvernement, à la politique et à l'Etat, pas plus que la démocratie athénienne du siècle de Périclès ne sont des références pour les démocraties contemporaines, dans la mesure où la Grèce antique était certes une démocraties pour les 400 000 citoyens ; mais non pour les millions d'esclaves ou pour les métèques de la Cité grecque. Il en résulte que c'est en référence au modèle Républicain français, théorisé pour la première fois par Jean Bodin dans les Six livres de la République, que cette notion a commencé à prendre son sens contemporain. Il est incontestable que c'est en référence à ce modèle de l'Hexagone, où nombre de nos universitaires ont fait leurs études ou s'abreuvent de quelque manière, que cette notion est évoquée dans le débat public camerounais.
Gardons-nous par conséquent de références inquiétantes - à l'antiquité et à des modèles obsolètes et totalement inadaptés en Afrique - qui pourraient être mal interprétées dans le contexte camerounais que nous connaissons tous.
En revanche, il convient de garder à l’esprit les écrits de Jean Bodin qui a gravé ces propos éclairants  dans l’histoire : il n’y a de politique que si elle se fonde sur les réalités. Il faut par conséquent, explique-t-il, respecter la nature des choses et des hommes qui est leur diversité ;
« [p]our former un Etat, il se faut accommoder au naturel des sujets […] accommoder la forme de la chose publique à la nature des lieux […] Le bon architecte accommode son bâtiment à la matière qu’il trouve sur les lieux. [Ce] qui fait aussi qu’on doit diversifier l’état de la République à la diversité des lieux. […] ainsi doit faire le sage politique qui n’a pas à choisir le peuple tel qu’il voudrait »*.
(*) Les six livres de la République, un abrégé du texte de l’édition de Paris de 1583, Librairie générale française, coll. « Le livre de poche », 1993, Le Cinquième livre, ch. I, pp. 407, 409 et 411. En version intégrale, cf. J. Bodin, Les six livres de la République, livre V, Fayard, 1986, pp. 7, 9 et 11. L’édition originale de cet ouvrage est parue en 1576, aux éditions Jacques Du Puys à Paris.
Professeur James Mouangue Kobila