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Paul Biya et la nouvelle Dynamite - Page 6

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Index de l'article
Paul Biya et la nouvelle Dynamite
Serail: Le bullocrate
Au coeur des inconguités d'un congrès
Parole d'un bonimenteur
Paul Biya fait semblant de changer pour que rien ne change
Palais des congrès: l'enfer du décor
Quand Paul Biya rate le coche
Discours pathétique d'un vieillard somnanbule
Discours creux
Un discours fourre-tout et passepartout qui confond discours politique et cours magistral
Comment sortir du
Toutes les pages
Palais des congrès: l'enfer du décor
Pendant que les hiérarques du Rdpc se concertaient dans une plénière à huis clos, les militants de base enduraient soleil et famine.
Approché, un membre du comité d’organisation du troisième congrès ordinaire du Rdpc a tenté d’expliquer que seuls les délégués du parti étaient attendus à Yaoundé. Pour lui, « il ne nous revenait pas de nous occuper de tout le monde qui a fait le déplacement du palais des congrès ». Mais, toutes vérifications faites, il ressort que les membres des commissions ont procédé à une forte mobilisation des foules pour que le congrès ne donne pas l’impression d’être le regroupement d’une caste.
Pendant deux jours, les 15 et 16 septembre dernier, Yaoundé a donc changé de couleurs. Vu de loin, le mont Kol Nyada s’apparentait à un camp de réfugiés. Des tentes érigées et des hommes et femmes agglutinés, à la recherche de l’ombre. Plus on approchait, plus les choses se précisaient. Car on se rendait à l’évidence que cette marée humaine se partageait une appartenance politique: le Rdpc. En témoigne l’uniforme du parti des flammes arborée par des militants. « Je viens de Monatélé. Le président (de section Rdpc, Ndlr) nous a désigné pour l’accompagner », explique un militant qui cumule uniforme, chapeau et écharpe aux couleurs du Rdpc. Seulement, en venant, il ne savait pas que les choses allaient être aussi rudes. « Ce n’est pas facile. Ici nous ne sommes pas chez-nous. Heureusement pour moi que j’ai ma fille ici à Yaoundé. J’ai passé la nuit chez elle », explique celui qui n’a pas encore rien perçu du parti qui devrait leur fournir de quoi se nourrir, selon les clauses de départ. «Mais j’ai quand même profité pour revoir notre président national», se réjouit-il, à contre cœur.

Grosses cylindrées

Tous les militants n’ont pas un moral en acier comme lui. « Depuis le matin on n’a rien mangé. Personne ne nous dit quoi que ce soit », s’emporte une autre militante. Elle rejoint d’ailleurs ses «camarades» qui ont élu domicile sous un arbre en contre bas du palais des congrès où les « grands » travaillent, portes et fenêtres fermées. Ce groupe de militantes de base devise pour meubler le temps. Au lieu-dit carrefour foire de Tsinga, la situation est plus préoccupante. Entre les grosses cylindrées garées anarchiquement par les invités du congrès, des militantes ont pris le soin d’étaler les pagnes qui leurs servent de lit. Elles veulent profiter de l’ombre générée par le rapprochement des véhicules. La suite logique est connue: elles se sont jetées de manière incontrôlable dans les bras de Morphée. Compte tenu de l’intensité des rayons solaires, ces Sans domicile fixe (Sdf) de circonstance suent à grosses gouttes. Toujours sous l’effet du sommeil, certaines n’avaient plus de considération pour la décence. Visiblement. Car, sans vergogne, elles dansaient et soulevaient les kaba-gondo.
Non loin, les hommes offrent le même spectacle. Assis sous un soleil ardent, ils usent de toutes les techniques pour résister. Nombre d’entre-eux ont ingénieusement transformé les pancartes du parti en parasoleils. Ils attendent le retour de leur « champion » qui tient son discours de politique général dans une salle close du palais des congrès  pour faire leur travail: applaudir. Et lorsque la sirène du couple présidentiel retentit au sommet du mont Kol Nyada, chacun se réveille illico et se met au garde-à-vous, le genre ancien combattant. L’itinéraire qui va du Palais de l’Unité au palais des congrès devient très bruyant. Des youyous et des applaudissements s’élèvent au passage du couple présidentiel. On peut entendre : « tu es notre président », « Paul Biya encore 20 ans », « Paul Biya toujours chaud gars », etc. Même s’ils n’ont rien retenu du discours de celui qu’ils saluent au passage, ces chanteurs et danseurs du Rdpc sont sûrs de la victoire de leur président national à l’élection présidentielle du 9 octobre prochain.
Koumpa Mahamat