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Promesses de Paul Biya: Des miroirs aux alouettes - Page 2

Promesses de Paul Biya: Des miroirs aux alouettes - Page 2

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Index de l'article
Promesses de Paul Biya: Des miroirs aux alouettes
Les oxymores politiques de Paul Biya
Un forcing anticonstitutionnel
Paul Biya, le Boulanger qui pétrit la constitution
Paul Biya, le Boulanger qui pétrit la constitution
Une scolarité gratuitement payante
Cachez vos biens
SOS, enseignants en danger
Les Camerounais n'ont pas fini de payer le prix de divisions absurdes
Toutes les pages
Les oxymores politiques de Paul Biya
En politique, l’oxymore consisterait à dire une chose et à faire son contraire. Ainsi, beaucoup de promesses ont été faites par Paul Biya, mais très peu réalisées, à cause de l’inertie à tous les niveaux de la république.
Lorsque Paul Biya, l’"illustre successeur" d’Ahmadou Ahidjo, accède à la magistrature suprême le 6 novembre 1982, il est porteur d’un projet de société auquel adhère l’immense majorité des Camerounais, étant entendu ces derniers sortaient d’un régime qualifié de tortionnaire par certains observateurs.  Ce projet que portait ainsi ce fils de catéchiste reposait sur deux piliers, à savoir rigueur et moralisation. C’était l’âge d’or du Renouveau, du moins dans les discours auxquels ont naïvement cru de nombreux compatriotes de cet "agneau politique" qui deviendra quelques années plus tard "l’Homme Lion".
Seulement, au fil du temps, tous ceux qui avaient fondé des espoirs en ce régime qui promettait un Cameroun new-look devaient vite déchanter puisque ni rigueur ni moralisation ne devaient se traduire et ne se sont d’ailleurs toujours pas  encore véritablement traduites dans la réalité. Au contraire, l’impression que le peuple s’est fait de l’usage abusif de ces slogans dans les verbiages politiques des nouveaux maîtres aux commandes du bateau camerounais (pas encore "dans la tourmente" à l’époque) est que plus on parlait de rigueur dans la gestion des biens publics et de moralisation des comportements, mieux se portaient les détournements de fonds publics tout comme l’était l’immoralité dans la nouvelle société camerounaise.
En dépit de nombreuses et diverses dénonciations faites par les organisations de la société civile, le Cameroun du Renouveau était déjà engagé dans un processus de décrépitude très avancée et irréversible. Mais le président Paul Biya, péchant soit par ignorance, soit par démagogie, en vint à demander : « où sont les preuves ? », sous entendu, les preuves des détournements dont ses collaborateurs sont accusés. Dès lors, ministres, Directeurs de sociétés et autres Directeurs de l’administration centrale, se sentant protégés par cette imprudente réaction du prince, se sont livrés à une course effrénée vers un enrichissement autant illicite qu’insolent. Du coup, les preuves n’ont pas tardé à se manifester, à l’instar de celles apportées par "l’affaire Messi" (cf. JAE n°152)
Parallèlement à ces actes d’indélicatesses financières, restés impunis pour un bon nombre, le Cameroun dont rêvaient les Um Nyobè, Ernest Ouandié, Ossendé Afana, Félix Roland Moumié, etc., est progressivement devenu la proie des sectes dont la prolifération s’est faite à une vitesse exponentielle.

Fourberie politique

Aujourd’hui, il est évident  que ces slogans fondateurs du régime du Renouveau sont abandonnés, et cet abandon crée chez les Camerounais un réel sentiment d’avoir été victimes de roublardise politique. L’espoir né du changement de régime s’est mué en incrédulité collective, au point où aucun Camerounais n’a été surpris du trophée mondial du pays le plus corrompu remporté deux fois successivement en 1994 et 1995.
Avec ces roueries d’un séducteur politique des temps modernes, Paul Biya apparaît comme un maître dans l’art des discours sans emprise sur la réalité, puisque l’on peut remarquer que durant ses trois décennies de règne, l’homme du 6 novembre a fait beaucoup de promesses sans qu’elles soient toujours réalisées. Il est vrai que les paresseux politiques laissent croire que les promesses n’engagent que ceux qui y croient, mais lorsque ces promesses s’érigent en règle et non en exception qui confirme la règle, il y a lieu de conclure à la fourberie politique.
Sinon, comment comprendre que c’est quand le président de la République annonce la baisse du coût ou la gratuité de quelque chose que précisément les prix grimpent vertigineusement. On se souvient par exemple qu’avant les émeutes de février 2008, Paul Biya a promis de faire baisser les prix des produits de première nécessité. Mais grande fut la surprise de la ménagère de constater que quelques temps après les prix du sucre, du poisson, du lait, du gaz domestique, etc., ont augmenté. Au registre des promesses non tenues par l’homme lion, figure la modification en avril 2008 de la Constitution dont on dit qu’elle résultait d’un consensus national qui devait permettre à M. Biya de faire deux mandats au terme desquels il se retirerait afin que l’alternance politique se fasse dans notre pays en 2001. Il en est de même de la question de la gratuité de l’école primaire où les frais de la scolarité ont été doublés par les frais d’Ape.  Des promesses comme celles-là, le père du Renouveau en a fait, mais ne les a pas toujours tenues. Dès lors, la moindre promesse de Paul Biya est perçue sous un prisme démagogique. C’est ainsi que lorsque le 10 février dernier, le président de la République, s’adressant aux jeunes, disait avoir « instruit le premier ministre de procéder, cette année, à un recrutement spécial, dans la fonction publique, de 25 000 jeunes diplômés », beaucoup y compris les jeunes, ont douté, même s’ils sont allés déposer les dossiers ; "faisons-le quand même, on ne sait jamais", disaient-ils.
Au regard de cet ensemble de contradictions politiques, une réflexion s’impose : soit Paul Biya s’est entouré des collaborateurs incapables de veiller à l’application des décisions de leur chef ; soit alors il est lui-même victime de sa propre inertie, puisqu’il ne sanctionne pas les collaborateurs incompétents. Il n’a jamais, par exemple, évalué les six premiers mois de l’action gouvernementale comme promis. Autant de choses qui auraient fait dire au sémillant et pétillant sémiologue du Renouveau que Paul Biya fait de l’oxymore politique.
Jean Paul Sipadjo


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