Solidaires, disciplinées et propres, les détenues de la prisons de New Bell réussissent grâce à ces qualités à entretenir lur cadre de vie et surmonter les difficultés du milieu carcéral. Tout n'est pas rose pour autant, au niveau de la nourriture et du divertissement.
Pas l'ombre d'un papier ou d'immondice dans le couloir qui mène le visiteur dans le quartier des femmes de la prison de New-Bell. Le caniveau qui traverse le corridor est propre tout comme les haies de fleurs bien taillées. Dans la cour du quartier des femmes, suffisamment propre se trouvent deux pelles, un râteau et une perche qui servent à la propreté des lieux. "Ces outils, indique Adeline, une pensionnaire, permettent de nettoyer le caniveau et les parcelles de fleurs situés dans le couloir".
Le bâtiment construit par l'Union européenne à travers le Pacdet est bien entretenu.
Chaque matin un groupe de six détenues, nettoie entièrement le quartier notamment la cour, les toilettes et les cellules. Une détenue appelée "commandant hygiène", est chargée de veiller à la propreté. Gare aux détenues qui sont surprises en train de cracher ou jeter des ordures dans la cour ou les cellules. "Quiconque ne respecte pas les règles d'hygiènes s'expose à des sanctions disciplinaires", prévient Adeline.
La solidarité fait la force
Les pensionnaires du quartier des femmes de la prison de New Bell ne laissent personne indifférent. Bien coiffée et maquillées, leurs ongles sont soigneusement vernies. Ces femmes se débrouillent toutes seules pour acquérir les produits de beauté. "Nous faisons des bons de commandes. Le matin, nous donnons de l'argent à l'une de nos sœurs qui va en corvée. Le soir elle paye les différents produits de beauté et nous les ramène", explique Adeline. Elles sont par ailleurs par moment approvisionnées par des parents qui leur rend visite et doivent partager ces articles avec les plus démunies. "Vernis à ongles, fards, rouges à lèvres, perruques etc., passent alors de mains à mains", explique Adeline.
Les femmes qui exerçaient le métier de coiffeuse avant leur détention, offrent gratuitement leurs services aux autres. Dans les dortoirs, chaque détenue dispose actuellement d'un lit. Toutefois, lorsque le nombre de détenue est élevé, seules les détenues les plus nanties bénéficient de ce privilège. Les démunies sont alors obligées de se partager deux lits à trois faute d'argent pour payer.
Satisfaction mitigée
Les détenues ne sont pour autant pas satisfaites de leurs conditions de détention. Hormis la télévision, elles n'ont pas d'autres sources de divertissement. "On a l'impression que les journées sont longues parce qu'on s'ennuie", témoigne Adeline. Un désoeuvrement qui, poursuit-elle, est souvent la cause de nombreuses disputes entre les femmes. En novembre dernier, Ngo Bassop, la gardienne chef de prison du quartier des femmes a lancé un appel aux âmes de bonnes volontés, pour la construction d'ateliers de couture et d'informatique, ainsi qu'une salle de classe en vue d'assurer le suivi-scolaire des plus jeunes. Des initiatives qui selon elle, pourraient permettre d'occuper les femmes.
L'insatisfaction des détenues porte également sur leur alimentation. Tous les dix jours, elles reçoivent de la prison, dix boites de riz. Et puis plus rien. Chacune doit alors se débrouiller pour trouver les épices et le complément ou faute de mieux revendre à 500 Fcfa son riz à leurs co-pensionnaires qui font de la restauration payante dans le pénitencier.
Présidente de l'association "Action pour l'épanouissement des femmes, des démunis et des jeunes détenus", Éliane Paule Meubeukui salue "des conditions de détention acceptables au quartier des femmes de la prison de New Bell". La responsable de l'organisation de la société civile déplore toutefois que la capacité d'accueil de cet établissement soit réduite. "Il n'y a que deux cellules qui pour l'instant, réussissent à contenir sans difficultés, la cinquantaine de détenues du quartier des femmes. En cas d'augmentation de l'effectif, ces locaux ne seront pas suffisants", craint-elle.
Anne Matho (Jade).