La Françafrique: une spécificité française?
Pourquoi la françafrique serait-elle un scandale pour la République ? Parce que les figures relationnelles qu’elle dessine et tend à perpétuer ne sont pas républicaines, ne correspondent pas aux valeurs républicaines qui en France s’inscrivent dans la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789.
Le concept de « Françafrique », inventé par François-Xavier Verschave en 1998, dit-on, est aujourd’hui en train de devenir un lieu commun de la terminologie politique africaine francophone, mais un lieu commun à controverse. Il a suscité un débat particulièrement nourri dans l’encyclopédie en ligne Wikipédia entre ceux qui y voient uniquement le versant hideux de la politique africaine de la France et ceux qui l’assimilent au concept considéré comme plus polyvalent de « France-Afrique » forgé par Houphouët Boigny en 1955. C’est que, comme une image-choc, ce concept de « Françafrique » condense de manière explosive l’histoire d’une relation vécue d’un côté comme une passion blessée, irrationnelle comme toutes les passions, d’autant qu’elle semble avoir tourné à la haine. Rien de grand ne peut se faire sans passion, dit-on ; il n’empêche que les passions sont aveugles et par conséquent mauvaises conseillères. À l’heure où l’Afrique cherche à construire une relation nouvelle avec le monde extérieur, il me semble que l’Afrique francophone doit liquider la «Françafrique» comme un vieux complexe qui ne pourrait être qu’un bagage encombrant. Et pour mieux le faire, il va de soi qu’elle doit mieux la comprendre. « On ne comprend que par comparaison », disait André Malraux. La France ne fut pas la seule nation occidentale à bâtir un empire colonial au sortir du Moyen âge : il y eut aussi entre autres le Portugal, la Hollande, l’Espagne, mais surtout la Grande-Bretagne. Comment chacune de ces ex-puissances coloniales vit-elle sa relation postcoloniale avec ses anciennes colonies ? La « Françafrique » serait-elle une spécificité française ? Lire la suite