Les géniteurs et les serviteurs de la Françafrique au Cameroun
Comment le système de domination et de contrôle des anciennes colonies françaises d’Afrique Noire a-t-il été créé, et comment a-t-il fonctionné à ses débuts ? Comment fonctionne-t-il aujourd’hui ? Aurait-il pu être évité dans notre pays ? Tel est l’objet de notre intervention de ce jour. En fait, ce que l’on appelle communément la « Françafrique », n’est rien d’autre que le système de maintien de l’influence française en Afrique noire par-delà l’indépendance. Charles de Gaule, président français, avait bien résumé, en son temps, ce système : « la colonisation s’est muée en coopération ». Traduction, les choses continuent comme avant. Il y a simplement des réaménagements rendus nécessaires par l’évolution du monde. Le tout premier de ces réaménagements a découlé de la « Charte Atlantique », signée le 14 août 1941 entre le président des États-Unis d’Amérique, Franklin Delano Roosevelt, et premier ministre britannique, Winston Churchill. Que prévoyait ce fameux document ? Réponse : « le droit des peuples à choisir la forme du gouvernement sous laquelle ils souhaitent vivre », et également, « le droit à l’autodétermination restauré à ceux qui en ont été privés par la force ». En clair, la fin du régime colonial. En retour, Charles de Gaulle a convoqué la fameuse « conférence de Brazzaville » qui visait à réaffirmer la volonté de Paris de ne pas perdre ses colonies, mais, à y modifier le mode de domination des populations. Le second de ces réaménagements a découlé de la lutte des peuples africains pour leur émancipation, entamée dès 1946. Celui-ci s’est traduit par la proclamation de la série d’indépendances des pays africains vidées de leur contenu qui ont eu lieu tout au long de l’année 1960. C’est celui-ci qui est à l’origine de la « Françafrique » tant décriée de nos jours.