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Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable - Crises politiques en Afrique : Le Cas de la Côte d’Ivoire

Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable - Crises politiques en Afrique : Le Cas de la Côte d’Ivoire

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Index de l'article
Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable
Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable
Quelques réflexions sur la notion de communauté internationale
La communauté internationale est-elle gardienne des élections présidentielles africaines ?
Communauté internationale et reconnaissance de gouvernement
Crises politiques en Afrique : Le Cas de la Côte d’Ivoire
Côte d'Ivoire : la démocratie au bazooka?
Au-dela de Gbagbo : L’Afrique
Au-dela de Gbagbo, L’Afrique et les tiers-monde de demain
Médias: Entre mercantilisme, conformisme et révérence
La face cachée de la
Ces hommes politiques adoubés par la
Communauté internationnale et les crises politiques au Cameroun de 1948 à jours
Quelle place et quel rôle pour l'Onu au sein de la communauté internationale?
Jusqu'où peut on avoir confiance en l'Onu?
Révolution arabe: quel impact sur le nouvel équilibre mondial?
Crise ivoirienne: une opinion africaine de toutes parts handicapée
L’Afrique entre Révolution et manipulations
Toutes les pages

Crises politiques en Afrique : Le Cas de la Côte d’Ivoire
S’interroger sur la ‘‘communauté internationale’’ et les crises politiques africaines(1), illustrées par l’exemple contemporain de la République de Côte d’Ivoire, revient à questionner l’histoire de la genèse et de l’évolution des pouvoirs politiques africains(2). En réalité, il ne s’agit pas d’une histoire mais de plusieurs histoires car, l’Afrique(3) n’est pas une, elle est multiple, diverse et relative. Il en va aussi de même des pouvoirs politiques qui l’animent.
Cependant, il y a un dénominateur absolument commun à toutes ces Afriques(4), à savoir que tous les pouvoirs politiques africains contemporains, à quelques exceptions près(5), sont nés d’une crise(6) et résistent à des crises. Autre dénominateur commun : l’omniprésence de la ‘‘communauté internationale’’ à la naissance et tout au long de l’évolution de ces pouvoirs politiques africains. Cette ‘‘communauté internationale’’ a plusieurs facettes. L’idée de communauté y est en réalité une illusion(7). Seul son caractère international est certain. Une autre certitude : l’émergence des pouvoirs politiques africains découle de l’auto-affaiblissement considérable des puissances coloniales européennes au sortir des deux grandes guerres qu’elles se sont mutuellement livrées, en y entraînant l’essentiel des populations et des nations du monde.

Par contre, la consolidation ‘‘relative’’ de ces pouvoirs politiques africains (consécutivement au dépérissement progressif et rapide des différents systèmes coloniaux) et leur évolution ultérieure a été fortement conditionnée par la fulgurante bipolarisation politique et idéologique du monde d’après guerre. Cette bipolarisation a eu pour conséquence la résurrection planifiée, et politiquement marquée, des anciennes puissances coloniales, elles-mêmes rétrogradées au rang de pays satellites de la nouvelle superpuissance planétaire américaine face à la superpuissance continentale soviétique matérialisée par la constitution d’un glacis territorial protecteur dit ‘‘bloc de l’Est’’. L’Afrique (il serait plus exact de dire les Afriques) politique ‘‘décolonisée’’ de cette époque est en fait à l’image (fort complexe) de cette nouvelle situation politique et idéologique mondiale dans laquelle les Etats-Unis dominent, l’Union soviétique résiste et l’Europe, divisée, amoindrie et instrumentalisée, cherche à se repositionner. La France, par exemple, contrainte de décoloniser par les nouvelles puissances dominantes agissant au sein de l’Organisation des Nations Unies (Onu) et les forces nationalistes africaines, va néanmoins défendre, avec un certain succès, la thèse de l’exception française qui va se traduire par l’acquisition d’une force de dissuasion nucléaire et la préservation d’une zone d’influence territoriale en Afrique (zone franc) et culturelle dans le monde (francophonie).

Confrontation militaire directe

En effet, l’avènement des deux ‘‘super grands’’ sur la scène mondiale a eu pour effet l’expulsion relative (ou le recul) des puissances européennes du (sur le) continent africain, devenu le champ d’expression de la contradiction idéologique américano-soviétique. Ceci d’autant plus que l’équilibre de la terreur nucléaire a gelé les positions sur le théâtre européen en rendant toute confrontation militaire directe impossible car, suicidaire pour toutes les parties. La guerre froide, c'est-à-dire la guerre par pays interposés, s’est donc délocalisée sur un continent africain constituée d’Etats plus artificiels que réels. Les ‘‘protonations’’ africaines(8) (selon la terminologie de Jean Ziegler(9)), n’ont pas été en mesure de garantir les pseudos souverainetés qu’elles avaient récemment acquises. Elles ont donc dû s’aligner derrière l’un des ‘‘super grands’’ pour subsister, même si elles affirmaient officiellement leur non alignement. Suivant cette logique implacable, la France va assurer la supervision des intérêts américains dans son ‘‘pré carré’’. En échange, elle va conserver la haute main sur l’ensemble des ressources des pays ainsi soumis à une tutelle de fait. En effet, l’Europe occidentale avait été précipitamment redressée par la puissance financière américaine dans le but de contrer par tout moyen la poussée communiste en Europe, d’abord, et dans le monde, ensuite. Dans ce nouvel ordre international appliqué à l’Afrique, les considérations géopolitiques l’ont alors emporté largement sur toute autre considération, fût-elle humanitaire. Sur ce point précis, tous les beaux principes onusiens ont été foulés au pied et l’Onu elle-même a joué le jeu de la principale puissance dominante, aussi bien en Corée qu’en Afrique centrale (Zaïre) et ailleurs. Ce schéma géopolitique mondial, avec son cortège de crises politico-idéologiques, a conditionné le destin de l’ensemble des pouvoirs politiques africains  jusqu’à la survenance d’un évènement inattendu, aux répercussions mondiales : la fin du bloc communiste en 1990 qui consacre la victoire du ‘‘monde libre’’ ; la ‘‘fin de l’histoire’’ selon Fukuyama. Les Etats-Unis, unique super puissance planétaire post guerre froide ont, enfin, les coudées franches. Ils vont redéfinir un nouvel ordre mondial adapté à la nouvelle réalité planétaire et fondé sur l’unilatéralisme américain. Ils n’ont plus absolument besoin de l’Onu. Ils font avec ou sans elle. Leurs alliés européens (‘‘la vielle Europe’’)(10) ne sont plus indispensables. Il n’y a plus personne en face d’eux. Les velléités gaulliennes de la France vont s’estomper. Elle s’alignera sur les positions américaines dans la résolution de la crise politique dans l’ex Yougoslavie avec une intervention hors Onu de l’Otan au Kosovo. Elle participera à la guerre américaine contre l’Iraq (pour sauver le pétrole du Qatar). Elle réintègrera le commandement unifié de l’Otan sous Sarkozy. Elle cèdera même du terrain en Afrique dans l’ancien ‘‘pré carré’’.

Repositionnent américain en Afrique

En effet, les Etats-Unis se repositionnent en Afrique. La raison en est simple : un ennemi d’un genre nouveau a troublé la pax americana. C’est Al-Qaida, le vecteur nébuleux et insaisissable du terrorisme planétaire. ‘‘La réponse du faible au fort’’ dira Jean Emmanuel Pondi. Il est clair aujourd’hui que la paix et la sécurité mondiales ne sont pas à l’abri de certains dangers qui les guettent. Mais la contradiction flagrante avec la période de la guerre froide c’est que les grandes puissances ont moins peur des Etats forts que des Etats en faillite ou des ‘‘Sous-états’’ comme l’Afghanistan. En effet, le 11 septembre 2011, la ‘‘nébuleuse islamique’’, qui avait déjà quelques grands faits à son actif, a donné la preuve ultime de son pouvoir de destruction à travers des frappes coordonnées, planifiées depuis l’Afghanistan et opérées à différents endroits du territoire même des Etats-Unis par le moyen d’aéronefs civils détournés. Ce faisant, la nébuleuse d’Oussama Ben Laden a suggéré que le nouvel ordre international post guerre froide ne sera pas réécrit unilatéralement par la superpuissance américaine dominante. Depuis lors, cette dernière est entré en guerre contre le terrorisme planétaire, partout, y compris en Afrique.

Effectivement, à l’est du berceau de l’humanité, la Corne de l’Afrique est soumise à une vigoureuse poussée islamiste. Significativement, le Pentagone considère que le Moyen-Orient et la Corne de l’Afrique relèvent d’une même aire géostratégique, l’Asie du Sud-ouest. La Somalie est l’un des fronts de la Global War on Terror et les Etats-Unis y soutiennent l’engagement militaire éthiopien. Depuis 2002, les militaires américains sont présents à Djibouti, longtemps considéré comme une place forte française. Les enjeux pétroliers ne sont pas absents (exportations pétrolières depuis Port-Soudan et passage du détroit de Bab El-Mandeb). Depuis les côtes atlantiques de l’Afrique jusqu’à la mer Rouge s’étire l’aire saharo-sahélienne. On y redoute l’installation de réseaux terroristes, d’où un fort engagement des Etats-Unis, avec l’« Initiative transsaharienne de lutte contre le terrorisme ». Placé sous les feux de l’actualité en raison des drames et massacres du Darfour, le Soudan participe de cette aire saharo-sahélienne. Les pays européens, via l’Union européenne et l’Otan, y soutiennent l’action de l’Union africaine. En fait, le Sahara, zone de transit, zone refuge et zone d’activités secrètes, est au croisement de multiples initiatives mises en place par les grandes puissances. Au lendemain du 11 septembre 2001, il s’impose comme espace stratégique dans la démarche globale de lutte contre le terrorisme selon la logique de responsabilisation des Etats, en les dotant des moyens technologiques et de l’encadrement militaire propres à accroître le contrôle de leur territoire. Il s’agit en définitive de lutter contre la formation d’une zone grise échappant à tout contrôle.  A cet effet, la présence multiforme des Etats-Unis devrait déboucher sur la mise en place d’un grand commandement opérationnel, l’Africa Command. Dans leur sillage, l’Otan pourrait s’investir davantage dans les affaires africaines, réorientation subordonnée à l’accord des alliés européens.

La France reconfigure son dispositif militaire et cherche à européaniser le programme Recamp (Renforcement des Capacités Africaines de Maintien de la Paix). La Politique Européenne de Sécurité et de Défense (Pesd) est mise en œuvre, en République Démocratique du Congo ainsi qu’au Soudan. L’Union européenne est engagée depuis plusieurs années en République Démocratique du Congo (de l’opération «Artémis» à l’Eufor RD Congo). En 2005, le Conseil a adopté une « Stratégie de l’UE pour l’Afrique » et l’Union européenne apporte son soutien à l’Union africaine dans l’édification d’un système régional de sécurité collective. Le financement et le projet de déploiement d’une force européenne au Tchad et en Centrafrique sont un nouveau test de la commune volonté des Européens de peser sur le cours des évènements. Les ambitions de l’Union européenne en Afrique et l’investissement des Etats-Unis sur ce continent ne vont pas sans rivalités, tant entre nations européennes que de part et d’autre de l’Atlantique. Pour autant, les rivalités diplomatiques et économiques ne sont pas des relations d’hostilité, au sens le plus polémologique du terme. L’action commune de Paris, Londres et Washington au Conseil de Sécurité pour faire voter le déploiement d’une force mixte Onu-Union Africaine (résolution du 31 juillet 2007) en apporte la preuve.

L’essentiel

La Russie ne néglige pas non plus l’Afrique et fait figure de « parrain » du Soudan, au sein des Nations unies.

L’Inde utilise le relais de sa diaspora africaine (Afrique du Sud et Afrique orientale).

Mais l’essentiel n’est pas là. Il se trouve qu’une fois de plus, l’histoire va bégayer. En effet, les données géopolitiques et stratégiques planétaires ont encore rapidement évolué. En effet, après la chute du mur de Berlin et l’implosion de l’Union soviétique, suivi de la fin du bloc communiste dans les années 90, il semblait qu'il n’y avait plus qu'une seule superpuissance planétaire victorieuse, notamment les Etats-Unis d’Amérique. Or, depuis la dernière réunion du G20 en Corée du Sud, un fait s’impose à tous, à savoir : l'émergence d'une nouvelle superpuissance planétaire, notamment la Chine. Ce fait entraine une nouvelle confrontation dans laquelle la Chine et ses alliés, la Russie y comprise (ce qui est aussi une nouveauté) cherchent à reprendre pied sur le continent africain.

Selon le Livre blanc publié par les autorités chinoises, les échanges entre le continent africain et la Chine ont atteint 114,8 milliards de dollars (87,7 milliards d’euros) pour les onze premiers mois de l’année 2010, soit une hausse de 43,5%. C’est un nouveau record qui s’établit après celui de 2008 où le niveau des échanges avait atteint plus de 106 milliards de dollars. Ainsi, Radio Chine internationale rappelle que les investissements chinois en Afrique ont démarré dans les années 1980. Entre 2000 et 2008, le taux de croissance moyen des échanges commerciaux a été estimé à 33,5%. En 2009, la Chine est devenue le premier partenaire commercial du continent africain devant les Etats-Unis et la France(11). L’investissement direct a atteint cette année-là 1,44 milliards de dollars américains. Ses principaux partenaires commerciaux sont l’Angola, avec un volume d’échanges bilatéral de 17 milliards de dollars, l’Afrique du Sud (16 milliards), le Soudan (6,39 milliards) et le Nigeria (6,37 milliards). En ce qui concerne le pétrole, l’Angola et le Soudan assurent d’ores et déjà 30% des approvisionnements pétroliers de Pékin qui, à la différence des Occidentaux, ne subordonne son aide à aucune conditionnalité politique. Le tiers des importations totales de la Chine en 2007 provient d’Afrique, selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), les principaux fournisseurs étant l’Angola, le Soudan et le Nigeria. Tels sont les nouveaux paramètres du grand jeu mortel qui se déroule en ce moment en Afrique. Et c’est la Chine qui défie les puissances occidentales (voir le sommet Chine-Afrique de Pékin, 3-5 novembre 2006).
L’enjeu africain est simple. C’est le contrôle des ressources énormes et variées dont regorge l’Afrique(12), en vue de l’hégémonie planétaire. Pour faire simple, le monde est devenu comme un navire dans lequel toutes les nations sont embarquées et au sein duquel il est question de savoir qui tiendra le gouvernail. La réponse à cette question passe apparemment par le contrôle des ressources africaines. Celui qui tiendra l’Afrique tiendra le gouvernail du monde, semble-t-il. La recherche d’un nouvel équilibre est donc en cours et cette bataille nouvelle semble se dérouler suivant les conditions définies par la nouvelle superpuissance chinoise, usine et créancière du monde(13).
L’Occident défend encore une vieille idée de l’Afrique dans laquelle il contrôle tout à travers ses hommes de main et s’accommode volontiers d’une misère de masse. La Chine est celle qui veut changer la donne et faire de l’Afrique la vitrine de sa puissance économique et militaire hors d’Asie. Cela froisse fortement l’Union européenne et les Etats-Unis. Mais ces derniers ont-ils encore la capacité de résister longtemps au rouleau compresseur chinois qui a décidé de faire de l’Afrique un des piliers de sa superpuissance en construction, exactement comme les Etats-Unis avaient fait avec l’Europe il y a environ 66 ans ?
La crise politique ivoirienne est la conséquence visible de cette nouvelle donne géopolitique internationale(14). Sur fond de lutte entre les musulmans et les chrétiens dans la prise du pouvoir, d’investissements chinois et de balkanisation de la Côte d’Ivoire, c’est le nouveau découpage territorial de l’Afrique qui est au menu des grandes puissances de ce monde. Le cas du Soudan en est une illustration incontestable, ainsi que le fût le Congo durant les années de guerre froide.
En réalité, cette crise a eu pour mérite de manifester au grand jour le fait que les principales organisations africaines sont aussi relativement sous contrôle américain. Plus grave, cette affaire traduit une opposition entre l'ONU et une nation. Plus généralement, il s’agit d’un renversement de situation concernant la gestion des dossiers africains et leur domination actuelle par les organisations internationales contrôlées par les États-Unis.
Aujourd'hui, c'est la place et la domination des États-Unis sur le continent africain qui sont en jeu. La divulgation des notes diplomatiques américaines par Wikileaks et leur analyse permettent de démontrer que les Américains étaient très heureux de l'effacement français, puisque cela leur laisse le champ libre sur la totalité du continent. Selon Philippe Evanno, « le bouclage de cette domination se joue sur la présidentielle ivoirienne, puisque c'est sur cette présidentielle que l'on joue l’annulation pure et simple de la souveraineté des Etats africains ».
Mais, peut-être que les principales puissances africaines n’accepteront pas cette nouvelle domination et décideront enfin, face à l’imminence du danger qui ne les épargnera certainement pas, de donner de la substance à l’Union africaine en lui insufflant les prémices d’un véritable pouvoir souverain africain ! L’expérience de la Côte d’Ivoire semble aller dans cette direction avec la reprise en main par l’institution panafricaine du dossier ivoirien.
Georges Noula Nangue,
Doctorant en droit international
Université de Yaoundé II

SOA
1- Une multitude de petites guerres civiles ont fait irruption dans ce continent et ont provoqué la mort de plus de personnes qu’au cours des deux dernières décennies n’importe où ailleurs sur la terre. À titre d’exemple, le Comité de Secours International a estimé à 3, 3 millions de personnes mortes à la suite du conflit en République démocratique du Congo. Le génocide au Rwanda en 1994 a fait, quant à lui, plus de 800 000 morts.
2- Autoritaires et despotiques, de tels pouvoirs appellent fatalement la violence, d’où l’instabilité politique chronique qui règne dans la société postcoloniale.
3- D’une superficie de 30 221 532 km2 en incluant les îles, l’Afrique est un continent couvrant 6 % de la surface terrestre et 20,3 % de la surface des terres émergées1. Avec une population de plus d'1 milliard habitants (2010), les Africains représentent 16,14 % de la population mondiale. L’Afrique comprend 48 pays en incluant Madagascar, et 54 en incluant tous les archipels.
4- Les frontières des États africains sont en grande partie issues de la colonisation, ce qui explique qu'elles ne prennent que peu en compte les réalités des populations. De même le regroupement des différents pays en sous-régions est utilisé plus dans un souci pratique que par vérité historique. On distingue généralement l’Afrique du Nord, l’Afrique noire (appelée aussi l’Afrique subsaharienne) et l'Afrique australe : l’Afrique du Nord, limitée au sud par le Sahara, est habitée par des populations à majorité arabe et berbère ; l'Afrique subsaharienne est elle-même subdivisée en trois sous régions : l’Afrique de l'Ouest, l’Afrique de l'Est, l’Afrique centrale ; l'Afrique australe jouit d'un climat tempéré et possède le plus fort niveau de développement économique.
5- En 1914, du fait de l'essor des empires coloniaux, le continent noir ne comptait plus que deux États souverains, l’Abyssinie (ou Éthiopie) et le Liberia, auxquels s'ajoutèrent par la suite l'Égypte (1922) et l’Union sud-africaine (1931). Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le nombre d'États africains indépendants n'a cessé d'augmenter, passant de 4 en 1945 à 27 en 1960, pour atteindre 53 en 1993.
6- Pour la science politique, le mode de domination politique de la société postcoloniale, n’est pas un État, car il n’en a pas les caractéristiques. Il lui manque même les propriétés systématiques, qui en feraient tout simplement un système politique. En effet, l’État est un système politique lié à un univers culturel et une histoire spécifiques
7 Les 192 États qui constituent l’ONU sont tous différends les uns des autres du point de vue des valeurs culturelles, philosophiques et politiques. De plus, ils y pèsent d’un poids très variable dans le processus de décision de l’organisation mondiale.
8- Le fonctionnement chaotique et prédateur de ces pouvoirs africains postcoloniaux, rend sa capacité économique extérieure nulle. Alors, ils tombent inévitablement dans l’orbite de la dette, qui entraîne leur soumission aux diktats des institutions financières internationales sous la forme de programmes d’ajustement structurels, voire culturels. Faibles de l’intérieur, malgré leur autoritarisme et leur violence, les régimes politiques postcoloniaux, le sont aussi à l’extérieur. Car leur fragilité économique en fait les jouets et les marionnettes des grandes puissances. Ils apparaissent alors comme des États-client, manipulés à volonté par des États-patron, et incapables de jouer le moindre rôle sur la scène internationale.
9- Cf son ouvrage célèbre intitulé : Main basse sur l’Afrique.
10- Qualification faite par Donald Romswelt, Secrétaire d’État américain à la défense dans l’Administration de George Bush fils.
11- A noter que la Chine est déjà le premier partenaire commercial des États-Unis, de l’Australie, du Japon et de l’Inde.
12-  Environ 30 % des ressources minérales mondiales se situent dans le sous-sol africain, dont 40% de l'or (Ghana, Afrique du Sud), 60 % du cobalt (République démocratique du Congo, Togo) et 90 % du platine. Il y a un très net décalage entre la richesse des pays et leurs ressources naturelles : les richesses sont exploitées dans une logique coloniale qui a continué avec les élites locales.
13- « Convaincre la partie adverse qu’elle a perdu la bataille est la meilleure façon de vaincre », Sun Tzu, L'art de la guerre.
14- Plusieurs pays, comme la Russie, le Brésil, la Chine ou le Mexique soutiennent Laurent Gbagbo, alors que les États-Unis ou la France demandent son départ.