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Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable - Communauté internationnale et les crises politiques au Cameroun de 1948 à jours

Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable - Communauté internationnale et les crises politiques au Cameroun de 1948 à jours

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Index de l'article
Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable
Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable
Quelques réflexions sur la notion de communauté internationale
La communauté internationale est-elle gardienne des élections présidentielles africaines ?
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Médias: Entre mercantilisme, conformisme et révérence
La face cachée de la
Ces hommes politiques adoubés par la
Communauté internationnale et les crises politiques au Cameroun de 1948 à jours
Quelle place et quel rôle pour l'Onu au sein de la communauté internationale?
Jusqu'où peut on avoir confiance en l'Onu?
Révolution arabe: quel impact sur le nouvel équilibre mondial?
Crise ivoirienne: une opinion africaine de toutes parts handicapée
L’Afrique entre Révolution et manipulations
Toutes les pages

Communauté internationnale et les crises politiques au Cameroun de 1948 à jours
La communauté internationale, dans le vocabulaire courant des journalistes et des sociologues, désigne de manière assez floue d’ailleurs, un groupe de pays censés avoir une grande influence sur l’actualité et l’avenir des autres pays et peuples du monde. A ce groupe, l’Onu vient souvent se greffer sans qu’on lui confère une grande considération, si ce n’est pour la légitimation légale et juridique d’actes parfois proprement criminels.
Cette expression, « la communauté internationale » est bien évidemment utilisée abondamment par les médias occidentaux, qui visent ainsi à consacrer comme étant normal, le fait qu’un petit groupe de pays – en tête desquels se trouvent les Etats Unis, la France, le Royaume Uni, notamment, soutenus en cela par leurs alliés mais surtout leurs obligés et leurs vassaux – tente de s’octroyer un pouvoir drastique sur le reste du monde, souvent par la force et la négation du droit.
Pourtant, dans son sens le plus strict, la communauté internationale devrait désigner, non seulement les puissances militaires et économiques citées ci-dessus, mais également tous les pays constitutifs de l’Organisation des Nations Unies, qu’ils soient pauvres ou riches, militairement et économiquement puissants ou non.
Il apparaît aussi utile, pour une analyse future du rôle de la communauté internationale dans les crises au Kamerun, de différencier trois types de communauté internationale :
- la communauté internationale occidentale, celle qui fait le plus parler d’elle et qui tente de s’imposer comme maîtresse du monde, avec comme contrepoids principalement au sein de l’Onu, la Chine et la Russie.
- la communauté internationale des continents périphériques (Amérique du Sud, Asie et Moyen-Orient)
- la communauté internationale des pays pauvres et peu influents (Afrique en général, caraïbes et Pacifique)
S’agissant de la communauté internationale dont il sera question tout au long de cet article, elle est principalement entendue comme communauté internationale occidentale, associée à l’Organisation des Nations Unies, et accessoirement comme un conglomérat de pays ou d’entités politiques épicentrés sur la France. En effet, les gouvernements français, véritables ennemis de la libération totale du peuple kamerunais, ont toujours été, depuis 1919, les moteurs des prises de position d’une frange non négligeable de la communauté internationale à l’égard du Kamerun et de ses crises.

Il serait cependant biaisé de considérer cette communauté internationale comme une simple caisse de résonance des désirs de la France au Kamerun, ou comme une entité monolithique dans ses attitudes vis-à-vis du Kamerun. De nombreux pays, traditionnellement ou politiquement anti-colonialistes, se sont souvent opposés aux diktats de la France au Kamerun. Ça et là à travers l’histoire des rapports entre la « communauté internationale » et le Kamerun, apparaissent des lignes de fracture claires dans les prises de positions au sein de cette communauté, mais hélas avec peu d’emprise finale sur le quotidien des Kamerunais. Ces contradictions internes ou ces divergences de vues n’ont donc eu que peu d’incidence sur la résolution des crises politiques au Kamerun.

Proclamation de l’indépendance

D’emblée, on peut affirmer que la communauté internationale, quelle que soit l’entendement qu’on lui donne, n’a que très peu souvent – pour ne pas dire jamais – œuvré efficacement dans le sens de la défense des intérêts du peuple kamerunais. Qu’il s’agisse de la mise sous tutelle de la Société des Nations (Sdn) du Kamerun en 1919, du traitement des aspirations indépendantistes au Kamerun et des crises conséquentes dans la décennie précédant la proclamation de l’indépendance, des assassinats successifs des leaders politiques et patriotiques kamerunais, jusqu’à Ernest Ouandié, de la crise politique du début des années 1990 suite à la réouverture au multipartisme, des fraudes à répétition successives depuis 1956 jusqu’à nos jours, des massacres de février 2008 au Kamerun, des violations massives des droits humains, etc, la « communauté internationale » n’a que très rarement soutenu le peuple kamerunais et condamné ses bourreaux intérieurs ou extérieurs.

S’il fallait remonter à une date origine de l’implication de la « communauté internationale » dans les crises politiques et l’avenir du Kamerun, après la conférence de Berlin de 1885 qui consacra le partage de l’Afrique dont le Kamerun, on pourrait considérer la date du 28 juin 1919, date de la signature du Traité de Versailles, sous l’égide de la Société des Nations (Sdn), ancêtre de l’Onu : en effet, alors que le traité de protectorat liant les chefs Duala aux Allemands était déjà expiré, et que l’Allemagne n’avait plus, en principe, d’autorité sur le Kamerun, ce territoire fut abusivement placé sous tutelle de l’Onu et fut partagé, pour son administration, entre la France et l’Empire britannique. Cette première attitude de non droit de la communauté internationale vis-à-vis du Kamerun, comme d’autres pays du reste, indiquait déjà comment elle allait se comporter tout au long de l’histoire du Kamerun, ce pays né de la communauté de résistance à l’occupation allemande.
La principale crise politique vécue par le Kamerun est sans conteste son accession à une indépendance nominale en lieu et place d’une véritable indépendance, comme souhaité par les combattants nationalistes de l’après-guerre mondiale. Une indépendance virtuelle que la communauté internationale occidentale, au nom de la lutte contre le « communisme », alibi souvent invoqué pour éviter de libérer les peuples des jougs coloniaux, adoubera par une complicité criminelle quand on considère les atrocités qui furent commises pour empêcher que le peuple kamerunais ne jouisse d’une véritable indépendance.
Au sortir de la deuxième guerre mondiale, la création de l’Onu se concrétise entre autres par la rédaction de sa charte, signée le 26 juin 1945, qui stipule clairement qu’en ce qui concerne les territoires sous tutelle, les puissances coloniales doivent s’engager à « développer leurs capacités à s’administrer elles-mêmes ». Dans le même sens, l’Onu crée une commission spéciale chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation. C’est aussi cette commission qui est chargée du suivi de l’application de cette charte dans les colonies et zones sous tutelle : c’est la fameuse quatrième commission, toujours en activité de nos jours.
Mais ici encore, la complicité plus ou moins passive de l’Onu dans la violation du droit des populations kamerunaises est évidente.

La composition du Conseil de tutelle, le manque volontaire de perspicacité de ses représentants lors de leurs missions d’inspection au Kamerun et la non prise en compte des revendications d’indépendance légitimes et brillamment argumentées par les nationalistes kamerunais, ont une fois de plus démontré le peu de cas que cette « communauté internationale », de plus en plus occidentale, a fait des intérêts du peuple kamerunais.

L’impérialisme français

La période précédant la proclamation des indépendances est assez riche de situations où l’attitude

coloniale d’une communauté internationale est criarde, opposée qu’elle est alors aux représentants légitimes du peuple kamerunais dans les différentes crises qui les opposent à l’administration française et ses valets.
En 1945-1946 par exemple, l’Onu, sous la pression de l’impérialisme français, établit un compromis entre la nécessaire émancipation des peuples sous tutelle vers une autonomie totale et l’exigence de l’administration française de gérer le Kamerun comme une colonie à part entière : c’est ainsi que deux organes serons chargés de « gérer » les territoires sous tutelle comme le Kamerun. D’un côté, un Conseil de tutelle de l’Onu est mis sur pied et chargé de veiller au respect des engagements de la France selon les dispositions de la charte de l’Onu pour les zones sous tutelle. La moitié des sièges de ce Conseil de tutelle aux représentants de pays colonisateurs. De l’autre la quatrième commission, dite également « commission de tutelle » issue de l’Assemblée générale des Nations Unies, au sein de laquelle les pays colonisateurs sont minoritaires face aux pays du bloc de l’est et aux pays d’Amérique latine, d’Asie et du Moyen-Orient. L’Onu, en créant ainsi deux structures qui se neutralisent pratiquement, permet à la France, de facto, de disposer du Kamerun sans aucun contrôle réel des violations de droits fondamentaux, de fraudes électorales dont elle est évidemment coupable.
C’est également ainsi que, lors de la première session de l’Onu pendant laquelle les pays anticolonialistes tentent de modifier le texte que la France propose pour entériner un accord de tutelle, l’Onu cède finalement aux desiderata de la France en permettant à cette dernière d’administrer le Kamerun comme faisant partie intégrante du territoire français. Une forme de statut de mi-colonie, mi-tutelle, qui sera, dans les faits, plutôt une colonie qu’une zone sous tutelle.
Cette victoire de la France à l’Onu s’explique par le soutien des puissances coloniales européennes, qui forment déjà alors la communauté internationale occidentale.

Tout au long de la crise politique qui précède et qui succède à la création de l’Union des Populations du Cameroun et qui aboutit au semblant d’indépendance qu’on connaît aujourd’hui, l’Onu donne chaque fois gain de cause à la France. Lors des missions de l’Onu sur le terrain comme lors des invitations des nationalistes kamerunais et notamment de Ruben Um Nyobé à la tribune des Nations Unies, le scénario est invariable : la complaisance de l’Onu vis-à-vis de la France et sa réticence à prendre en compte pleinement les revendications et les aspirations du peuple kamerunais, finissent toujours par faire triompher, à peine réprimandée, les politiques appliquées par la France au Kamerun.

« Guerre froide »

Comme on le sait avec de plus en plus de détails, une véritable guerre cachée fut menée au Kamerun par les armées coloniales puis néocoloniales contre les forces nationalistes. Cette longue crise politico-militaire, qui marqua la première décennie d’indépendance nominale du Kamerun, fut totalement ignorée par la communauté internationale, bien qu’elle ait eu les moyens de s’en émouvoir. La communauté internationale, elle-même divisée dans une violente « guerre froide », délégua entièrement sa politique et ses positions vis-à-vis des pays africains entre les mains des puissances néocolonisatrices, et pour le Kamerun, entre les mains de la France.

Si les pays du bloc dit de l’Est et les pays non alignés ne s’exprimèrent que peu sur les crises politiques qui ont secoué le Kamerun, c’est entre autres en raison du peu de chances de succès que ces pays pouvaient remporter en soutenant les nationalistes kamerunais. Ces derniers, en proie à quelques divisions et souvent vaincues sur le terrain militaire, avaient probablement fini par lasser un peu leurs soutiens de la partie non occidentale de la communauté internationale, laquelle ne donnait donc plus ostentatoirement de la voix contre les attitudes anti-démocratiques de la France au Kamerun.
C’est ainsi que la solution de la crise politico-militaire que feu le dictateur Ahidjo tenta d’appliquer en faisant assassiner Ernest Ouandié un 15 janvier 1971 à Bafoussam, ne connut pratiquement aucune désapprobation publique d’envergure mondiale. Une fois de plus, il fallut que des Kamerunais eux-mêmes, tels Mongo Beti, se transformassent en porte-voix contre l’injustice et l’ignominie du simulacre de procès qui eut lieu pour légaliser cet assassinat. Ni l’Onu, ni le Royaume Uni, encore moins la France, ne dénoncèrent une telle barbarie : et pour cause, la dernière citée en était la lointaine commanditaire, au moins 16 ans plus tôt.
Lorsque, par la chute du mur de Berlin dit-on, la France sous un gouvernement de gauche appela les pays de sa zone d’influence (le pré-carré) à « démocratiser » la vie politique, de nombreux pays connurent des crises politiques qui emportèrent certains régimes. Au Kamerun, la résistance farouche du dictateur Paul Biya à l’organisation d’une conférence nationale ne fut en rien condamnée par la même France, soutenue implicitement dans cette prise de position par une communauté internationale qui continuait encore de déléguer sa politique à ce pays. Le hold-up électoral de Paul Biya en 1992 contre Ni John Fru Ndi ne suscita aucune désapprobation internationale, si ce n’est quelques timides prises de positions néanmoins courageuses de diplomates ou de fonctionnaires étatsuniens ou anglophones. Ici encore, la répartition implicite des zones d’influence avait permis à la France, se substituant à ou téléguidant la communauté internationale occidentale, de choisir pour le reste du « monde » en question.
Les mascarades électorales conséquentes, comme celles qui ont lieu au Kamerun depuis décembre 1956, ne seront pas non plus dénoncées par la communauté internationale.

Suite à la dernière grande crise qu’a connue le Kamerun en 2008, la communauté internationale occidentale a été un rien plus ébranlée par la folie meurtrière du régime Rdpc-Biya contre les manifestants dont au moins 150 sont morts en moins d’une semaine. En effet, sous l’action de quelques groupes de la diaspora, des Organisations Non Gouvernementales forcent l’Onu à faire publier, dans ses rapports officiels sur les droits humains dans le monde et particulièrement au Kamerun, des recommandations pour faire la lumière sur ces massacres. Des entités de plus en plus présentes sur le terrain de la politique internationale, affichent parfois, du moins de la part de leurs fonctionnaires (des technocrates donc), des prises de position moins tolérantes de la violation permanente des droits humains élémentaires par le régime du dictateur Biya.

Et c’est ici que l’on mesure à quel point la communauté internationale occidentale est inféodée à la France en ce qui concerne le Kamerun.

L’une des analyses qui a déjà été faite à maintes reprises, est que cette politique de la communauté internationale surtout occidentale trouve son origine dans le capitalisme mondial devenu impérialisme à la fin du 19ème siècle. L’appétit de richesses de l’Occident, sa suprématie militaire sur certaines régions – justement riches – du monde, a poussé les pays européens et leurs alliés d’Amérique du nord à considérer que l’Afrique, le Kamerun en particulier, ne pouvait servir, au niveau mondial, que de réservoir de matières premières et de minerais précieux.

Toute prise de souveraineté des peuples africains signifie donc pour ces puissances, jusqu’aujourd’hui, la perte significative de leurs prétentions hégémonistes sur ces richesses immenses pillées ou achetées à vil prix. Le choc économique et par ricochet politique que créerait une situation de souveraineté de la majorité des pays africains est terrifiante pour les impérialistes capitalistes, d’autant plus que les dernières décennies voient émerger des pays qui n’attendent qu’un affaiblissement de la communauté internationale occidentale pour prendre leur revanche sur un siècle d’étouffement économique.

Par ailleurs, ces prises de position de la communauté internationale occidentale trouvent également leurs alibis dans la désignation du mouvement national kamerunais, identifiée comme seule force susceptible d’apporter une indépendance effective au Kamerun, comme étant un mouvement « communiste ». Ce qui, depuis les années 50, représentait la peste incurable aux yeux du monde occidental. C’est ainsi que, déjà en 1949 lors d’une mission de visite au Kamerun, des représentants de l’Onu qualifient des plaignants kamerunais contre le travail forcé de « communistes ». On comprend par la suite que l’Onu n’ait pas voulu soutenir l’arrivée de ces « communistes » au pouvoir, pénalisant par là-même l’avenir de tout un peuple et se rendant complices de toutes les infamies qu’il a subies.

Malgré l’évolution des composantes de la communauté internationale totale, au sein de laquelle les pays dit émergents prennent de plus en plus d’ampleur, et malgré les rapports courageusement conformes à la réalité du blocage politique kamerunais que peuvent dresser certains fonctionnaires internationaux, les acteurs politiques des principaux groupes de décision au niveau mondial restent, in fine, assez près des positions exprimées par la France. Ceci quand bien même, au sein de la communauté internationale occidentale, comme l’Union Européenne par exemple, des pays tels que les pays nordiques (Suède, Norvège, Finlande), tentent de s’opposer au soutien implicite de l’Union Européenne à des dictatures françafricaines.

« Nous les fonctionnaires, vous ne pouvez pas imaginer le nombre et la nature des informations que nous mettons à disposition du Conseil européen pour prendre des décisions. Mais chaque fois que nous faisons des recommandations contraignantes contre votre régime, la France vient toujours tout bloquer. Et je dois vous avouer que beaucoup de pays n’y connaissant rien au Cameroun, et d’autre part la France ayant de nombreux intérêts économiques au Cameroun, par solidarité européenne, les autres pays cèdent et tout ça rentre dans les tiroirs ».

C’est en substance le dépit exprimé par une fonctionnaire européenne en charge du Kamerun à la Commission Européenne, lors de plusieurs rencontres entre l’Union Européenne et le Code, dans le cadre des activités d’information politique de ce groupe de diaspora. Une façon voilée de dire l’impuissance de la technocratie face aux intérêts néocoloniaux et impérialistes qui phagocytent le développement de l’Afrique et plus particulièrement du Kamerun.

Le même scénario se produit à l’Onu, où des organes associés tels que le Comité d’Action contre la Torture (Cat) dénoncent les barbaries anti-démocratiques de Paul Biya, mais ne sont pas suivis dans leurs recommandations par les représentants des pays au sein de l’Assemblée générale des Nations Unies ou au sein des organes décisionnels tels que le Conseil de sécurité ou autres. Cette sournoise complicité des décideurs politiques des organismes représentatifs de la « Communauté internationale » oblige même les acteurs techniques de ces mêmes organismes à s’autocensurer lorsqu’il s’agit de décrire les situations de crise politiques au Kamerun, avec leur lot d’abus flagrants et meurtriers des droits fondamentaux des citoyens. C’est ainsi qu’en avril 2010, les experts de la Cat ont exprimé leur satisfaction d’avoir reçu des contre-informations de la part de groupes politiques de la diaspora et d’Ong de lutte contre la torture, car disaient-ils alors, ils ne pouvaient pas à eux seuls s’opposer aux mensonges d’Etat proférés par les autorités camerounaises à propos de la crise politique de février 2008. Il leur fallait ces contre-informations pour pouvoir efficacement questionner les autorités camerounaises, faute de quoi les décideurs politiques de l’Onu auraient pu invalider leur travail pour cause d’impartialité.

On constate donc que qu’au sein même des institutions noyautées par la communauté internationale occidentale, le face-à-face technocrates - politiques laisse apparaître quelques oppositions internes dont malheureusement les politiques sortent toujours vainqueurs.
Il est donc compréhensible, mais inacceptable, que la position de la communauté internationale occidentale dans les crises politiques au Kamerun veuille en premier lieu préserver ce manque de souveraineté du Kamerun. C’est ainsi qu’il faut comprendre le silence complice de la communauté internationale surtout occidentale, suite au tripatouillage constitutionnel d’avril 2008, réalisée sur une rivière de sang caillé : tant que le valet Paul Biya est au pouvoir, le pillage des ressources du Kamerun est assuré, et « un tiens vaut mieux que deux tu l’auras ». Il vaut mieux conserver au pouvoir un dictateur chef d’un régime de kleptomanes, plutôt que de faire triompher la démocratie, la justice et le respect des droits humains. Dans ce sens, toutes les crises politiques postérieures à la proclamation de l’indépendance du Kamerun, ne sont que des conséquences de la longue crise de 1948 à 1960.

En somme, comme depuis 1948, ceux qui ont eu les faveurs de la communauté internationale occidentale au Kamerun, sont ceux-là qui n’ont jamais voulu des indépendances et qui ne veulent pas aujourd’hui d’une véritable souveraineté.

On peut donc, en revenant à la première affirmation, confirmer avec encore plus d’éléments que ceux repris ci-dessus, que la communauté internationale occidentale, telle qu’elle continue jusqu’aujourd’hui de déléguer une bonne part de sa politique vis-à-vis du Kamerun à la France, ne peut en aucun cas constituer un point d’appui pour une véritable libération du Kamerun ni pour la moindre amélioration des droits politiques et humains des Kamerunais, encore moins pour une élévation même minime de leur standard de vie.

Il importera donc que le Kamerun libre et souverain qui ne manquera pas de se lever très prochainement, se penche sur d’autres composantes de la communauté internationale, entendue cette fois-ci dans son sens le plus strict et le plus large possible. Il s’agira alors de se tourner préférentiellement vers les pays de zones géographiques ou économiques qui se sont libérées du diktat de la communauté internationale occidentale. L’Amérique du Sud et l’Asie en sont quelques unes, dont l’intérêt et l’influence vont grandissantes dans la prise de position de grands rassemblement tels que l’Onu, l’Omc, ou d’autres entités politiques et économiques.

C’est d’ailleurs ainsi qu’il faut comprendre la lente évolution des clubs fermés de pays dit puissants (G8) vers des groupes de plus en plus ouverts, comprenant également des pays dits émergents (G20). Au sein de ce G20, quoique ce regroupement soit plutôt informel, les prises de positions sont de moins en moins soumises à la seule préservation des intérêts économiques des pays du G8, mais intègrent aussi des considérations propres aux pays du « Tiers-monde » dont sont issus le Brésil, l’Inde, ou l’Afrique du Sud, pour ne citer que ceux-là.
A titre d’exemple, les attitudes de l’Afrique du Sud et dans une moindre mesure de la Russie et de la Chine dans la crise post-électorale ivoirienne démontrent que la communauté internationale occidentale, bien que toujours relativement plus puissante que d’autres, ne peut plus à elle seule dicter sa loi sans résistance dans les pays encore sous influence néocoloniale comme le Kamerun.
Dans ce sens, les rapports entre la communauté internationale et le Kamerun ne sont donc pas voués à l’adversité permanente, à partir du moment où l’entendement de la « communauté internationale » ne s’arrêtera plus à sa seule partie occidentale.
Moïse Essoh
*Secrétaire exécutif du Code