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Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable - La face cachée de la

Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable - La face cachée de la

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Index de l'article
Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable
Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable
Quelques réflexions sur la notion de communauté internationale
La communauté internationale est-elle gardienne des élections présidentielles africaines ?
Communauté internationale et reconnaissance de gouvernement
Crises politiques en Afrique : Le Cas de la Côte d’Ivoire
Côte d'Ivoire : la démocratie au bazooka?
Au-dela de Gbagbo : L’Afrique
Au-dela de Gbagbo, L’Afrique et les tiers-monde de demain
Médias: Entre mercantilisme, conformisme et révérence
La face cachée de la
Ces hommes politiques adoubés par la
Communauté internationnale et les crises politiques au Cameroun de 1948 à jours
Quelle place et quel rôle pour l'Onu au sein de la communauté internationale?
Jusqu'où peut on avoir confiance en l'Onu?
Révolution arabe: quel impact sur le nouvel équilibre mondial?
Crise ivoirienne: une opinion africaine de toutes parts handicapée
L’Afrique entre Révolution et manipulations
Toutes les pages

La face cachée de la "Communauté internationale"
Au commencement fut la communauté internationale. Au sortir de la deuxième guerre mondiale, celle-ci commença  à se dessiner et s’écrire selon les vœux, souhaits et diktats des grands vainqueurs de cette guerre à savoir les Etats-Unis et l’ex Urss.
Ces deux grandes nations avaient un point commun, la volonté de construire leurs puissances et hégémonies sur  l’espace le plus grand possible du monde.
Cette volonté se déclina en trois axes : politique (démocratie libérale contre démocratie populaire), économique (capitalisme contre communisme), militaire (Otan contre le pacte de Varsovie). C’est ainsi que, de sourde pendant la guerre, tant que l’ennemi à abattre, l’Allemagne nazie, était encore fort, cette rivalité devint féroce dès le soir de la victoire des alliés.
La communauté internationale si  tant est que l’on puisse l’appeler ainsi fut portée alors sur les fonts baptismaux avec de nombreux péchés originels parmi lesquels, nous semble t-il, deux des plus importants:
- Une justice sélective lors des procès d’après guerre qui épargnèrent curieusement de nombreuses personnes notamment les scientifiques du régime nazie et pour cause ;
- Une stratégie de neutralisation érigée et appliquée par ces deux premières puissances, à travers l’organisation et le fonctionnement de l’Onu, l’érection d’organes qui allaient gérer la guerre froide et maintenir l’équilibre de la terreur, la démultiplication de théâtres régionaux d’opposition dans le monde.
Ces péchés congénitaux allaient, au fil des ans, se renforcer pour devenir des tares difficiles à corriger tant elles y avaient pris racines. La chute du mur de Berlin, l’éclatement de l’ex-Urss, la désatellisation des ex-pays de l’Est qui sonna le glas du monde bipolaire tout en ouvrant une ère multipolaire, ne les corrigea point.
Tout au plus on assista, entre ces deux puissances, à un dialogue non dépourvu d’arrières pensées notamment du côté de la Russie qui avait besoin du temps pour se « réarmer » politiquement, idéologiquement, économiquement etc.
L’émergence de la Chine comme grande puissance, qui, entre temps avait intégré, comme membre permanent, le club fermé  du conseil de sécurité de l’Onu n’arrangea guère les affaires internationales tout comme la montée des radicalismes de toute sorte.
Tout au long de l’histoire, cette communauté internationale géra de nombreuses crises dont les plus marquantes furent  la guerre de Corée en 1955, le  printemps de Prague en 1968, l’insurrection de Budapest en 1956, la crise des missiles de Cuba en 1962, les indépendances africaines avec la guerre civile au Congo-Léopoldville, la guerre du Vietnam en 1968, les différents conflits Israélo-arabe, les nombreuses guerres de libération en Afrique ou conflits d’émancipations des peuples en Amérique latine, l’Apartheid en ex-Rhodésie puis en Afrique du sud, le conflit de l’Afghanistan, la massacre de la place Tien  an men en 1989,la guerre en Tchétchénie, la répression au Tibet et bien d’autres. La gestion de ces évènements contribuèrent  à  façonner  son fonctionnement tout en lui donnant jusqu’à présent, tout, sauf ce que sont les attributs d’une communauté cohérente notamment de pensée, de règles et d’actions.

Ce vocable, galvaudé ça et là, apparaît, plus brumeux aujourd’hui qu’il n’y paraît, au vu des évènements qui agitent, depuis ces derniers mois,  le monde. Mais de quelle communauté parle-t-on?

Quelle communauté internationale?

Selon une définition de Wikipédia  « le terme de Communauté internationale désigne de façon imprécise un ensemble d’États influents en matière de politique internationale. Il peut dénoter :

- tous les pays du monde ;
- les États membres de l’Organisation des Nations unies (Onu) ;
- les États membres du Conseil de sécurité des Nations unies (dont la composition varie) ;
- ou bien seulement les pays qui ont une grande influence internationale, notamment les États-Unis et leurs alliés.
Utilisation politique et médiatique
Cette expression est souvent employée par les médias. En fait, elle n’a de sens que quand les pays du monde s’expriment massivement sur un sujet. Il n’existe pas de ligne précise définissant à partir de quel moment il y a intervention de la communauté internationale dans une affaire locale. De plus, le nombre de pays n’est pas un critère suffisant, l’expression sous-entendant que les pays se mêlant de l’affaire représentent un poids important dans la politique internationale. De même, la question de la reconnaissance par la communauté internationale de l’indépendance d’un État n’est pas très précise, puisque souvent un État cherchant à établir son indépendance est reconnu ou non suivant les intérêts politiques des autres États.
On rencontre souvent l’expression « la communauté internationale est divisée » quand des blocs ou pays importants s’expriment en sens contraire dans une affaire internationale (tel l’avis mitigé sur la guerre en Irak). En fait, on peut même parler de division de la communauté internationale quand les États-Unis s’opposent au reste des pays influents de l’Organisation des Nations unies.
Utilisation juridique
Certains juristes considèrent que cette notion ne repose sur aucun fondement juridique.
Les approches pluralistes et réalistes du droit international (Kenneth Waltz, etc.) tendent à considérer les différents ordres juridiques comme antagonistes et rivaux et à concevoir la communauté internationale comme un concept inutile et dénué de sens.
D’autres approches, davantage constitutionnalistes], qui insistent au contraire sur l’universalisme de certaines valeurs, le cosmopolitisme ou/et le multilatéralisme, tendent à penser la communauté internationale comme horizon régulateur possible du droit.
Approches sociologiques
La notion de communauté internationale a été interrogée par la sociologie pragmatique à propos notamment des instances juridiques ou morales invoquées par les mobilisations internationales. »
Il ressort de tout cela que cette communauté internationale est plus une nébuleuse qu’une réalité précise. Elle se forme au gré des sujets, se rassemble comme « une meute de chiens » selon les intérêts des Etats influents, donc de façon sélective et très souvent au mépris de la cohérence des règles qu’elle s’est édictée.
Quatre sujets majeurs qui sont, autant de fixations dans les relations internationales à l’heure actuelle, traduisent bien l’épithète de nébuleux que l’on peut accoler à cette communauté internationale.
En effet depuis de nombreuses années, le conflit israélo-arabe et plus particulièrement palestinien cristallise à juste titre les critiques formulées à l’encontre de cette communauté internationale.
De nombreuses résolutions votées par l’Onu n’ont jamais été respectées par l’Etat d’ Israël, pire lorsque l’une d’elle lui apparaît hostile ou contraignante, les Etats-Unis s’y opposent systématiquement renforçant l’idée du « deux poids deux mesures » qui sous tend  certaines  décisions du conseil de sécurité. Le départ, par la petite porte, de l’ancien Secrétaire Général des Nations Unies, Pierre Boutros Ghali, considéré comme peu docile et malléable, a laissé le désagréable arrière goût d’une organisation, cœur même de cette communauté internationale, au service et aux ordres d’une seule puissance.
Ce sentiment s’est encore accentué lorsque l’un de ces successeurs à la tête de l’organisation, Kofi Annan  manifesta des réticences à l’égard des preuves avancées par les Etats-Unis et la Grande Bretagne sur l’existence en Irak, d’armes de destruction massive. On sait désormais sur quelle base, la communauté internationale, qui doit, par définition, être précise en tout temps, fut construite à l’époque, pour satisfaire les besoins et désira ta de lobbies tapies dans l’ombre.  Certains se rappelleront de la visite impromptue du  Président du Cameroun (membre du conseil de sécurité à l’époque) à Washington, la veille du déclenchement de l’opération américaine, sous couvert des Nations Unies,  en Irak. Les révélations ultérieures du Président Bush et du Premier ministre britannique Tony Blair n’y changeront rien et encore moins ne ramèneront à la vie les nombreuses victimes irakiennes de cette guerre absurde, injuste et sale.
Pour tout autre conflit, ces révélations auraient déjà déclenché des poursuites devant la CPI (Cour pénale internationale) que certaines puissances, Etats-Unis, Chine, Israël entre autres refusent toujours de reconnaître pour leurs citoyens.
Face à cette conduite, à géométrie variable, des relations internationales, certains Etats s’y sont engouffrés et mènent la « vie dure » à cette fameuse communauté internationale et son bras séculier,  l’Onu; ce « grand machin » comme l’appelait jadis le Général de Gaulle.
C’est le cas, d’une part de l’Iran, avec le problème de l’enrichissement de son uranium et donc de la prolifération nucléaire puis d’autre part de la Corée du Nord, pour le démantèlement de son arsenal nucléaire.

Avec l’accélération récente de certains évènements en Afrique et surtout leur gestion chaotique par l’Onu, n’assiste-t-on pas au requiem de cette communauté internationale?

Requiem de la communauté intrnationale

La gestion par l’Onu du génocide rwandais et son extension en Rdc fut la première alerte. Le conflit du Darfour avec le mandat international lancé et non appliqué contre le Président Soudanais El Béchir fut la seconde. Nonobstant les fondements juridiques discutables d’une telle action, seule l’histoire nous éclairera sur les vraies raisons d’un tel égarement de la communauté internationale. Après le référendum qui a consacré la partition du pays, ce couperet de mandat international n’a-t-il pas joué le rôle d’une arme de persuasion voire de pression à cette fin, peut-on se demander?

Tout comme le sont les différentes sanctions qu’inflige cette même communauté aux personnes désignées infréquentables à un moment donné.
Nul, en Afrique notamment, n’est désormais dupe devant la duplicité et l’hypocrisie de cette communauté internationale.
A la faveur des crises ivoirienne, tunisienne et égyptienne, cette communauté découvre par hasard, par une prise de conscience spontanée, que leurs dirigeants disposent,  à travers le monde, d’avoirs mal acquis et décide de les geler et pour les anciens de les confisquer.
Ne le savait-elle pas avant? S’agit-il d’une nouvelle « arme de pression massive » contre les Présidents dont certaines puissances ne s’accommodent plus ou qui  sont désormais infréquentables sous la pression de la rue? S’il y a lieu d’encourager des actions tendant à sanctionner les dirigeants qui détournent les richesses de leur pays, il eut été souhaitable qu’elle agisse en amont en appliquant leurs lois anti-blanchiment, en demandant aux banques de lever le secret bancaire, en contrôlant ces sociétés fiduciaires qui aident les individus dans le monde à dissimuler les biens mal acquis, en supprimant les paradis fiscaux, en aidant ces pays à récupérer ces fonds qui finissent pas fondre et disparaître pour le grand bonheur de leurs membres influents  etc. .  Ces pays invoqueront toujours le respect scrupuleux de l’Etat de droit comme si les procédures administratives et bancaires l’avaient été à l’entrée de ces fonds? Par parallélisme des formes, la récupération de ces fonds ne devrait-elle pas emprunter les mêmes canaux tortueux?
Sont-ils si respectueux du droit? Cette communauté internationale n’avait-elle pas fermé les yeux  sur cette zone de non droit et de torture que fut le centre de rétention de Guantanamo, sur les enlèvements, par les services américains, de prétendus terroristes sur les sols européens? La France n’est-elle pas souvent condamnée, par la cour européenne, pour les atteintes aux droits de l’homme?  Ceci n’expliquant pas cela bien entendu.
Que ne nous a-t-on pas dit à propos de la fortune de Mobutu dont la famille ne récupéra, de la Suisse, que la modique somme de 6 millions de dollars alors que celui-ci était crédité, à l’époque, par le magazine Forbes, d’une fortune évaluée à 2,5 Mds de dollars?
Que sont devenues les fortunes de Sani Abacha, de Ferdinand Marcos, de l’empereur Haïlé Sélassié? De Bébé Doc à qui la Suisse vient récemment de refuser le dégel de ces avoirs? Pourquoi ces avoirs qui font des « petits » dans les coffres bancaires suisses n’alimentent-ils pas les caisses du gouvernement Haïtien qui en a tant besoin pour la reconstruction de l’île après le séisme?
Ces sanctions viennent donc mal à propos dans le cas de la Cote d’Ivoire où cette communauté a mal conduit et géré le processus électoral. Pire, pour masquer son incurie, elle souhaite, en s’appuyant sur une organisation régionale, la Cedeao en l’occurrence, sous-traiter l’application d’un concept encore mal défini politiquement et juridiquement. Celui du droit et/ou devoir d’ingérence,  et de surcroît dans un domaine où seule la souveraineté des peuples s’exerce : le choix de leurs dirigeants.
Peut-on seulement imaginer les conséquences  d’une telle jurisprudence dans les relations internationales  quand on sait que cette communauté internationale n’est que le reflet  de la puissance de certains Etats? Aura-t-elle la volonté, la détermination et les moyens d’agir de la sorte dans tous les pays du monde où éclateraient les conflits postélectoraux? C’est moins sûr. Une règle qui ne se limiterait qu’à une exception africaine n’en serait plus une et ne saurait être acceptée par la jeunesse montante de notre continent.
Cette même jeunesse, qui vient, peut-être, de montrer  la voie à suivre, en cette année 2011, en indiquant la porte de sortie à Ben Ali et Hosni Moubarak, longtemps soutenus par l’Occident mais finalement  lâchés, en désespoir de cause, sous la pression de la rue.
Si l’influence de cette communauté restait diffuse jusqu’à présent, les nouvelles technologies ont définitivement fait tomber son masque. Par ailleurs, l’appel à la réforme de l’Onu, lancé par le Président Français Nicolas Sarkozy, au dernier sommet de l’U.A qui était consacré au dossier Ivoirien,  sonne comme un hallali. S’agit-il d’une carotte offerte aux pays Africains qui soutiendraient la croisade anti-Gbagbo? Si elle est dégustée, les résultats attendus seront à l’image  de ceux relatifs aux réformes réclamées au plus fort de la crise financière internationale c’est-à-dire nuls. Il sera désormais difficile aux Africains, épris de démocratie, d’accorder à l’Onu et à ses Etats influents, tout crédit en matière d’ingérence « démocratique » tant qu’ils ne pratiqueront pas, au sein de cette instance, les règles de démocratie élémentaires: représentation plus large du monde et de l’Afrique au sein du conseil de sécurité, suppression du droit de véto entre autres. L’Afrique, à la lumière de ces évènements, doit d’ailleurs profiter de l’occasion, pour enfoncer le clou, en exigeant, de façon coordonnée, la réalisation de ces réformes, véritable serpent de mer jusqu’à présent.
En définitive, seul le peuple détient le pouvoir. En l’exerçant pleinement, il peut inverser les rapports de forces que pourrait lui imposer cette fameuse communauté internationale. Pour l’avoir oublié, à l’ère du numérique, cette communauté internationale  et les dirigeants africains qui rechignent à se soumettre au verdict des peuples, lors d’élections transparentes,  l’ont définitivement appris à leurs dépends. Les cas tunisien et égyptien en témoignent. Y aura-t-il un effet de dominos, comme le suggèrent certains ou le redoutent d’autres ? Wait and see.
Adrien Macaire Lemdja
Consultant international en Finance