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Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable - Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable

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Index de l'article
Communauté internationale: Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable
Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable
Quelques réflexions sur la notion de communauté internationale
La communauté internationale est-elle gardienne des élections présidentielles africaines ?
Communauté internationale et reconnaissance de gouvernement
Crises politiques en Afrique : Le Cas de la Côte d’Ivoire
Côte d'Ivoire : la démocratie au bazooka?
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L’Afrique entre Révolution et manipulations
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Entre diplomatie et stratégie à géométrie variable
La communauté internationale est une notion éminemment galvaudée dans l’actualité politique et stratégique qui marque les évolutions du monde global-libéral. Il s’agit d’une notion commode qui se pose et s ‘impose en véritable pass aux plans idéologique, stratégique et diplomatique lorsqu’il faut évoquer l’ordre partagé de valeurs et de conduites qui fonderait la civilité internationale. En cela, la figure de la communauté internationale est convoquée pour faire montre ou faire état de l’existence d’un cadre consensuel et consenti d’accord qui révélerait le caractère bien-fondé de l’ordre international posé en collectivité légitime. La communauté internationale est dès lors mobilisée dans la perspective symbolique et idéologique de faire croire en l’existence d’un consensus moral et éthique institutionnellement exercé à l’échelle de la vie internationale globale.
Quoiqu’évoquée de manière commode, au point souvent d’être présentée dans le sens d’une catégorie fétichisée, la notion de communauté internationale ne revêt pas pour autant un sens intrinsèquement patent et transparent. C’est que cette figure se prête très souvent à une signification évanescente ou proliférante quand on veut déterminer de manière stricte les traits d’identité et d’identification de cette notion ou de ce concept. Il n’est effectivement pas si aisé qu’il y paraît, de définir de manière non équivoque, les contours de la communauté internationale. Si elle est censée correspondre aux dimensions sociales, politiques et culturelles de l’ordre planétaire, sa configuration concrète souligne que la matrice signifiante et opérante de ce concept politico-diplomatique est largement défini et organisé autour des principaux centres de puissance et d’hégémonie dominant les jeux interétatiques et trans-étatiques.
On ne peut rendre raison et rendre compte de la communauté internationale sans l’envisager analytiquement et puis synthétiquement comme un milieu culturel et structurel d’activités et de conduites constitué en cadre international et transnational de sociabilité traversé et travaillé par les liens qu’entretiennent une multiplicité d’acteurs et d’opérateurs habitant et/ou circulant dans les sphères interétatiques et/ou transétatiques. Cela permet alors de repérer comment certains des réseaux de conduite et de contrainte formés dans les sphères de relations extérieures, se posent en pôles de force et de puissance qui travaillent à structurer symboliquement et stratégiquement des foyers régulateurs et révélateurs d’une sociabilité internationale consensuelle.
En étant avisé de ces éléments sémantiques et pragmatiques de visualisation des processus de coexistence internationale réglée et/ou ordonnée, il s’agit de montrer que la catégorie de communauté internationale n’est pas neutre ni désintéressée. Au regard des instruments intellectuels et conceptuels d’une analyse critique des idéologies usant méthodologiquement du doute épistémologique et épistémique, il apparaît que l’on doit être attentif aux conditions d’énonciation et d’action dans lesquelles cette catégorie diplomatico-éthique et politico-éthique est mobilisée pour rendre compte des conduites internationales. Dès lors, il apparaît clairement que l’on ne saurait épistémologiquement et méthodologiquement se priver d’un regard socio-analytique et psychanalystique qui prête de l’attention aux montages et usages sociaux et politiques de cette catégorie usitée dans le lexique diplomatico-stratégique.
De manière à la fois didactique et critique, il apparaît que la communauté internationale est un espace identificatoire à géométrie variable aussi bien en ce qui concerne la qualité et le statut que le rôle et la fonction des acteurs qui  en ressortissent selon les logiques de situation. Pour autant, cette fluidité des contours  organisationnels et institutionnels de la communauté internationale n’emporte pas la vacuité définitive de ses contours communicationnels et relationnels. Autrement dit, on doit être avisé de la complexité signifiante et opérante de ce concept ou de cette notion, des références qui y sont attachées et des référents auxquelles cette catégorie renvoie dans sa présentation et sa représentation dans différents actes ou conduites de la vie internationale.

Afin de caractériser avec pertinence la catégorie de communauté internationale dans ses montages et usages diplomatiques ou stratégiques à l’ère de la post-bipolarité globale-libérale, il est particulièrement important d’être toujours attentifs aux noyaux de sens ou de puissance qui opèrent comme des formes et forces travaillant à assurer et à contrôler la cohérence des champs d’énonciation et d’action que recouvrent cette figure. Il importe aussi dans cette perspective, que la référence à la catégorie de communauté internationale permette aux unités d’existence et d’action qui la mobilisent comme liant collectif, de forger et de former des moyens d’interaction ou d’interdépendance censés véhiculer des stratégies et pratiques de mise en solidarité à l’échelle internationale.

I-La construction orientée de la communauté internationale comme sphère diplomatico-ethique de règlement des crises: valeur et pertinence questionnables des configurations de sens

La communauté internationale est une catégorie politico-diplomatique qui ne va pas de soi, si on entend par là qu’il faut lui accorder de manière mécanique et immédiate une validité et une légitimité. A l’observation critique du cours de la vie internationale travaillée par de multiples dynamiques de conflit, il apparaît que la catégorie de communauté internationale n’est pas énoncée avec la même intensité ni avec la même intentionnalité. Autrement dit, cette notion ne correspond pas aux mêmes formulations éthico-politiques et éthico-diplomatiques selon les différentes configurations et situations de crise. C’est que les opérateurs pertinents qui canalisent l’articulation et l’agrégation des vues ne manifestent pas le même intérêt pour toutes les dynamiques internationales de conflit.

Les acteurs dominants des espaces internationaux et transnationaux globalisés (grands Etats démocratiques, industriels et développés influents dans les organisations et institutions internationales onusiennes et pro-onusiennes du consensus de Washington ; système des Nations Unies ; institutions de Bretton-Woods ; organisations régionales et sous-régionales) interviennent de manière sélective dans le ciblage moral et des crises internationales en Afrique. Bien entendu, cette dynamique de construction à géométrie variable est largement modelée par la prépondérance systémico-culturelle et hégémonico-culturelle des valeurs et normes d’origine et d’inspiration occidentales et atlantistes.
Ce sont les acteurs étatiques et transétatiques influents des centres occidentalo-atlantistes de la mondialisation qui impriment le rythme dans le travail de construction culturelle et moral des vues sur al gestion des crises internationales africaines.
La communauté internationale en tant que figure fait écho aux images d’une communauté universelle basée sur des valeurs humanistes et une morale idéaliste et optimiste d’une humanité solidaire inspirée par le philanthropisme égyptien de la Maat (justice- vérité) et des Rekhyt(hommes éclairés et avisés), l’idéalisme socratique et l’universalisme des stoïciens. Dans la même coulée, il faut prendre en compte les orientations idéalistes-rationalistes du Vieux et du Nouveau Droits Naturels comme attaches pour une éthique des droits de l’homme.
La communauté internationale s’inspire aussi des références au normativisme et à l’institutionnalisme du rationalisme libéral, faisant de l’ouverture aux Lumières, une condition décisive de construction d’un ordre international universaliste posé en Règne de la Raison ou des Fins.

Dans son acception globale-libérale, la communauté internationale renvoie aux catégories échangistes du pluralisme international de type fonctionnaliste, transactionnaliste ou interculturalisme-transnationaliste. Il s’agit alors d’envisager le monde globalisé comme un ordre consensuel de fondation de valeurs, de principes de normes et de règles,ordre porté à valoriser la constitution de ce monde comme lieu globalo-libéral et/ou néo-libéral d’une communauté d’intérêt. Il reste cependant à noter que toutes ses acceptions et conceptions de la communauté internationale ont à voir avec des perspectives orientées et façonnées de construction sociale de l’existence et de la pertinence de la, communauté qui ont eles-mêmes partie liée avec les dynamiques sociales et historiques des opérateurs éminents et influents qui modèlent ces sphères de l’international et du transnational.

I.1- L’avantage hégémonique des opérateurs occidentaux et sa place dans la sélection active et positive des crises africaines

En usant d’un éventail impressionnant de moyens diplomatiques, médiatiques et idéologiques, les puissances internationales et transnationales occidentales et occidentistes savent user de leur éminence et de leur influence dans les champs des relations extérieures et de l’action étrangère, pour faire inscrire moralement et culturellement une crise africaine comme préoccupation sensible dans l’agenda diplomatico-éthique global. L’exemple du traitement diplomatico-moral de la crise post-électorale ivoiruienne ouverte en Novembre 2010 le démontre à souhait. En recourant de manière commode au lexique diplomatico-moral du soutien à la démocratie, ces groupes de puissance ont contribués à faire de cette crise un point d’attention important de l’actualité internationale.

Soucieux de conforter la position des acteurs ivoiriens considérés comme les plus favorables et les plus réceptifs à l’hégémonie occidentale, atlantique et eurocentrique dans l’ordre globa-libéral, les centres occidentaux dominant la mondialisation ont de manière quasi-unanime et unilatérale, accordés leur action et leur soutien à Alassane Ouattara et au Rhdp. Il serait naïf de ne voir cela que sous l’angle d’un soutien consensuel à la volonté de faire respecter la sincérité et l’intégrité démocratique du vote en Côte-d’Ivoire. Tout en étant avisés de ce que les torts dans la crise post électorale ivoirienne ne pouvaient être exclusivement ni même nécessairement principalement attribués à Laurent Gbagbo, ces acteurs ont délibérément fait comme si cela avait été le cas. Manifestant un parti pris géopolitiquement intéressé plus que démocratiquement vertueux, ils ont ouvertement biaisés l’analyse et la décision internationale au sujet de cette crise.
De manière délibérée, parce que les principaux foyers d’influence avaient déjà coopté Alassane Ouattara comme interlocuteur présidentiel valable, les groupes d’intérêt et de puissances occidentaux ont actionné leurs réseaux diplomatiques, médiatiques, d’intelligence et de lobbying pour minorer les récriminations politico-électorales de Laurent Gbagbo contre son rival. Il s’est ainsi agi de fabriquer la croyance en l’indiscutable vertu démocratique de M. Ouattara dès lors campé en innocente victime d’un hold-up électoral orchestré par Laurent Gbagbo nécessairement figuré en autocrate roublard. Bien entendu, tout ceci a été médiatiquement usiné, de manière à taire les distorsions substantielles et procédurales du vote dans les départements du Nord et à crier au haro pour de bonnes ou mauvaises raisons sur la forfaiture imputée au Conseil Constitutionnel déclarant Gbagbo vainqueur après avoir annulé les voix de 7 de ses départements.

Disposant de leur puissance médiatique et technologique, ces groupes ont culturellement et moralement construit la dignité internationale de Ouattara en passant sous silence ses turpitudes électorales alors qu’elles ont consacré l’indignité diplomatique de Gbagbo accusé de toutes les perversions électoralistes. Dans ce schéma culturellement et moralement orienté par le souci de mettre indiscutablement en valeur la reconnaissance internationale et diplomatique du champion ivoirien coopté comme interlocuteur légitime par les puissances lobbies du global-libéralisme à hégémonie occidentale, les dispositifs médiatiques ont préparé le puissant rouleau compresseur diplomatico-institutionnel lancé contre Laurent Gbagbo et son régime usant de leur influence au sein des Nations-Unies en général et de l’Onuci en particulier, certaines de ces puissances étatiques appuyées par l’Union Européenne ont indubitablement usé de tout leur poids pour entraîner l’Union Africaine et la Cedeao dans leur sillage diplomatique et politique.

I.2- Le désintérêt hégémoniquement aiguillé des forces occidentales comme dynamique de sélection négative de certaines crises africaines

Alors qu’à l’occasion de la conjoncture électorale ivoirienne, toute l’attention politico-diplomatique et politico-médiatique avait été concentrée vers ce pays, d’autres pays africains pourtant également situés dans une zone politico-militaire de crise souveraine malgré l’annonce d’un retour à la paix, n’ont pas bénéficié du même intérêt. Les donneurs de leçons liés aux establishments des puissances globales libérales occidentales n’ont pas montré la même détermination à sauvegarder et à défendre la sincérité et l’intégrité démocratique du vote en République Centrafricaine. Pas grand-chose n’a été fait pour que ce pays bénéficie de la même vigilance critique du libéralisme international pour son processus électoral.

Le processus électoral centrafricain qui s’est déroulé en janvier 2011, quelque temps après celui de la Côte-d’Ivoire, intervenait dans un pays qui a connu également une guerre civile et une dynamique de paix intégrant des structures adhoc de l’Onu (Bonucat). Les acteurs occidentaux dominant la communauté internationale ne se sont pas pourtant intéressés à ce processus électoral, négligeant ouvertement et délibérément ce pays d’Afrique Centrale. On s’en doute, ce désintérêt subit pour la nécessité de faire respecter la morale démocratique et électorale en Afrique en général et en Afrique subsaharienne en particulier, montre les limites éthiques, politiques, juridiques et diplomatiques des acteurs qui s’étaient présentés comme les chiens de garde des enceintes sacrées de la démocratie à propos de la République de Côte-d’Ivoire. Pour de bonnes ou mauvaises raisons, les niveaux politiques et électoraux du général François Bozize Yangouvonda au rang desquels l’ancien président Ange Félix Patasse, l’ancien Premier Ministre Martin Ziguele ou de l’ancien ministre Jean-Jacques  Demafouth, avaient émis des réserves sur la conduite du processus électoral centrafricain. Pourtant, même avec la controverse post-électorale, la communauté internationale néo-libérale d’hégémonie mondiale occidentale n’a pas fait preuve de même pugnacité politico-morale pro-démocratique en République Centrafricaine, n’accordant strictement aucun intérêt à analyser le sens et les faits de l’élection présidentielle centrafricaine conformément aux exigences qu’elle affiche en matière de respect de la liberté, de l’honnêteté, de la sincérité et de l’intégrité démocratiques du vote.

L’attitude discriminante et discriminatoire de la même communauté internationale sur le processus électoral centrafricain alors qu’elle s’était montrée sourcilleuse – en apparence – à propos de la Côte-d’Ivoire. On a ici une expression du caractère géométriquement variable de la morale politico-diplomatique et juridico-diplomatique censée être universaliste des acteurs influents de l’ordre global ressortissant des Etats et sociétés d’Occident. On veut bien accepter que les Nations Unies, l’Union Européenne et les grands Etats occidentaux si méfiants de l’issue institutionnelle du processus électoral en Côte-d’Ivoire, prennent pour argent comptant le résultat officiel de l’élection préside’ntielle en Centrafrique. Ce qu’on comprend moins, surtout après le grand battage médiatico-diplomatique autour de la crise post-électorale ivoirienne, c’est que les mêmes vigiles internationaux de la démocratie électorale n’aient prêté aucune attention évaluative aux plaintes de l’opposition centrafricaine, ne serait-ce que pour rechercher la vérité.

II- La construction intéressée de la communauté internationale comme sphère diplomatico-strategique de traitement des crises :la teneur et la consistance variables des configurations de puissance

La communauté internationale en tant qu’ensemble politico-diplomatique est évidemment travaillée pour ses configurations par des processus socio-politiques de regroupement et de classement qui ne peuvent se comprendre sur une simple base morale et éthique. En effet, les différentes figurations de la communauté internationale qui s’engage et intervient dans les crises africaines ne sont pas seulement établies sur la base de considérations éthiques, valorielles et morales. Ici, il est clair pour ceux qui veulent et savent user de leur sens critique que la « communauté internationale » énoncée dans la gestion des différentes situations et configurations de crises internationale, est évidemment structurée par des noyaux de pouvoir qui disposent de moyens de puissance et d’hégémonie considérables dans l’ordre global libéral.
Les opérateurs hégémoniques de la communauté internationale à prédominance global-libérale occidentale (grands Etats industrialisés et démocratiques posées en puissances impériales ou globales ; puissantes compagnies multinationales ; institutions économiques et financières internationales liées au système de Bretton Woods, système onusien ; Ong de la société civile internationale et transnationale) s’engagent dans les crises africaines aussi en fonction de considérations géopolitiques, géostratégiques ou géoéconomiques de puissance et d’intérêt. En agissant de la sorte, ils révèlent que la structuration actionnelle et décisionnelle des réseaux qui organisent et concrétisent la communauté internationale, ne se fait pas seulement sur la base d’une référence à des principes, des valeurs ou des normes mais aussi sur celle d’intérêts et de calculs.
Derrière les affichages vertueux par lesquels les acteurs de la communauté internationale se placent sous la bannière des croisades pour la démocratie, l’Etat de droit ou les droits de l’homme, on peut repérer des comportements qui sont plutôt fondés par la logique et l’éthique de la puissance cupide et avide. En effet, nombre des acteurs éminents et influents de la communauté internationale d’inspiration occidentalocentrique et occidentiste agissent pour des motivations beaucoup plus prosaïques que les grandes valeurs et les beaux principes qu’ils agitent pour masquer les véritables desseins commandant leur engagement diplomatico-stratégique de manière active et positive ou négative et passive.

Les chaînes de puissance qui structurent l’orientation principalement globalo-libérale et néo-libérale de la communauté internationale agissent, dans les crises africaines, compte tenu d’une certaine ligne de démarcation géo-systémico-stratégique. En effet, ces réseaux qui sont rattachés aux centres nordo-atlantiques et euro-occidentaux de prépondérance (Etats-Unis, Canada, Union Européenne) s’envisagent comme des unités d’action et d’existence précisément situées dans la zone éminente et dominante de prospérité que constituent les ceintures occidentales de développement et d’enrichissement à l’échelle planétaire. A ce titre, ces opérateurs font partie de ce que le géopoliticien et internationaliste américain Thomas Barnett appelle le Noyau constitué des citadelles ultra-modernes et ultra-industrielles d l’expansionnisme planétaire globalo-libéral occidental qui envisage les crises africaines dans une perspective de paternalisme semi-colonial ou recolonial.

II.1- La démarche néo-libérale et globalo-libérale de valorisation géo-économique sélective des niches africaines

L’investissement des acteurs de la communauté internationale dans la gestion diplomatique et stratégique d’une crise dans les Etats et sociétés d’Afrique s’opère aussi sur la base de considérations économico-stratégiques et géoéconomiques. Dans cette optique, l’action des groupes et réseaux de la communauté nationale est structurée autour des visées utilitaires et nécessitaires des noyaux éminents et influents qui structurent alors les démarches d’opération de cette communauté. Ici, la référence aux considérations de sens n’est très souvent que le masque qui recouvre commodément les motivations de puissance intéressée.

On ne peut analyser l’engagement des acteurs dominants et influents de la communauté internationale incarnée dans la prépondérance et l’hégémonie des milieux occidentaux à propos de la crise de la République démocratique du Congo(Rdc), sans prendre en compte de telles visées et menées pragmatiques et pratiques. En appuyant le processus de retour à la paix en Rdc qui va se cristalliser autour des Accords de Prétoria et en actionnant pour cela le dispositif ad hoc de la Monuc, les intérêts systémiques liés aux puissants lobbies globalo-libéraux occidentaux n’agissent pas seulement pour défendre les vertus de la démocratie. En effet, le processus de sortie de crise mis en œuvre en Rdc à travers les accords pluri-partites de paix, va permettre à ces acteurs de puissance de prendre littéralement en tutelle ce pays meurtri par le désastreux héritage de l’autocratie mobutiste puis kabiliste pour en contrôler la restructuration et la réorientation économiques de ses immenses richesses.
En pesant sur le processus politico-militaire et politico-diplomatique de retour de la Rdc à la paix à travers la mobilisation orientée des dispositifs comme la Monuc ou l’Opération Artemis, les Nations-Unies et l’Union Européenne se donnent les moyens de structurer les parcours de gestion politico-institutionnelle et politico-économique que doivent suivre ce pays. Ce faisant, ces acteurs multilatéraux opèrent aussi comme des facilitateurs venant en appui à l’action stratégico-économique et géoéconomique de pénétration des grandes puissances étatiques occidentales ou des grandes compagnies transnationales qui sont domiciliés sur leur territoire. On a bien vu que certaines de ces puissances comme les Etats-Unis  sont utilement appuyées par des acteurs étatiques situés dans le pourtour sous-régional de la Rdc (Rwanda, Ouganda).

En s’engageant au Congo, les acteurs représentant différents compartiments géopolitiques et géoéconomiques de l’establishment global-libéral et néolibéral occidental, mobilisent opportunément les finalités politico-éthiques et économico-éthiques de la reconstruction internationale d’un Etat failli, pour mieux repositionner leurs intérêts économiques financiers, commerciaux ou même industriels afin de mieux profiter des rentes minières et minérales de la RDC (diamant, manganèse, cobalt, coltan) également convoités par des puissances régionales d’Afrique orientale ou d’Afrique australe, entendant agir de manière autonome comme l’Angola, le Zimbabwé ou même l’Afrique du Sud. L’appui affiché pour l’instauration de la démocratie en Rdc a mal caché des considérations politiques et économiques de clientélisme international qui ont favorisé des connivences profitables à Joseph Désiré Kabila adopté comme pupille des milieux globalo -libéraux.

II.2- L’action stratégique préférentielle des puissances de la communauté internationale dans les crises africaines comme raison opportuniste

Lorsque les intérêts de pouvoir, d’affaires ou de prestige des grands lobbies néo-libéraux et globalo-libéraux orientés par l’atlantisme hégémonique planétaire  sont gênés par certains protagonistes des crises africaines à résonance internationale, ils ne font pas nécessairement valoir les exigences de légitimité démocratique, d’efficacité managériale ou de bonne gouvernance ou de paix civile dont ils se présentent pourtant comme les parangons. Ainsi pour des raisons anthropo-stratégiques de solidarité ethno-culturelle avec les communautés blanches d’Afrique du Sud, ces lobbies occidentaux hégémoniques ont pesé de tout leur poids lors des négociations entre le régime De Klerk et l’Anc conduite par Nelson Mandela pour la fin de l’apartheid, afin que l’exigence de paix et de réconciliation l’emporte sur l’exigence de justice pourtant importante pour les victimes de l’apartheid.

En raison de leurs intérêts géo-stratégiques et diplomatico-stratégiques, les grandes puissances étatiques occidentales qui par complexe de culpabilité – en raison de leurs négligences qui ont conduit au génocide rwandais en avril 1994, génocide orchestré par le régime Mnrd et l’akasu proche du président Habyarimana-, ont fermé les yeux sur les massacres en formes de règlements de comptes commises par le régime Fpr du général Paul Kagame venant en appui aux forces Afdl de Laurent Désiré Kabila dans l’Est du Congo. Jamais d’ailleurs, dans la prise en charge juridictionnelle des infractions de droit pénal international opérés dans le Sud et le Nord-Kivu ou dans le Maniema, ces lobbies n’ont insisté pour que des éléments du régime Fpr ou des milices congolaises pro-FPR soient poursuivis par la Cour Pénale Internationale pour répondre de leurs actes.

La logique de géométrie variable des opérateurs hégémoniques de la communauté internationale se voit aussi dans leur capacité à appuyer certaines démarches gouvernantes d’étranglement et d’effacement des crises et controverses électorales africaines.

Ainsi alors qu’ils se montraient fort pointilleux et sourcilleux vis-à-vis du processus électoral présidentiel ivoirien de la fin de 2010, les acteurs décisifs de la communauté internationale s’étaient montrés fort complaisants vis-à-vis des élections législatives égyptiennes complètement verrouillées par le Pnd dans la pure tradition du monopolisme politique dans le second semestre 2010. Les mêmes leaders de la communauté internationale si intransigeants avec Laurent Gbagbo avaient hypocritement détourné les yeux du plébiscite présidentiel offert au président Ben Ali par le système Rcd en 2009. Ce sont pourtant les mêmes qui par un opportunisme éhonté, célèbrent le renversement manifestant et populaire des présidents tunisien (Ben Ali) et égyptien (Moubarak), en ce premier trimestre de 2011.

On a vu aussi des acteurs importants de la communauté internationale – les autorités françaises – si soucieuses de montrer leur attachement à la démocratie à Abidjan, balbutier et bégayer quand il s’est agi de soutenir clairement le langage politico-diplomatique de la démocratie à Tunis. Dans le même registre opportuniste, il faut noter que ce n’est que de manière bien poussive que Barack Obama et Hillary Clinton si exigeants en matière de démocratie sur les bords de la lagune Ebrié à Abidjan, se sont résolus à soutenir la mobilisation pro-démocratique qui s’est révélée être la révolution du papyrus sur les bords du Nil au Caire.

La communauté internationale est une catégorie diplomatico-stratégique aux contours mouvants et aux usages fluctuants .En raison de cela ,elles donnent lieu à des emplois caractérisés par une perception sélective des crises politiques africaines .Les opérateurs hégémoniques qui se posent en dépositaires ou en propriétaires attitrés de la marque diplomatico-stratégiqe «communauté internationale » sont proviennent essentiellement des unités de puissance et d’action situées dans les centre occidentaux du système-monde capitaliste globalo-libéral. Usant de leurs avantages globalo-hégémonique, ces groupes d’intérêt et de pression usent de la catégorie de « communauté internationale » au gé de leurs intérêts stratégiques et systémiques, ce qui donne lieu à une mobilisation  à géométrie variable ,des principes éthiques et moraux que  ces acteurs mobilisent pour légitimer leur implication et leur intervention dans la gestion diplomatico-stratégique des crises africaines lorsqu’elles sont prises en charge par ces milieux internationaux influents et éminents .Il faut donc être attentif au « political bias» par lesquels ces puissances de l’ordre global-libéral procèdent à une mise sur agenda fort sélective des crises africaines appelées à bénéficier de l’attention internationale. Dès lors ,on a affaire au paternalisme global de ces acteurs qui usent du  « deux poids ,deux mesures » dans leur prise en charge des dossiers africains. Mathias

Eric Owona Nguini

*Sociopolitiste