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Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte - Page 5

Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte - Page 5

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Index de l'article
Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte
Donner du sens à l’espérance
Pour une conscientisation des étudiants en mal d'action
Le logement estudiantin en crise au Cameroun
Au bonheur des petits métiers.
Campus : l’univers de l’insécurité
Génération sacrifiée Vs Génération privilégiée : Un débat vicieux
Du trottoir à la rue comme en Tunisie et en Égypte
Toutes les pages

Au bonheur des petits métiers

Yaoundé, 25 janvier 2011. Marché central. Sous un soleil accablant, règne un calme apparent d’un mois sans paie. Les commerçants discutent entre eux. Le sujet de la crise ivoirienne anime les conversations et les détournent de la morosité des étals très peu visités en cette fin de mois. Ce qui frappe dans ces discussions, c’est les arguments avancés et la profondeur des interventions. À écouter les intervenants, on se rend tout de suite compte que ce sont des lettrés, du moins des diplômés. Regroupés dans des carrefours ou en bordure des trottoirs, ils sont nombreux à se battre chaque jour afin de pouvoir « subvenir à leur besoins  personnels et parfois à ceux de la famille ». Le désœuvrement, l’avenir incertain et les charges familiales font que, malgré le diplôme en poche un titulaire d’une Licence, d’un Master et même parfois d’un doctorat, s’en remettent au système « D ». Ils sont conducteurs de mototaxi, callboxeurs, coiffeurs, serveurs dans des restaurants. Le problème du chômage endémique au Cameroun est, selon eux, une conséquence de la négligence de l’État. Comment ne pas s’étonner que « plein de jeunes frais émoulus sortis des écoles de formations financées par l’État avec pour certains, des projets concrets souvent appréciés lors des salons de l’étudiant par des experts présents, mais après rien n’est fait et les jeunes n’ont plus d’autres choix que de se lancer ailleurs », lance un jeune licencié en géographie, propriétaire d’un call box. Ainsi, l’État pourrait-il par exemple promouvoir le secteur privé en encourageant ces jeunes diplômés car, « pleins de bons projets meurent dans les tiroirs faute de financement ou alors ils sont tout simplement récupérés par ceux à qui nous les présentons dans les ministères», fulmine Antoine K., vendeur d’ananas et diplômé issu d’un institut privé de la place. Face à cet état des lieux peu reluisant, il y a ceux qui se lancent dans ces métiers en attendant mieux. C’est le cas des « abonnés aux concours » des grandes écoles : ENS, ENAM, INJS et autres… Les chanceux réussissent mais n’abandonnent pas pour autant les petits métiers, car la réussite au concours n’exclut pas le coup de pouce salutaire de l’activité devenue incontournable qui leur permet de louer leur chambre. Madeleine Ngah jeune dame dont l’âge oscille entre 27 et 30 ans, maîtrise en Lettres modernes française,  explique : « j’ai eu le concours de l’École normale de Maroua. Partir suivre les cours, m’installer et acheter mes polycopiés n’auraient pas pu se faire si je n’avais pas mon secrétariat. Je ne sais pas ce que j’aurais fait. Et même à la sortie, j’ai été affecté à l’extrême nord et pendant près de deux ans, je n’avais pas eu de salaire. N’eut été mon secrétariat, je ne sais pas ce que je serais aujourd’hui». De  plus, la plupart des jeunes diplômés sont gagnés par deux sentiments antagonistes : la résignation et la révolte. La résignation, c’est pour ceux des diplômés, qui, ayant tenté tous les concours ou presque et n’ayant pas de fonds de commerce pour se lancer dans une activité rémunératrice errent dans les villes et quartiers sans savoir à quel saint se vouer et face à cet avenir incertain, les concernés n’ont qu’une seule réponse : « on va faire comment ? » à la question de savoir pourquoi avec tous ces diplômes ils n’ont pas d’emploi. Le sentiment de révolte caractérise les jeunes diplômés qui face à ce constat de démission de l’État, se lancent dans la bataille du gagne-pain quotidien, car « si la montagne ne vient pas vers toi, va vers la montagne ». Alors, ils se lancent, soit dans les petits métiers ou tout simplement, se lancent dans l’aventure vers l’inconnu avec tout ce que cela comporte. Leur principes : « qui ne tente rien n’a rien »

Jessie Bikoko

Jeurac



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