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Côte d'Ivoire : Préparatifs pour une plus violente recolonisation

Côte d'Ivoire : Préparatifs pour une plus violente recolonisation

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Cependant, ne restons point les bras croisés.

Parmi nous, il y en a - des défaitistes probablement inconscients de l’être - qui continuent plus ou moins honnêtement à se demander qui a gagné la dernière élection présidentielle ivoirienne. La soif, la recherche de la vérité, de la vérité pure ou absolue est une démarche de l’homme aussi vieille que le monde. Il s’agit d’une attitude plus religieuse, spéculative que pragmatique, faiseuse de paix sociale, de relations conviviales entres groupes sociaux et peuples.

Dans l’histoire, des millions d’hommes se sont entretués pour leur divergence dans la perception du sexe des anges ; des Inquisiteurs ont failli brûler Galilée quand il a découvert que la Terre tourne. Les Croisades ont causé leur part d’hécatombes, de massacres interreligieux, sous prétexte de vouloir libérer les terres saintes de leurs légitimes propriétaires. La virginité de Marie, malgré son accouchement, a été imposée au monde pacifié, colonisé, comme objet d’adoration …

« Les vérités révélées », religieuses ou électorales, continuent de causer de sérieux torts à l’humanité, aux peuples les plus dominés, notamment africains. A travers le Continent Noir, elles se révèlent conçues pour éjecter du fauteuil présidentiel un récalcitrant de la Françafrique (Mugabe, Gbagbo, …) afin d’y installer un pantin fidèle de la Loi du Marché, de l’esclavage de la Dette.  Ainsi, c’est la vérité de l’Onu, fabriquée et imposée au monde par un diabolique matraquage médiatique, une manipulation jamais égalée de nos chefs d’État aux ¾ mandataires, des medias africanistes sous perfusion financière et idéologique de la Mondialisation, une opinion africaine savamment dépolitisée depuis toujours comme meilleur facteur de domination étrangère – d’abord mentale. Le moindre souci du bien-être des pays et peuples africains exige que toute ingérence dite humanitaire commence par respecter scrupuleusement les traits dominants de nos mentalités propres, nos mécanismes millénaires de résorption de nos crises, et finalement de notre Constitution – surtout lorsqu’elle émane d’un difficile consensus historique, comme en Côte-d’Ivoire.

La considération due au Nègre n’a malheureusement que peu évolué depuis les sombres temps de la Traite. Il n’y a que dans son monde à lui, en permanence subverti, semé de milliers de « citoyens » retournés (pour la plupart préalablement installés à des postes névralgiques), qu’un gouvernement étranger peut emmener le futur président de la république (bananière) dans un avion militaire et ramener dans le vol retour son prédécesseur destitué en un tour de main (Dako/Bokassa). A HaÏti, l’Onu a chassé un président de la république démocratiquement élu sous sa supervision, le Père Aristide, pour en imposer un autre qui n’a plus pour armée nationale que des casques bleus sans état d’âme. Ce sont des troupes de l’Onu qui ont servi de couverture à l’assassinat de Lumumba, de Kabila,… qui poussent effrontément à celui de Gbagbo ; qui refusent de quitter le Congo Rdc et la Côte d’Ivoire, sur la demande des régimes qui les ont appelés. De toute évidence, elles sont au Darfour plus pour protéger le flanc gauche de la domination française en Afrique centrale, que pour autre chose.

Que de lâcheté rampante Dans nombre de « raisonnements » anti-Gbagbo ! - L’Onu et la France ont tellement dépensé pour le processus électoral ivoirien … Le dernier mot, pour son aboutissement, leur appartient quand même ! D’où le Pouvoir de la Certification. Ainsi celui qui sauve votre enfant d’une crise de paludisme dispose du droit de cuissage sur votre épouse !? - La France dépasse la Côte d’Ivoire. Une puissance économique, nucléaire ! Si quelqu’un te dépasse porte son sac – avec plaisir et honneur. Sagesse ancestrale ! Et puis, nous devons tout à la France : la Civilisation, les vêtements, la belle langue française ; la connaissance de Dieu, de son Paradis ; la haine morbide du diable («les nègreries »), etc. - L’Afrique doit se faire à la culture de l’Alternance. Alternance avec quoi ? Avec qui ? Bien vouloir d’abord l’aménager, la prévoir au moins entre le Ciel et l’enfer. En Occident l’Alternance politique est un jeu quelque peu divertissant, qui laisse tous les repères sociopolitiques en place. Sinon, du sang va couler – à flot (révolutions française, bolchevique, guerre civile espagnole, …). En Afrique, la Démocratie supervisée, c’est la canonnière - soit de la confirmation soit de la déstabilisation selon les pays, selon les intérêts du Monde Libre à protéger ou à promouvoir.

- Gbagbo, un fou du pouvoir pour le pouvoir ! … Au point d’être disposé, de s’apprêter visiblement à y laisser sa peau et celle de sa famille, de tous les siens sous les griffes acérées d’une coalition éhontée de superpuissances au service du Grand Capital. Au profit de qui alors le professeur Gbagbo s’offre en hostie!? peut-on accepter si dignement le sacrifice suprême pour soi-même ? sans bénéficiaires  connus ou désignés ? Déjà nous ne valorisons pas assez nos martyrs, les prédécesseurs de Gbagbo sur le chemin de la reconquête de la dignité nègre. Notre histoire défigurée dans des manuels scolaires de reconquête, nos mentalités d’aliénés culturels nous «révèlent» à la place de nos meilleurs résistants plutôt de vulgaires bandits si peu reconnaissants à l’endroit du Civilisateur venu du froid.

Le problème de fond est l’indépendance frelatée de la Côte-d’Ivoire. - Du point de vue français, l’agitation en cours de l’Élysée tend à la confirmation, pour la énième fois, du fait poignant que cette indépendance n’a jamais existé – notamment dans l’esprit, l’intention comme dans les moindres faits et gestes de ceux qui l’ont donnée (« sur un plateau d’argent », se plaisent-ils si souvent à rappeler). - Quant à l’Onu et sa Communauté internationale, elles affichent plus que jamais leur vieille complicité avec le néocolon français pour affubler l’Afrique d’indépendances maudites et ridicules, que personne ne respecte en fait, qui n’empêchent jamais les maîtres d’esclaves de continuer à décider à sa place, toujours pour la rendre plus vulnérable et exploitable à souhait. - Question ! Est-ce déjà, à partir du cas ivoirien, l’ouverture d’une nouvelle ère des relations internationales où il est prévu de bafouer ouvertement, de suspendre ou d’annuler l’indépendance mondialement reconnue d’une nation ? Si oui ! il convient de légiférer, de réglementer d’abord ; d’être sûr de pouvoir appliquer le nouvel ordre mondial sur tous les continents, chez tous les peuples. Sinon ! mettre un peu de forme, un petit bémol au souverain mépris des « pays pauvres », tant affiché ces derniers temps.

Ceux qui croient voir l’Occident en croisade moderne pour implanter la Démocratie en pays dominés ont la mémoire courte. Qu’ils se souviennent seulement de l’unique cause de la guerre civile en Algérie du début des années 90. Le Fis (Front islamique du Salut) avait gagné haut la main les élections générales et se voyait déjà au pouvoir d’État, lorsque Le Monde Libre a bassement manœuvré pour inspirer un coup d’État militaire qui a plongé le pays dans une effroyable guerre fratricide qui n’a pas fini de faire couler du sang. Ce même Fis, en même temps que Ben Laden et sa nébuleuse, venait de prêter main forte aux Américains pour contrer l’invasion soviétique de l’Afghanistan. Ingratitude et refus obstiné des bienfaits de la Démocratie au service du Nationalisme en pays « sauvages»!

Que vient faire Obama là-dedans ? Achever de convaincre l’opinion mondiale que la solidarité raciale nègre n’existe point. Si les diplomates sensibles aux thèses du Ku klux klan, la Cia, les Agences de presse aux mains du capitalisme triomphant le bourrent de renseignements orientés afin qu’il puisse trancher «objectivement», le pauvre n’a pas de choix. Il a tout de même de la mémoire : c’est un mécanisme semblable à celui en cours en Côte d’Ivoire, qui a conduit à la seconde guerre d’Irak, à celle de l’Afghanistan et bientôt à celle de l’Iran. Kennedy l’a payé de sa vie, en résistant à la pression de la Cia de prolonger, jusqu’à la victoire des anticastristes, l’intervention américaine de la Baie des Cochons. Le Libéralisme a toujours établi son règne sur des milliers de flaques de sang tout en brandissant un humanisme chrétien apparemment amnésique de ses crimes, par actions ou omissions, depuis deux mille ans. En tout cas, Obama continue d’étonner le monde, cette fois tout à fait négativement : les Usa ne se sont jamais alignés si piteusement derrière le maigrichon Coq gaulois sur un problème de décolonisation du Continent Noir.

L’Histoire retiendra certainement que c’est sous l’Administration du tout premier Noir Président des États-unis d’Amérique que la France aura renouvelé le plus outrancièrement possible sa paralysante mainmise sur la condition nègre. Naguère encore, ce fut une Onu «dévaluée» par l’avènement d’un Nègre au Secrétariat général (Kofi Annan) que l’Amérique de Bush Junior défia, sans conséquence jusqu’ici, en lançant la seconde guerre du pétrole contre l’Irak sous le simple prétexte de prévenir l’usage des armes (imaginaires) de destruction massive terrées dans ce pays.

Ivoiriens et Panafricanistes avertis, le temps de gloire – ou d’extrême lâcheté – approche. Le moment est venu de bander nos muscles, nos méninges, en vue de pouvoir de nouveau faire résolument face. On ne peut pas toujours reculer – plus ou moins régulièrement – depuis les premiers bains de sang de l’expansion impérialiste. Reculer de pères en fils. Jusqu’où ? Nous sommes déjà au bord du gouffre d’une situation de survie gravement minée. Nous n’avons plus de choix face à la lutte héroïque que nous imposent de plus en plus arrogamment les pires avatars d’un libéralisme marchand – couteau entre les dents. Nous avons besoin de beaucoup plus d’audace que d’habitude, tels les Palestiniens, les Afghans, les Irakiens. Pour pouvoir bien mériter de nos héros à la mémoire jusqu’ici déshonorée : Toussaint-Louverture-Chaka-Samory-Um Nyobe-Lumumba-M. L. King-S. Machel-A. Neto-A. Cabral-S. Biko-Sankara- … Évitons soigneusement la suicidaire précipitation de Haïlé Sélassié face à Mussolini en 1936. De bons exemples d’ailleurs ne manque : La Longue Marche (Mao ou Ochi Min) ; du bon usage des reliefs de montagnes (Castro, Che). A proscrire donc « l’attitude stérile du spectateur » prétendument objectif d’une spéculation intellectuelle sans fin, qui attend paresseusement de connaître « la vérité, toute la vérité », avant de se décider, d’agir en faveur de la paix en Côte-d’Ivoire, de se mettre ardemment du côté où on tente hardiment quelque chose dans le sens de la libération de  l’Afrique. Nous sommes trop acculés de nos jours ; qu’est-ce nous pouvons faire en dehors d’accepter dignement la lutte que nous impose une Mondialisation cannibale. Nous avons avec nous le droit ancestral de vivre libres sur nos terres, la légitimité historique, la possibilité de capitaliser à la fois la passion de l’esclave, celle du colonisé et les tourments de la Dette, de l’effronterie galopante d’une mainmise étrangère de plus en plus armée. Le peuple ivoirien, désormais debout, n’est pas seul ! Hilaire Sikounmo

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