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Economie Répression monétaire: vers l'abandon du FCFA?

Répression monétaire: vers l'abandon du FCFA?

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Répression monétaire: vers l'abandon du FCFA?
Hubert Kamgang: Le ciel n'est pas tombé sur la tête des pays ayant battu leur monnaie
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Soutenu à bout de bras par la France, le Franc des Colonies françaises d’Afrique est de plus en plus critiqué et rejeté par les Africains. L’ancien pays colonisateur s’apprête à remplacer cette monnaie de singe par une autre.

Du 1er au 3 juin 2016, un Colloque international se tiendra à  Sciences Po Lyon (France) sur le thème : « Institutionnalismes monétaires francophones : bilan, perspectives et regards internationaux ». Au-delà de cette formulation savante, la rencontre de Lyon permettra de réfléchir sur l’avenir du franc CFA. Un avenir qui s’écrit désormais en pointillés.

Convaincu que les Africains ne supportent plus l’utilisation du franc CFA perçue comme une survivance de la colonisation plus de 50 ans après les indépendances formelles, la France veut anticiper. Pour s’en convaincre, il suffit d’examiner les sous-thèmes du Colloque de Lyon. L’ancien ministre togolais de la Prospective, Kako Nubukpo exposera sur le theme: “What makes monetary union work? Thinking beyond the Euro to Franc CFA”. L’universitaire camerounais Gérard Tchouassi parlera quant à lui du « franc CFA, monnaie de la colonisation, de la communauté et de la coopération : quel avenir ? ». Invité à ce Colloque, l’économiste camerounais Dieudonné Essomba est appelé à entretenir le public sur le thème : « Réformer le CFA avec la Monnaie-Trésor ».

Le moins que l’on puisse dire c’est que la France se prépare pour l’après CFA. Répondant à un journaliste de Radio France Internationale le lundi 05 octobre 2015, Michel Sapin, ministre français des Finances déclarait: « La zone franc, ce n’est pas une zone figée. C’est une zone qui est dynamique. Et s’il y a de la part des uns ou des autres, au niveau académique ou au niveau politique, des propositions d’évolution, eh bien nous en discuterons tous ensemble, avec cet esprit d’égalité». S’il est discutable que la France et les Africains discutent « avec [un] esprit d’égalité », force est de constater que la France reconnait l’irréversibilité du mouvement anti-CFA en Afrique.

En effet, la question du franc CFA, plus généralement celle de la monnaie, n’est plus une exclusivité des universitaires et des politiques. Les médias et les activistes de la société civile s’en sont saisis. Début 2015, une marche contre le franc CFA a été organisée à Yaoundé avant d’être dispersée par la police. Dans plusieurs pays africains utilisant le franc CFA et sur les réseaux sociaux, sont créées des antennes du Mouvement pour la souveraineté économique et Monétaire de l’Afrique (Mosema) avec un nombre croissant d’abonnés. Bien avant eux, des économistes de renom ont exposé les méfaits de cette monnaie qui aurait dû disparaître avec les indépendances des colonies françaises. Monnaie, servitude et liberté : la répression monétaire de l’Afrique de Joseph Tchundjang Pouemi et l’Euro et le franc CFA contre l’Afrique de Nicolas Agbohou sont devenus de véritables armes théoriques dont se servent les partisans de la liquidation du franc CFA traité de tous les noms d’oiseau.

Mais, au regard de l’activisme observé du côté français, il n’est pas exclu que le franc CFA soit remplacé par un nouveau mécanisme monétaire toujours au service de la France. Reste pour les Africains de sortir de la contestation stérile pour proposer des alternatives.

Olivier Atemsing Ndenkop

Source: Germinal n°085