• Full Screen
  • Wide Screen
  • Narrow Screen
  • Increase font size
  • Default font size
  • Decrease font size
Livres L'impératif des alliances en démocratie

L'impératif des alliances en démocratie

Envoyer Imprimer PDF
Note des utilisateurs: / 0
MauvaisTrès bien 

Marches, boycotts, meetings, pétitions, communiqués et conférences de presse, villes mortes, pays mort et désobéissance civile…dans la plupart des États d’Afrique subsaharienne, principalement dans les pays d’Afrique centrale, l’opposition et les forces progressistes ont tout essayé. Sans succès, c’est-à-dire sans arriver à inverser le rapport de force leur permettant d’accéder au pouvoir. Les raisons de ses échecs récurrents sont multiples : fraudes électorales organisées par les régimes en place, organisation d’élections par une administration partisane, environnements politiques contraignants,  querelles de personnes, divisions des partis politiques et des opposants, mesquineries entre leaders, etc. Elles entraînent des conséquences qui contribuent le plus souvent à perpétuer les régimes en place que tous les opposants  prétendent combattre. Entre autres :

- la dispersion des votes de leurs membres et sympathisants au moment des consultations électorales ;
- le découragement des électeurs qui ne respectent plus les consignes de vote et n’écoutent plus les leaders qui à leurs yeux ne sont plus que de simples parleurs. De sorte que l’on constate une baisse significative du taux de participation électorale depuis quelque temps dans plusieurs pays.

De même, les campagnes invitant les citoyens à s’inscrire massivement sur les listes électorales et à inciter ceux qui se sont inscrits à venir retirer leur carte ne suscitent pas beaucoup d’engouement (1) ;
- les électeurs manifestent un désintérêt à l’endroit de l’activité politique partisane et plus généralement de la politique. À telle enseigne que l’augmentation du nombre de partis politiques (2) dans presque tous les pays d’Afrique subsaharienne, ce qu’on appelle multipartisme intégral, n’est que l’arbre qui cache la forêt du désenchantement et du désengagement des citoyens vis-à-vis de la politique. D’où ce qui s’apparente à une « démobilisation collective », cet « état persistant de faiblesse des mouvements sociaux protestataires, c’est-à-dire des formes d’action concertée en faveur d’une cause et faisant appel aux autorités politiques » (3).

Obnubilés par l’espoir d’accéder à la magistrature suprême, certains leaders et partis politiques d’opposition ont investi temps, argent et énergie dans le combat pour la création d’une commission électorale nationale indépendante ou autonome (CENI ou CENA) chargée de l’organisation des élections, ignorant ou faisant semblant d’oublier qu’une bonne organisation ne suffit pas et ne sert à rien si elles ne sont pas libres. Aussi, souligne Jean-Philippe Remy, « depuis leur invention au Bénin, au début de [la] décennie [90], les commissions électorales indépendantes sont devenues, pour les oppositions désespérées par l’impossibilité de renverser par les urnes les partis au pouvoir, d’illusoires sésames de l’alternance démocratique. Réclamées par de nombreux partis d’opposition, les CENI ou CENA ont fini par devenir une fin en soi, alors qu’elles ne sont rien sans un ensemble de mesures plus générales leur permettant de jouer leur rôle de manière complète. Elles sont surtout l’illustration d’une méfiance à l’égard des institutions (4)».
À ces revendications se sont greffées celles relatives à l’informatisation du fichier électoral et à l’utilisation du système biométrique pour les inscriptions sur les listes électorales. S’y accrochant comme une bouée de sauvetage, les formations politiques de l’opposition et leurs leaders ne se sont pas rendu compte qu’indépendantes ou autonomes, les CENI ou CENA, l’informatisation du fichier électoral et la biométrie ne règlent pas les problèmes de fond que pose l’organisation des élections libres, transparentes et justes. Elles peuvent même apparaître comme des pièges pour le jeu démocratique. En outre, s’il est indéniable que l’informatisation du fichier électoral présente des avantages certains, il n’en demeure pas moins vrai qu’elle ne produit pas toujours des résultats bénéfiques. Marcel Fouda Medjo souligne d’ailleurs que,
« si l’on admet que l’informatique offre des possibilités accrues de déceler et de prévenir les fraudes électorales, il convient aussi de reconnaître qu’elle offre exactement les mêmes possibilités pour une manipulation frauduleuse des données. En effet, s’il est facile de constater qu’un programme informatique réalise certaines opérations, il est beaucoup plus difficile de vérifier que sous certaines conditions, il n’en réalise pas d’autres. On peut faire faire n’importe quoi à un ordinateur de sorte qu’il peut changer de fonctionnement à telle ou telle heure s’il a été programmé ainsi. Les possibilités de l’informatique peuvent donc permettre aussi bien de prévenir les fraudes que de les aggraver en les rendant de surcroît plus difficiles à déceler (5)».
L’exemple du Tchad reste vivace dans nos esprits.  En effet dans ce pays, l’informatisation du fichier électoral n’avait pas empêché M. Idriss Déby Itno de se maintenir au pouvoir après avoir obtenu 86,26%, lors de la présidentielle, sans enjeu (6), boycottée par l’opposition du 25 avril 2011. Aussi n’avait-elle pas empêché son parti le Mouvement patriotique du salut (MPS) d’avoir la majorité absolue à l’Assemblée nationale avec 133 sièges sur 188. Ces résultats donnés par la Commission électorale nationale indépendante (Céni) plaçaient en seconde position l’Union nationale pour la démocratie et le renouveau (UNDR) de Saleh Kebzabo avec une dizaine de députés, suivi de près par l’Union pour le renouveau et la démocratie (URD) du général Wadal Abdelkader Kamougué et le Ressemblement  national pour la Démocratie - Tchadienne (RNDT), le « Réveil » de Pahimi Padacké Albert, qui comptaient chacun près de dix députés.
L’ayant compris, les pouvoirs en place ont vite fait d’accéder à ces demandes de l’opposition sans que la création des CENI, CENA ou d’Elections Cameroon, l’informatisation et l’utilisation de la biométrie ne changent l’issue des élections. Dans des pays où ces commissions ont été créées, elles ont été soit vivement contestées (7), soit à l’origine d’une guerre fratricide ayant entraîné de nombreux dégâts matériels et des pertes en vie humaine (8).
Quand on observe le fonctionnement des formations politiques de l’opposition et les attitudes de leurs leaders, il est aisé de relever des tares qui inhibent leur efficacité dans le champ politique. Entre autres : le déficit d’élaboration stratégique, de cohésion, de cohérence dans la démarche, de flexibilité, de cadre de concertation et de solidarisation ; le nombrilisme ; la volonté d’utiliser les autres (formations politiques et organisations de la société civile) comme simples bétails et/ou tremplins électoraux, sans oublier l’infiltration de l’opposition par des taupes à la solde des régimes en place (9), etc. Aussi certains leaders politiques semblent-ils avoir perdu de vue que l’enjeu fondamental aujourd’hui est de mobiliser des citoyens épris de changement autour d’un projet global alternatif qui viserait à fonder un nouvel ordre politique dans les différents pays (10).Compte tenu de ce qui précède, on peut postuler que les formations politiques sont en majeure partie responsables de leurs échecs récurrents.
C’est donc fort de ce constat et conscient de la situation singulière dans laquelle se trouve l’opposition politique en Afrique, principalement les forces progressistes et les partis sociaux-démocrates de la sous-région Afrique centrale, que la Fondation Friedrich Ebert (FES) a organisé, du 26 au 28 novembre 2012, un séminaire international sur Démocratie et développement social en Amérique latine et en Afrique. Selon Mirko Herberg, alors représentant résident de cette Fondation, cette rencontre avait pour objectif de permettre « aux participants et surtout aux partis sociaux-démocrates d’échanger des expériences, de tisser des liens de solidarité, d’apprendre à créer, à gérer des réseaux et des alliances». Cette démarche se situe en droite ligne des missions de la FES qui « accompagne le processus de démocratisation en se fondant sur un leitmotiv simple : la démocratie a besoin de démocrates. C’est la raison pour laquelle, fondant [ses] actions sur le postulat selon lequel les partis politiques ont un rôle essentiel à jouer en démocratie, la Fondation s’engage aux côtés de tous les partis politiques démocratiques, s’implique dans le renforcement des capacités des différents acteurs visant à favoriser l’émergence des systèmes politiques démocratiques conduits par des démocrates (11) ».
C’est aussi ce souci de solidarité, de partage, de mise en commun des expériences, de renforcement des capacités des formations politiques et des organisations de la société civile camerounaise qu’une session sur « l’impératif des alliances en démocratie » avait été organisée au lendemain de la rencontre internationale susmentionnée. Selon Mirko Herberg : « le choix du thème part du constat selon lequel dans chaque démocratie, on a besoin d’une majorité pour gagner des élections ou pour faire passer une décision politique, que ce soit un projet de loi ou l’adoption d’un plan d’action […] L’intérêt que la FES porte sur la question est celui de contribuer à la réflexion susceptible d’aider les différents acteurs dans leurs efforts de construire une démocratie forte, participative et stable au Cameroun ».
Le choix du sujet et sa formulation, des participants à l’atelier, du lieu de son déroulement, permettent d’appréhender sa problématique. Autrement dit, ce thème suscite le questionnement suivant: qu’est-ce qu’une alliance ? Qu’est-ce qu’une coalition ? Comment la formation ou la création des alliances ou des coalitions peut-elle contribuer à trouver des solutions aux situations politiques complexes, à la construction de l’action politique et démocratique au sein des mouvements sociaux, des partis politiques et des gouvernements ? Quels sont les types d’alliances ou de coalitions que l’on peut former et  les facteurs clés de leur succès ou échec ? Comment les formations politiques et les organisations de la société civile (OSC) camerounaises peuvent-elles tirer profit des expériences sénégalaises, tunisiennes et de celles des pays d’Amérique latine ? Pourquoi au Cameroun a-t-on des difficultés à construire les alliances fortes durables qui pourraient encadrer l’action politique et sociale, c’est-à-dire des alliances qui ne sont pas forcément motivées et créées par et pour l’argent ou pour l’exercice de la domination ? Mieux, sur quels obstacles butent les leaders politiques, d’opinion, et des OSC dans leurs tentatives de création et/ou de maintien des alliances et coalitions ?
À ces questions, les auteurs – en réalité ceux qui ont pris la peine de consigner l’économie des discussions dans ce manuel – et les participants à l’atelier organisé par la FES proposent des pistes de solutions.
Dans ce petit livre, il s’agit moins de focaliser notre attention sur les aspects théoriques et conceptuels que d’indiquer aux différents acteurs les pistes et les outils leur permettant de créer et de maintenir les coalitions, et les alliances fortes et durables. Autrement dit, la vocation de cet ouvrage est essentiellement didactique. Il vise l’amélioration des pratiques des acteurs politiques et ceux de la société civile.
Mathias Eric Owona Nguini fixe le cadre théorique des notions contenues dans l’intitulé. Son texte permet non seulement de donner un contenu aux différentes notions clés (coalition et l’alliance) apparaissant dans le thème, mais il donne les facteurs clés permettant leurs succès. Sa définition de la coalition n’est pas très éloignée de celle proposée par Moktar Lamari, Réjean Landry et Nabil Amara (12) selon laquelle « les coalitions constituent des actions collectives impliquant un consentement mutuel, volontaire et temporaire entre des acteurs motivés par un objectif commun». Les alliances, pactes ou unions quant à elles s’inscrivent dans la durée. Leur formation prend en compte, entre autres, les affinités, les similarités idéologiques et socioculturelles. Aussi ouvre-t-il une fenêtre sur les forces, les faiblesses et les succès des alliances et coalitions formées au Cameroun. Pour terminer, il montre l’intérêt des politiques des alliances et de coalitions dans un système démocratique.
Faut-il le souligner, la classificatidoion des alliances est assez délicate. Maurice Duverger estime qu’il conviendrait de « distinguer d’abord les coalitions occasionnelles et éphémères, et les alliances proprement dites, plus durables. Juste dans son principe, cette classification n’est pas toujours d’application facile : beaucoup d’alliances, entourées de propagandes et d’espoir, se disloquent aussi vite que des coalitions ; beaucoup de coalitions se réforment sans cesse et deviennent de véritables alliances (13) ».
Jean-Bosco Talla et Gorui Ciss s’appuient beaucoup plus sur le rapport de la conférence sus-citée pour montrer la nécessité pour les forces progressistes de former des alliances. En se fondant sur l’exemple sénégalais présenté par le Pr Gorguis Ciss (14), ils esquissent également les conditions de succès d’une telle initiative.
La contribution de Pablo Stéfanoni (15) permet aux lecteurs, leaders des formations politiques et d’OSC d’apprendre à partir des exemples des pays progressistes d’Amérique latine qui ont profité de la crise du néolibéralisme pour opérer un virage à gauche.
Enfin divers acteurs politiques et de la société civile camerounaise s’expriment sur les difficultés à surmonter pour mettre en place des alliances fortes et durables au Cameroun.
Que ce soit dans la scène politique et au sein des associations, des syndicats et autres regroupements, le désir et la volonté de former les majorités ou de peser sur une décision à prendre rendent les coalitions et les alliances incontournables. Dans la plupart des régimes politiques où les élections sont à deux tours, les partis politiques forment généralement les alliances électorales au second tour qui, par la suite, se transforment en alliances soit parlementaires, soit de gouvernement. Même au sein d’une même formation politique traversée par des courants, la formation des alliances s’impose si ce parti politique veut devenir une machine à gagner les élections ou, si elle veut maintenir sa cohésion lorsqu’il est au pouvoir. C’est le cas du parti socialiste français où François Hollande d’abord candidat à la présidence, puis président de la République française s’est trouvé obligé non seulement de composer avec les ténors des différents courants existant au sein du Parti socialiste pour sortir vainqueur à la présidentielle et aux législatives d’avril-juin 2012, mais a aussi noué des alliances avec Europe Écologie Les Verts (EELV) et d’autres partis politiques de la gauche française. Le régime politique multipartiste au scrutin majoritaire à un tour incline à la formation des alliances très fortes. Aussi, même après avoir eu la majorité absolue à l’issue d’une élection, la plupart des leaders des formations politiques répugnent-ils à gouverner seuls et manifestent la volonté de faire partager par d’autres, alliés ou non, les responsabilités du pouvoir. C’est le cas de nombreux gouvernements d’union nationale qui se forment dans des pays africains après les élections présidentielles et/ou législatives. Mêmes les dictateurs et les despotes puissants ont besoin, de temps à autre, de convaincre certains parmi leurs concitoyens de soutenir leur point de vue ou de trouver un compromis autour des questions précises engageant le destin de leur communauté historique16. Bref, comme le souligne Mirko Herberg, dans une société comme celle du Cameroun caractérisée par le pluralisme politique, géographique, linguistique, religieux, idéologique, ainsi que par la pluralité des valeurs et des institutions qui orientent la manière dont les décisions sont prises, imposer, tout le temps, son point de vue sans tenir compte de celui des autres est difficile, voire impossible. C’est pourquoi on peut affirmer que dans le champ politique ou dans toutes activités qui engagent le destin d’un groupe et d’une multitude, le dialogue, la prise en compte du point de vue de l’autre et la recherche du compromis sont indispensables. C’est sur cette base qu’alliances et coalitions peuvent être construites. Celles-ci sont incontournables lorsqu’acteurs et groupes d’acteurs sont minoritaires au moment de faire la promotion d’un projet de société, d’un plan d’action ; quand des partis politiques se trouvent pendant la phase postélectorale ou lorsque certains acteurs veulent engager des actions de lobbying, de plaidoyer ou pour former des plateformes. C’est dire si dans le champ social et dans différents domaines, divers types d’alliances ou de coalitions peuvent être créées ; leur formation ou leur création ne se fait pas sans difficulté. Dans un environnement caractérisé par la volonté de puissance de certains acteurs, le manque de confiance et la corruption généralisée, fédérer les acteurs, organisations et les multiples initiatives et les leaders des organisations politiques, religieuses, environnementales…autour d’une campagne thématique ou électorale nécessite de la part des initiateurs des qualités de leader, de meneur ou de meneuse d’hommes. Téléchargement

Notes
(1) Au 14 juin 2013, le total national des inscriptions sur les listes électorales est de 5.524.415. Ce nouveau total national des inscriptions  reste à toiletter. Il maintient le taux national de réalisation à 79%, par rapport  au nombre potentiel d’électeurs à inscrire qui est de 7.008.704. Lors de l’élection présidentielle du 09 octobre 2011, le nombre total d’inscrits était de 7 497 279. La baisse est donc significative. Le gap est de d’environ 1 972 864.  La désaffection des électeurs est d’autant plus patente que selon Elections Cameroon (ELECAM), à  la date du 16 juin 2013, 5 000 105 cartes ont été imprimées. 3 040 203 sont déjà expédiées dans les démembrements d’ELECAM. Mais, il n’y a que 748 091 qui ont été distribuées. Soit environ 15%.
(2) Au Cameroun, le nombre de partis politiques avoisine 300. Dans la réalité de leur fonctionnement, moins d’une vingtaine mérite le statut de parti politique. (Cf Actes du Colloque organisé par La Grande Palabre sur le thème, ‘’Re-penser et rec-construire l’opposition camerounaise’’, Yaoundé, 7, 8 et 9 novembre 2012. Inédit
(3) Pommerolle M.-E., ‘’La démobilisation collective au Cameroun : entre régime postautoritaire et militantisme extraverti’’, Critique internationale 2008/3, n 40, p. 73-94.    
(4) Jean-Philippe Rémy, ‘’Une commission électorale peut-elle sauver l’opposition ‘’, in L’Autre Afrique, n°048 du 06 au 12 mai 1998,  p.9.
(5) Marcel Fouda Ndjodo, ‘’informatisation des élections au Cameroun : un défi organisationnel et technologique’’, in Alain Nkoyock (sous la direction de), Problématique de l’informatisation des processus électoraux en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2004, p. 122.
(6) http://www.rfi.fr/afrique/20110425-presidentielle-enjeu-mobilise-pas-electeurs-tchadiens. Pour dénoncer l’incurie du système, trois principaux opposants tchadiens, Saleh Kebzabo, Wadal Abdelkader Kamougué et Ngarlejy Yorongar, avaient décidé de boycotter  la présidentielle de 2011. Certains Tchadiens avaient soutenu qu’il s’agissait non seulement d’une mascarade, mais aussi d’une élection présidentielle organisée pour valider une démocratie de façade.
(7) Au Cameroun, la nomination en 2009 de 9 membres du Rassemblement démocratique du peuple Cameroun (RDPC) sur le 12 que comptait le conseil électoral d’Elections Cameroon (ELECAM), organe chargé de l’organisation, de la gestion de l’ensemble du processus électoral et référendaire, avait suscité l’ire des partis politiques de l’opposition qui avait à juste titre dénoncé la confiscation de cette structure par le parti au pouvoir. Pour les opposants, même si ces membres avait démissionné de leur parti quelque temps après leur nomination, cet organe n’était ni neutre, ni indépendante. Par la suite, le nombre de membre du conseil électoral a été porté de 12 à 18 par décret du président de la République. Parmi les 6 nouveaux membres, on comptait un archevêque, des personnalités de la société civile, un membre de l’Union nationale pour la démocratie et le progrès (UNDP), parti allié au parti au pouvoir.
(8) C’est le cas de la Côte d’ivoire où faute de consensus au sein de la Commission électorale indépendante (CEI) après le second tour de l’élection présidentielle tenue le 28 novembre 2010, les résultats ont été très contestés par les camps en présence, plongeant le pays dans une guerre qui a fait officiellement plus de 3000 morts, et officieusement au moins 20 000 morts si l’on s'en tient aux déclarations de Mamadou Koulibaly, ex-président de l’Assemblée nationale de Côte Ivoire lors d’un conférence tenue à Yaoundé le 16 mai 2013.
(9) On comprend pourquoi, Gilbert Taguem Fah avait estimé, lors du Colloque organisé par La Grande Palabre les 7-9 novembre 2012 que « l’opposition offre l’image d’un malade frappé par un nanisme politique doublé d’une cécité technostructurelle. L’on est tenté de se demander si elle n’est pas congénitalement vouée à l’échec puisque son destin semble étroitement lié aux errements d’un ordre gouvernant qui tient fermement le levier de vitesse politique et qui conserve les commandes de la dynamique de l’implémentation d’une démocratie encore cosmétique certes, mais stratégiquement entretenue par des avenants complaisants ». (‘’Opposition et parti au pouvoir. une rivalité aux racines (neo) coloniales’’, in Re-penser et re-construire l’opposition camerounaise, actes du colloque organisé à Yaoundé du 7-9 novembre 2012, inédit.
(10) Jean-Bosco Talla, « l’opposition face au défi de l’alternance », Germinal n° 048 du 26 janvier 2010, p. 9.
(11) Mirko Herberg, discours d’ouverture lors du séminaire international des 26, 27 et 28 novembre 2012.
(12) Cité par Raymond Hudon, Christian Poirier et Stéphanie Yates, ‘’Participation politique, expressions de la citoyenneté et formes organisées d’engagement : la contribution des coalitions à un renouvellement des conceptions et des pratiques’’, in Politique et Sociétés, vol. 27, n° 3, 2008, p. 165-185. http://id.erudit.org/iderudit/029851ar. En s’inspirant de la définition proposée par Moktar lamari et al, ces auteurs estiment la « coalition peut se concevoir comme un ensemble plus ou moins structuré de groupes, d’individus et, éventuellement, d’institutions, qui partagent diverses ressources en vue de défendre ou de promouvoir des intérêts et des objectifs communs ».
(13) Maurice Duverger, les partis politiques, Paris, Librairie Armand Colin, p. 439.
(14) Le Professeur Gorgui Ciss est membre du bureau politique du parti socialiste sénégalais (PS). Il est également directeur de l’école de ce parti.
(15) Pablo Stéfanoni est rédacteur en chef de Nueva Sociedad (Buenos Aires).
(16) Mobutu Sese Seko alors président du Zaïre et Idi Amin Dada ex-président de l’Ouganda ont eu dans leur pays respectif à associer d’autres forces politiques et personnalités à la gestion des affaires publiques.

Indication bibliographique
1-Alain Nkoyock (sous la direction de), Problématique de l’informatisation des processus électoraux en Afrique, Paris, L’Harmattan, 2004, 379p.
2- Maurice Duverger, les partis politiques, Paris, Librairie Armand Colin, 384 p.