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Science Lutte contre l’exploitation forestière illégale : saisie de bois à Douala

Lutte contre l’exploitation forestière illégale : saisie de bois à Douala

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Une mission spéciale du Ministère de la forêt et de la faune (Minfof) a traqué les exploitants illégaux du bois à Douala. Environ 250 m3 de bois et du matériel roulant ont été saisis.

Une dizaine de grumiers sont stationnés à la fourrière municipale  de Youpwé à Douala, près de vieilles voitures abandonnées.  Sur le sol, des billes de bois et du bois débité en tas. «Tous ces produits, qui seront vendus aux enchères, ont été saisis soit parce que leurs propriétaires n’ont pas fourni de lettres de voiture soit parce qu’ils ont présenté des documents non conformes», justifie Jean Nyemeg, ingénieur des eaux et forêts au ministère de la Forêt et de la Faune (Minfof).
Du 22 février au 26 mars derniers, il conduisait une mission spéciale de la brigade nationale du Minfof à Douala., Objectif : assainir le secteur forestier dans la région du littoral. Environ 250 m3 de bois ont été confisqués. Une première vente aux enchères  de bois blanc   a permis de récolter 1.000.000 FCfa.
Le reste du  stock  saisi « ne sera vendu qu’après le lancement d’un appel d'offres », explique le chef de mission. « Cela va générer une grosse somme d'argent  car, dans le stock, on trouve du Bubinga,  une essence précieuse vendue très cher.   Les engins  saisis, ont  été restitués  après transaction. Ce qui a généré 12 million Fcfa. »

Bois transporté sans lettre de voiture
Pk14, le pont sur la Dibamba, l’entrée Ouest de Douala, l’ancienne  route Douala-Yaoundé, Bonabéri étaient les principaux points de contrôle de la mission.,. L’équipe de contrôleurs a relevé des fraudes sur les lettres de voiture. « Nous avons mis la main sur des transporteurs qui portaient du bois débités. Alors que leur lettre de voiture indiquait des grumes », explique Jean Nyemeg.
 Des ratures et des superpositions d’écritures, sont également découvertes sur les documents.
L’équipe a  aussi appréhendé des semi-remorques qui transportaient du bois blanc sans lettres de voiture. Des camions grumiers chargés de bois destiné à l’exportation ont été stoppés dans leur trajet vers le port autonome de Douala. « Il manquait des signatures sur les lettres de voiture des propriétaires, confie le chef de mission. Ni la signature du délégué départemental du lieu de provenance des grumes, ni celle du chef de poste forestier, n’ont été trouvée sur ces documents ».

Des « agents véreux »
Autre infraction sanctionnée, l’utilisation d’une seule lettre de voiture pour le transport de plusieurs cargaisons de bois débités. «Les dates étaient vieilles de plusieurs mois. Ce qui prouvait que la lettre de voiture avait servie pour un premier chargement », observe Nyemeg, qui pointe du doigt la complicité d’agents du ministère des Forêts. «Un exploitant forestier munit d’une lettre de voiture déjà utilisée, ne quitte pas le sud du Cameroun à destination de Douala, sans se faire contrôler  à  un check-point. Sauf si des agents véreux ont fermé les yeux contre de l’argent.», fait-il remarquer
 L’une des plus importantes saisies  a été effectuée dans le parc à bois d’un Chinois  de la zone industrielle de Bassa. Du bubinga, essence  protégée et un chargeur frontal  neuf qui servait à charger  les billes de bois dans des conteneurs, y ont été saisis.
Jules Onguene Ewodo, un commerçant, s’indigne de la confiscation de sa marchandise : « J’achète mon bois dans un marché de Yaoundé. On me donne une facture et non une lettre de voiture. C’est avec ce document que je transporte mon bois pour aller le vendre à Douala. Pourquoi me demande-t-on de présenter une lettre de voiture alors que mon bois ne provient pas de la forêt ? » Il suggère au  ministère  de créer des postes de contrôle dans les marchés pour la délivrance des lettres de voiture.
 Pascal Sache, exploitant forestier camerounais,  reconnaît, lui, que son bois a été saisi à raison. «Mon chauffeur était pressé quand il quittait la forêt de Ngambè-Tikar.  Il a oublié de faire signer la lettre de voiture par le chef du poste forestier », explique-t-il.

Renforcer les contrôles
La lettre de voiture constitue donc pour le moment un élément clé dans le contrôle de la légalité du bois. Elle est « un document de transport qui accompagne tout produit forestier transporté sur un véhicule. Ce permis doit avoir la signature d’une autorité de l’administration forestière compétente», explique Daniel Ndoumou, chef du service régional des forêts à la délégation du ministère des Forêts et de la faune (Minfof) dans le Littoral. Y sont inscrits les délais d’exploitation du bois et les  visas de tous les postes de contrôle traversés sur l’itinéraire du transport du bois. L’essence et la quantité de bois à exploiter doivent également être mentionnées sur le document
Responsable de projet au Centre pour l'Environnement et le Développement (CED), Patrice Kamkuimo-Piam salue le travail accompli par cette mission du Minfof. Il souhaite «un renforcement de l'efficacité de l'ensemble de la chaîne de contrôle du bois…Dans la perspective de l’Apv-Flegt (accord de partenariat volontaire signé entre le Cameroun et l’union européenne pour la bonne gouvernance forestière),  nous attendons que le Système Informatique de Gestion des Informations Forestières (Sigif) règle ce problème. Au niveau des postes de contrôle, l'introduction des mêmes données de documents de transport (lettres de voiture) pour des cargaisons différentes sera automatiquement détecté», soutient-il.
Anne Matho (Jade)